Alphonse Baudin étudie la médecine à Lyon, puis à Paris[2]. Il sert comme médecin militaire en Algérie, où il rencontre Eugène Cavaignac[2]. Il se spécialise dans les maladies de l'estomac, ce qui l'amène à être cité à comparaître au procès d'Hélène Jégado, qui s'ouvre trois jours après sa mort sur les barricades.
Les événements de 1851
Baudin est initié à la franc-maçonnerie, le , à la loge du Temple des Amis de l'honneur français, qui fut suspendue en 1846[3].
Lors du mouvement insurrectionnel provoqué par ce coup d'État, une barricade avait été dressée le par les ouvriers de la rue Sainte-Marguerite, auxquels s’étaient joints plusieurs députés, parmi lesquels Pierre Malardier, député de la Nièvre, et Baudin, représentant de l’Ain à l’Assemblée législative de 1849.
Alors que Victor Schœlcher, accompagné de plusieurs députés, sans armes, s’en allait au-devant d’une compagnie du 19e de ligne qui venait de la place de la Bastille dans l’intention de parlementer avec les soldats, des ouvriers, se souvenant de la répression des journées de juin 1848 dans ce même quartier, se moquèrent de ces représentants du peuple en disant :
« Croyez-vous que nous allons nous faire tuer pour vous conserver vos vingt-cinq francs par jour ! »
Les protestataires font référence à l'indemnité parlementaire établie en 1848 par le gouvernement provisoire[5],[6]. Baudin, un drapeau à la main, monté sur la barricade les regarda fixement et leur dit :
« Vous allez voir comment on meurt pour vingt-cinq francs[7] ! »
C’est à ce moment-là qu’une balle, partie on ne sait pourquoi de la barricade, blessa un soldat du 19e de ligne. Ses camarades répliquèrent aussitôt furieusement, et Baudin tomba, mortellement blessé.
Hommage, postérité
Une souscription publique fut alors lancée par le journal Le Réveil pour élever un monument à ce martyr de la liberté. Cette initiative valut à Charles Delescluze, propriétaire du journal, un procès au cours duquel s’illustra Léon Gambetta, alors jeune avocat, qui prononça une diatribe contre l’Empire. Baudin devint ainsi un symbole républicain face au despotisme[Note 1].
À gauche, no 151 de la rue avec la plaque posée au niveau du 2e étage ; à droite, le détail de la plaque.
Panneau Histoire de Paris à l'angle des rues Trousseau et du Faubourg-Saint-Antoine.
En 1888, sa ville natale de Nantua inaugure un monument à sa mémoire, réalisé par le sculpteur Paul-Adolphe Lebègue (1833-1908). La statue en bronze est également fondue en 1942. En 1953, elle est remplacée par une nouvelle statue en pierre[9],[10].
Sépulture
Baudin est enterré secrètement à Paris au cimetière de Montmartre (27e division), où sa tombe[11] devient un lieu de rendez-vous des républicains[2]. Le tombeau réalisé par le sculpteur Aimé Millet, inauguré en 1872, est orné d'un gisant représentant le député tout juste frappé d’une balle dans le front.
↑Le mot, maintes fois rapporté, n'est cependant attesté par aucun témoin. Il figure dans le récit historique du journaliste Eugène Ténot, Paris en décembre 1851 rédigé en 1868.
Jacques-Olivier Boudon, « Baudin et la barricade du : histoire et représentation de l'Empire à la République », dans Alain Corbin et Jean-Marie Mayeur (dir.), La barricade : actes du colloque organisé les 17, 18 et par le Centre de recherche en Histoire du XIXe siècle et la société d'histoire de la révolution, de 1848 et des révolutions du XIXe siècle, Paris, Publications de la Sorbonne, coll. « Histoire de la France aux XIXe-XXe siècles », , 522 p. (ISBN2-85944-318-5, lire en ligne), p. 235-249.
Dominique Erster, Alphonse Baudin, Pierre et les autres... : la saga d'une illustre famille de l'Ain, IDC Éditions - Brénod, , 160 p. (ISBN979-10-94302-51-4).