Jean Antoine Debry

Jean Antoine Debry
Illustration.
Jean de Bry (Jean-Louis Laneuville, circa 1793).
Fonctions
Préfet du Bas-Rhin

(4 mois et 11 jours)
Prédécesseur Joseph François René de Kergariou
Successeur Constantin-Marie-Louis-Léon de Bouthillier-Chavigny
Antoine Augustin Engelmann (intérim)
Préfet du Doubs

(12 ans, 11 mois et 30 jours)
Prédécesseur Antoine Marsson
Successeur Pierre-Georges de Scey-Montbéliard
Membre du Tribunat

(1 an, 4 mois et 2 jours)
Prédécesseur Poste créé
Successeur Louis Costaz
Député français

(4 ans, 2 mois et 11 jours)
Élection
Circonscription Aisne
Législature Conseil des Cinq-Cents

(3 ans, 1 mois et 22 jours)
Élection
Circonscription Aisne
Législature Convention nationale
Groupe politique Girondins

(1 an et 12 jours)
Élection
Circonscription Aisne
Législature Assemblée législative
Groupe politique Girondins
Président du Conseil des Cinq-Cents

(29 jours)
Prédécesseur Jean-Marie Heurtault de Lammerville
Successeur Jean-Joseph-Victor Genissieu

(29 jours)
Prédécesseur Nicolas-Marie Quinette
Successeur François Marie Joseph Riou de Kersalaün
Président de la Convention nationale

(14 jours)
Groupe politique Convention girondine
Prédécesseur Armand Gensonné
Successeur Jean-François Delmas
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Vervins, France
Date de décès (à 73 ans)
Lieu de décès Ancien 10e arrondissement de Paris
Nationalité Française
Parti politique Marais
Profession Avocat
Préfet
Distinctions Baron de l'Empire
Commandeur de la Légion d'honneur
Députés de l'Aisne

Jean Debry, aussi orthographié De Bry, né le 25 novembre 1760 à Vervins (ancienne province de Picardie, actuel département de l'Aisne)[1], mort le 6 janvier 1834 dans l'ancien 10e arrondissement de Paris[2], est un homme politique de la Révolution française.

Entre 1791 et 1801, il est successivement élu député à l'Assemblée nationale législative, à la Convention nationale, au Conseil des Cinq-Cents et au Tribunat. Préfet sous le Premier Empire puis durant les Cent-Jours, il s'exile en Belgique durant la Restauration et rentre en France après la révolution des Trois-Glorieuses.

Biographie

Jean Antoine Joseph Debry est issu d'une famille bourgeoise. Son grand-père était « juge, consul et échevin » de Saint-Quentin. Son père est marchand à Vervins et son parrain marchand à Guise[1].

En 1780, il épouse Marie Josèphe Depeuty[3]. En 1786, il obtient la charge de « conseiller président au grenier à sel de Vervins » occupée auparavant par son beau-père.

Parcours politique

Mandat à la Législative

La France devient une monarchie constitutionnelle en application de la constitution du 3 septembre 1791. Le même mois, Jean Debry, alors administrateur de l'Aisne, est élu député du département, le septième sur douze, à l'Assemblée nationale législative[4].

Il siège sur les bancs de la gauche de l'Assemblée. En février 1792, il vote en faveur de la mise en accusation de Bertrand de Molleville, le ministre de la Marine[5]. En août, il vote en faveur de la mise en accusation du marquis de La Fayette[6].

La monarchie prend fin à l'issue de la journée du 10 août 1792 : les bataillons de fédérés bretons et marseillais et les insurgés des faubourgs de Paris prennent le palais des Tuileries. Louis XVI est suspendu et incarcéré, avec sa famille, à la tour du Temple.

Mandat à la Convention

En septembre 1792, Jean Debry est réélu député de l'Aisne, le deuxième sur douze, à la Convention nationale[7].

Il exerce des fonctions dirigeantes au sein de la Convention girondine. Le 2 novembre 1792, aux côtés de Bertrand Barère (député des Hautes-Pyrénées) et d'Henri Grégoire (député du Loir-et-Cher), il est élu secrétaire sous la présidence de Marie-Jean Hérault de Séchelles (député de Paris)[8]. Le 21 mars 1793, il est élu, face à Louis-Bernard Guyton-Morveau (député de la Côte-d'Or), président de la Convention nationale[9], et ses secrétaires sont Jean-Baptiste Boyer-Fonfrède (député de la Gironde), Jean-Philippe Garran de Coulon (député du Loiret) et Louis-Marie de La Révellière-Lépeaux (député du Maine-et-Loire)[10]. Le 7 avril, il est élu membre du Comité de Salut public, le cinquième sur neuf par 233 voix, mais il est remplacé, pour des raisons de santé, par Robert Lindet (député de l'Eure)[11].

