Le Dernier Empereur

Le Dernier Empereur
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Le véritable Puyi, âgé de 16 ans.
Titre original L'ultimo imperatore
The Last Emperor
Réalisation Bernardo Bertolucci
Scénario Mark Peploe et Bernardo Bertolucci
Acteurs principaux
Pays de production Drapeau de l'Italie Italie
Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni
Drapeau de la France France
Drapeau de la République populaire de Chine Chine
Genre Drame historique
Durée 163 minutes
219 minutes (version longue)
Sortie 1987

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.

Le Dernier Empereur (L'ultimo imperatore en italien et The Last Emperor en anglais) est un film biographique italo-sino-franco-britannique[1] réalisé par Bernardo Bertolucci et sorti en 1987.

Synopsis

Tour nord-est de la Cité interdite.

Le film raconte la vie de Puyi, dernier empereur de Chine, de son accession au trône à l'âge de deux ans en 1908, à sa mort en 1967.

En 1950, un train en provenance d'URSS arrive dans une gare chinoise. Les passagers qui en descendent, traités comme des prisonniers, sont rapidement escortés par des militaires jusque dans le hall. L'un des passagers, triste et abattu, attire aussitôt l'attention des autres voyageurs qui le reconnaissent en la personne de leur ancien empereur déchu, Puyi. Celui-ci se rend discrètement aux toilettes, et tente de se suicider en se taillant les veines. Il se remémore alors sa jeunesse.

En 1908, sur l'ordre de l'impératrice douairière Cixi sur le point de mourir, Puyi, son neveu, un enfant mandchou de deux ans, est enlevé à sa mère afin de devenir le nouvel empereur de la dynastie Qing. Quatre ans après son accession au trône, la république de Chine est proclamée en 1912 par Sun Yat-Sen. L'ex-empereur est autorisé à conserver son titre qui n'est désormais plus qu'un symbole, uniquement dans la Cité interdite, immense palais impérial au cœur de Pékin, dans lequel il est assigné à résidence. Il grandit dans son ancien palais, ignorant tout du monde extérieur « de l'autre côté des murs », entouré de ses courtisans. Rejoint par son jeune frère Pujie, l'enfant, puis adolescent reçoit une éducation occidentale par un précepteur écossais, Reginald Johnston (Peter O'Toole), grand littéraire qui deviendra plus tard historien de la dernière dynastie chinoise par un célèbre ouvrage Twilight in The Forbidden City[2]. En 1915, il voit passer Yuan Shikai, qui tente de rétablir la monarchie impériale à son profit. Néanmoins les conditions de vie de Puyi restent les mêmes pour quelque temps.

Dans la Cité, les eunuques sont chargés de la gestion des denrées et des biens, ce qui leur permet de s'enrichir fortement. Tout changement que veut apporter l'empereur à cet état de fait se heurte à l'immobilisme de ses derniers sujets. Petit à petit, Puyi reprend du pouvoir : il obtient une paire de lunettes pour lui éviter la perte de la vue, nomme un nouveau chambellan recommandé par Johnston, se marie deux fois, sa première épouse Wan Rong est l'impératrice, l'autre Wen Xiu est son épouse secondaire. Lorsqu'il souhaite enquêter sur le trafic organisé par les eunuques à l'intérieur de sa résidence, les magasins sont incendiés et détruits. L'empereur fait alors appel à l'armée républicaine pour chasser tous les eunuques de la Cité.

En 1924, lors du coup de Pékin, le Guominjun de Feng Yuxiang expulse Puyi et la famille impériale de la Cité interdite, tout en prenant le contrôle de la ville. L'année suivante, Tchang Kaï-chek prend le pouvoir à la suite de la mort de Sun Yat-Sen. Nankin devient provisoirement la capitale de la Chine en 1927. Puyi, qui n'a jamais connu le monde hors des murs de la Cité interdite, mène pendant plusieurs années une vie mondaine dans l'enclave japonaise de Tianjin, accompagné de l'impératrice et de son épouse secondaire, en fréquentant les salons de la haute société américaine et britannique. Lui et sa première femme souhaitent partir en Occident. Son épouse secondaire souhaite divorcer et finit par s'enfuir, tandis que Yoshiko Kawashima, une cousine de l'empereur, parvient à le convaincre de se lier plutôt aux Japonais.

En 1932, les Japonais placent Puyi sur le trône du Mandchoukouo, dans une situation politique d'empereur « fantoche ». Le Japon d'Hiro Hito envisage de conquérir le pays pour en extraire toutes les richesses minières et de s'en servir comme le point de départ pour conquérir une grande partie de l'Asie jusqu'aux Indes, au grand dam de Tchang Kaï-chek. Naïf, Puyi constate trop tard, lors du retour d'un voyage au Japon, qu'il n'est plus qu'un pantin dans les plans de conquête japonais, et est sous la surveillance constante de Masahiko Amakasu. L'impératrice sombre dans la drogue, et se détache progressivement de lui. Elle finit par être enceinte par une liaison extraconjugale. Puyi tente de défier les Japonais en annonçant qu'il va avoir un héritier. Amakasu lui déclare qu'il sait qu'il n'est pas le père biologique et que le père est le chauffeur du couple. Le chauffeur est assassiné peu de temps après. Lors de l'accouchement de l'impératrice, l'enfant est vivant, le médecin lui fait une injection. Les Japonais annoncent à Puyi que l'enfant est « mort-né » et que l'impératrice doit se reposer. Elle est emmenée sous escorte hors du palais. Puyi est ainsi coupé de toute sa famille par des alliés, qui sont désormais plus des geôliers. Son frère a été envoyé au Japon dans une école militaire et se marie avec Hiro Saga, une Japonaise.

