Il y a douze monarchies en Amérique. Ce sont des États souverains ou des territoires dépendants qui ont un monarque comme chef d'État. Chacun est une monarchie constitutionnelle dans laquelle le souverain hérite de son mandat, le conservant généralement jusqu'à sa mort ou son abdication, et est lié par les lois et coutumes dans l'exercice de ses pouvoirs. Neuf de ces monarchies sont des États indépendants qui partagent comme souverain respectif le roi Charles III et sont donc des royaumes du Commonwealth, alors que les trois autres sont des dépendances de monarchies européennes. Aussi, aucune des monarchies d'Amérique n'a de monarque en permanence.
Ces couronnes perpétuent une histoire de la monarchie en Amérique, qui remonte à avant la colonisation européenne. Des sociétés tribales et des sociétés précolombiennes plus complexes existaient sous des formes de gouvernement monarchiques. Certaines se développaient pour former de vastes empires sous une figure centrale du roi, tandis que d'autres faisaient de même avec une collection décentralisée de régions tribales sous un chef héréditaire. Aucune des monarchies contemporaines, cependant, ne descend de ces systèmes royaux précoloniaux ; au contraire, elles ont leurs racines historiques dans les monarchies européennes actuelles ou en font toujours partie.
À partir de cette date, à travers l'ère de la découverte de l'Amérique, la colonisation européenne amena un vaste territoire américain sous le contrôle des monarques européens, bien que la majorité de ces colonies obtinrent par la suite l'indépendance de leurs souverains. Certains l'ont fait par le biais d'un conflit armé avec leurs pays d'origine, comme lors de la révolution américaine et des guerres d'indépendance de l'Amérique latine, rompant ainsi tous les liens avec les monarchies d'outre-mer. D'autres ont obtenu leur pleine souveraineté par des voies législatives, telles que le rapatriement par le Canada de sa constitution du Royaume-Uni. Un certain nombre d'anciennes colonies sont devenues des républiques immédiatement après avoir atteint l’autogouvernance. Le reste a continué avec des monarchies constitutionnelles endémiques — dans les cas d’Haïti, du Mexique et du Brésil — avec leur propre monarque résident et, pour des pays comme le Canada et certains États insulaires des Caraïbes, partageant leur monarque avec leur ancienne métropole, le plus récemment créé étant celui de Saint-Christophe-et-Niévès en 1983.
Le Belize est une monarchie parlementaire et une démocratie parlementaire et membre du Commonwealth. Le chef d'État est actuellement le roi Charles III, représenté dans le pays par un gouverneur général, qui doit avoir la nationalité du pays. L'organe exécutif primaire du gouvernement est le conseil des ministres, mené par le Premier ministre qui est chef du gouvernement. La succession au trône est la même que la succession au trône britannique. Les ministres du conseil sont des membres du parti politique majoritaire au parlement et tiennent habituellement des sièges d'élus en même temps que leurs positions de ministre. Le parlement bicaméral du Belize est l'Assemblée nationale, qui se compose d'une chambre des représentants et d'un sénat. Les 29 membres de la Chambre des représentants sont habituellement élus pour cinq ans maximum. Les membres du sénat sont au nombre de huit, cinq sont choisis par le Premier ministre, deux par le chef de l'opposition, et un par le gouverneur général conformément à l'avis du comité consultatif du Belize. Le Sénat est dirigé par un président, qui est un membre abstentionniste désigné par la partie régissant. Le Belize est un membre actif de la Communauté caribéenne (Caricom).
Le Canada est une monarchie constitutionnelle qui reconnaît le roi Charles III comme roi du Canada depuis son accession au trône le . La succession au trône est la même que la succession au trône britannique. Le pouvoir exécutif est quant à lui constitué du Conseil privé, chargé de conseiller le gouverneur général en conseil dans sa prise de décisions. Les conseillers privés sont nommés par le gouverneur général en conseil, et parmi lesquels des conseillers sont assermentées pour former le cabinet ministériel, dirigé par le Premier ministre. Les membres du Cabinet sont les seuls conseillers privés autorisés à agir officiellement par décrets au nom du gouverneur général en conseil et ont la responsabilité d'un ministère.
En sa qualité de représentant du monarque, chef de l'État, le gouverneur général et à ce titre Commandant en chef des Forces armées canadiennes, assume les prérogatives royales lorsque le monarque ne se trouve pas au Canada. Le gouverneur général est nommé par le monarque sur conseil du Premier ministre. Rideau Hall est sa résidence principale d'Ottawa alors que la Citadelle de Québec est sa résidence à Québec. Bien que le gouverneur général conserve certaines prérogatives royales, ses devoirs et obligations sont définies par la Constitution du Canada, laquelle consiste en une série de lois constitutionnelles enchevêtrées, celles-ci étant composées de textes écrits et de traditions et conventions non-écrites. Dans les faits, le poste de gouverneur général est surtout symbolique, et ne possède pas de pouvoir réel. Depuis quelques années un débat subsiste, à savoir si le poste de gouverneur général et celui des lieutenants-gouverneurs devraient être abolis.
La Jamaïque est un pays indépendant et un royaume du Commonwealth. La Constitution a établi un système parlementaire fondé sur le modèle du Royaume-Uni. En tant que chef d'État, le roi Charles III désigne un gouverneur général, conformément à l'avis du Premier ministre, qui est son représentant dans le pays et exerce un rôle surtout cérémonial. Le pouvoir exécutif est entre les mains du cabinet, dirigé par le Premier ministre. C'est une démocratie parlementaire où les traditions politiques et légales suivent de près celles du Royaume-Uni. Le pouvoir exécutif est exercé par le gouvernement. Le pouvoir législatif est aux mains du Parlement.
La constitution accorde à Niévès une autonomie considérable et possède son propre parlement, d’un premier ministre et d’un vice-gouverneur général. En 1996, l’île manifesta un désir de sécession sous l’impulsion du Mouvement des citoyens conscients et de son premier ministre Vance Amory. Le référendum organisé en 1998 ne recueillit pas la majorité des deux tiers nécessaire à la sécession.
En tant que royaume du Commonwealth, Sainte-Lucie reconnaît le roi Charles III comme chef d'État ; il est représenté sur l'île par un gouverneur général. La succession au trône est la même que la succession au trône britannique. Le pouvoir exécutif est cependant dans les mains du Premier ministre et de son cabinet, et le gouverneur général n'agit que sur les conseils de ces derniers. Après les élections législatives, le chef du parti majoritaire ou le chef d'une coalition de la majorité à l'Assemblée est habituellement nommé Premier ministre par le gouverneur général ; celui-ci nomme également le vice-Premier ministre.