Il siège sur les bancs de la Plaine, et affiche des proximités avec la Gironde. Lors du procès de Louis XVI, il vote la mort et rejette l'appel au peuple et le sursis à l'exécution[12]. À partir du 3 avril 1793, Debry est absent de la Convention pour des raisons de santé[13]. Le 13 avril, il est donc absent lors du scrutin sur la mise en accusation de Jean-Paul Marat[14]. Le 28 mai, il est également absent lors du scrutin sur le rétablissement de la Commission des Douze[15]. Il signe, aux côtés de sept de ses collègues députés de l'Aisne, une lettre de protestation contre les journées du 31 mai et du 2 juin 1793[16]. La lettre est dénoncée par André Dumont (député de la Somme), mais les signataires ne sont cependant pas inquiétés par la suite[17].

Jean Debry prend part à la réaction thermidorienne. Le 14 thermidor an II (le 1er août 1794), il est élu membre du Comité de sûreté générale mais, devant l'opposition de son collègue Joseph Fayau (député de la Vendée), qui rappelle son positionnement hostile au 2 juin, il démissionne aussitôt[18]. Le 19 frimaire an III (le 9 décembre 1794), il est envoyé en mission dans les départements de l'Ardèche, de la Drôme et du Vaucluse[19]. Le 14 germinal (le 3 avril), sa mission est élargie aux départements de l'Aveyron et de la Lozère[20]. Le 15 messidor (le 3 juillet), il est élu membre du Comité de Salut public aux côtés de François-Antoine Boissy-d'Anglas (député de l'Ardèche), Denis-Toussaint Lesage (député d'Eure-et-Loir) et Jean-Baptiste Louvet (député du Loiret)[21].

Sous le Directoire

Jean Debry est réélu député de l'Aisne et siège au Conseil des Cinq-Cents.

Il est élu président du Conseil le 1er nivôse an V (le 21 décembre 1796), et ses secrétaires sont Pierre Gauthier (député du Calvados), Roger Martin (député de la Haute-Garonne), André Réal (député de l'Isère) et François-Toussaint Villers (député de la Loire-Inférieure)[22]. Il est tiré au sort pour rester au Conseil jusqu'en prairial an VI (mai 1798)[23].

Le 2 prairial an VI (21 mai 1798), Jean Debry, aux côtés d'Antoine Bonnier d'Alco et de Claude Roberjot, est nommé ministre plénipotentiaire au second congrès de Rastatt, pour remplacer Jean-Baptiste Treilhard, alors nommé directeur[24].

Le 22 ventôse an VII (12 mars 1799), la France déclare la guerre au grand-duché de Toscane dirigé par Ferdinand III de Toscane et au Saint-Empire dirigé par François Ier[25]. Le 9 floréal (28 avril), la voiture des trois ministre est attaquée par les troupes hongroises qui tuent Bonnier d'Alco et Roberjot. Debry est blessé mais survit[26].

Le 1er prairial an VIII (le 20 mai 1799), il est de nouveau élu président du Conseil et ses secrétaires sont François Ménard de la Groye, Jean-Baptiste-Charles Mathieu-Mirampal, Victor Mourer et Louis Texier-Olivier[27].

Jean Antoine Joseph De Bry, médaillon par David d'Angers.

Sous le Consulat et le Premier Empire

Jean Debry adhère au coup d'État du 18 brumaire an VIII (9 novembre 1799) qui porte Napoléon Bonaparte au pouvoir. Sous son impulsion et celle de son compatriote Nicolas Quinette, les autorités départementales de l'Aisne adhèrent au nouveau régime[28].

Le 3 nivôse an VIII (le 24 décembre 1799), Jean Debry est nommé membre du Tribunat. Le 9 floréal an IX (le 29 avril 1801), il est nommé préfet du Doubs. Il est élevé au rang de chevalier puis baron d'Empire en 1808 puis en 1809. Il est révoqué de son poste de préfet lors de la première Restauration en 1814.

Durant les Cent-Jours, Jean Debry est nommé préfet du Bas-Rhin. Lors de la deuxième Restauration, il est frappé par la loi du 12 janvier 1816 pour avoir voté la mort de Louis XVI et avoir soutenu le retour de Napoléon Ier. Il s'exile, ainsi que sa famille, à Mons en Belgique.

