La bastille Saint-Antoine, souvent appelée simplement la Bastille et anciennement fort et bastide Saint-Anthoine lez Paris[1],[2], est une forteresse construite au XIVe siècle, à l'emplacement du débouché de la rue Saint-Antoine sur l’actuelle place de la Bastille à Paris. Devenue une prison, considérée comme le symbole du despotisme monarchique, elle fut totalement détruite lors de la Révolution française, après l'événement déclencheur devenu une fête nationale en France : la prise de la Bastille du .
Historique
Forteresse
Initialement, la Bastille était une bastide[3] (châtelet à deux tours) de la porte Saint-Antoine de l'enceinte de Charles V, élevée en hâte de 1356 à 1358 pendant la prévôté d'Étienne Marcel[4]. En 1367, le roi Charles V décida de pourvoir le revers de cette porte d’une enceinte formant un véritable château urbain (une bastille formant un réduit indépendant et disposant de sa propre garnison) en rehaussant les deux tours et en en construisant six autres. Ce fort était destiné à défendre la porte Saint-Antoine et les remparts de l’Est de Paris devenus plus vulnérables. Il servait aussi à protéger le roi en cas de révolte du peuple parisien car il pouvait sécuriser la route reliant la résidence du roi à l'hôtel Saint-Pol au château de Vincennes où le roi Charles V veut établir le centre administratif du royaume[4].
La « Bastille » ou « Bastille Saint-Antoine » ou encore « fort et bastide Saint Antoine lez Paris » était initialement un véritable château et un arsenal. La construction ordonnée en 1367 eut lieu durant le règne de Charles V, de 1370 à 1383, et fut établie sous la direction du prévôt de ParisHugues Aubriot qui posa la première pierre le 22 avril 1370[5],[6], sur le modèle à quatre tours courant à l’époque. Les autres tours furent ajoutées ultérieurement. Elle faisait 66 mètres de long pour 34 mètres de large et 24 mètres de hauteur au niveau des tours, et était entourée d’un fossé de 25 mètres de largeur sur 8 mètres de profondeur alimenté par les eaux de la Seine. Les huit tours se nommaient :
tour du Coin (au coin de la rue Saint-Antoine) ;
tour de la Chapelle (au XVe siècle s'y trouvait la chapelle, transférée par la suite de l'autre côté de la cour entre les tours de la Liberté et de la Bertaudière) ;
tour de la Bertaudière ou parfois Bretaudière (le maçon Berthaud se tua en tombant durant sa construction, c'est la tour du Masque de fer) ;
tour de la Bazinière (Macé Bertrand de la Bazinière, trésorier de l'Épargne et arrêté en même temps que Fouquet en 1661, y a été enfermé quatre ans) ;
tour du Puits ;
tour de la Liberté (à la suite d'un assaut des parisiens vers 1380 au cri de « Liberté ! Liberté ! », c'est dans cette tour que sera enfermé Hugues Aubriot sous Charles VI).
L’entrée se faisait par la rue Saint-Antoine et donnait sur la Cour de l’Avancée qui abritait des boutiques et une caserne. Son premier capitaine gouverneur fut nommé par Charles VI, dès 1386, en la personne de son chambellan Jehan de La Personne, vicomte d'Acy, ancien compagnon de Bertrand du Guesclin et qui avait été déjà chambellan sous les deux règnes précédents[7]. À la même époque fut édifié le donjon de Vincennes. Le château de Montagu, édifié par le surintendant des finances de Charles VI, Jean de Montagu, à Marcoussis, est un exemple proche des choix d'architecture retenus pour la forteresse de la Bastille.
Après une courte période durant laquelle la circulation entre la rue Saint-Antoine et l'extérieur de la ville s'effectuait en traversant la forteresse et son avant-cour, ce passage fut condamné au début du XVe siècle et détourné par une nouvelle porte construite au nord de la Bastille se prolongeant par un pont enjambant le fossé du rempart et donnant accès à la rue du Faubourg-Saint-Antoine. Le débouché de la rue Saint-Antoine fut alors élargi pour permettre l'accès à cette porte. Le pont sur le fossé de l'ancien parcours public devint une sortie privée[8].
Elle appartenait au système défensif de l'enceinte de Charles V mais très vite, son utilité militaire s’avère médiocre, car, assiégée, elle s’est toujours rendue[9].