Le Parlement du Groenland comptant 31 membres élus sur la base de la représentation proportionnelle pour un mandat de quatre ans détient le pouvoir de légiférer sur le territoire.
La Maison royale afro-bolivienne est une monarchie cérémonielle reconnue comme faisant partie de l'État plurinational de Bolivie, qui n'interfère pas avec le système de la République présidentielle en vigueur dans le pays. La monarchie est traitée comme une communauté avec une certaine autonomie.
Depuis 1992, le roi est Julio Pinedo. La maison royale a été officiellement reconnue par l'État bolivien en 2007 avec le couronnement public de Julio, l'actuel roi de la communauté afro-bolivienne, qui a été effectué par les autorités du département de La Paz.
Le Royaume d'Araucanie et de Patagonie, parfois appelé royaume de Nouvelle-France, est un royaume éphémère d'Amérique du Sud fondé en Araucanie par un décret 17 novembre 1860 d'Antoine de Tounens, ancien avoué à Périgueux qui déclare d'abord la création du royaume d'Araucanie[2]. Le 20 novembre 1860 par une autre ordonnance il déclare la réunion de la Patagonie au royaume d'Araucanie[3]. Arrêté par les autorités chiliennes en janvier 1862, il est jugé fou par la cour suprême de Santiago et expulsé vers la France le [4].
Rentré en France en mars 1863, il s'installe à Paris, décernant des décorations et des titres[5]. Il est considéré par certains comme un souverain de fantaisie[6],[7],[8],[9],[10], d'un pays qui n'existait pas réellement[11] ou qualifié parfois « d'imaginaire »[12],[13]. Il tente sans succès, plusieurs expéditions en Araucanie pour reconquérir son royaume. Il meurt célibataire et dans la misère le 17 septembre 1878 à Tourtoirac en Dordogne, où il est hébergé chez son neveu.
Le 7septembre1822, le prince Pierre déclare l'indépendance du Brésil et, après une guerre victorieuse contre le royaume de son père, il est proclamé premier empereur du Brésil le 12 octobre sous le nom de Pierre Ier. Le nouveau pays est immense, mais peu peuplé et ethniquement divers. Contrairement aux républiques hispaniques voisines, le Brésil jouit d'une certaine stabilité politique, d'une relative liberté d'expression et du respect des droits civils. Il connaît en outre une croissance économique dynamique. Son Parlement bicaméral, de même que les législatures provinciales et locales, sont élus selon des méthodes démocratiques pour l'époque. Malgré tout, un long conflit idéologique oppose l'empereur et une fraction importante du Parlement sur le rôle du monarque dans le gouvernement. Pierre Ier connaît également d'autres problèmes : l'échec de la guerre de Cisplatine contre les Provinces-Unies du Río de la Plata conduit à la sécession d'une province du Brésil (qui devient plus tard l'Uruguay) en 1828. En dépit de son rôle dans l'indépendance du Brésil, Pierre Ier devient roi de Portugal en 1826 mais abdique immédiatement en faveur de sa fille aînée, Marie II. Deux ans plus tard, le trône portugais est usurpé par le frère cadet de l'empereur, Michel Ier. Ne pouvant gérer simultanément les affaires brésiliennes et portugaises, Pierre Ier abdique le et part aussitôt pour l'Europe pour restaurer sa fille à Lisbonne.
Son successeur au Brésil est son fils Pierre II, âgé de seulement cinq ans. Comme ce dernier est encore mineur, une régence est mise en place mais son autorité montre bien vite ses limites. Le vide du pouvoir résultant de l'absence d'un monarque au pouvoir comme ultime arbitre dans les conflits politiques régionaux conduit à des guerres civiles entre factions locales. Ayant hérité d'un empire au bord de la désintégration, Pierre II, une fois déclaré majeur, réussit à apporter la paix et la stabilité dans le pays qui finit par devenir une puissance émergente sur la scène latino-américaine. Le Brésil remporte alors trois conflits internationaux (la guerre de la Plata, la guerre uruguayenne et la guerre du Paraguay) sous sa direction et joue un rôle prédominant dans plusieurs autres conflits internationaux et querelles internes. Avec la prospérité et le développement économique, le pays connaît un afflux d'immigrants européens, notamment italiens et portugais mais aussi allemands ou juifs. L'esclavage, qui était initialement généralisé, est restreint par des lois successives jusqu'à son abolition définitive en 1888. Les arts visuels, la littérature et le théâtre se développent au cours de cette période de progrès. Bien que fortement influencé par les styles européens qui vont du néoclassicisme au romantisme, chaque apport est adapté aux conceptions locales pour créer une culture propre au Brésil.
Même si les quatre dernières décennies du règne de Pierre II sont marquées par une paix intérieure continue et la prospérité économique, l'empereur ne croit guère en la survie du régime monarchique. En vieillissant, il ne fait aucun effort pour garder le soutien des institutions. Comme Pierre II n'a pas d'héritier mâle (son successeur désigné est sa fille Isabelle mais ni lui ni les classes dirigeantes n'acceptent réellement l'idée d'un souverain féminin au Brésil), de plus en plus d'hommes politiques estiment qu'il n'y a aucune raison de conserver la monarchie. L'empereur est renversé, le 15novembre1889, après 58 ans de règne, par un coup d'État qui n'a pour soutien qu'un groupe de militaires désireux d'instaurer une République dictatoriale.
En , Freundel Stuart, alors Premier ministre de la Barbade, annonce qu'un projet de loi est en cours d'adoption au Parlement afin que l’État devienne une république. Cette réforme est finalement annoncée le pour devenir effective au , à l'occasion du 55e anniversaire d'indépendance de l'île, sous l'impulsion de Mia Mottley[14]. À partir de cette date, la reine Élisabeth II cesse d'être reine de la Barbade et est remplacée par un président élu[15].
Ancienne colonie française, Haïti déclare son indépendance le . Le gouverneur général d'Haïti, Jean-Jacques Dessalines, qui venait de prendre le pouvoir, établi l'empire le , se proclamant empereur sous le nom de Jacques Ier. Il est couronné le suivant. La constitution du définissait la manière dont l'empire devait être gouverné, le pays étant divisé en six armées divisions. Le général de chaque division correspond directement avec l'empereur ou le général en chef nommé par l'empereur. La constitution interdit également aux Blancs, à l'exception des Allemands naturalisés et des Polonais, de posséder des biens à l'intérieur de l'empire.
L’empereur est assassiné le . Deux membres de son administration, Alexandre Pétion et Henri Christophe, prennent ensuite le pouvoir, ce qui entraîne une scission dans le pays. Pétion est à la tête de la République méridionale d’Haïti et Christophe à la tête de l’État du Nord.
