Au cours de l'exode de 1940 en France, un convoi de civils est bombardé et mitraillé par des avions allemands. Paulette, cinq ans, perd ses parents et se met à errer dans la campagne, serrant dans ses bras le cadavre de son chien. Dans les bois, elle rencontre Michel, un garçon de dix ans, qui l'emmène vivre dans la ferme de ses parents. Réticent au début, le père de Michel accepte l'arrivée de Paulette, plus par peur que les Gouard, ses voisins et ennemis jurés, le fassent et en tirent une quelconque gloire, que par charité.
Paulette enterre discrètement le petit chien, mais Michel devine rapidement son geste, et à deux ils se mettent à créer des sépultures pour tous les animaux morts qu'ils découvrent : rats, crapauds, poussins, etc. Michel en vient à tuer des animaux pour rassurer Paulette.
Ne trouvant pas très réussies les croix qu'il fabrique, Michel entreprend de voler les crucifix qu'il trouve, y compris celui du corbillard qui transporte son frère. La famille est persuadée que ce sont les Gouard qui ont volé la croix de la sépulture du fils mort il y a peu. Il s'ensuit une bagarre dans le cimetière entre les deux patriarches qui finit dans une tombe prête à recevoir un cercueil. Le prêtre révèle qu'il s'agit de Michel, qu'il avait déjà surpris en train de voler une croix de l'église, alors que quelques minutes plus tôt il avait confessé les autres vols. Michel s'enfuit et passe la nuit dans le grenier. Découvert par sa sœur, il la menace de révéler ses ébats dans le foin avec le fils Gouard si elle le dénonce au père.
Le lendemain, les gendarmes se présentent. Dans un premier temps, la famille craint que ce soient les voisins qui aient porté plainte pour la croix sur la tombe de la mère Gouard, que le père a détruite après s'être aperçu que manquait celle de son fils. Il s'avère qu'ils viennent récupérer la petite Paulette. Michel propose de révéler où sont les croix en échange de la promesse que Paulette restera avec eux. Mais le père manque à sa parole et la petite est emmenée dans un couvent, mis à la disposition de la Croix-Rouge. Michel part au moulin et détruit toutes les croix. Alors qu'on l'a laissée momentanément seule à la Croix-Rouge, Paulette entend une femme appeler « Michel ». Ce n'est qu'une fille qui appelle son bon ami. Elle se met à les suivre en criant « Michel » et « maman ».
La bande originale du film est choisie et interprétée par le guitariste Narciso Yepes qui a fait un léger arrangement de diverses partitions. La mélodie la plus célèbre, Jeux interdits, est depuis devenue un classique de l'apprentissage de la guitare.
Narciso Yepes a d'abord présenté ce morceau comme un arrangement d'une « romance anonyme » du folklore, puis a prétendu l'avoir composé à sept ans en 1934 en cadeau pour sa mère, mais il s'agissait bien plus vraisemblablement d'un arrangement car on a depuis retrouvé la trace de manuscrits antérieurs à sa naissance, avec comme titre Romance de Sor, ce qui suggère que l'auteur pourrait être Fernando Sor (d'autres pistes sont évoquées : Matteo Carcassi, etc.)[1].
Dans un premier temps, René Clément se lance dans l'adaptation du bref roman de François Boyer pour en faire un moyen métrage, Croix en bois, croix en fer, qui doit s’intégrer avec d'autres dans un film à sketches sur le thème « les enfants et la guerre ». Devant l'intérêt qu'il découvre dans le résultat une fois le tournage bouclé et sur les conseils de Jacques Tati, il décide de compléter le scénario et tourne de nouvelles séquences pour réaliser un long métrage indépendant qui a le succès que l'on sait[2].
Ce sont les parents de l'actrice Brigitte Fossey qui interprètent les parents de Paulette.
Le succès du film est tel que Brigitte Fossey est présentée à la reine Élisabeth II en .
Alors que le tournage du film n'est pas terminé, Georges Poujouly commence celui de Nous sommes tous des assassins, d'André Cayatte, lequel lui fait couper les cheveux presque à ras, si bien que, à la grande fureur de René Clément, le jeune acteur doit porter une perruque lorsqu'il reprend le tournage du film[3].
Rudolphe-Maurice Arlaud, « Tribune autour de Jeux interdits », Revue internationale du cinéma, no 14, , p. 65–69.
(en) Ed Benson, « The Screen of History in Clément's Forbidden Games », Literature/Film Quarterly, Salisbury University, vol. 33, no 3, , p. 207–216 (JSTOR43797230).
(en) Robert J. Cardullo, « Death Wish, Child's Whim, « Auteurist » Will : Boyer and Clément's Forbidden Games Replayed », Literature/Film Quarterly, Salisbury University, vol. 39, no 3, , p. 190-200 (JSTOR43798790).
Patrick Glâtre, Val-d'Oise, terre de tournage, Cergy-Pontoise, Comité du Tourisme et des Loisirs du Val-d'Oise, , 118 p., p. 63.
(en) Anat Pick, « Reflexive Realism in René Clément's Forbidden Games », Yale French Studies, New Haven, Yale University Press, no 127 « Animots : Postanimality in French Thought », , p. 205-220 (JSTOR44512270).
(en) Christoph Vatter, « Trauma, Cultures of Memory and Childhood in French Postwar Cinema : The Example of René Clément's Jeux Interdits (1952) », dans Janett Reinstädler et Oleksandr Pronkevich (dir.), (Audio-)Visual Arts and Trauma : From the East to the West, Universaar (Presses universitaires de la Sarre), coll. « Saravi Pontes – Beiträge zur internationalen Hochschulkooperation und zum interkulturellen Wissenschaftsaustausch » (no 9), , 215 p. (ISBN978-3-86223-234-5, lire en ligne), p. 97-114.
L'année indiquée est celle de la cérémonie. De 1949 à 1956, l'Oscar est un prix d'honneur, sans propositions ou nominations de films. Les films sont ceux qui sont proposés à la nomination par la France ; tous ne figurent pas dans la liste finale des films nommés.