Durant la guerre de Cent Ans, qui fut en grande partie une guerre civile française, la Bastille se rendit en 1413[10] aux Armagnacs pendant la révolte des Cabochiens, puis en 1418 aux Bourguignons, en 1436 au Roi, en 1565 au Prince de Condé, en 1591 aux Ligueurs, en 1594 aux troupes royales, en 1649 et 1652 pendant la Fronde[11].
À la fin du XVIe siècle, l'enceinte datant de près de deux siècles, apparaissant insuffisante, fut améliorée par la construction de bastions, également nommés « boulevards », et le déplacement des fossés pour contourner ces bastions. Lors de cette transformation, un bastion fut construit en avant de la forteresse à la place de la basse cour. Cette transformation supprima la sortie privée de la Bastille vers la campagne[12].
La forteresse fut occasionnellement prison d’État sous Louis XI puis utilisée comme entrepôt d'armes et lieu de réception par François Ier, comme coffre-fort des richesses royales sous Henri IV[13].
Durant la journée des Barricades (huitième guerre de religion), la Bastille se rendit le [14] et Jean Bussy-Leclerc en devint le gouverneur. À la chute de la Ligue et l'entrée d'Henri IV à Paris le , le gouverneur de la Bastille refusa de rendre la forteresse qui fut assiégée et résista quatre jours.
Sully, nommé gouverneur en 1602, y abrita le trésor royal dans la tour du même nom, qu’on désigna alors sous le terme de « buffet du roi »[15].
La Bastille est à nouveau prise durant la Fronde en 1649 et un Frondeur en est nommé gouverneur : La Louvière, fils de Pierre Broussel. C'est à cette époque que se situe un des épisodes les plus rocambolesques de l'histoire de la forteresse. Le , lors de la bataille du faubourg Saint-Antoine, le prince de Condé est en difficulté face aux troupes royales dirigées par le maréchal de Turenne. Sa cousine, Mlle de Montpensier, dite la Grande Mademoiselle, obtient alors de son père Gaston d'Orléans l'autorisation de faire tirer les canons de la Bastille sur les troupes royales pour le sauver et lui permettre d'entrer dans Paris.
Prison
La Bastille fut utilisée occasionnellement comme prison dès le règne de Louis XI.
Plus d'argent que le roi n'en a dans la Bastille. »
Sully nous dit dans ses mémoires : « Vers l'an 1610 le roi avoit pour lors quinze millions huit cent soixante-dix-huit mille livres d'argent comptant dans les chambres voûtées, coffres et caques étant en la Bastille, outre dix millions qu'on avait tirés pour bailler au trésorier de l'épargne. »
C’est le cardinal de Richelieu qui la transforma en prison d’État[13] à laquelle restent attachées les lettres de cachet, lettres signées du roi (ou le plus souvent de ses ministres) ordonnant un emprisonnement sans jugement.
Paris dispose de plusieurs types de prisons : prisons ordinaires, Hôpital général et prisons d’État (Vincennes, For-l'Évêque). Victime de la haine du cardinal de Richelieu, le maréchal de Bassompierre fut mis à la Bastille en 1631, et n'en sortit qu'à la mort du ministre. La délivrance du maréchal inspira ces vers à un poète (c'est Bassompierre qui parle) :
L'homme au masque de fer entra à la Bastille le , à trois heures de l'après-midi. Il portait un masque de velours noir, bien attaché sur le visage, et qu'un ressort tenait derrière la tête. Il logeait dans la tour de la Berthaudière. Sa mort arriva presque subitement le . Il fut enseveli dans un linceul de toile neuve et enterré à Saint-Paul le lendemain, à quatre heures, sous le nom de Marchiali, en présence de M. Rosarges, major du château, et du sieur Beilh, chirurgien-major de la Bastille, qui ont signé sur les registres de Saint-Paul. Son enterrement a coûté 40 livres.
La Bastille était une prison plutôt confortable pour les personnes de qualité (nobles, grands bourgeois) emprisonnés dans les cellules (au nombre de 42[18]), elles mangeaient tous les jours « à la table du gouverneur » (non avec lui mais bénéficiant du même repas que lui). Ces cellules disposaient de grandes pièces avec repas fins et d’un domestique si ce dernier acceptait (tel le domestique du banquier de Gérard Michel de La Jonchère qui a partagé le sort de son maître mais finit par ne plus le supporter, sans pouvoir ressortir[19]), de meubles et d'une cheminée avec bois de chauffage (grâce à la « pistole »[20]).
