Depuis que la moitié Nord de la France a été envahie par les nazis, les Parisiens passent leurs soirées dans les salles de spectacles, pour ne pas avoir froid. En septembre 1942, l'actrice de renom Marion Steiner ne pense qu'aux répétitions de la pièce norvégienne, La Disparue, qui va être jouée dans le théâtre Montmartre, dont elle assure la direction à la place de son mari Lucas Steiner, Juif Allemand exilé qui s'est officiellement réfugié en Amérique. En réalité, il vit dans les caves du théâtre. Chaque soir, Marion lui rend visite, recueille ses directives et commente avec lui le travail des comédiens, notamment celui du jeune premier de la troupe, Bernard Granger. Grâce à un tuyau d'aération relié à la scène, Lucas dirige les répétitions par personne interposée, son collaborateur Jean-Loup Cottins (metteur en scène introduit auprès des milieux collaborateurs), et se rend compte que sa femme est tombée amoureuse de Granger. Ce dernier, désireux de s'engager dans la Résistance, est le seul de la troupe à aider Lucas lors d'une perquisition de la Gestapo. La pièce est un succès et les spectateurs rejoignent chaque soir leur habitation par les rues sans lumière et sans taxis, d'où l'importance du dernier métro. Mais le théâtre connaît des jours difficiles, du fait de la jalousie d'un critique de théâtre antisémite et hargneux. Excédé par un de ses papiers, Bernard est à l'origine d'un scandale qui l'incite à abandonner le théâtre et rejoindre la Résistance. À la libération, Marion rend visite à Bernard, blessé, à l'hôpital… mais le rideau tombe, révélant qu'il s'agit de la dernière scène d'une nouvelle pièce dirigée par Lucas Steiner désormais réhabilité et acclamé par la foule[1].
Pour le César de la meilleure actrice dans un second rôle, Andréa Ferréol fut battue par une actrice fétiche de Truffaut : Nathalie Baye.
Production
Scénario
Truffaut écrit le film entre mai et septembre 1979 avec Suzanne Schiffman dans la maison de cette dernière, à Vaison-la-Romaine[6]. Deux semaines avant le tournage de manivelle, découvrant L’Atelier, une pièce de Jean-Claude Grumberg, il demande à celui-ci de réécrire certaines scènes. Touchant au Paris de l'occupation tel qu'il l'a vécu, mais aussi à ses origines juives, qu'il n'a découvertes qu'en 1968, c'est pour Samuel Blumenfeld "l’œuvre la plus secrète et la plus intime du réalisateur"[7].
Le tournage a ensuite eu lieu dans une chocolaterie désaffectée, rue du Landy à Clichy transformée en studio de cinéma pour reconstituer Paris sous l'Occupation[2].
Largement inspiré de l'ouvrage du journaliste Hervé Le BoterfLa vie parisienne sous l'Occupation publié en 1978[10], Le Dernier Métro raconte pour partie la vie de Margaret Kelly (la danseuse Miss Blubell) et de son mari Marcel Leibovici pendant l'Occupation[11]. L'intrigue est calquée sur la pièce de théâtre Carola de Jean Renoir[12],[13], adaptée à la télévision américaine en 1973 avec Leslie Caron et parue à L'Avant-scène en 1976[14].
Le film comprend également de nombreuses références à l'actualité culturelle française des années 1940[15]. Les arrestations successives, à la Libération, du personnage incarné par Jean Poiret sont très librement inspirées des déboires de Sacha Guitry. La scène où le personnage de Gérard Depardieu s'en prend au critique de Je suis partout est tirée d'un incident qui opposa Jean Marais à Alain Laubreaux[16].
Truffaut se cite aussi lui-même : les paroles d'amour de la pièce de théâtre jouée dans le film par les personnages de Catherine Deneuve et Gérard Depardieu sont tirés de son film La Sirène du Mississipi avec en particulier les expressions « C'est une joie et une souffrance » et « L'amour fait mal ».
Restauration et reprise
Le film fut restauré en haute définition et projeté au Festival de Cannes 2014 dans la section Cannes Classics avant de ressortir en salle le pour commémorer les 30 ans de la disparition de Truffaut (parallèlement avec l'exposition consacrée au réalisateur à la Cinémathèque française).
Autour du film
Le groupe de musique parisien Le Dernier Métro a décidé de s'appeler ainsi pour rendre hommage à un film « qui les a totalement bouleversés » (Technikart - juin2014).
Une pièce de théâtre, adaptée du film, est créée en 2018 par la compagnie STT, dans une mise en scène de Dorian Rossel. Le projet est notamment soutenu par l'ONDA (Office national de diffusion artistique). La pièce est jouée au Théâtre des Célestins de Lyon, à Annemasse et au Théâtre de Chelles.
Notes et références
↑Arnaud Guigue, François Truffaut. La culture et la vie, L'Harmattan, , p. 34
L'année indiquée est celle de la cérémonie. De 1949 à 1956, l'Oscar est un prix d'honneur, sans propositions ou nominations de films. Les films sont ceux qui sont proposés à la nomination par la France ; tous ne figurent pas dans la liste finale des films nommés.