Royaume d'Haïti
Christophe, président de l'État d'Haïti qui occupe alors la partie nord du pays, s'autoproclame roi Henri Ier, devenant le deuxième monarque d'Haïti (après Jean-Jacques Dessalines). C'est le royaume d'Haïti.
Après une attaque cérébrale et une insurrection populaire, Henri Ier se suicide le . Son fils et héritier, Victor Henry, est tué le 18 octobre suivant par les révolutionnaires. Ils sont tous deux enterrés au Palais Sans-Souci. Après la mort de Christophe, le royaume d'Haïti est réunifié avec le sud pour former un nouveau régime, avec Jean-Pierre Boyer comme chef suprême.
Second Empire
Le , le sénat élit Faustin Soulouque, chef des forces armées, qui n’était même pas candidat, président de la république. Rapidement, il se révéla ambitieux et déterminé. Le , il enjoignit au parlement de le proclamer empereur. Il se fit sacrer le avec un faste ruineux pour le pays. Soulouque devient l'empereur Faustin Ier. Il organise une répression violente contre les mulâtres et rétablit l'absolutisme sur l'île. C'est un tyran qui dépense sans compter et qui déclare la guerre à plusieurs reprises à la République dominicaine voisine[18]. Le pays est ainsi appauvri tandis que la famille impériale continue à dépenser des sommes fabuleuses alors que les caisses de l'État sont pratiquement vide. Toutefois, ses tentatives infructueuses pour reconquérir la République dominicaine voisine minèrent son pouvoir et une conspiration menée par le général Fabre Nicolas Geffrard le contraignit à l’abdication en 1859.
Régime des Duvalier
Le duvaliérisme désigne le régime mis en place en Haïti par la famille Duvalier. François Duvalier dit « Papa Doc », est le premier dirigeant de la famille, arrivé au pouvoir après un putsch en 1957, en tant que président à vie de 1964 à sa mort. Au pouvoir, ce dernier multiplie les actes d'arrestation et de condamnation à mort et utilise un culte de la personnalité. À sa mort, c'est son fils Jean-Claude Duvalier, dit « Baby Doc », qui lui succède et qui se maintient au pouvoir comme président à vie de 1971 à 1986[19].
En septembre 1957, l’armée organisa des élections : François Duvalier, dit «Papa Doc», fut élu président de la République. Dès le départ, ce dernier, inspiré par les règnes des anciens empereurs, imposa un régime politique dictatoriale et héréditaire pour maintenir sa famille au pouvoir même après sa mort. Il met aussi en place une politique répressive en éloignant les officiers peu fiables de l’armée, en interdisant les partis d’opposition, en instaurant l'état de siège et en exigeant du Parlement l’autorisation de gouverner par décrets (31 juillet 1958). Le 8 avril 1961, il prononça la dissolution du Parlement.
Durant son règne, le régime s’appuya sur une miliceparamilitaire, les Volontaires de la sécurité nationale surnommés les «tontons macoutes». Avec cette garde prétorienne personnelle, il neutralisa l’armée, sema la terreur dans tout le pays et parvint à étouffer toute résistance. Après des rumeurs de complot au sein de l'armée, il renforça la répression et, le 1er avril 1964, se considérant comme le successeur spirituel du dernier empereur Faustin, il se proclama «président à vie» avec droit de succession pour ses enfants.
À la mort de Papa Doc, le 21 avril 1971, son seul fils, Jean-Claude Duvalier, 19 ans (d’où son surnom de « Bébé Doc »), accéda à la présidence. Amorçant une timide libéralisation du régime, Jean-Claude Duvalier s’aliéna une partie de la classe noiriste qui avait soutenu son père en épousant une mulâtresse le 27 mai 1980. Son régime s'enfonça dans la corruption et l'incompétence. En 1985, sous la pression de la communauté internationale, il institue le poste de Premier ministre grâce à l'adoption par référendum d'une nouvelle Constitution. Ces tentatives ne freinent cependant pas l'élan de révolte populaire contre la dictature dynastique. Les États-Unis rejettent l'asile politique pour Duvalier, mais ils leur proposent de les aider à partir. Initialement, Duvalier accepte le . Le , il remet le pouvoir aux mains des militaires et quitte l'île à bord d'un avion de l'US Air Force[20].
Après la déclaration de l'indépendance du Mexique, le Parlement mexicain avait l'intention d'établir une union personnelle avec l'Espagne : le roi d'EspagneFerdinand VII serait devenu empereur du Mexique et les deux pays auraient été gouvernés par leurs propres lois et par des gouvernements différents. En cas de refus du roi d'Espagne, la loi prévoyait de donner le trône du Mexique à un membre de la famille Bourbon. Cependant, Ferdinand VII ne reconnut pas l'indépendance du Mexique et déclara que l'Espagne n'autoriserait pas un prince européen à monter sur le trône mexicain. Parallèlement, la Capitainerie générale du Guatemala, nouvellement indépendante elle aussi, se rallia à l'empire du Mexique à cause principalement de sa faiblesse dans la région : ses anciennes provinces du Costa Rica, du Nicaragua et du Salvador avaient en effet opté pour l'annexion au Mexique, qui leur offrait une situation politique enviable Plan d'Iguala.
La régence mexicaine s'attribua le droit de nommer un empereur indépendant de l'Espagne, mais le , des soldats et une foule nombreuse lui demandent de se proclamer empereur du Mexique sous le nom d'Augustin Ier. Il y consent et, le lendemain, par 67 voix contre 15 le Congrès mexicain entérine ce choix. Le , Iturbide abdiqua et accepta de quitter le pays sans combat en échange d'une pension. Il décida de retourner au Mexique et débarqua à Tamaulipas le , où il fut immédiatement arrêté et rapidement fusillé par les autorités locales[21],[22].
Second Empire
À l'origine de cette initiative se trouvent des conservateurs mexicains en Europe qui souhaitaient installer au Mexique un souverain européen catholique et conservateur. José-Manuel Hidalgo y Esnaurrizar, l'un d'entre eux, fit la connaissance de l'Impératrice Eugénie et réussit à l'intéresser à sa cause. Napoléon III qui avait déjà son idée chercha et trouva, après avoir essuyé le refus d'autres princes, l'archiduc Maximilien de Habsbourg qui venait de refuser d'être roi de Grèce. Après avoir hésité longtemps et encouragé par sa femme Charlotte, celui-ci accepta de devenir empereur.
Le , les forces commandées par le général libéral Mariano Escobedo assiègent Querétaro. Le suivant, la ville est prise, et l'empereur Maximilien appréhendé avec les généraux Miguel Miramón et Tomás Mejía.
