Premier mariage: Isabelle II Louise Fernande de Bourbon Second mariage: María Amparo María de los Milagros Agustín, duc de Tarancón Fernando, duc de Riansares y Tarancón María Cristina Juan, comte du Recuerdo José, comte de García
Le roi d'Espagne n'ayant pas d'enfant de ses trois premiers mariages, cherche une épouse susceptible de lui donner un héritier et la Maison des Deux-Siciles était réputée pour sa fécondité. Les mariages royaux étant affaire politique, la différence d'âge n'était pas un obstacle et les méfaits de la consanguinité étant ignorés, que le roi fût l'oncle de son épouse, n'entrait guère en ligne de compte. Le pape accordait facilement une dispense aux princes qui le soutenaient. De plus, la Maison Royale des Deux-Siciles étant une branche cadette de la Maison Royale d'Espagne, le roi des Deux-Siciles ne pouvait guère refuser la proposition du roi d'Espagne. À la même époque le frère cadet du roi épousa également une sœur de Marie-Christine qui était également sa nièce.
À la mort de son mari, le , sa fille aînée n'ayant que trois ans, elle tient le rôle de régente. La dévolution de la couronne est disputée entre Isabelle et l'infant Charles, comte de Molina, frère du défunt roi qui revendique ses droits en s'appuyant sur la loi salique, alors que Charles IV l'avait abrogée en 1789 et que Ferdinand VII avait ratifié cette décision[1]. Charles représentait le courant conservateur, clérical et régionaliste (V. carlisme) quand la régente est soutenue par les libéraux, anticléricaux et centralisateurs. C'est l'origine de la première guerre carliste.
Trois mois seulement après la mort de Ferdinand VII, Marie Christine, qui n'a que 27 ans, épouse secrètement un sergent de la garde royale d'origine roturière, Agustín Fernando Muñoz y Sánchez, ce qui ne lui vaut pas une grande popularité.
Ne réussissant pas à se concilier les libéraux et les modérés, elle est contrainte d'abandonner la régence au général Espartero et de partir en exil, quittant l'Espagne le à bord du Mercurio. Depuis Marseille, elle proclame que sa renonciation a été obtenue sous la force. Elle se rend ensuite à Rome pour recevoir la bénédiction de Grégoire XVI et l'approbation de son mariage morganatique.
De cette époque date la célèbre chanson contestataire : "Maria Christina me quiere gobernar" dont les paroles disent : "Marie-Christine veut me gouverner... No, no, no, no, Maria Cristina". Au XXe siècle, elle devient une chanson très populaire, perdant sa dimension politique, quand les musiciens cubains la reprennent dans les années 1930[2].
Elle rentre alors en Espagne et s'installe à Madrid. Le , avec le consentement de sa fille, elle célèbre officiellement son mariage avec Agustín Fernando Muñoz y Sánchez, qui a préalablement été admis à la grandesse d'Espagne et titré duc de Riánsares. Le jour de ses noces, il est également élevé au grade de lieutenant général et fait sénateur à vie.
Elle tente encore de contrôler la politique de sa fille lors de la promulgation de la Constitution espagnole de 1845 et s'impose dans diverses tractations commerciales et économiques, au point qu'on l'accuse d'avoir des intérêts dans tous les projets industriels, ce qui augmente encore son impopularité. Elle s'oppose en vain au mariage de sa fille avec son cousin l'infant François d'Assise.
Elle est de nouveau expulsée et le traitement que les Cortes lui avaient concédé lui est retiré.
Nouvel exil en France
En 1861, Marie-Christine revend à Napoléon III le château de Malmaison. Elle demeure en France le reste de sa vie, et ne revient en Espagne que trente ans plus tard sous le règne de son petit-fils Alphonse XII mais sans avoir l'autorisation d'y demeurer définitivement. Le , une révolution renverse sa fille Isabelle II qui rejoint alors sa mère en France. Isabelle abdique le ) en faveur de son fils Alphonse XII, mais il n'obtient la couronne que le , et ses partisans ne voient pas d'un bon œil l'influence éventuelle de sa mère et de sa grand-mère.
Réfugiée sur la côte normande, elle fait construire en 1859 par l'architecte Théodore Huchon, la villa « Mon Désir » qui devient par la suite l'hôtel Marie-Christine, un casino, un hôpital militaire pendant la Première Guerre mondiale avant d'être détruite en 1951[6]. Elle y meurt en 1878 et sa dépouille est ensuite transférée au monastère de l'Escurial où, en tant que reine et mère d'une souveraine, elle repose au panthéon des Rois.
↑Charles étant né en 1788 - avant l'abrogation de la loi salique par son père - prétendait que la loi d'abrogation ne pouvait être rétroactive et qu'il était le seul successeur légitime de son frère.
↑L’hôtel d'Espagne se trouvait au n° 76 de l'avenue. Il avait été bâti pour la reine Marie Christine à l'emplacement d'une maison ayant appartenu à la duchesse de Caumont-La Force. Il s'agit d'un hôtel entre cour et jardin, construit sur une parcelle de deux tiers d'hectare s'étendant jusqu'à la rue de Ponthieu et donnant sur l'avenue par une porte cochère. L'hôtel comportait des plafonds peints par Fortuny. Il est acquis en 1880 par la duchesse d'Uzès.
Almudena Delgado Larios, « Femmes et politique : une nouvelle vision du XIXe siècle » dans Les relations de genre dans le monde hispanique. Journée d’Études ILCEA/CERHIUS Université de Grenoble III (en ligne)