Les prisonniers royaux sont autorisés à correspondre avec l'extérieur, recevoir des visites et jouissent d'une relative liberté de mouvement au sein de la forteresse.
François-Marie Arouet dit Voltaire, âgé de 22 ans, fut mis à la Bastille le , pour avoir composé des poésies contre le régent et la duchesse de Berry qui, se trouvant alors dans un état de grossesse avancée, s'était retirée au château de la Muette pour accoucher[21]. L'une de ces pièces avait pour titre : Puero regnante. Déchaînée dans le vice et la débauche, la fille aînée du Régent ne cessait de défrayer la chronique scandaleuse de la Cour. Début 1716, un premier accouchement clandestin de la « belle duchesse de Berry » avait inspiré à Voltaire une épigramme satirique dans lequel, qualifiant la princesse de « mère des Moabites », il l'incitait à engendrer « un peuple d'Ammonites », sur quoi le poète avait été exilé à Tulle par ordre du Régent en mai 1716[22].
Ce fut sous le règne de Louis XV que Louis Phélypeaux de Saint-Florentin fit élever plusieurs bâtiments pour servir de logements aux officiers de l'état-major. La Bastille offrait un vaste édifice dont le plan aurait figuré un parallélogramme régulier, si les deux tours du milieu n'eussent formé une espèce d'avant-corps.
Le marquis de Sade y fut détenu pendant cinq ans et demi. Il y est transféré le du fait de la désaffectation du fort de Vincennes en tant que prison d’État.
La Bastille comportait également depuis la fin du XVIIe siècle un quartier beaucoup moins agréable pour les prisonniers communs. Ceux-ci vivaient de la charité et du « pain du roi », y étaient parfois enchaînés ; on les appelait les « pailleux », car ils dormaient sur une paillasse dont on changeait la paille une fois par mois[18].
La prison disposait aussi de six cachots (et non d’oubliettes), dont un aménagé en salle de torture, situés à six mètres de profondeur au niveau des douves et qui servaient de punition aux prisonniers insubordonnés comme le fameux Latude (Louis XVI fait supprimer ces cachots, tout comme la question et les lettres de cachet qu'il abolit le ).
Entre 1661 et 1789, un prisonnier sur six est embastillé[23] pour « faits de lettres » (libraire, imprimeur, colporteur ou auteur de libelle)[24].
L'arrivée d'un nouveau prisonnier est annoncée par une sonnerie de cloche. Les boutiques avoisinantes (notamment les échoppes le long du fossé qui sont louées au Gouverneur) ferment alors et les gardes se couvrent le visage pour ne pas voir le visage du nouveau venu. Ce culte du secret motive également l'enterrement des prisonniers de nuit sous de faux noms. Il participe grandement au mythe de l'homme au masque de fer[25].
Les récits « antibastillonnaires » se multiplient : deux ouvrages publiés à l'étranger poursuivent cette dénonciation et participent à la construction de la légende noire (lettre de cachet en blanc, tortures, exécutions sommaires) de la Bastille : Mirabeau avec Des lettres de cachet et des prisons d'État (Hambourg, 1782) et Simon-Nicolas-Henri Linguet, Mémoires sur la Bastille (Londres, 1783).
Un historien qualifie la Bastille de « rendez-vous des intellectuels »[27] puisque s’y retrouvaient aussi bien Voltaire (par deux fois en 1717 et 1726) que des pamphlétaires comme Linguet ou Brissot, victimes de la censure. Cette mauvaise réputation de la Bastille qui a commencé dès avant la Révolution, est remise en cause par certains historiens du XIXe siècle, tel Frantz Funck-Brentano[28], qui, par opposition à la tradition jacobine, ne craignent pas de parler « des égards, du confort, des bons soins » de cette prison[29].
C’était aussi un gouffre financier pour Louis XVI, en raison à la fois du traitement du gouverneur d’environ 60 000 livres mais aussi de l’entretien du personnel, nombreux, ou de la nourriture. Necker, qui avait déjà fermé le donjon de Vincennes, souhaitait la faire abattre dès 1784[réf. nécessaire]. Au milieu des années 1780, les urbanistes du roi envisagent sa destruction en vue de permettre l'aménagement d'une place avenante près du quartier Saint-Antoine[30].