Pour tenter de protéger son frère, François-Joseph Ier le réintègre pleinement dans ses droits d'archiduc de la maison de Habsbourg-Lorraine. Ce dernier geste reste vain. Maximilien est jugé par une cour de justice qui se tient dans le théâtre de la ville. Condamné à mort, il est exécuté sur ordre de Juárez, pour l'exemple, le , avec deux de ses généraux, Miramón et Mejía.
La Côte des Mosquitos (en espagnol : Costa de Mosquitos), aussi appelée Royaume de la Mosquitia, est une région située pour sa plus grande partie sur le littoral est du Nicaragua ainsi que sur le littoral nord-est du Honduras. Elle comptait au XVIIe siècle parmi les repaires de corsaires, pirates et flibustiers, huguenots ou puritains.
La région ayant depuis 1650 un prince à sa tête, le prince Clarence prit le titre de roi sous le nom de George Frédéric Augustus Ier. Sur le trône, celui-ci signa une alliance avec les Britanniques qui possédaient alors le Belize, sous le nom du Honduras britannique.
Devenu roi le , George Frédéric est couronné par le révérend John Armstrong en l'église Saint-Jean-Baptiste de Belize, le . Sur le trône, il fit octroyé plusieurs subventions à divers groupes étrangers; l'un des plus remarquables fut la concession d'un énorme tract qu'il fit à Gregor MacGregor en 1820, une zone appelée Poyais, qui englobait des terres autrefois attribuées à des pro-espagnols.
Il mourut le à Bluefields, à l'âge de 67 ans, après un règne de seulement quelques mois[23]. Robert Charles Frédéric, fils et successeur de George Frédéric, donne concession[24] aux négociants jamaïcains William Hodgson et Samuel Shepherd[25]. Ce dernier se lie avec Don George Stiepel, un ancien soldat, qui développe en 1832 le commerce du café avec l'Angleterre, via les ports du Chili.
Dans une série de décrets publiés le , Robert Charles Frédéric interdit à ses sujets de perquisitionner des groupes indigènes voisins et décrète par la suite l'abolition de l'esclavage dans ses domaines à compter du 1er novembre[26].
En 1848, les Mosquitos s'emparèrent de la ville nicaraguayenne de San Juan del Norte (Greytown) avec l'aide des britanniques, ce qui faillit entraîner l'intervention des États-Unis. Cette crise dura jusqu'en 1850, date de la signature du Traité Clayton–Bulwer.
Mais les tensions entre les républiques du Nicaragua et du Honduras ne s'apaise point. Après une nouvelle défaite, l'Angleterre, jusque-là alliée des Mosquitos, est contrainte de signer le traité de Managua, en 1860. Ce traité entraîne alors l'occupation du royaume par les armées du Nicaragua. Le roi George Frédéric Augustus II est ainsi contraint d'accepter l'occupation de la province. Mais bien que le royaume soit occupé, son territoire n'a pas totalement été annexé et conserve une autonomie absolue au niveau politique, fiscal et administratif.
George Frédéric Augustus II meurt le à l'âge de 64 ans. Son fils, Guillaume Ier, lui succède. Ce dernier se plaint auprès du gouvernement anglais du traitement qu'il a reçu de la part des occupants nicaraguayens. Pour régler les différends dans l'interprétation du traité de Managua, le Nicaragua et l'Angleterre ont décidé de soumettre l'affaire à l'empereur d'Autriche, François-Joseph. La sentence rendue le indique que la souveraineté du Nicaragua est limitée par l’autonomie reconnue aux Mosquitos et à la famille Clarence, qui ont également le droit d’exploiter des produits naturels.
Dans un mémorandum adressé à son représentant à Londres, le secrétaire d'État desÉtats-Unis a rejeté la décision des États-Unis : "Dans l'accord d'arbitrage, le gouvernement des États-Unis n'était pas partie et n'était pas lié par la décision de l'arbitre et ne s'engage nullement à admettre le droit de la Grande-Bretagne d'intervenir dans les différends entre la République du Nicaragua et le Royaume des Mosquitos."[27]
À la mort du roi Guillaume, c'est son fils de six ans, Robert Henry qui lui succède sous la régence de son oncle, le prince Jonathan Charles Frédéric[28].
Cette période d'occupation dure jusqu'au , date où le président nicaraguayen José Santos Zelaya assiège Bluefields, capitale du royaume, et annexe le territoire[29] avec le Honduras.
Après sa chute, le roi fut sauvé par un navire de guerre britannique qui le déposa avec 200 réfugiés à Puerto Limon, au Costa Rica et plus-tard en Jamaïque. Le gouvernement britannique lui accorda une pension de 1 785 livres par an et resta nominalement à la tête de la "maison royale" jusqu'à sa mort[30].
Au cours du XVIIIe siècle, l'Empire russe entreprit plusieurs expéditions afin d'explorer la partie orientale de la Sibérie et de déterminer si une route passage du Nord-Est existait entre l'Asie et l'Amérique du Nord. La deuxième expédition du Kamtchatka notamment, mené par Vitus Béring permit la découverte de l'Alaska en 1741.
Néanmoins ce n'est qu'à la fin du siècle, en grande partie grâce à la Compagnie russe d'Amérique que la Russie pris pleinement possession du territoire et l'érigea en colonie.
L'empereur est le souverain légitime du territoire et délègue le pouvoir à des autorités locales.
L'Empire russe était en difficulté financière et craignait de perdre le territoire alaskan sans compensation dans un conflit futur, surtout avec le rival du moment, l'Empire britannique, qui possédait déjà le Canada voisin et dont la puissante Royal Navypouvait facilement prendre le contrôle de côtes difficiles à défendre pour la Russie.
Le tsar Alexandre II décida donc de vendre le territoire aux États-Unis et chargea Edouard de Stoeckl d'ouvrir des négociations. Elles commencèrent secrètement[31] avec le sénateur de Californie William M. Gwin en 1858. La guerre de Sécession (1861-1865) freina le projet mais renforça les liens entre les États-Unis et la Russie quand les ports américains accueillirent la flotte de guerre russe[31]. Les négociations reprirent avec le secrétaire d'ÉtatWilliam Seward, dont Edouard de Stoeckl était un proche, au début de .
