Militaire de carrière, l'archiduc Joseph-Auguste est fait feld-maréchal de l'armée impériale austro-hongroise pendant la Première Guerre mondiale. Il combat alors principalement la Russie sur le front de l'Est et l'Italie sur le front sud de l'Empire. En 1918, il est nommé brièvement Homo regius du Royaume de Hongrie par l'empereur Charles Ier, qui espère profiter de sa popularité pour sauver son trône. Cependant, l'archiduc, placé à la tête de la Hongrie, reconnaît le gouvernement indépendantiste. Après l'intermède de la République des conseils de Hongrie, Joseph-Auguste est nommé régent, mais les Alliés l'obligent à abdiquer en faveur de l'amiral Miklós Horthy. Il garde cependant un certain rôle officiel et est notamment fait membre de la Chambre haute hongroise en 1927 et président de l'Académie des sciences hongroise de 1933 à 1944.
En 1894, l’archiduc Joseph-Auguste intègre le sixième régiment de dragons autrichiens et c’est dans ce corps qu’il est promu au grade de Rittmeister le . Le , il devient major et est transféré au premier régiment de Hussards. Le , il est fait lieutenant-colonel et prend le commandement de son régiment en juillet suivant. Deux ans plus tard, le 1er mai1905, il est nommé colonel. En plus de ses fonctions dans l’armée impériale, l’archiduc étudie le droit à l’Université de Budapest[5].
Le , il est promu generalmajor et assume, peu de temps après, le commandement de la 79e brigade d’infanterie. Le , il devient maréchal de camp[5].
Première Guerre mondiale
Lorsque éclate la Première Guerre mondiale, en 1914, la division de l’archiduc Joseph-Auguste est d’abord engagée sur le front sud de l’Empire, puis sur le front galicien. Le , l’archiduc est promu général de cavalerie. Peu de temps après, il est envoyé dans les Carpates où il combat jusqu’à l’entrée en guerre de l’Italie. Il est alors transféré à la frontière carinthienne avant de participer à la bataille d'Isonzo[5].
L’archiduc combat sur le front italien jusqu’au mois de . Il s’y fait remarquer pour sa bravoure et surtout pour sa capacité à animer les troupes hongroises qu’il commande. Il reçoit d’ailleurs, à cette occasion, plusieurs distinctions allemandes, autrichiennes et ottomane. Le , l’archiduc est nommé commandant des armées austro-hongroises combattant sur le front de l'Est avec la Russie et la Roumanie. Il est alors promu au grade de Generaloberst. Avec ses troupes, il reconquiert alors la partie orientale de la Transylvanie et entreprend des pourparlers d’armistice[5].
En , l’archiduc prend le commandement de la VIe armée austro-hongroise, qui combat au Sud de l’Empire. Encore une fois, François-Auguste montre un comportement héroïque. Ainsi, en , il met fin à la fuite de ses troupes, parvient à les réorganiser et à les ramener sur la Piave. En juillet, il est envoyé au Tyrol, où il dirige les Xe et XIe armées, puis, à la fin du mois d’, il est nommé sur le front balkanique[5].
De la fin de la monarchie à la régence d’Horthy
Le , le roi Charles IV nomme l’archiduc Joseph-Auguste feld-maréchal et « Homo regius » (littéralement « Homme du roi ») en Hongrie. Craignant les velléités d’indépendance des Magyars, l’empereur désire en effet profiter de la popularité de son cousin pour renforcer son trône[6]. Cependant, quelques semaines après sa promotion, l’archiduc demande à être relevé de son serment d’allégeance[5].
Immédiatement après, Joseph-Auguste entreprend des négociations avec la classe politique hongroise et nomme le comte János Hadik à la tête d’un nouveau gouvernement national le . Cependant, tous les efforts de l’archiduc pour stabiliser la Hongrie sont anéantis par l’éclatement de la révolution le [5]. Le , le roi annonce son retrait de la vie politique, n'empêchant pas la proclamation de la république le .
La République des Conseils de Bela Kun place l’archiduc en état d’arrestation dans son domaine d’Alcsuth. Malgré tout, Joseph-Auguste est si populaire parmi les Hongrois que les révolutionnaires n’osent pas porter la main sur lui et sa famille. Après la chute du régime, le , l’archiduc reprend le titre de régent, devenant chef d'État de fait. Le prince nomme alors István Friedrich au poste de premier ministre et confirme l’amiral Miklós Horthy comme chef de l’armée hongroise[5].