Le peuple ne craint plus ce bâtiment en 1789[13], mais les cahiers de doléances de la ville, rédigés par des acteurs de la fronde des parlements[31], demandaient sa destruction et son remplacement par une place avec un monument à la Liberté retrouvée. Comme toute forteresse imposante, elle marquait le paysage parisien et rappelait l'autorité du roi (comme la tour du Temple)[13].
La hiérarchie à l'intérieur de la prison
Le gouverneur, dont la charge est vénale, gère et dirige la prison. Il vit dans une maison de la Cour de la Bastille, entourée d’un jardin à la française. Il est assisté par un lieutenant du roi responsable de la sécurité et d'un major chargé de l’économat, des archives. Les employés en contact direct avec les prisonniers (promenade, repas) sont les porte-clefs. Le « capitaine des portes » est l'officier responsable de l'entrée et la sortie de la prison. La surveillance de la forteresse est assurée par des soldats invalides, en faction de jour comme de nuit à l’intérieur et à l’extérieur de l'enceinte, tandis que le repas et les promenades des prisonniers sont assurés par les porte-clefs sous l’autorité des officiers. On trouve aussi comme personnel logeant un service médical, un chapelain et un confesseur[32].
Le nombre de prisonniers
Vu le nombre de ses cellules, la prison ne peut accueillir plus de 45 prisonniers en même temps, elle atteint un maximum d'une soixantaine de détenus sous Louis XIV, seul 1,5 % d'entre eux y meurt officiellement[13]. Du XIVe siècle au milieu du XVIIe siècle, elle aurait reçu 800 prisonniers ; le nombre passe à 5 279 entre 1659 et 1789 (avec une durée moyenne de détention de quelques mois à deux ans : 57 % des prisonniers restent moins de 6 mois, 28 % entre 1 et 4 ans) : 2 320 sous Louis XIV, 1 459 sous la Régence, 1 194 sous Louis XV et 306 sous Louis XVI[32],[33].
En 1789, il n'y avait que sept prisonniers à la Bastille et leurs conditions d'incarcération étaient assez souples[34]. Ces prisonniers n'étaient d'ailleurs pas symboliques puisqu'il y avait quatre faussaires, deux fous et un noble[35], le comte Hubert de Solages, enfermé pour inceste[36].
Gouverneurs de la Bastille
La Bastille fut achevée en 1383. Les premiers dignitaires, responsables militaires de la Bastille, étaient anciennement appelés capitaines gouverneurs du fort et bastide Saint-Antoine[37]. Le plus connu est celui de la prise de la Bastille (le ), le marquis de Launay (Bernard-René Jourdan de Launay), où il fut arrêté. Il mourut sur la place de Grève, lynché puis décapité (les Parisiens n'acceptaient pas sa résistance lors de la prise de la forteresse) ; sa tête fut ensuite traînée au bout d'une pique dans les rues de Paris avec d'autres personnes.
Juste après la prise des Invalides pour trouver des armes et des canons, la Bastille est prise d’assaut le par le peuple parisien (une grande majorité des émeutiers venant du faubourg Saint-Antoine) venu chercher de la poudre et des munitions. Cette forteresse symbolisait aussi l'arbitraire royal. La Bastille est défendue par une garnison de 82 invalides et 32 grenadiers du régiment suisse de Salis-Samade et accueille aussi sept prisonniers qui sont libérés par les émeutiers au cours de l'assaut.
Des délégations essayent de négocier avec le gouverneur de la Bastille Bernard-René Jourdan de Launay, en vain. Après la prise de la forteresse, ce dernier est emmené sur la place de Grève, où il est lynché, poignardé, fusillé et sa tête découpée par un boucher. Les révolutionnaires auxquels se sont ralliés certains membres de la garde bourgeoise et des Gardes françaises s'emparent notamment de ses archives, les dispersent en partie (avec les meubles et la vaisselle) dans les fossés de la forteresse mais les collectionneurs, notamment Beaumarchais, mettent rapidement la main sur certaines[13]. Dès le , les autorités municipales tentent de les récupérer. La grande majorité est transférée en 1798 à la Bibliothèque de l'Arsenal, dont le directeur est alors Hubert-Pascal Ameilhon, et cataloguée depuis le XIXe siècle (60 000 dossiers comprenant 600 000 feuillets[38], essentiellement des lettres de cachet, interrogatoires, suppliques au roi, rapports de police, correspondances de l'embastillé)[24].
