Marie-Charlotte Louise Josèphe Jeanne Antoinette d’Autriche, dite Marie-Caroline après son mariage, née à Vienne le et morte dans la même ville le , est une archiduchesse d'Autriche qui devient en 1768 reine de Naples et de Sicile et le reste jusqu'à la prise de pouvoir de Joseph Bonaparte en 1806. Elle s'exile en Sicile jusqu'en 1813.
L'enfant est baptisée le jour même de sa naissance, avec pour parrain et marraine les souverains français Louis XV et Marie Lesczynska. Elle reçoit les noms de baptême de Marie-Charlotte Louise Jeanne Josèphe Antoinette, mais est connue, après son mariage dans son royaume de Naples, comme la reine Marie-Caroline. Elle est la sœur aînée de Marie-Antoinette, reine de France.
Mariage et descendance
Marie-Caroline d'Autriche est la troisième fille du couple impérial à être fiancée au roi Ferdinand Ier des Deux-Siciles, ses deux sœurs, Marie-Jeanne et Marie-Josèphe, étant mortes avant leurs noces. C'est Marie-Caroline, qui, le , épouse le souverain, très grand, fort laid et de plus doté d'un caractère brutal.
Mariée pour des raisons diplomatiques (affermir la réconciliation entre les maisons d'Autriche et de Bourbon), Marie-Caroline ne fut pas heureuse auprès de son époux. Cependant, elle remplit ses devoirs de reine, allant jusqu'à dominer un mari peu doué dans le domaine politique et donnant à la couronne dix-huit enfants[1] :
Marie-Antoinette de Naples et de Sicile (1784-1806), miniature de peintre inconnu.
Marie-Henriette de Naples et de Sicile (1787-1792), miniature de peintre inconnu.
Léopold de Naples et de Sicile (1790-1851), miniature, de peintre inconnu.
Albert-Louis de Naples et de Sicile (1792-1798), miniature de peintre inconnu.
Marie-Isabelle de Naples et de Sicile (1793-1801), miniature de peintre inconnu.
Possédant une forte personnalité, elle dominait son époux, le roi Ferdinand IV. C'est elle qui gouvernait en réalité. Le destin tragique de sa sœur cadette en fit une adversaire acharnée de la Révolution.
Le soutien de son favoriJoseph Acton et de l'ambassadeur britannique Hamilton lui permet d'engager en 1798 les hostilités contre les armées de la France révolutionnaire.
Les victoires de la France l'obligent à trouver refuge en Sicile. La vie pour elle est très pénible et elle ne parvient pas à s'adapter au climat. Des chroniqueurs disent qu'elle se drogue, notamment avec de l'opium. Elle quitte Palerme en , avec Nelson et les Hamilton, pour retourner à Vienne[2].
L'amiral Nelson devient le bras armé de la vengeance de Marie-Caroline. Elle n'hésite pas à faire exécuter ses anciens amis et mène une répression féroce. Même Gorani, réfugié en Suisse, doit se déplacer fréquemment pour éviter la vengeance de ses agents[3] après avoir révélé, dans ses Mémoires secrets[4], un prétendu lesbianisme[5] et sa relation avec Lady Hamilton[6].
Retour à Naples
Marie-Caroline d'Autriche lève une armée et place à sa tête le cardinal Ruffo. Pour les républicains, c'est la capitulation. Les mois suivants, avec un conseil nommé par Ferdinand, commencent les procès contre les républicains : sur les quelque huit mille prisonniers, cent vingt-quatre ont été exécutés, six sont pardonnés, deux cent vingt-deux condamnés à de l'emprisonnement, trois cent vingt-deux à des peines mineures, deux cent quatre-vingt-huit à la déportation et soixante-sept à l'exil. Parmi les prisonniers, il y a quelques-uns des plus grands noms de la classe bourgeoise et intellectuelle de Naples, issus de plusieurs provinces du Midi qui ont donné leur appui à la République, parmi eux Pasquale Baffi, Francesco Mario Pagano, Eleonora de Fonseca Pimentel, Luisa Sanfelice, Ignace Ciaia, Domenico Cirillo, Giuseppe Leonardo Albanese, Vincenzo Russo, Francesco Caracciolo, Michael Granata, Gennaro Serra di Cassano, Nicholas Charlemagne exécuté, Giustino Fortunato senior, évadé de prison, et Vincenzo Cuoco condamné à l’exil, peine aussi subie par Mgr Bernardo de la Torre, vicaire général de l'archidiocèse de Naples.