De retour au pouvoir, l’archiduc cherche à favoriser la restauration de l’empereur Charles Ier, déposé à Vienne et à Budapest en 1918. Or, les Alliés craignent que le retour de l’empereur-roi déstabilise l’Europe centrale et font pression sur le gouvernement hongrois pour que Joseph-Auguste renonce à la régence. Dès le , l’archiduc abandonne donc la régence. Le , l’amiral Horthy est élu régent du Royaume de Hongrie restauré. Malgré tout, Joseph-Auguste ne quitte pas totalement la politique et le nouveau chef de l’État le nomme à la Chambre haute lorsqu’elle est créée 1927[5].
Certaines rumeurs accusent d’ailleurs l’archiduc d’avoir désiré monter sur le trône de Hongrie après la mort de Charles Ier en 1922. L’engagement de l’amiral Horthy dans la vie politique magyare rendait le projet impossible mais la rumeur était suffisamment persistante pour qu’elle complique les relations du prince avec l’impératrice Zita et il a fallu attendre les années 1950 pour que la branche hongroise de la Maison de Habsbourg-Lorraine soit pleinement réintégrée à la famille impériale[5].
Implication sociale et culturelle
Après son abdication, l’archiduc Joseph-Auguste s’implique activement dans le domaine scientifique et social. Il publie ses mémoires et reçoit deux doctorat ad honorem de l’université de Budapest : l’un en philosophie et l’autre en sciences et techniques. Il est par ailleurs fait membre honoraire de l’Académie des sciences hongroise, dont il devient président entre 1933 et 1944[5].
Dernières années
Contrairement à plusieurs de ses cousins autrichiens arrêtés par le régime d'Adolf Hitler (comme les princes de Hohenberg) ou obligés de fuir l’Europe avec l’avancée des troupes nazies (comme Otto de Habsbourg), Joseph-Auguste n’est pas menacé par la montée du fascisme dans les années 1930 et 1940. Il profite au contraire de ses liens avec le régime de Horthy, qui lui offre sa protection, et n’est guère touché par la Seconde Guerre mondiale.
L’avancée des troupes soviétiques en Europe orientale oblige toutefois l’archiduc, son épouse et leurs enfants, à fuir la Hongrie en 1944 et à s’installer aux États-Unis. Après la guerre, il revient en Europe et s’installe auprès de sa sœur, la princesse Marguerite de Thurn und Taxis, à Ratisbonne, en Allemagne de l'Ouest[5].
Après le décès de Horthy, en , l'archiduc Joseph demande la convocation des membres de l'ordre de Vitéz, qui regroupe des personnes décorées pour avoir servi la nation hongroise. Peu après, les membres exilés de l’ordre, officiellement dissout par la république hongroise, l'élisent capitaine-général.
Gerö, András. Emperor Francis Joseph: King of the Hungarians. Boulder, Colo.: Social Science Monographs, 2001.
Palmer, Alan. Twilight of the Habsburgs: The Life and Times of Emperor Francis Joseph. New York: Weidenfeld & Nicolson, 1995.
Van der Kiste, John. Emperor Francis Joseph: Life, Death and the Fall of the Habsburg Empire. Stroud, England: Sutton, 2005.
Schad, Martha,Kaiserin Elisabeth und ihre Töchter. Munich, Langen Müller, 1998
Nicolas Énache, La descendance de Marie-Thérèse de Habsburg, Paris, Éditions L'intermédiaire des chercheurs et curieux, , 795 p. (ISBN978-2-908003-04-8).
Jacques Parisot et Nelly Parisot, La descendance de François-Joseph Ier empereur d'Autriche, Besançon, Éditions Christian, , 141 p. (ISBN978-2-86496-014-0).
Jean-Fred Tourtchine, Les Manuscrits du CEDRE : L'Empire d'Autriche, vol. III, t. 10, Clamecy, Imprimerie Laballery, , 224 p..
Les générations sont numérotées dans l'ordre de la descendance masculine depuis les premiers archiducs. Au sein de chaque génération, l'ordre suit celui de l'aînesse.