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Jean-Marie Roland de La Platière, dit aussi Roland, né le à Thizy (actuel département du Rhône) et mort par suicide le à Radepont (Eure), est un économiste et homme d’État français.
Il est l'époux de Jeanne Marie Philipon, connue comme Madame Roland (1754-1793).
Biographie
Jean-Marie Roland est baptisé le 19 février 1734 dans l'église Notre-Dame de Thizy[1].
Sa famille, issue d'une ancienne bourgeoisie du Beaujolais, portait le nom de La Platière. Des revers de fortune ont provoqué la vente du domaine et l'achat d'une plus petite propriété, nommée le Clos, à Theizé; le Clos de la Platière[2] demeure le nom sous lequel il reste un souvenir de cette famille en Beaujolais[3].
Son père Jean Marie Roland, né en 1692, magistrat au bailliage de Beaujolais, a une charge de conseiller du roi et du duc d'Orléans, il a épousé en 1720, Thérèse Bessié de Montozan. Il est recteur de l'Hôtel-dieu de Villefranche. Il meurt en 1747, laissant une succession complexe. la famille n'a plus d'argent, ce qui oblige les quatre frères de Jean Marie à entrer dans les ordres[4]. L'aîné Dominique Roland (né en 1722) est guillotiné à Lyon le 22 décembre 1793[5].
Jean Marie Roland suit des études à Roanne chez les Jésuites. Il quitte la maison familiale à 19 ans pour aller à Lyon chez un soyeux[4].
En 1754, il arrive à Nantes et se fait embaucher chez un armateur. Sa santé ne lui permet pas de s'embarquer pour l'Amérique comme il l'aurait souhaité [6].
Fin 1754, il est élève-inspecteur des manufactures à Rouen. Il trouve place chez un certain M. Godinot, inspecteur des manufactures, et proche parent de sa famille[6].
En 1761, il fait la connaissance de la famille Lefèvre de Malortie[7] qu'il retrouvera en 1793.
En 1764 il est nommé sous-inspecteur à Clermont-l'Hérault, puis inspecteur général des manufactures à Amiens le [8].
En 1777, après une mission en Italie pour le compte de Jean-Charles-Philibert Trudaine de Montigny[9], il revient pour un bref séjour à Villefranche, sa terre natale, qu'il n'avait plus revue depuis vingt-deux années.
En 1776, il a rencontré à ParisMarie-Jeanne Phlipon[8], fille de graveur, et qui a vingt ans de moins que lui. Il l'épouse le dans la paroisse Saint-Barthélemy[10] malgré l'opposition du père de la jeune femme, Gratien Phlipon. De ce mariage naît le 4 octobre 1781, leur fille Marie Thérèse Eudora, [11].
Il étudie la manufacture de moulinage des soies qui fut la première créée à Aubenas. Dans les volumes de l'Encyclopédie méthodique publiés en 1780 et 1784, il juge les machines trop chères, trop compliquées. Il observe que les producteurs de soie du Piémont en Italie produisent moins cher, ainsi que la manufacture de Salon en France[13].
À Amiens, il publie deux ouvrages sur l'industrie textile : Du fabricant d'étoffes en laine en 1780, puis l’Art du fabricant de velours de coton, en 1783.
Roland reste un adepte du libéralisme économique, même s'il se préoccupe de la pauvreté des ouvriers. Quant au travail des femmes, il conseille : "payer le moins possible et se faire obéir le plus possible"[14].
En 1784, il est nommé inspecteur des manufactures de la Sénéchaussée de Lyon. Il habite à Villefranche et il a un pied-à-terre rue de la Charité à Lyon[15].
Avec son épouse, ils fréquentent Gilibert, Delandine, Benjamin Frossard. Ils s'intéressent aux évènements politiques nationaux et de Lyon; Ils s'impliquent à affirmer leur position dès le début de la Révolution[15]
Jean Marie Roland participe au financement du journal de son ami l'avocat Champagneux : Le Courrier de Lyon, dans lequel il écrit ainsi que son épouse, le premier numéro parait le 1er septembre 1789. Alors que Madame Roland le poussait à ambitionner la mairie de Lyon, il est évincé par Palerne de Savy. Il doit se contenter d'être élu notable aux élections municipales[15]. Le 18 novembre 1790, à la faveur de désistements, il est promu officier municipal de Lyon.
Le 1er février 1790, il se rend à Paris en ayant pour mission de négocier l'effacement de la dette de la commune[4].
Il rentre à Lyon, sa mission a été un succès, il a obtenu 33 millions de livres pour combler la dette de la ville[15]. Il est élu au district de Lyon et se fait réélire comme officier municipal, avec le maire Louis Vitet. Cette municipalité est désignée comme un expérience "rolandine"[16].
Le 15 décembre 1791, il retourne à Paris pour réactualiser le montant de sa pension auprès de l'Assemblée législative[15].
