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Antoine Merlin est fils de procureur au bailliage de Metz. Il effectue des études auprès des Augustins, au séminaire de Metz puis des études de droit qui le conduisent à devenir avocat en 1788[1].
La monarchie prend fin à l'issue de la journée du 10 août 1792 à laquelle Merlin participe : les bataillons fédérés marseillais et bretons ainsi que les insurgés des faubourgs de Paris prennent le palais des Tuileries. Louis XVI est destitué et incarcéré avec sa famille à la tour du Temple.
En septembre 1792, Merlin est réélu député, le premier sur huit pour la Moselle, et le troisième sur treize pour la Somme, à la Convention nationale. Il opte pour la Moselle[7].
Il siège sur les bancs de la Montagne. Il devient suppléant du Comité de la guerre et membre du Comité de l'agriculture. Il est l'un des accusateurs les plus acharnés de Louis XVI. En mission avec Reubell et Nicolas Haussmann, lors du procès du roi, il ne participe pas aux différents votes que nécessite son jugement ; mais le , Merlin et ses deux collègues envoient une lettre à la Convention qu'ils terminent par cette apostrophe : « Nous sommes entourés de morts et de blessés : c'est au nom de Louis Capet que les tyrans égorgent nos frères, et nous apprenons que Louis Capet vit encore ! ».
Commissaire aux armées du Rhin, des Vosges et de la Moselle, il ne participe pas à l'appel nominal sur la demande de mise en accusation de Marat. Il reçoit une lettre de félicitations de la Convention nationale pour son courage lors de la défense de la forteresse Mayence au siège de Mayence (1793) puis lors du blocus de Mayence. Il est toujours en mission à l'armée du Rhin lors de la demande du rapport du décret qui a cassé la Commission des Douze.
Il accompagne l'armée de Mayence en Vendée, où il se fait remarquer par son courage et son intrépidité. Toutefois, le capitaine d'Hastrel donne de lui le portrait suivant[8] : « Il avait d'abord inspiré beaucoup de confiance aux soldats en prenant le même ton qu'eux, et en les flattant. Il affectait beaucoup de désintéressement, relevait des moustaches fort noires, et ne parlait que de ses prouesses militaires. Mais bientôt il s'est ennuyé de se contraindre. Au lieu d'aller voir les troupes (...) il ne songea plus qu'à ses plaisirs, et à faire bonne chère : ce qui était peu politique lorsque l'armée éprouvait toutes les privations possibles ; mais ces messieurs se croient souverains et despotes ; ils agissent en conséquence, en criant : Liberté ! Égalité ! ».
Enrichi par la spéculation sur les Biens nationaux (membre de la Bande noire), il rachète en 1795 le calvaire du mont Valérien à Suresnes (où s'est installé un clan de faux-monnayeurs) et envisage d'y faire construire un château. Il revend la propriété dès 1805. Une rue de la ville porte depuis son nom[9],[10],[11].
En 1814, il résout de se mettre à la tête de volontaires pour repousser l'invasion des armées alliées. Échappant à la proscription lors de la Restauration, il se confond en regrets devant Louis XVIII, voulant le persuader que la prise des Tuileries et sa lettre en faveur du régicide du étaient « une erreur de jeunesse »[12].
Il meurt au 58 rue des Tournelles à Paris, où une plaque explique que « Merlin de Thionville, député à l'Assemblée nationale, à la Convention, au Conseil des Cinq-Cents, représentant aux Armées, est mort ici le » (1er étage entre 2 balcons). Son corps repose au cimetière du Père-Lachaise, à côté du mausolée du maréchal Ney.
Le 14 juillet 1954, un monument est érigé en son hommage à Thionville, au centre du rond-point qui porte également son nom. La statue à son effigie est du sculpteur parisien Ulysse Gémignani[13].
↑Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 34, p. 39.
↑Annales patriotiques et littéraires de la France, et affaires politiques de l'Europe : journal libre par une Société des Écrivains Patriotes, t. 1-3, Paris, Buisson, , 406 p. (lire en ligne), PA79.
↑Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 39, séance du 8 mars 1792, p. 494.
↑Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 41, séance du 9 avril 1792, p. 407.
↑Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 47, séance du 8 août 1792, p. 583.
↑Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 52, p. 51.
↑rédaction du Carnet de la Sabretache, Mémoires du général baron d'Hastrel, Paris, Libr. Hist. Teissèdre, coll. « Bicentenaire de l'épopée impériale »,
↑Francis Prévost, Histoires de Suresnes, Suresnes Information, (ISBN978-2-9503475-0-3), p. 156
↑Le patrimoine des communes des Hauts-de-Seine, Flohic éditions, , p. 379.
↑Suresnes, ses lieux dits et ses rues vous parlent, Société historique de Suresnes, , p. 34.
↑ Eugène Welvert, "Merlin de Thionville" dans Lendemains révolutionnaires, les régicides, Paris, Calmann-Levy, 1907
Eugène Welvert, « Merlin de Thionville » dans Eugène Welvert, Lendemains révolutionnaires, les régicides Paris, Calmann-Levy, 1907.
Alphonse Aulard, Recueil des actes du comité de salut public, 27 vol, tome 1.
Augustin Kuscinsky, « Merlin de Thionville », dans Dictionnaire des Conventionnels, Paris, 1916.
Edna Le May (dir), « Merlin de Thionville », dans Dictionnaire des Législateurs 1791-1792, Centre international d'Histoire du XVIIIe siècle, 2 vol., tome 2, H-Y.
G. Lenotre, « XIII. Teufel Feuer », inLa poignée de main du bourreau.