La Déclaration d'indépendance est une étape majeure dans l'histoire des relations anglo-américaines : après une série de crises entre la métropole et les colonies, principalement sur les questions de représentation au parlement et taxation des produits (dont le fameux Stamp Act), le texte proclame l'indépendance de la nation américaine et représente un acte révolutionnaire.
En , Thomas Paine prend parti pour les insurgés (insurgents) américains dans son Sens commun (1776) qui remporte un vif succès (environ 500 000 exemplaires vendus[1]). Son livre est un plaidoyer pour la rupture avec la Grande-Bretagne et aurait inspiré George Washington.
En effet, dans ce petit livre, il estime ridicule qu'un pays si petit que la Grande-Bretagne gouverne et impose des lois à l'immense et lointaine Amérique. Il pense également qu'il est peu probable que l'Europe connaisse longtemps la paix, et chaque fois que la Grande-Bretagne sera en guerre, les liens économiques de l'Amérique avec la métropole entraîneront la ruine de son commerce.
Par conséquent, rester unis à la Grande-Bretagne n'est plus dans l'intérêt national de l'Amérique.
Thomas Jefferson est désigné pour élaborer une première ébauche[2],[3]. Il est le principal auteur du texte le et le soumet au comité qui fait quelques modifications.
La déclaration est encore amendée au cours des débats du Congrès : les passages sur la traite et l'esclavage sont supprimés, afin de ne pas mécontenter les régions du Sud[4].
Le document définitif, écrit sur un parchemin (et non du papier de chanvre comme souvent évoqué)[1], est approuvé et signé le par 56 délégués réunis à l'Independence Hall[5].
Jefferson fait six copies du manuscrit du et il souligne les passages éliminés[3].
La Déclaration est ensuite envoyée à l’imprimerie pour être largement diffusée. La nouvelle de la Déclaration d’indépendance prit le même temps (soit 29 jours) pour aller de Philadelphie à Charleston que de Philadelphie à Paris[6]. La traduction en français fut réalisée la même année, par Jefferson lui-même[réf. souhaitée].
Il fallut trois semaines à Thomas Jefferson pour rédiger le premier texte[2]. Même si à l'époque, on voulut faire penser que la Déclaration était une œuvre collective, les recherches des historiens et des juristes ont démontré que Jefferson en était bien le principal rédacteur. Jefferson était un Virginien âgé de 33 ans en 1776. Il fut formé comme avocat comme bien d'autres acteurs de la révolution américaine. Homme des Lumières, il avait beaucoup lu et restait influencé par la pensée des philosophes Alfred F. Jones, John Locke et Henry Home. Jefferson était également un planteur qui possédait des esclaves[7].
Le plan
La déclaration d'indépendance américaine peut être découpée en trois parties :
la liste de griefs : les atteintes britanniques à ces droits ;
la conclusion qui s'impose : la rupture avec la Grande-Bretagne et la création de treize États indépendants.
Influences
L'acte de La Haye, rédigé par les états généraux des Pays-Bas le , proclamant de facto l'indépendance des Provinces-Unies, fut l'une des sources d'inspiration de la Déclaration. Thomas Jefferson s'appuya également sur le Second Traité sur le Gouvernement de John Locke ; mais il remplaça le droit de propriété par celui de la recherche du bonheur. Le texte reprend aussi la tradition anglaise républicaine, qui s'était exprimée au cours des révolutions du XVIIe siècle.
Thomas Jefferson fut aussi influencé par la Ligue des Iroquois, confédération pacifique organisée autour d'une constitution, la « Grande loi de l'Unité » ou Gayanashagowa : en 1787, Jefferson déclarait à propos des Iroquois : « Je suis convaincu que les sociétés indiennes qui vivent sans gouvernement jouissent globalement d'un degré de bonheur bien supérieur à ceux qui vivent sous les régimes européens ».
Le préambule suppose qu'« il devient nécessaire pour un peuple […] de prendre, parmi les puissances de la Terre, la place séparée et égale à laquelle les lois de la nature et du Dieu de la nature lui donnent droit… ».
La Déclaration d’indépendance est un texte à portée nationale, mais qui a également un aspect universel puisqu'elle énonce : « Tous les Hommes sont créés égaux ».
La tyrannie : elle vient de la rupture du contrat entre le roi de Grande-Bretagne et les colons américains.
Le texte a aussi ses limites, compréhensibles dans le contexte du XVIIIe siècle : si l'égalité est proclamée, elle est uniquement valable pour les hommes blancs, car l'esclavage n'est pas aboli, bien que la première version (rédigée par Thomas Jefferson) fût en faveur de cette décision.
Portée
La Déclaration d'indépendance a une portée nationale mais aussi universelle. Elle s'adresse à l'opinion de l'humanité et elle énonce que tous les hommes sont créés égaux.
Dans l'histoire américaine
La Déclaration d'Indépendance eut un grand retentissement dans les Treize Colonies. Le texte servit de propagande aux patriotes américains pendant la guerre afin d'inciter l'ensemble de la nation américaine à adhérer au projet d'indépendance. Il fait partie des textes fondateurs des États-Unis, aux côtés de la Constitution et de la Déclaration des Droits.
Le 1776 marque « le véritable acte de naissance des États-Unis »[8].
Elle fut lue en 1776 dans les églises de Boston[9], placardée dans les villes et les villages[10].
Pendant la guerre civile américaine, dans son discours de la Gettysburg Address (1863), le président américainAbraham Lincoln mit en valeur l’importance de la Déclaration dans l’histoire du pays : « Four score and seven years ago our fathers brought forth on this continent, a new nation, conceived in liberty, and dedicated to the proposition that all men are created equal. »
La reconnaissance de l'indépendance des États-Unis par le royaume du Maroc se fait en deux étapes[11] et peut être datée soit du , date à laquelle le sultan Mohammed III signe un décret ouvrant les ports du pays aux navires des États-Unis, ce qui ferait du Maroc le premier pays à reconnaître le nouvel État[12],[13], soit à la signature d'un traité de paix et d'amitié entre les deux pays en 1786[14].
Louis XVI, le roi de France qui a aidé avec son armée les colons anglais à fonder les États-Unis, reconnaît leur indépendance en 1778[15].
La Déclaration d'indépendance américaine fondait aussi la première nation décolonisée du monde, bien que l’indépendance ne fût officiellement reconnue qu’en 1783 avec le traité de Paris dans le royaume de France dirigé par Louis XVI le roi de France.
Au Japon, la déclaration fut traduite en 1883 par Chōmin Nakae, en chinois classique, sous le titre « Déclaration d'indépendance de la confédération d'Amérique du Nord ». Le texte servit de modèle pour les partisans du Mouvement pour la liberté et les droits du peuple, réclamant alors une constitution démocratique et un parlement[16].
Dans la culture populaire
La comédie musicale de 1969 intitulée 1776(en) évoque les débats autour de l’esclavage au moment de la Déclaration d’indépendance américaine.
↑Élise Marienstras, Naomi Wulf, Révoltes et révolutions en Amérique, Atlande, 2005 (ISBN2-35030-015-3), p. 69.
↑Fernand Braudel, Civilisation matérielle, économie et capitalisme, tome 3 : Le temps du monde, Paris, Armand Colin, LGF-Le Livre de Poche, (ISBN2253064572), 1993, p. 484.
↑nakae chômin (trad. du japonais), Écrits sur Rousseau et les droits du peuple, Paris, Les Belles Lettres collection chinoise, , 150 p. (ISBN978-2-251-44880-0), p. 39-44.