En 1945, lors de la capitulation du Japon, durant l'évacuation du Mandchoukouo, Amakasu se suicide dans son bureau d'une balle dans la tête avec son pistolet. Les conseillers de Puyi lui disent de fuir vers le Japon, pour qu'il puisse se rendre aux Américains. L'impératrice, dans un état de santé très altéré, entre dans le palais. Puyi sidéré, l'observe cracher sur les Japonais sur son passage, se rendre dans le bureau d'Amakasu et cracher sur son cadavre. Alors qu'ils sont dans l'avion prêt à décoller, les parachutistes soviétiques bloquent l'appareil et les arrêtent. En 1950, il est remis aux autorités chinoises, puis interné en « prison de rééducation » par le gouvernement communiste, dans laquelle il doit confesser ses fautes et faire son autocritique, surveillé de près par le chef de la prison, dans laquelle il retrouve son frère et ses anciens ministres. En 1959, après près de dix ans d'internement, il est libéré et devient jardinier. Durant la révolution culturelle, il voit l'ancien chef de la prison subissant une séance de lutte par les gardes rouges. Il tente de le défendre mais est menacé et repoussé par les gardes.

Il visite la Cité interdite, devenu un musée. Alors qu'il passe le cordon de sécurité pour se rendre sur le trône, il est interpellé par le jeune fils du gardien des lieux, désormais un des rares habitants de la cité . Il retrouve la boîte à grillon qu'un mandarin lui avait offerte lors de son couronnement et l'offre à son tour au garçon. Une guide menant son groupe de touristes au sein de la Cité interdite rappelle que l'ancien empereur est décédé en 1967 à 61 ans.

Fiche technique

Distribution

Autour du film

C'est la première œuvre occidentale à avoir reçu la pleine et entière collaboration des autorités chinoises depuis 1949, et aussi le premier film occidental à avoir été tourné dans la Cité interdite[3]. Une partie du film a également été tournée dans les studios de Cinecittà à Rome.

Récompensé par neuf Oscars en 1988, dont ceux des « meilleur film » et « meilleur réalisateur », du César du meilleur film étranger, avec 19 000 figurants, 9 000 costumes et 300 techniciens italiens, britanniques et chinois, le film a nécessité plus de six mois de tournage. Le Dernier Empereur reste à ce jour l'une des plus grandes fresques jamais réalisées au cinéma.

Version longue

Le film est surtout connu dans sa version d'exploitation de 163 minutes, celle récompensée sur la scène internationale. Pourtant le projet devait au départ aboutir à un téléfilm en plusieurs épisodes. En effet, le cinéaste avait été requis pour fournir une version télévisée de quatre heures dans le cadre de son accord initial[4]. Cette version comprenant quatre épisodes de 50 minutes fut diffusée à la télévision avant de sortir en DVD en France en 2003 au format 4/3 pour une durée de 219 minutes. Parmi les nouveaux éléments, on retrouve notamment :

  • plusieurs prolongements de scènes et nouvelles scènes lorsque Pu Yi gouverne le Manchukuo en tant que souverain fantoche ;
  • la réintégration des scènes d'un personnage totalement coupé dans la première version d'exploitation : le fournisseur d'opium nommé Ministre de la Défense à la demande des Japonais ;
  • de nouvelles scènes dans la prison soulignant combien Pu Yi est incapable de s'occuper seul de lui sans ses serviteurs.

Le distributeur japonais demanda à Bernardo Bertolucci de supprimer un segment qui faisait référence au massacre de Nankin, un des pires crimes de guerre commis par l'armée japonaise dans la capitale provisoire chinoise de Nankin et que le Japon refuse de reconnaître, ce qui fait l'objet d'un litige avec la Chine. Ce segment fut réinséré ultérieurement après les vives plaintes du réalisateur[5].

Différences avec l'histoire authentique

Scène de tournage du film dans un décor au Tobu World Square reproduisant la Cité interdite.

Si le film se calque au maximum sur l'histoire réelle de Puyi, il contient quelques libertés par rapport à celle-ci :

  • Puyi a été couronné à l'âge de deux ans, et non à trois ans ;
  • C'est en 1912 (fin de l'Empire) que les fonctions des eunuques à la Cité interdite ont été abolies – le film présente ce fait comme postérieur à la fin de l'Empire ;
  • Yoshiko Kawashima n'est pas la maitresse de Masahiko Amakasu, comme suggéré dans le film, mais celle de Hayao Tada, général conseiller en chef des questions militaires auprès de Puyi ;
  • Masahiko Amakasu ne se suicide pas par balle, mais avec du poison ;
  • Le film n'aborde ni la restauration mandchoue de 1917, ni le rôle de Zaifeng (père de Puyi), qui a été beaucoup plus important.

Distinctions

Récompenses

Nominations

Notes et références

  1. IMDb
  2. Reginald Fleming Johnston (1934-2008), Twilight in The Forbidden City, Soul Care Publishing (ISBN 978-0-9680459-5-4).
  3. Jürgen Müller (trad. de l'allemand), 100 films des années 1980, Cologne, Taschen, , 819 p. (ISBN 978-3-8365-8730-3), p. 505
  4. (en) « Final Cut », sur The Criterion Collection (consulté le ).
  5. « Silence, on coupe ! », sur Allociné (consulté le ).
  6. Comme avant lui, Gigi de Vincente Minnelli (1958).

Liens externes

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