La reine de Naples complote et ne respecte pas le traité signé avec la France. Nelson, soutien de Marie-Caroline, meurt au combat à Trafalgar. Napoléon prépare Austerlitz et se retourne contre l'Autriche. Les Napolitains doivent se plier à la volonté de l'empereur, mais elle refuse de se soumettre.
En 1804, Napoléon Ier la contraint à se séparer de son favori et annexe le nord du royaume. Joseph Bonaparte devient le roi de Naples. Une fois de plus, elle se réfugie en Sicile et s'ouvre un deuxième exil à Palerme. En 1806, son mari est déchu du royaume de Naples par Napoléon.
Elle n'en marie pas moins ses deux filles en passe de rester célibataires, en 1807, Marie-Christine, 28 ans, épouse Charles Félix de Sardaigne et en 1809, Marie-Amélie 27 ans, épouse le duc d'Orléans (futur roi Louis-Philippe), tous deux princes en exil.
Entretemps, en 1808, elle tente, toujours avec l'aide de l'Angleterre, de mettre son plus jeune fils, Léopold-Michel, sur le trône d'Espagne, mais l'intervention française fait échouer ce projet.
Elle s'indigna, en 1810, du mariage de sa petite-fille et petite-nièce (enfant née du mariage de sa fille Marie-Thérèse de Bourbon-Sicile et de son neveu l'empereur François Ier d'Autriche), l'archiduchesse Marie-Louise d'Autriche, avec son ennemi juré, Napoléon Ier, et encore plus de la naissance de son arrière-petit-fils et petit-neveu, le roi de Rome[réf. nécessaire].
Nonobstant, après la première abdication de Napoléon (mars 1814), elle critique vertement la mollesse de sa petite-fille et petite-nièce Marie-Louise[réf. nécessaire].
En Sicile, les Anglais l'empêchent de plus en plus de jouer un rôle. En 1813, elle est chassée par les Anglais et se réfugie épuisée à Vienne. C'est une vieille femme. Elle est à Vienne au moment du Congrès. Elle représente l'Ancien Régime et l'ancienne diplomatie. Elle gêne. Elle trouve un peu de réconfort auprès de Marie-Louise et de son fils l'Aiglon, dont la naissance l’avait tant indignée.
Mort
Marie-Caroline d'Autriche meurt à Vienne à 62 ans, en , avant de voir le retour des Bourbons à Naples. Au matin, elle est découverte morte par sa femme de chambre. Sa main est tendue vers la sonnette. Elle est sans doute morte d'une crise d'apoplexie. Sa dépouille est déposée dans la Crypte des Capucins aux côtés de celles sa mère Marie-Thérèse dite "la grande" et de son père l'empereur François Ier. Elle était la dernière enfant du couple impérial encore en vie. Son époux se remarie avant la fin de la même année et règne encore dix ans.
John Julius Norwich (trad. de l'anglais), Histoire de la Sicile : de l'Antiquité à Cosa Nostra, Paris, Tallandier, , 477 p. (ISBN979-10-210-2876-0), p. 267-374.
Nicolas Énache, La descendance de Marie-Thérèse de Habsburg, Paris, Éditions L'intermédiaire des chercheurs et curieux, , 795 p. (ISBN978-2-908003-04-8)..
↑(en) Caroline Gonda, John C. Beynon, Lesbian Dames : Sapphism in the Long Eighteenth Century, Farnham ; Burlington, Ashgate, 2010, x, 214 p., (ISBN978-1-40940-981-6), p. 127.
↑(en) Robert Aldrich, Garry Wotherspoon, Who’s Who in Gay and Lesbian History, vol. 1 : From Antiquity to the Mid-Twentieth Century, Routledge, 2005, 528 p., (ISBN9781134722150), p. 187.
Les générations sont numérotées dans l'ordre de la descendance depuis les premiers archiducs. Au sein de chaque génération, l'ordre est strictement chronologique et défini par la date de naissance.