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Il est deux fois secrétaire d'État (chef du gouvernement), mais à la suite de difficultés tant intérieures qu'extérieures, il ne parvient pas à empêcher l'invasion de l'Espagne et l'abdication de Charles IV d'Espagne. Napoléon Ier méprisait cet homme qui faisait de l'Espagne un allié incertain comme le montrent la campagne du Portugal en 1801 ou l'appel à prendre les armes contre la France au moment de la bataille d'Iéna[2].
Biographie
Naissance et premières années
Manuel de Godoy Álvarez de Faria Ríos Sánchez Zarzosa[1] est le fils de José de Godoy y Sánchez de los Ríos et de Maria Antonia Justa Álvarez de Faria y Sánchez Sarzosa, d'origine portugaise.
Né le dans la calle Santa Lucía à Badajoz[3] dans une famille noble mais pauvre, il s'engage à 17 ans dans la Garde royale et est nommé dans les Gardes du Corps à Madrid comme son frère. Le roi Charles III d'Espagne exilera ce dernier de la cour pour ses avances à la princesse des Asturies, Marie-Louise de Parme.
Un jour d'escorte sur le chemin de Ségovie, le cheval de Manuel se cabre et le jette au sol et il remonte aussitôt, attirant ainsi par son éclat l'attention du prince et de son épouse. À 21 ans, il est présenté officiellement aux princes des Asturies (titre porté par l'héritier du trône d'Espagne). Doté d'une belle conversation et d'un certain charme, le jeune homme s'attire affection et amitié et est rapidement le favori du futur roi Charles IV d'Espagne, 40 ans, et devient l'amant de sa femme, Marie-Louise de Parme, 37 ans[4],[5]. Le de cette même année 1788, le roi Charles III d'Espagne s'éteint, laissant le trône à son fils.
Le (16 jours après l'accession au trône du prince des Asturies), Godoy est nommé cadet surnuméraire au Palais royal, en il est promu colonel de cavalerie, en chevalier de l'ordre de Santiago, en commandeur dans le même ordre, en aide-de-camp, en mars gentilhomme de la cour, en juillet lieutenant général et chevalier Grand-Croix de l'ordre de Charles III, en 1792 duc d'Alcudia avec la grandesse d'Espagne, en novembre la Toison d'or et au printemps de 1793 le commandement en chef. Suivront les titres de duc de Sueca, marquis d'Alvarez, seigneur de Soto de Roma. Sa faveur suscite des jalousies et des commérages qui prétendent que l'infante Marie-Isabelle, née en 1789, et l'infant François de Paule d'Espagne, né en 1794, ne seraient pas les enfants du roi mais du favori.
Secrétaire d'État
En 1788, Charles IV d'Espagne monte sur le trône et nomme Godoy au poste de secrétaire d'État (chef du gouvernement), en 1792, en remplacement du comte d'Aranda.
Sa première décision est d'essayer de sauver Louis XVI. Sa tentative échoue et un conflit éclate avec la France (1793–1795) avec quelques succès et rapidement des défaites ; elle se termine par le traité de Bâle. Il reçoit alors le titre de prince de la Paix (Príncipe de la Paz en espagnol).
En 1797, la reine Marie-Louise organise un mariage pour Manuel Godoy, dont elle espère qu'il l'attirera loin de sa maîtresse Pepita Tudó, et en même temps agira comme une couverture pour ses propres relations avec Manuel Godoy. María Teresa de Bourbon, la cousine de Charles IV et la fille de son oncle Louis Antoine de Bourbon (vivant en exil et déchu pour avoir renoncé à poursuivre une carrière ecclésiastique), est choisie pour être l'épouse de Manuel Godoy. Même si elle n'a pas encore rencontré Manuel Godoy, Maria Teresa accepte immédiatement le mariage qui assure la restauration de la fortune de sa famille. Il l'épouse le dans l'Escorial à Madrid. De cette union nait une fille unique Luisa Carlota Manuela de Godoy. Godoy reçoit un énorme règlement financier dans le cadre du mariage, mais il continue à faire vivre sa maîtresse Pepita Tudó dans la même maison que son épouse.
Après la défaite navale du cap Saint-Vincent, Manuel Godoy doit démissionner en 1798, mais reste toutefois influent.
Il revient aux affaires en 1801[6] et s'allie avec la France pour envahir le Portugal, allié de l'Angleterre. Cette guerre est connue sous le nom de guerre des Oranges ; elle aboutit à la capitulation du Portugal. Les intérêts de l'Espagne sont sacrifiés au traité d'Amiens en 1802. L'opposition au roi Charles IV d'Espagne grandit.