La prise de la Bastille est aujourd’hui considérée comme le symbole de la Révolution française, dont elle marque le commencement.
La Bastille fut abattue à partir du 15 juillet 1789 par un entrepreneur privé, Palloy[40], qui vendit une partie des pierres en guise de souvenirs (pierres sculptées représentant la Bastille en miniature), dont un certain nombre furent vendues en province (Palloy fit faire également des maquettes de l'édifice qui furent envoyées dans tous les chefs-lieux des départements français). Le suivant, les ouvriers trouvèrent dans la tour de la Comté cinq boulets incrustés dans la pierre. On suppose qu'ils avaient été lancés en cet endroit lors de la bataille du faubourg Saint-Antoine en 1652. Une partie des matériaux qu'on tira de la démolition servit à construire le pont Louis XVI (actuel pont de la Concorde). Le chantier de démolition dura jusqu'en 1806[41].
On peut y ajouter la transformation en objets de piété et de culte de tout ce qui put être récupéré sur les boiseries et les ferronneries de la vieille forteresse. Le marquis de La Fayette envoya une des clés de la Bastille à George Washington, l’une des grandes figures de la révolution américaine et premier président des États-Unis[42]. Elle est aujourd’hui exposée à la résidence de Mount Vernon, transformée en musée.
La disparition de la Bastille n'empêche pas son mythe de renaître dès la Révolution sous la forme d'une mode « à la Bastille » (bonnet, souliers, éventails…)[39].
quatre faussaires : Jean Béchade, Bernard Laroche, Jean La Corrège et Jean-Antoine Pujade, accusés d'avoir falsifié des lettres de change. Leur procès était en cours d'instruction ;
le comte Hubert de Solages, criminel enfermé durant l'affaire de Solages à la demande de son père, qui payait sa pension ;
Auguste Tavernier, supposé complice de Robert-François Damiens, l'auteur d'une tentative d'assassinat sur Louis XV ;
le comte de Whyte de Malleville, embastillé pour démence à la demande de sa famille.
Juste après leur libération, les deux derniers furent internés à l'asile de Charenton[43].
Les révolutionnaires sont tellement déçus de trouver ces prisonniers en nombre si faible et manquant de prestige qu'ils en inventent un faux, appelé comte de Lorges, « un malheureux vieillard qui fut trouvé chargé de chaînes, à moitié nu, avec des cheveux et une barbe de divinité fluviale, au fond d'un cachot où ne pénétrait pas la lumière et dont les murailles suintaient l'humidité […]. Le misérable vieillard, qui gisait là depuis des années et des années, fut comme de juste porté en triomphe par les amis de la liberté aux acclamations d'un peuple en délire »[44].
Depuis 1880, la prise de la Bastille est commémorée tous les , jour de fête nationale. Elle est célébrée conjointement avec un autre évènement : la Fête de la Fédération qui eut lieu un an après la prise de la Bastille, le , sur l’esplanade du Champ-de-Mars. En 1880, lors des débats parlementaires pour l'adoption d'une fête nationale, la date du ne faisait pas l'unanimité parmi les députés conservateurs de l'opposition. Pour la faire accepter, le gouvernement républicain a mis alors en avant la date du . Le régime de la Troisième République qui veut créer un consensus a laissé le choix implicite aux Français de fêter soit la date de 1789, soit celle de 1790[39]. Depuis, l’inconscient collectif français semble bel et bien associer la fête nationale à la prise de la Bastille : une immense majorité ne se souvient que rarement du .
Plaque apposée sur un immeuble, côté 4e, indiquant la position de l'ancienne forteresse par rapport à la place et aux voies actuelles.
L'emplacement de la forteresse est marqué par les pavés de la place de la Bastille.
Miniature de la Bastille sculptée dans une pierre de la Bastille (musée Carnavalet).
Maquette par moulage de la Bastille, probablement réalisée en 1789-1790 et arrivée à Saint-Brieuc entre 1790 et 1791. Inv. 530. Musée d'art et d'histoire de Saint-Brieuc
Pierre de la Bastille dans la façade de la mairie de Saumur.
↑Le terme « bastide » est entendu ici au sens de petit ouvrage de fortification (Jacques Hillairet, Gibets, piloris et cachots du vieux Paris, Éditions de minuit, 1956, p. 66).