Jean Debry rentre en France à la faveur de la révolution des Trois-Glorieuses en 1830 qui porte Louis-Philippe Ier sur le trône de France. Il meurt à Paris quatre ans plus tard, et est inhumé dans la 39e division du cimetière du Père-Lachaise.

Tombe au cimetière du Père-Lachaise.

Son fils, Fleurus Debry a administré comme préfet le département du Bas-Rhin et son petit-fils, Jean Debry le département de la Côte-d'Or.

Bibliographie

Sources

  • « Jean Antoine Debry », dans Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français, Edgar Bourloton, 1889-1891 [détail de l’édition]
  • Les papiers personnels de Jean Antoine Debry sont conservés aux Archives nationales, site de Pierrefitte-sur-Seine, sous la cote 386AP : Inventaire du fonds.
  • Alain Brunet, La carrière républicaine d’un Vervinois: Jean Debry (1760-1834), dans: Mémoires de la fédération des sociétés savantes du département de l’Aisne, tome 34, 1989, p. 211-220 [lire en ligne]
  • Laurent Brassard, Un échec devant l'Histoire : Les mémoires de Jean Debry, dans: L'Écriture d'une expérience. Histoire et mémoires de Conventionnels, 2015, Société des études robespierristes, p. 167-181
  • Léonce Pingaud, Jean de Bry (1760-1835). Le congrès de Rastatt. Une préfecture sous le premier empire, Paris, Plon, 1909, 404p.

