En 1886, sous l'impulsion de la revue La Révolution française créée en 1881, le Comité d'études pour la préparation historique du Centenaire de 1789, présidé par Hippolyte Carnot, est fondé pour encourager et organiser le centenaire à venir, un peu partout en France[1]. En 1888, le Comité devient la Société de l’histoire de la Révolution française, avec Hippolyte Carnot pour président, Alphonse Aulard et Étienne Charavay comme secrétaires généraux[1]. L'établissement d'un musée de la Révolution dans le jardin des Tuileries est envisagée par Charles-Louis Chassin et Étienne Charavay, sans suite[1].
À l'approche de l'année 1889, le centenaire à venir est prévu comme une grande exaltation de la France républicaine, de l'héritage de la Révolution française et de la République née en 1792[2]. La IIIe République n'est alors véritablement aux mains de républicains que depuis 1879 et vient à peine de fixer ses symboles, ses marques et institutions[2]. Outil de renforcement du régime, la célébration du centenaire est l'occasion de légitimer et populariser le pouvoir républicain en pleine crise boulangiste[2].
Évènements
Le centenaire de la Révolution française commence par la célébration des cent ans de l'ouverture des États généraux de 1789, le . Une fête est organisée dans les jardins du château de Versailles, sous la houlette du président de la République Sadi Carnot, qui se veut être le grand maître de toutes les commémorations mises en place à l'occasion du centenaire[3]. Carnot est d'ailleurs depuis l'année précédente le président à titre honorifique de la Société de l'histoire de la Révolution française, présidée par son père Hippolyte Carnot jusqu'à sa mort[1]. À sa sortie du palais de l'Élysée pour se rendre jusqu'à Versailles, il est visé par une première tentative d'assassinat, dont il réchappe sans blessures[3]. Acclamé à son arrivée dans la galerie des Glaces, il mène ensuite la cérémonie près du bassin de Neptune, auréolé de l'admiration du public devant son sang-froid[3]. Lors de son discours, il proclame que « Le siècle glorieux que nous célébrons dans cette pieuse et grandiose cérémonie doit être couronné par la réconciliation de tous les Français dans la commune passion du bien public au nom de la liberté, au nom de la patrie »[3]. Puisqu'en 1889, la salle du Sacre du musée de l'Histoire de France à Versailles est privée de son sujet essentiel, Le Sacre de Napoléon de David, une commande est faite à Alfred Roll — le peintre de l'enthousiasme populaire de la IIIe République, comme Édouard Detaille est celui des cérémonies militaires — pour une œuvre de même dimension figurant la cérémonie du , installée en 1894[4],[2].
La Société de l'histoire de la Révolution française organise une exposition consacrée à la Révolution au musée du Louvre du au [1].
Comparaison avec le bicentenaire de 1989
Sur le plan idéologique, les républicains célèbrent les « immortels principes de 1789 » qui constituent la devise « Liberté, Égalité, Fraternité », plutôt que la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen mise en avant cent ans plus tard lors du bicentenaire en 1989[5]. Ainsi, le centenaire exalte plutôt l'abolition des privilèges début août alors que le bicentenaire célèbre davantage la déclaration des droits de l'homme le , une idée plus retentissante à l'international dans ces années 1980[5]. Lors du Bicentenaire, les pouvoirs politiques tiennent des rôles inversés dans l'organisation par rapport au centenaire : la ville de Paris est plus en retrait dans l'organisation des festivités, plutôt portées par le gouvernement[5].
↑ abcde et fMaxime Tandonnet, « Sadi Carnot, la République incarnée. 1887-1894 », dans Histoire des présidents de la République, Perrin, coll. « Tempus », (lire en ligne), p. 129-147.
↑(en) Annegret Fauser, Musical encounters at the 1889 Paris World's Fair, Rochester (New York), University of Rochester Press, , 391 p. (ISBN1-58046-185-9), p. 108 [lire en ligne].