↑ a et bJean Mesqui, Châteaux forts et fortifications en France, Flammarion, , p. 107.
↑Roland Delachenal, Histoire de Charles V, vol. 4 : 1368-1377, Paris, Auguste Picard, , p. 317.
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↑Renaud Gagneux et Denis Prouvost, Sur les traces des enceintes de Paris : promenades au long des murs disparus, Paris, Parigramme, , 241 p. (ISBN2-84096-322-1), p. 124-125.
↑Intervention de Claude Quétel, entretien radiophonique avec Patrice Gelinet, vendredi , France Inter, « 2000 ans d’histoire ».
↑Noëlle Destremeau, Trois journées pour détruire la monarchie, Nouvelles Éditions Latines, 1988, p. 27 (lire sur Google Livres).
↑Renaud Gagneux et Denis Prouvost, Sur les traces des enceintes de Paris : promenades au long des murs disparus, Paris, Parigramme, , 241 p. (ISBN2-84096-322-1), p. 124-126.
↑ a et bArlette Farge, « Que fête-t-on le 14 juillet ? », émission L'ombre d'un doute sur France 3, .
↑Gérard Michel de La Jonchère, Un financier à la Bastille sous Louis XV. Journal de La Jonchère, publié par Albert Babeau, Impr. de Daupeley-Gouverneur, , 46 p..
↑Littré, Dictionnaire de la langue française' (1872-77) : « Dans les prisons, chambre à part et autres commodités qu'un prisonnier obtient moyennant la pistole, c'est-à-dire en payant la pension. »
↑Jean-Michel Raynaud, Voltaire soi-disant, Presses Universitaires de Lille, 1983, vol. 1, p. 289.
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↑Christian Benoit, 250 réponses aux questions d'un flâneur parisien, Éd. du Gerfaut, 2007, p. 109 (extrait). (ISBN2914622821).
↑Charpentier, La Bastille dévoilée, p. 135 et suivantes.
↑. En 1840, un jeune bibliothécaire, François Ravaisson, qui possède un logement de fonction dans la Bibliothèque de l'Arsenal, les découvre en soulevant les dalles du parquet alors qu'il voulait faire réparer sa cuisine. Ravaisson consacre le reste de sa vie à les classer et les publier. Cf. François et Louis Ravaisson-Mollien, Archives de la Bastille, éditeur Paris A. Durand et Pedone-Lauriel, 1866-1904, 19 volumes.
Joseph Delort, Histoire de la détention des philosophes et des gens de lettres à la Bastille et à Vincennes.,Paris, Firmin Didot Père et fils, 1829, Gallica (ISBN978-2013681605)
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Henri Lemoine, « Les comptes de démolition de la Bastille », dans Bulletin de la Société de l'histoire de Paris et de l'Ile-de-France, 1929, p. 77-83(lire en ligne)
Jean-Christian Petitfils, La Vie quotidienne à la Bastille du Moyen Âge à la Révolution, Hachette, 1975
Monique Cottret, La Bastille à prendre, histoire et mythe de la forteresse royale, Paris, P.U.F., 1986, 205 pages, collection Histoire.
Jean Mesqui, La Bastille Saint-Antoine. Un concept original d'architecture castrale, dans Sous les pavés, la Bastille. Archéologie d'un mythe révolutionnaire, Caisse nationale des monuments historiques et des sites, Paris, 1989 ; p. 173 (ISBN2-858-22-086-7) (Lire en ligne)
Karl-Heinz Kuhn (Hrsg.), La semaine mémorable ou Récit exact de ce qui s'est passé à Paris depuis le 12 jusqu'au 17 juillet = Die denkwürdige Woche oder Genauer Bericht dessen, was sich in Paris vom 12. bis zum 17. Juli ereignet hat. Herausgegeben, übersetzt und mit einer Zeittafel versehen von Karl-Heinz Kuhn. Verlag Dr. Hut, München 2011 (ISBN978-3-8439-0111-6)
Jean-Christian Petitfils, La Bastille. Mystères et secrets d'une prison d'État, Tallandier, 2016
Charpentier, La Bastille dévoilée ou Recueil de pièces authentiques pour servir à son histoire, Paris, Desenne, 1789-90, 2 volumes.
Dufey, La Bastille; Mémoires pour servir à l'histoire secrète du gouvernement Français.