Grâce aux relations de sa femme, à la demande de Brissot, il entre le 23 mars 1792 dans le « ministère girondin » où il devient ministre de l’Intérieur[4]. Son aspect bourgeois, la simplicité de son costume, chapeau rond et souliers à rubans sans boucles, ne manque pas de choquer les courtisans et les huissiers du palais[17]. Il fait preuve de qualités de bon administrateur[15].
Le , il adresse à Louis XVI une lettre rédigée par Madame Roland, dans laquelle il demande au roi de renoncer à son veto et de sanctionner les décrets. Sa lettre ayant été rendue publique, Roland est renvoyé le [4], ainsi que Clavière.
Au moment des massacres de Septembre, il se distingue par son inertie, les mesures qu'il décide apparaissent bien trop tardives[15].
Élu à la Convention, pour le département de la Somme, Roland refuse son siège de député, il préfére conserver son portefeuille ministériel[4].
Le ministre de l’Intérieur fait l'annonce publique de l’ouverture de l'armoire de fer le 20 novembre 1792, mais, de fait, il semble avoir préalablement trié lui-même les documents découverts : c'est du moins ce qu'estiment les Montagnards, qui en profitent, et l'accusent d’avoir ainsi fait disparaître des papiers compromettants pour les Girondins.
Son attitude pendant le procès de Louis XVI augmente encore la haine que lui portent les Montagnards. Il refuse de voter la mort du roi.
Le , soit deux jours après l'exécution du roi, las de toutes ces attaques Roland démissionne. Il est aussi fort atteint par les révélations de son épouse qui vient de lui avouer son amour pour François Buzot.
Retiré dans sa maison de la rue de la Harpe, il souhaiterait quitter Paris, mais l’Assemblée refuse. Par ailleurs, son épouse ne veut pas s’éloigner de François Buzot.
Le conflit entre girondins et montagnards s'accentue dans les mois de janvier à mai 1793, alors que la France doit faire face à la formation de la première coalition et au soulèvement de la Vendée (mars 1793). Le 31 mai, la Commune de Paris organise une journée insurrectionnelle anti-girondine, puis une deuxième le 2 juin. La Convention vote alors l'arrestation des députés girondins désignés par la Commune, confiant le pouvoir aux montagnards.
En raison de ses attaques contre les montagnards et la Commune de Paris, il est inclus dans la liste, bien qu'il ne soit pas représentant.
Mort de Roland et de son épouse (novembre 1793)
Roland parvient d'abord à échapper à l'arrestation grâce à Louis-Augustin Bosc d'Antic. Il quitte Paris pour Rouen, et se réfugie pendant cinq mois chez deux demoiselles qu'il a connues lors de son séjour dans cette ville, Aimée et Charlotte Lefebvre de Malortie.
Le , il apprend[18] la comparution prochaine de son épouse devant le Tribunal révolutionnaire (en réalité, elle a été jugée et guillotinée deux jours plus tôt, le ). Roland décide alors de quitter son refuge, et de marcher en direction de Paris. Le soir, dans la commune de Radepont, il s’engage dans une allée et se tue en s'empalant avec sa canne-épée contre un arbre[19],[20]. On trouve sur lui un billet portant ces mots : « Qui que tu sois qui me trouves gisant ici, respecte mes restes ; ce sont ceux d’un homme qui est mort comme il a vécu, vertueux et honnête ». François Buzot se suicidera à son tour le 24 juin 1794.
Eudora Roland, sa fille.
Eudora a été élevée suivant les préceptes de Rousseau[21].
Après la mort de Jean-Marie Roland et de son épouse, leur fille Eudora est recueillie successivement par plusieurs amis : Jacques Antoine Creuzé-Latouche et son épouse, Mme Godefroid veuve d'un artiste (octobre 1793), Louis-Augustin Bosc d'Antic, les demoiselles Malortie (novembre 1795).
Eudora épouse, le 13 décembre 1796, Pierre Léon Donin de Champagneux, il est le fils de leur ami Champagneux et le frère d'Anselme Benoît Champagneux. Elle meurt le 19 juillet 1858[22].
Correspondance
« Lettres de Roland à Bosc » (publ. par Claude Perroud), L’Amateur d’autographes : revue historique et biographique..., Paris, Charavay, , p. 263-274, 318-331, 346-355 (lire en ligne).
Notes et références
↑« Baptème », sur archives.rhone.fr (consulté le )
↑Ferdinand La Roche-Lacarelle, Histoire du Beaujolais et des sires de Beaujeu : suivie de l'armorial de la Province, Lyon : L. Perrin, (lire en ligne), p. 214
↑ abcdef et gDenis Reynaud, Dictionnaire historique des Académiciens de Lyon: 1700-2016, Lyon, Éditions de l'Académie, (ISBN978-2-9559433-0-4), p. 1148
↑Armand Lecorbeiller, « La maison de Roland à Rouen et les Malortie », Bulletin de la Société des amis des monuments rouennais, 1909, p. 45-82. Numérisé par internet archive.