Les négociations se conclurent après des discussions qui durèrent une nuit entière et la signature du traité à 4 heures du matin le 30 mars avec un prix d'achat de 7 200 000 dollars américains au lieu des 5 000 000 proposés en premier lieu[32]. L'opinion publique américaine était plutôt défavorable à cet achat, les critiques étaient nombreuses[33]. Le Sénat des États-Unis ratifia le traité le , par un vote de 37 voix pour et 2 contre. Cependant, le budget pour l'achat ne fut débloqué qu'un an après à cause de l'opposition de la Chambre des représentants, qui approuva finalement le traité en , par un vote de 113 voix pour et 48 contre[34]. Le tsar perd la souveraineté de l'Alaska, ce qui met fin à l'Amérique russe.
En 1808, sur un arrière-plan de vide politique dans la métropole espagnole, consécutif à l’invasion du pays par les troupes napoléoniennes, l’infanteCharlotte-Joachime de Bourbon, sœur aînée du roi Ferdinand VII d’Espagne, épouse de Jean VI du Portugal et fille aînée du roi déchu Charles IV, profita de son statut d'aînée des descendants du souverain pour revendiquer le trône et proposer sa régence sur les colonies espagnoles d'Amérique. Depuis Rio de Janeiro, où elle s’était réfugiée en compagnie de son époux Jean de Portugal, régent et futur roi du Portugal, elle s’attacha, pour donner corps à ses prétentions, à mettre sur pied un parti politique et à constituer un réseau de correspondants et de partisans.
Par ses manifestes et ses lettres, elle réussit à recruter, essentiellement dans le Río de la Plata, des soutiens plus ou moins sincères ou opportunistes, de la part de personnalités politiques, dont quelques-unes très en vue, telles que Manuel Belgrano et Cornelio Saavedra, qui crurent que l’infante pourrait incarner leurs aspirations à l’autonomie vis-à-vis de l’Espagne. Le dessein de l’infante peina cependant à prendre corps et, pour différentes raisons, finit par échouer : il fut en effet vigoureusement repoussé par les autorités officielles en place, car entaché du soupçon de servir les visées expansionnistes du Portugal dans la région.
Le charlottisme était considéré par la Grande-Bretagne comme contraire à ses intérêts économiques et stratégiques, et surtout buta sur l’incompatibilité idéologique entre les positions de l’infante, absolutiste intransigeante, et celles de son groupe de partisans à Buenos Aires, qui avaient en vue l’instauration d’une monarchie constitutionnelle. La révolution de Mai de 1810, prémices de l’indépendance du Río de la Plata, acheva d’ôter toute pertinence politique et toute actualité au projet charlottiste. Au cours de la décennie suivante, le nom de l’infante ne fut plus évoqué que sporadiquement.
Tandis qu’au Brésil, Charlotte tente d'obtenir l'administration des dominions espagnols en Amérique latine, l'Espagne elle-même est dominée par Napoléon et les rois, son père Charles IV d'Espagne et son frère Ferdinand VII d'Espagne, sont détenus par Napoléon en France. Elle se considère alors comme l'héritière de sa famille captive. Son plan d’origine était d'envoyer une armée occuper Buenos Aires et le nord de l'actuelle Argentine, mais les forces luso-brésiliennes parvinrent uniquement à annexer, sous le nom de Cisplatina, les rives nord de l'estuaire du Rio de la Plata, maintenus dans l'empire jusqu’en 1822, mais qui firent sécession en 1828 pour devenir la république d'Uruguay. L'infante Charlotte d'Espagne, fille du roi d'Espagne Charles IV et épouse du prince régent et futur roi de Portugal Jean VI, voulut également faire de l'infant d'Espagne Pierre-Charles de Bourbon, qui était son neveu et gendre, le souverain d'une Amérique espagnole séparée de la métropole occupée par la France. Elle chercha à cette fin l'appui de l'amiral Sidney Smith, commandant de la flotte britannique ancrée à Rio[35].
Depuis 1845, l'Équateur, pays d'Amérique du Sud, est gouverné par des conservateurs qui doutent du système républicain. L'ancien président équatorien en exil, le général Juan José Flores, débute alors des négociations avec la Cour d'Espagne pour mettre en place un système monarchique avec un membre de la famille royale d'Espagne en Équateur. La reine-mère Marie-Christine, toujours très influente, investie en faveur de ce projet avec le soutien de sa fille, la reine Isabelle II.
Comme prétendant au futur trône, la reine-mère propose l'un de ses fils, Agustín, duc de Tarancón, qu'elle a eu avec son second époux, le duc de Riánsares. Le général Flores obtient également le soutien de la France et l'approbation du roi Louis-Philippe Ier.
Les négociations se poursuivent jusqu'au jour où le projet est accepté par les gouvernements français et espagnols et par les partisans de Flores, prêt à reprendre le pouvoir. Désormais promis à devenir « Roi d'Équateur », le jeune duc de Tarancon se prépare à son avènement. Mais l'instabilité politique du pays, et la rivalité entre libéraux et conservateurs, retardent sa monté sur le trône.
Le duc étant âgé de 10 ans, Flores se propose comme régent et débarque avec ses partisans en Équateur.
Après la défaite de Flores face aux forces républicaines, le projet est finalement abandonné. Malgré cela, le duc conserve le titre de « roi » jusqu'à sa mort.
Érigé en « royaume », elle est dirigée par Strang qui a pris les pleins pouvoirs et s'est fait proclamé « roi ».
Le , Strang se proclame roi[36] lors d'une cérémonie en grande pompe, à l'intérieur d'un grand tabernacle construit par ses disciples.
Il s'oppose rapidement au non-Strangite de l'île dont il est régulièrement accusé de saisir de force leurs biens et de les agresser physiquement. L'hostilité entre les deux groupes va entrainer de grandes violences. Strang se montre aussi violent et dictatorial envers ses administrés, obligeant même les femmes à se vêtir de bloomer.
Le , l' USS Michigan invite à bord Strang. Lorsqu'il descend du quai, deux marins l'abattent par derrière et se réfugient sur le navire. Celui-ci quitte le quai sans qu'ils soient inquiétés et les débarque à l'île Mackinac. Strang meurt de ses blessures le . Des populations venues de l'île Mackinac et de l'île Sainte-Hélène viennent aussitôt confisquer les biens des Strangites et les chasser de l'île.
Le « Royaume » prend fin après l'assassinat de son chef le . Les partisans de Strang, refusant de reconnaître la descendance de ce dernier, quittèrent l'île et rejoignirent un autre dirigeant mormon, Joseph Smith III.
En 1893, l'écrivain et aventurier franco-américain James Harden-Hickey se rend sur l'île et se donne le titre de James Ier, prince de Trinidad. Il prévoit, après la reconnaissance de l'île comme un État indépendant, d'instituer une dictature militaire qu'il dirigerait.