Notes

  1. a et b Archives départementales de l'Aisne, « Registre paroissial de Vervins, baptêmes, mariages et sépultures de 1760 à 1770, vue 16 / 310, 5Mi0772 » Accès libre, sur https://archives.aisne.fr (consulté le )
  2. Archives de Paris, « État-civil reconstitué, registre des décès, vue 25 / 51, V3E/D 383 » Accès libre, sur https://archives.paris.fr (consulté le )
  3. Archives départementales de l'Aisne, « Registre paroissial de Vervins, baptêmes, mariages et sépultures de 1770 à 1780, vue 16 / 353, 5Mi0773 » Accès libre, sur https://archives.aisne.fr (consulté le )
  4. Laurent, Émile (1819-1897), Mavidal, Jérôme (1825-1896) et Pionnier, Constant (1857-1924), « Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 34, Liste des députés » Accès libre, sur https://gallica.bnf.fr, (consulté le )
  5. Laurent, Émile (1819-1897), Mavidal, Jérôme (1825-1896) et Pionnier, Constant (1857-1924), « Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 39, séance du 8 mars 1792 » Accès libre, sur https://gallica.bnf.fr, (consulté le )
  6. Laurent, Émile (1819-1897), Mavidal, Jérôme (1825-1896) et Pionnier, Constant (1857-1924), « Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 47, séance du 8 août 1792 » Accès libre, sur https://gallica.bnf.fr, (consulté le )
  7. Claveau, Louis, Ducom, André Jean (1861-1923), Lataste, Lodoïs (1842-1923) et Pionnier, Constant (1857-1924), « Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 52, Liste des députés par départementsa » Accès libre, sur https://gallica.bnf.fr, (consulté le )
  8. Claveau, Louis, Ducom, André Jean (1861-1923), Lataste, Lodoïs (1842-1923) et Pionnier, Constant (1857-1924), « Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 53, séance du soir du 1er novembre 1792 » Accès libre, sur https://gallica.bnf.fr, (consulté le )
  9. Claveau, Louis, Ducom, André Jean (1861-1923), Lataste, Lodoïs (1842-1923) et Pionnier, Constant (1857-1924), « Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 60, séance du soir du 21 mars 1793 » Accès libre, sur https://gallica.bnf.fr, (consulté le )
  10. Claveau, Louis, Ducom, André Jean (1861-1923), Lataste, Lodoïs (1842-1923) et Pionnier, Constant (1857-1924), « Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 60, séance du soir du 22 mars 1793 » Accès libre, sur https://gallica.bnf.fr, (consulté le )
  11. Claveau, Louis, Ducom, André Jean (1861-1923), Lataste, Lodoïs (1842-1923) et Pionnier, Constant (1857-1924), « Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 61, séance du 7 avril 1793 » Accès libre, sur https://gallica.bnf.fr, (consulté le )
  12. Froullé, Jacques-François (≈1734-1794) et Levigneur, Thomas (≈1747-1794), « Liste comparative des cinq appels nominaux. Faits dans les séances des 15, 16, 17, 18 et 19 janvier 1793, sur le procès et le jugement de Louis XVI [...] » Accès libre, sur https://gallica.bnf.fr, (consulté le )
  13. Claveau, Louis, Ducom, André Jean (1861-1923), Lataste, Lodoïs (1842-1923) et Pionnier, Constant (1857-1924), « Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 61, séance du soir du 3 avril 1793 » Accès libre, sur https://gallica.bnf.fr, (consulté le )
  14. Claveau, Louis, Ducom, André Jean (1861-1923), Lataste, Lodoïs (1842-1923) et Pionnier, Constant (1857-1924), « Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 62, séance du 13 avril 1793 » Accès libre, sur https://gallica.bnf.fr, (consulté le )
  15. Claveau, Louis, Ducom, André Jean (1861-1923), Lataste, Lodoïs (1842-1923) et Pionnier, Constant (1857-1924), « Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 65, séance du 28 mai 1793 » Accès libre, sur https://gallica.bnf.fr, (consulté le )
  16. Claveau, Louis, Ducom, André Jean (1861-1923), Lataste, Lodoïs (1842-1923) et Pionnier, Constant (1857-1924), « Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 67, séance du 30 juin 1793, Quatrième annexe » Accès libre, sur https://gallica.bnf.fr, (consulté le )
  17. Laurent Brassart, « Les voies enchevêtrées de la mobilisation politique : l'échec de la révolte anti-montagnarde dans un département modéré (juin 1793) » Accès libre [PDF], sur www.cairn.info, (consulté le )
  18. Alquier, Aline et Brunel, Françoise (née en 1948), « Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 94, séance du 14 thermidor an II (1 août 1794) » Accès libre, sur https://www.persee.fr, (consulté le )
  19. Aulard, François-Alphonse (1849-1928), « Recueil des actes du Comité de salut public, avec la correspondance officielle des représentants en mission et le registre du conseil exécutif provisoire. Tome 18 » Accès libre, sur https://gallica.bnf.fr, (consulté le )
  20. Aulard, François-Alphonse (1849-1928), « Recueil des actes du Comité de salut public, avec la correspondance officielle des représentants en mission et le registre du conseil exécutif provisoire. Tome 21 » Accès libre, sur https://gallica.bnf.fr, (consulté le )
  21. Aulard, François-Alphonse (1849-1928), « Recueil des actes du Comité de salut public, avec la correspondance officielle des représentants en mission et le registre du conseil exécutif provisoire. Tome 25 » Accès libre, sur https://gallica.bnf.fr, (consulté le )
  22. Gazette nationale ou le Moniteur universel n°92, « Conseil des Cinq-Cents, séance du 1er nivôse an V (21 décembre 1796) » Accès libre, sur https://gallica.bnf.fr, 2 nivôse an 5 (22 décembre 1796) (consulté le )
  23. Gazette nationale ou le Moniteur universel n°167, « Conseil des Cinq-Cents et Conseil des Anciens, séance du 15 ventôse an V (5 mars 1797) » Accès libre, sur https://gallica.bnf.fr, 17 ventôse an 5 (7 mars 1797) (consulté le )
  24. Gazette nationale ou le Moniteur universel n°243, « République française, Paris, le 2 prairial (le 21 mai 1798) » Accès libre, sur https://gallica.bnf.fr, 3 prairial an 6 (22 mai 1798) (consulté le )
  25. Gazette nationale ou le Moniteur universel n°173, « Conseil des Cinq-Cents et Conseil des Anciens, séance du 22 ventôse an VII (12 mars 1799) » Accès libre, sur https://gallica.bnf.fr, 23 ventôse an vii (13 mars 1799) (consulté le )
  26. Jean-René Suratteau, « Rastatt (Congrès de) », p. 882-884 in Albert Soboul (sous la direction de), Dictionnaire historique de la Révolution française, Presses universitaires de France, 1989, Paris, collection « Quadrige », réédition 2005, 1132 pages.
  27. Gazette nationale ou le Moniteur universel n°242, « Conseil des Cinq-Cents, séance du 1er prairial an VII (20 mai 1799) » Accès libre, sur https://gallica.bnf.fr, 2 prairial an 7 (21 mai 1799) (consulté le )
  28. Laurent Brassart, « Réception et acceptation du coup d’État du 18 Brumaire an VIII dans le département de l’Aisne », dans Du Directoire au Consulat 3. Brumaire dans l'histoire du lien politique et de l'État-nation, Publications de l’Institut de recherches historiques du Septentrion, coll. « Histoire et littérature du Septentrion (IRHiS) », , 173–191 p. (ISBN 978-2-490296-06-4, lire en ligne)
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