Il réussit à maintenir une certaine neutralité de l'Espagne, mais s'allie de nouveau avec la France et la marine espagnole alliée à la marine française subit une nouvelle défaite navale à Trafalgar.
Malgré tout, sa relation avec Napoléon Ier ne faiblit pas et aboutit au traité de Fontainebleau en 1807 qui organise le démembrement du Portugal au profit de l'Espagne, de la France et de Godoy. La zone sud du Portugal serait revenue à Godoy et sa famille comme principat de los Algarves.
En Ferdinand VII d'Espagne est restauré en tant que roi d'Espagne (il a vécu pendant six ans en France). Il refuse de permettre à Godoy de retourner en Espagne, et le pape Pie VII exile Godoy et sa maîtresse Pepita Tudó à Pesaro. Pendant les Cent-Jours, Charles IV d'Espagne et Marie-Louise de Bourbon Parme fuient la France pour Vérone, où ils sont rejoints par Godoy et Pepita Tudó. Godoy demande à l'empereur François Ier d'Autriche à Vienne, le droit d'asile, mais Ferdinand VII d'Espagne fait part de son opposition.
Après la défaite de Napoléon, Charles IV d'Espagne, Marie-Louise et Pepita Tudó retournent à Rome, mais le pape demande que Godoy continue de vivre à Pesaro. En , Charles IV d'Espagne et Marie-Louise demandent au pape de déclarer nul le mariage entre Godoy et María Teresa de Bourbon. Godoy est autorisé à rentrer à Rome, mais dans le but de préserver les apparences Pepita Tudó et son fils Manuel Godoy déménagent à Gênes. Ferdinand soudoie la police pour qu'elle expulse Pepita Tudó et sa famille de Gênes, la même chose se produisant à Livourne. Enfin, elle trouve un foyer à Pise.
En , le plus jeune fils de Godoy, Luis Godoy meurt. En octobre, il est lui-même atteint du paludisme. Il reçoit les derniers sacrements de l'Église, mais guérit de son mal. À la fin de l'année, Marie-Louise contracte une pneumonie, Charles IV d'Espagne est absent à Naples, à l'époque, mais Godoy reste près de son lit jusqu'à sa mort le . Cinq jours plus tard, Charles IV d'Espagne écrit à Godoy, lui demandant de quitter le Palazzo Barberini à Rome, mais deux semaines plus tard, Charles IV d'Espagne meurt à Naples.
Ferdinand VII d'Espagne continue à interdire à Godoy de retourner en Espagne et s'assure qu'il ne reçoit pas de pension de l'État. Il ne permet pas non plus à la fille de Godoy Luisa Carlota Manuela de Godoy de se marier dans une maison souveraine, mais accepte son mariage en 1821 avec Don Camillo Ruspoli, le fils cadet d'une famille princière romaine.
En 1828, l'épouse de Godoy María Teresa de Bourbon meurt à Paris.
Le Godoy épouse sa maîtresse de longue date Pepita Tudó même s'ils avaient secrètement effectué une cérémonie de mariage des années plus tôt ( au musée du Prado[réf. nécessaire]).
Ils déménagent à Paris en 1832 où ils vivent sans faste à l'hôtel Le Peletier d'Aunay rue des Mathurins grâce à une pension de cinq mille francs que lui octroie Louis-Philippe Ier.
En 1836, Godoy publie ses mémoires, Charles IV d'Espagne lui avait demandé de ne le faire qu'après la mort de son fils Ferdinand VII d'Espagne (décédé en 1833). Pepita Tudó, retourne en Espagne dans l'espoir de récupérer les biens familiaux.
En 1847, le gouvernement espagnol rend une partie de ses biens et restaure les titres de Godoy.
Il épouse Josefa de Tudó y Catalán le (sa maîtresse de longue date même s'ils avaient secrètement effectué une cérémonie de mariage des années plus tôt ( au musée du Prado). Ils ont eu pour enfants :
(es) Cuenta dada de la vida politica de D. Man. Godoy, principe de la Paz, o sean memorias criticas y apologeticas (Madrid, 1836-1838, 5 vol. in-8, et 1842, 6 vol. in-8)
(fr) trad. en français, Paris, 1836-1838, 4 vol.
(en) Manuel de Godoy, Memoirs of Don Manuel de Godoy, Prince of the Peace, Duke del Alcudia, Count d'Everamonte, &c. London: R. Bentley, 1836.
(es) Carlos Seco Serrano, Edición a las Memorias del príncipe de la Paz, Biblioteca de Autores españoles, t.88. Madrid, 1935.
(es) E. Rúspoli. Edición abreviada de las Memorias de Godoy. La esfera de los Libros, Madrid, 2008.