Il dessine des timbres, le drapeau et le blason ; il établit un ordre de chevalerie, la "Croix de Trinidad". Il achète une goélette pour faire venir des colons. Il nomme le comte de La Boissière, ouvre un consulat au 217 West 36th Street à New York et émet un emprunt d'État afin de financer la construction d'infrastructures.
En , les Britanniques tentent de prendre possession de cette position stratégique dans l'océan Atlantique, en prétextant la visite de l'astronome Edmond Halley en 1700. Ils ont pour projet une station de câbles télégraphiques. Cependant les efforts diplomatiques brésiliens, avec le soutien du Portugal, parviennent à rétablir une souveraineté sud-américaine, en arguant de la découverte par des navigateurs portugais en 1502.
Afin de démontrer clairement la souveraineté sur l'île, qui fait désormais partie de l'État d'Espírito Santo, un point de repère est élevé le . Aujourd'hui, la présence brésilienne est caractérisée par une base permanente de la Marine brésilienne sur l'île principale.
Ancienne colonie des Pays-Bas, le Suriname obtint son autonomie en 1954, à l’exception des domaines de la défense et des affaires étrangères dont les Pays-Bas conservèrent le contrôle. En 1973, le gouvernement local entama des négociations avec le gouvernement néerlandais en vue de l’indépendance, qui fut officielle le .
Comme dans la plupart des monarchies, les Pays-Bas ne peuvent subsister sans monarque. Il doit y avoir un chef d'État afin de permettre au gouvernement de fonctionner. Pour cette raison, la reine des Pays-Bas, Juliana, assume le rôle de monarque de son ancienne colonie et nomme un gouvernement avec un premier ministre, qui dirige le pays. Le Suriname est une monarchie constitutionnelle ayant un régime parlementaire. En tant que tel, le rôle et la position du monarque sont définis et limités par la constitution.
Le Parti national du Suriname, dirigé par Pengel et le Parti de la réforme progressive (VHP), le plus grand parti hindou dirigé par Jagernath Lachmon, ont formé une coalition qui a réussi à prendre le pouvoir, ce qui a facilité la compréhension entre les deux groupes[37].
Johan Ferrier a été membre du Conseil national jusqu'en 1948. Il s'est ensuite rendu à Amsterdam aux Pays-Bas pour apprendre la théorie de l'éducation. De retour au Suriname, devenu alors un pays autonome au sein du royaume des Pays-Bas, il poursuit ses études et poursuit une carrière dans le domaine de l'éducation. Il a exercé les fonctions de Premier ministre et de ministre de l'Intérieur pendant trois ans, de 1955 à 1958. Il a également passé du temps en tant que responsable de l'éducation au Suriname. De 1968 à 1975, il occupa le poste de gouverneur. À ce stade, le Suriname est devenu indépendant.
Sous le gouvernement Pengel, l'infrastructure du Suriname était fortement développée. Les routes ont été construites et l'infrastructure existante a été grandement améliorée. Deux nouveaux hôpitaux ont été construits[38].
Après l'abolition de la monarchie en 1975, Ferrier fut élu premier président du Suriname indépendant, avec Henck Arron, du Parti national du Suriname, comme Premier ministre. Les Pays-Bas mirent en place un programme d’entraide doté d’1,5 milliard de dollars qui devait durer jusqu’en 1985. Un tiers de la population quitta le Suriname pour les Pays-Bas.
En 1980, le gouvernement Arron fut renversé par un coup d’État militaire mené par le sergent-major Desi Bouterse. Ferrier refusa de reconnaître le nouveau gouvernement et nomma Henk Chin A Sen, du Parti national républicain, à la place. Un second coup d’État suivit cinq mois plus tard, à l’occasion duquel l’armée remplaça Ferrier par Chin A Sen. La population civile accueillit favorablement ces changements-là. Elle espérait ainsi voir un terme à la corruption et une amélioration du niveau de vie en dépit de l’interdiction des partis d’opposition par le nouveau régime. Il devint en effet de plus en plus dictatorial. Les Pays-Bas reconnurent le nouveau gouvernement mais les relations diplomatiques entre les deux pays prirent fin lorsque 15 membres de l’opposition furent exécutés par l’armée le à Fort Zeelandia. Les États-Unis et les Pays-Bas cessèrent leur aide au Suriname.
L’île de Redonda est achetée en 1865 par Matthew Dowdy Shiell (1824-1888). D'origine irlandaise, il est négociant et diacreméthodiste dans l'île voisine de Montserrat. Il a voulu célébrer par cette acquisition, la venue de son premier rejeton mâle (9e enfant), né le 21 juillet. En 1872, le gouvernement britannique — sous le règne de la reine Victoria —, intéressé par le phosphate que produit l’île, décide de l’annexer à sa colonie d’Antigua. Le propriétaire de l’île refuse et demande alors le titre de Roi de Redonda pour son fils. La requête aurait été accordée par le British Colonial Office en 1880 (non par la reine Victoria elle-même), et à la condition de ne pas tenter de faire opposition aux intérêts britanniques. Couronné à 15 ans, le jeune roi Matthew Phipps Shiell prend le titre de Felipe Ier, roi de Redonda. Commence alors un règne qui va durer 67 ans.
Le roi poursuit ses études à la Barbade. Le il part en Angleterre et change l’orthographe de son nom, Shiell, pour Shiel. Il ne reviendra jamais à Montserrat. Après avoir été professeur et traducteur, il devient auteur d’histoires fantastiques, ce qui lui vaut l’admiration de nombreux écrivains. Un de ses livres, The purple cloud, sur le thème du dernier homme sur Terre est souvent considéré comme un chef-d’œuvre du roman de science-fiction. En 1932 il se lie d’amitié avec Terence Ian Fytton Armstrong, bibliophile et poète connu sous le pseudonyme de John Gawsworth. Avant de mourir (), il lui transmet son titre royal, la souveraineté de l'île et les droits de son œuvre.
Devenu roi, Gawsworth prend le titre de Juan Ier. Durant toute sa vie, il soutient des écrivains dont Shiel fait partie. En tant que monarque il crée une aristocratie intellectuelle en distribuant des titres nobiliaires à des auteurs et artistes célèbres. Après la Seconde guerre mondiale, il sombre dans l’alcoolisme. Nécessiteux, il vit de la vente de son importante collection de livres et de manuscrits, ainsi que de son titre royal de Redonda. En 1967, le gouvernement d'Antigua-et-Barbuda réclame la souveraineté de l'île. Malgré les nombreuses contestations du roi et de ses partisans, l'île est finalement annexer.
Malgré cela, Gawsworth conserve son titre de « roi » jusqu'à sa mort. Il meurt à 58 ans, dans un hôpital londonien dans un dénuement total, le .