↑Auguste Jal, « Roland de la Platière (Marie Jeanne Phlipon, dame) », Dictionnaire critique de biographie et d'histoire, p. 1077-1081.
↑Archives de la Somme, registre paroissial de St-Michel d’Amiens 1780-1782, 5 octobre 1781.
↑Il est l'auteur de l'étude Manufactures, Arts et Métiers, troisième tome de la seconde partie de l'Encyclopédie, ouvrage de plus de 1000 pages publié en 1790. Lire en ligne
↑Sa position fait l'objet d'une étude critique de Léon de Laborde dans les Travaux de la commission française sur l’industrie des nations, Paris, Imprimerie Impériale, 1857, t. 3, 1ère partie, 2ème section, p. 52-53 en ligne.
↑ abcdef et gBruno Benoit et Roland Saussac, Lyon, la Révolution, le Consulat et l'Empire, Éditions lyonnaises d'art et d'histoire, (ISBN978-2-84147-339-7)
↑Paul Feuga, Luc Antoine Champagneux, ou le destin d’un Rolandin fidèle: Bourgoin, Lyon, Paris (1744-1807), Lyon, Éditions d’art et d’histoire, 1991.
Voir aussi
Bibliographie
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
Denis Reynaud et Dominique Saint-Pierre (dir.), « Roland de la Platière, Jean-Marie », dans Dictionnaire historique des Académiciens de Lyon : 1700-2016, Lyon, éd. ASBLA de Lyon, (ISBN978-2-9559-4330-4, présentation en ligne), p. 1148-1151.
Bruno Benoît, Roland Saussac, Roland de la Platière, Jean-Marie, Guide historique de la Révolution à Lyon, Lyon, édition de Trévoux, p. 158, 1988.
Bruno Benoit et Roland Saussac, Lyon, la Révolution, le Consulat et l'Empire, Lyon, Éditions lyonnaises d'Art et d'Histoire, , 240 p. (ISBN9782841-473397)
Édith Bernardin, Jean-Marie Roland et le Ministère de l'Intérieur, Paris, Société des études robespierristes, coll. « Bibliothèque d'histoire révolutionnaire / 3e » (no 2), , XV-667 p.
André Conquet, « J.-M. Roland de La Platière, Inspecteur Général des Manufactures, et son mémoire sur une langue universelle », La Revue administrative, Paris, Presses universitaires de France, no 182, , p. 152-159 (JSTOR40767916).
(en) Michael W. Howell, « Danton, Roland and Dugas : Politics, Bureaucracy and Language in the French Revolution », The Historian, vol. 51, no 4, , p. 592-610 (JSTOR24447478).
(en) Charles A. Le Guin, « Roland de La Platière and the Universal Language », The Modern Language Review, vol. 55, no 2, , p. 244-249 (JSTOR4623533).
(en) Charles A. Le Guin, « Jean-Marie Roland and Eighteenth-Century French Economy », The American Journal of Economics and Sociology, vol. 22, no 1, , p. 185-204 (JSTOR3484332).
(en) Charles A. Le Guin, « The Continuing Education of Jean-Marie Roland (1734-1793) », History of Education Quarterly, vol. 3, no 3, , p. 123-133 (JSTOR367275).
(en) Charles A. Le Guin, « An Anti-Clerical Bureaucrat in Eighteenth-Century France : Jean-Marie Roland », The Catholic Historical Review, vol. 51, no 4, , p. 487-502 (JSTOR25017729).
(en) Charles A. Le Guin, « Roland de La Platière : A Public Servant in the Eighteenth Century », Transactions of the American Philosophical Society, Philadelphie, The American Philosophical Society, vol. 56, no 6, , p. 1-129 (JSTOR1006077, présentation en ligne).
Armand Charles Ernest Lecorbeiller, « La maison de Roland à Rouen et les Malortie », Bulletin de la Société des amis des monuments rouennais, 1909, p. 45-82. Numérisé par internet archive.
Claude Perroud, « Note critique sur les dates de l'exécution de Mme Roland et du suicide de Roland », La Révolution française : revue d'histoire moderne et contemporaine, Paris, Société de l'histoire de la Révolution française, t. 22, , p. 15-26 (lire en ligne)..
Claude Perroud, Études sur les Roland, t. 1er, S. l., Éditions du Bois-Menez, coll. « Textes oubliés / Études et mélanges de Claude Perroud ; 1 », , 400 p., 30 x 21 cm (ISBN978-2-490135-13-4, ISSN2557-8715, lire en ligne).
Claude Perroud, Études sur les Roland, t. 2, S. l., Éditions du Bois-Menez, coll. « Textes oubliés / Études et mélanges de Claude Perroud ; 2 », , 463 p., 30 x 21 cm (ISBN978-2-490135-15-8, ISSN2557-8715, lire en ligne).