En 1943, pendant l'Occupation, refusant le Service du travail obligatoire (STO), il se cache pour échapper à la déportation et, dès la Libération, reprend le garage paternel pour en faire une des concessions les plus prospères de la région poitevine. Très vite, il y ajoute d’autres activités (vente et réparation de machines agricoles, vente de carburants et combustibles…).
Tout au long de sa carrière politique, il est surnommé « le garagiste de Loudun ». Dès son engagement en politique dans les années 1950, René Monory est aussi surnommé le « shérif », sans que l'origine de ce surnom soit clairement établie[2],[3].
Implantation locale
La réussite des affaires de René Monory à Loudun favorise sa candidature aux élections municipales de 1955 ; il est élu maire de la commune en 1959, mandat qu'il conserve jusqu'à sa démission, quarante ans plus tard, en 1999[4].
En 1980, alors qu'il est ministre et président du conseil général de la Vienne, il favorise la création de la centrale nucléaire de Civaux situé dans le sud de la Vienne, à une trentaine de kilomètres au sud-est de Poitiers[5] (la centrale rentrera en service en 1997).
Convaincu par les politiques de décentralisation du début des années 1980, il favorise l’implantation des fonderies Renault. En 1984, il lance le projet du Futuroscope de Poitiers, parc européen de l'image, s'auto-qualifiant « vulgarisateur d'idées nouvelles ». Il s'appuie alors sur l'université et le tissu industriel local. Consacré aux technologies nouvelles, le site du Futuroscope comporte un vaste parc d'attractions et une technopole. Depuis son ouverture, le parc a accueilli plusieurs dizaines de millions de visiteurs et employé de nombreux salariés[8].
En 1996, il lance le premier plan Internet départemental permettant d’équiper toutes les écoles primaires et maternelles ainsi que les collèges de la Vienne d’un accès à Internet avec un poste informatique pour 10 élèves.
Lors de l'élection du président du Sénat de 1989, René Monory se présente face au centriste Alain Poher, qui exerce cette fonction depuis vingt-et-un ans et apparaît physiquement diminué. Mais ce dernier est activement soutenu par le président du groupe RPR, Charles Pasqua, qui souhaite conserver l’influence gaulliste sur le « plateau »[9]. Porté par un certain nombre de centristes, René Monory parvient à mettre en difficulté le président sortant, qui n’est élu qu’à la majorité relative au troisième tour.
La présidence de René Monory est marquée par sa volonté de moderniser le Sénat, avec notamment la création d'une division des relations internationales et d'un service de l'informatique et du développement technologique. Seul candidat de la droite sénatoriale à la présidence, le « plateau », en 1995, il est aisément réélu face au socialiste Claude Estier.
Lors de la publication, en , d'un rapport d'une commission de l'Assemblée nationale préconisant de restreindre les droits des clandestins, René Monory déclare que les immigrants doivent être traités de « façon correcte », mais considère qu'il faut « éviter qu'il en vienne d'autres », se félicitant du débat provoqué par ce rapport[10].
Le , René Monory, visiblement affaibli par l'âge, brigue un troisième mandat. À la surprise générale, le gaulliste Christian Poncelet le devance de 16 voix au premier tour de scrutin, ce qui conduit le président sortant à retirer sa candidature en vue du second tour[12],[13].
Après avoir longtemps porté les couleurs de l'UDF, dont il était vice-président, René Monory rejoint l'UMP lors de sa fondation. Il met un terme à sa carrière politique en 2004 en ne se représentant pas aux élections cantonales et sénatoriales.
Retraite
René Monory vit ensuite dans son domaine de Beaurepaire, à quelques kilomètres du centre de Loudun. En , René Monory, dont l'état de santé s'est fortement dégradé à partir de 2007, est hospitalisé pour des problèmes respiratoires au CHU de Poitiers[14].
Le à Loudun[19], René Monory épouse Suzanne Jeanne Odette Cottet (1921-2016)[20]. De ce mariage, naît une fille, prénommée Michèle (1951-2023), devenue créatrice de bijoux[21]. Mère de deux garçons, celle-ci meurt dans un accident d'avion aux côtés du journaliste Gérard Leclerc en à 72 ans[22],[a] : ses obsèques ont lieu le suivant au cimetière de la commune de Loudun (Vienne)[24].
Grand sportif, il est un adepte de sport automobile, de tennis de table, de chasse et de pêche au gros. Il crée en 1990 le circuit du Val de Vienne, un circuit automobile situé sur la commune du Vigeant. Il est champion du monde de pêche au gros pour avoir pêché un espadon, un marlin voilier de 47 kg, avec un fil de 12 lbs (environ 6 kg de résistance à la traction).
1973-2002 : président du syndicat intercommunal de solidarité pour l'expansion du Loudunais, puis de la communauté de communes du Pays loudunais (président honoraire à partir de 2003)
— Le personnage principal de ce roman présente de nombreuses similarités avec René Monory, bien que la passion pour la chasse de Valéry Giscard d'Estaing soit au centre de l’ouvrage[29].
↑Michèle Monory meurt très probablement instantanément dans l'accident d'avion qui a lieu le . Les corps de Gérard Leclerc, Michèle Monory et de la troisième passagère étant repêchés le lendemain[22], les passagers (dont Michèle Monory) sont déclarés morts le [23].
↑Pour Jean-Pierre Raffarin, tel qu'il le raconte rétrospectivement dans un livre de souvenirs, c'est parce qu'« il a la force du chef de clan, l'omnipotence malicieuse, le sens des rapports de force, le goût pour les jeux d'allégeance, le sens de l'anticipation » (cf. Jean-Pierre Raffarin, Je marcherai toujours à l'affectif : souvenirs, Flammarion, 2012, chapitre 16, « Le bonheur régional »). Pour d'autres, ce surnom est associé à « sa haute taille et son tempérament bourru » (cf. 3 "René Monory, ancien président du Sénat français est décédé sur rtbf.be ).
↑Archives départementales des Deux-Sèvres et de la Vienne, « Village de Messemé - cote 9 E 185/11/2 - Naissances - 1913-1922 - vue 17/22 - acte de naissance no 2 de Suzanne Jeanne Odette Cottet », acte de naissance sur deux pages - voir aussi la mention marginale indiquant le mariage, sur Archives départementales des Deux-Sèvres et de la Vienne (consulté le ) : « Mariée à Loudun le à René Claude Aristide Monory Le - 15 h, est née à Messemé Suzanne Jeanne Odette Cottet, du sexe féminin, de Daniel Cottet 29 ans, cultivateur, et de Germaine Pinet 22 ans, sans profession, son épouse, domiciliés en cette commune ».
↑ a et bNicolas Jacquard, Pauline Théveniaud et Benoît Daragon, « Le journaliste Gérard Leclerc disparaît dans le crash d’un avion de tourisme en Loire-Atlantique », sur leparisien.fr, (consulté le ) : « L’avion avait disparu des écrans radars aux alentours de 14 heures ce mardi 15 août. Au terme de larges recherches, la carcasse disloquée de l’appareil a été retrouvée vers 19 heures sur la commune de Lavau-sur-Loire (Loire-Atlantique), entre Nantes et Saint-Nazaire […] Au lendemain de l’accident, les trois corps ont été repêchés sur les lieux du drame. »