Après sa mort, c'est Jon Wynne-Tyson qui hérite de son titre. Il est l’un des détenteurs du titre, mais le seul à avoir les droits des œuvres de Matthew Phipps Shiel et de John Gawsworth. À la mort de ce dernier, il prend sa succession[39]. Lassé des problèmes du Royaume, créés par l’incurie de son prédécesseur, il renonce à son titre le , en faveur de l'auteur espagnol, Javier Marías, actuel prétendant au trône de Redonda. Mais cette succession est contesté par deux autres prétendants, William Leonard Gates et Robert Williamson, qui réclament tous deux le titre de « roi ».
Saint-Barthélemy
En 1784, l'île est cédée par Louis XVI au roi Gustave III de Suède contre un droit d'entrepôt à Göteborg. Les Suédois font de Saint-Barthélemy un port franc en 1785. En hommage au roi de Suède, le principal bourg de l'île (Le Carénage) est renommé Gustavia vers 1787. Une ordonnance de « Police générale » suédoise légifère l'esclavage à Saint-Barthélemy[40] à partir de 1787 en lieu et place du Code noir français ; l'esclavage y est définitivement aboli le [41].
Ravagée par un cyclone puis par l’incendie de sa capitale en 1852, Saint-Barthélemy n’ayant plus de ressources et ne présentant plus d’intérêt commercial, le roi de Suède-NorvègeOscar II décide de céder l’île à la France.
Devenu roi de Suède le , après la mort de son frère, puis est roi de Norvège le dans la cathédrale de Trondheim, Oscar II adopte lors de son accession au trône, la devise suivante : Le bien-être des peuples frères.
Le traité de rétrocession de 1877 est approuvé par une consultation des habitants de l’île et Saint-Barthélemy est rattachée à la Guadeloupe le après paiement par la France d’une somme dont le roi de Suède fait don à l’île[42].
Paraguay
Les premières années d'indépendance du Paraguay sont marquées par la montée en puissance dès 1810, de José Gaspar Rodríguez de Francia, futur Dictateur (selon une référence qui se voulait romaine), élu pour cinq ans (1814), puis désigné comme Dictateur à vie (Perpetuo). Son obsession sera d'abord l'élimination de toute trace de la Couronne d'Espagne, puis des prétentions de Buenos Aires. Cette dernière enverra une petite armée commandée par le général Belgrano, qui sera vaincu aussi bien par les militaires dont l'allégeance était variable (Gamarra était loyaliste à l'Espagne, Yegros penchait pour Buenos Aires) que par la population qui rejeta l'invasion étrangère (voir la communication écrite de Belgrano à la Junte de Buenos Aires à son retour expliquant sa défaite, le ). Francia laissera planer l'équivoque sur ses positions de 1810 à 1811, éliminant ses opposants en s'appuyant sur le peuple d'abord de l'Intérieur (par opposition à la Capitale Asuncion), puis une grande partie des militaires de grades inférieurs et la population de la Capitale. Enfin, il lui restera à domestiquer l'Église catholique, ce qu'il réalisera progressivement jusqu'à la victoire complète en 1828. Il sera soucieux de l'indépendance du pays jusqu'à l'obsession et le protégera des tentatives d'ingérence luso-brésiliennes, puis argentine, anglaises, brésiliennes et nord-américaines, assignant à résidence de longues années, par la même occasion, un botaniste français et d'autres visiteurs. S'il est fait grand cas de sa tyrannie et de ses méthodes expéditives, elles concernaient essentiellement ceux qui représentaient un danger pour son pouvoir, donc aussi pour l'indépendance du pays.
Après la mort de Francia après un an de flottement, sa politique fut amendée par son successeur, Carlos Antonio López, autre civil qui parvint au pouvoir par une capacité de manœuvre discrète. Exerçant un pouvoir toujours absolu mais consenti par le peuple, il ouvrit le pays aux techniques nouvelles (appel à des ingénieurs étrangers, envoi de boursiers en Europe, construction d'un chemin de fer, de chantiers navals, etc.), sans pour autant céder un pouce sur l'indépendance du pays, bien qu'il ait tenté d'établir des relations normales avec ses voisins et au-delà, en dépit de la pression de l'Argentine, du Brésil, de la Grande-Bretagne et des États-Unis, qui se faisait plus forte.
Il cédera le pouvoir à son fils, Francisco Solano López, qu'il avait préparé dans ce but (voyage en Europe, médiation diplomatique entre factions argentines, commandement militaire, etc.), mais qui, nommé aussi commandant en chef, était fasciné par la chose militaire et ne cachait pas son admiration pour Napoléon Ier.
Solano Lopez, réagissant à l'attaque du gouvernement conservateur ami de Montevideo par le parti des libéraux soutenus par le Brésil, après notification que le Paraguay ne pourrait accepter de modification de l'équilibre des forces dans le Rio de la Plata, ouvrit les hostilités contre le Brésil dès 1864 d'abord, donna prétexte à l'Argentine pour rejoindre le Brésil en faisant passer une colonne armée sur le territoire de la province d'Entre Rios ensuite et, enfin, le Brésil ayant renversé le gouvernement uruguayen favorable au Paraguay et installant son allié Venancio Flores, par ailleurs proche du président argentin Mitre, se trouva avec un troisième ennemi. Compte tenu du passé et du contexte régional, il n'était pas illogique pour Francisco Solano Lopez d'engager le combat, le temps jouant à moyen terme contre le Paraguay.
Joshua Norton était un habitant de San Francisco, qui s’était autoproclamé « empereur des États-Unis » en 1859 sous le nom de Norton Ier, puis également « protecteur du Mexique ». Même s'il n'a jamais exercé de réel pouvoir politique, il devint un personnage célèbre de San Francisco, honoré après sa mort et source d'inspiration pour les écrivains Robert Louis Stevenson et Mark Twain. Son comportement excentrique le fait remarquer dans les rues de San Francisco, qu'il inspecte vêtu d'un uniforme bleu à épaulettes dorées, et il y acquiert une sorte de reconnaissance limitée : ainsi, la monnaie frappée à son nom est acceptée dans les établissements qu'il fréquente. Ses funérailles sont suivies par plusieurs milliers de personnes. En accord avec son rôle d’empereur auto-désigné, Norton Ier publia de nombreux décrets sur l’État de l'Union, l'État de Californie et la municipalité de San Francisco. Considérant qu’il assumait le pouvoir, il n’y avait plus pour lui besoin de législature, et le 12 octobre 1859, il publia un décret qui « dissolvait » le Congrès des États-Unis.
Ses tentatives de renversement du gouvernement élu des États-Unis par la force ayant été frustrées, Norton tourna son attention et ses proclamations vers d’autres sujets, à la fois politiques et sociaux. Le 12 août 1869, « étant désireux d’apaiser les dissensions entre les différentes partis existant dans notre royaume », il « abolit » les partis démocrates et républicains. Dans l'espoir de résoudre les nombreuses querelles entre les citoyens des États-Unis pendant la Guerre Civile, Norton délivra un mandat en 1862 qui exigeait que les deux Églises catholique et protestante l'ordonnassent publiquement empereur. Une autre fois, la volonté de voir respecter San Francisco jusque dans son appellation fut le sujet d’un édit particulièrement virulent, daté de 1872.
Durant les dernières années de son règne, Norton fut le sujet de beaucoup de rumeurs et de spéculations. Une rumeur suggérait qu’il était en fait le fils de l’empereur Napoléon III et qu’il ne prétendait venir d’Afrique du Sud que pour éviter d’être persécuté. (Pour avoir été le fils illégitime de Napoléon III, il aurait dû naître quand l’empereur français n’avait que onze ans ; le vrai fils de Napoléon III, Napoléon Eugène, est mort durant la guerre anglo-zouloue en 1879.) Une autre rumeur voulait que l’empereur ait l’intention d’épouser la reine Victoria, ce qui est sans fondement bien que l’empereur ait en effet correspondu avec la reine en certaines occasions. Une dernière rumeur affirmait que Norton était en fait très riche, et qu’il simulait la pauvreté.
L'Empire inca fut, du XVe au XVIe siècle, un des états de la civilisation andine et le plus vaste empire de l'Amérique précolombienne. Son territoire s'est en effet étendu, à son extension maximale, sur près de 4 500 km de long, depuis le Sud-Ouest de l'actuelle Colombie (vallée de l'Ancasmayo, et même un moment au Río Patía, région de San Juan de Pasto), au nord, jusqu'au milieu de l'actuel Chili (au Río Maule), au sud, et comprenant la quasi-totalité des territoires actuels du Pérou et de l'Équateur, ainsi qu'une partie importante de la Bolivie, du Chili, et significative de l'Argentine du Nord-Ouest, soit sur une superficie de plus de trois fois celle de la France d'aujourd'hui. Héritier des civilisations andines préexistantes, il était maillé par un important réseau de routes d'environ 22 500 à 38 600 kilomètres convergeant vers sa capitale, Cuzco.
Les premiers contacts entre l'Empire inca et les conquistadorsespagnols menés par Francisco Pizarro et Diego de Almagro ont lieu en 1527 près de Tumbes, sur la côte nord de l'empire. Mais Pizarro et ses hommes ne restent pas, et ce n'est qu'en 1532, après être retourné en Espagne, que Pizarro pénètre véritablement sur le territoire inca. Dès 1527, la variole apportée par les colonisateurs fait de nombreuses victimes. L'empereur Huayna Capac y succombe et meurt sans avoir choisi de successeur. Ses deux fils se disputent alors la succession et l'empire se divise en deux : Atahualpa au Nord et Huascar au Sud. La guerre civile fait rage et c'est finalement Atahualpa qui prendra le dessus.
Francisco Pizarro est de retour en 1532 à la tête de 180 Espagnols. Mais ils ne sont alors pas perçus comme une menace, au contraire : selon une légende inca, le dieu Viracocha devait revenir sur terre pour rétablir paix et prospérité dans l'empire. Pizarro est assimilé à ce personnage mythique et est accueilli sans crainte.
Le , à l'issue de la prise de Cajamarca par les troupes de Pizarro, Atahualpa est capturé par les Espagnols. Dès lors, les Incas n'osent pas les attaquer de peur de mettre en danger la vie de leur empereur-dieu. Alors qu'Atahualpa est aux mains des Espagnols, ses armées prennent enfin le contrôle de tout le territoire et réunifient l'empire. Mais Pizarro alimente les querelles et encourage la rébellion des peuples dominés par les Incas : l'empire se morcelle. Toutefois, les Incas espèrent encore et souhaitent retrouver leur empereur. Pizarro propose une rançon : la pièce où est enfermé Atahualpa doit être remplie d'or. Les Incas obéissent mais Pizarro ne tient pas sa promesse et fait exécuter l'empereur déchu le .
À la suite du Boston Tea Party, les colons commencèrent à refuser la tutelle britannique et les colonies se dotèrent de gouvernements autonomes. Les tensions s'accrurent et les soldats britanniques affrontèrent les miliciens américains lors des batailles de Lexington et Concord en . Les pétitions destinées à obtenir un règlement pacifique de la dispute furent ignorées par le Parlement britannique et les chefs rebelles furent qualifiés de traîtres par la Couronne. Les colonies déclarèrent l'indépendance en devenant les États-Unis en et listèrent leurs griefs envers le roi et le Parlement. La Déclaration accusait George III d'avoir « abdiqué le gouvernement de notre pays… Il a pillé nos mers, ravagé nos côtes, brûlé nos villes et massacré nos concitoyens ». La statue équestre du souverain à New York fut démantelée[43]. Les Britanniques prirent la ville en 1776 mais perdirent Boston et leur plan pour envahir la Nouvelle-Angleterre depuis le Canada échoua avec la défaite du général John Burgoyne lors des batailles de Saratoga.
Jusqu'en 1780, les loyalistes pouvaient croire en une victoire, car les troupes britanniques remportèrent de nombreuses batailles comme celles de Camden et de Guilford Court House[44]. Néanmoins, lorsque les nouvelles de la défaite de Charles Cornwallis lors de la bataille de Yorktown atteignirent Londres à la fin de l'année 1781, Lord North démissionna de son poste de Premier ministre du fait de l'érosion de ses soutiens parlementaires. Le roi rédigea une proclamation d'abdication qui ne fut jamais délivrée[45],[46] et accepta la défaite en Amérique du Nord. Il autorisa des négociations de paix qui débouchèrent sur la signature du traité de Paris en 1783 par lequel la Grande-Bretagne reconnaissait l'indépendance des États-Unis[47]. Lorsque John Adams fut nommé ambassadeur à Londres en 1785, George III s'était résigné aux nouvelles relations entre son pays et ses anciennes colonies. Il dit à Adams, « j'étais le dernier à consentir à la séparation ; mais la séparation ayant été réalisée et étant devenue inévitable, j'ai toujours dit, comme je dis maintenant, que je serai le premier à reconnaître les États-Unis comme une puissance indépendante »[48].
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↑Accompagné d’un ami et du bibliographe de Shiel, Reynolds Morse, Juan II se rendit le vendredi saint de 1979, à Redonda et la gravit jusqu’à son sommet.
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