Le lycée Henri-IV est un établissement d'enseignement secondaire et supérieur public, situé au 23 rue Clovis dans le 5e arrondissement de Paris, dans le Quartier latin. Il fait partie d'une cité scolaire qui accueille plus de 2 600 élèves, du collège aux classes préparatoires.
Il est également classé monument historique pour certains de ses bâtiments hérités de l'ancienne abbaye Sainte-Geneviève, qui datent du XIIe au XVIIIe siècle : cloître, tour Clovis (ancien clocher), chapelle (ancien réfectoire), Salle des Médailles (ancien cabinet de curiosités). Des travaux de rénovation effectués vers 1996 ont mis au jour des vestiges de l'époque carolingienne.
La devise du lycée, Domus Omnibus Una (« Une maison pour tous[1] » en latin), est celle des moines augustiniens, dont le bâtiment était le siège. On désigne l'établissement par la périphrase « le lycée sur la montagne » pour sa situation dominante sur la montagne Sainte-Geneviève et par l'abréviation « H4 ».
Histoire
L'origine du site
À l'époque gallo-romaine, le cœur de Lutèce se situe sur le mons Lucotitus, actuelle montagne Sainte-Geneviève. Le cardo maximus (axe nord-sud, aujourd'hui rue Saint-Jacques) et le decumanus (est-ouest, aujourd'hui rue Soufflot)23 sont les voies majeures de Lutèce qui la relient aux autres cités gauloises et donc à l'Empire. Au niveau de la rue Soufflot, en avant de l'actuel Panthéon, les vestiges du forum ont été dégagés. Le forum représente le centre politique, religieux, et commercial de la ville gallo-romaine. Il comporte une esplanade entourée de portiques sous lesquels sont installées des boutiques, la basilique où se traitent les affaires judiciaires et au centre le temple dont on ignore à qui il était dédié, peut-être à la triade capitoline (Jupiter, Junon, Minerve)18,23. Il est possible d'imaginer la foule se promenant sous les portiques, assistant au culte ou écoutant les plaidoiries à la basilique.
Les arènes de Lutèce, construites au Ier siècle, sont un peu plus à l'est. Complexe hybride, de type « amphithéâtre à scène » ou encore « amphithéâtre-théâtre », il comporte à la fois une scène pour les représentations théâtrales et une arène pour les combats de gladiateurs et autres jeux de l'amphithéâtre.
Après la victoire de Vouillé sur les Wisigoths qui lui ouvre la riche Aquitaine, le roi des Francs, Clovis, fonde vers 506 le monastère royal des Saints-Apôtres, dédié aux apôtres Pierre et Paul. Clovis y est inhumé en 511. L'année suivante, la basilique, poursuivie par sa veuve la reine Clotilde, acquiert un prestige supplémentaire en recevant les reliques de sainte Geneviève[3]. Les rues Clovis et Clotilde bordent aujourd'hui le lycée Henri-IV, et la rue Clotaire est voisine en hommage à leur fils le roi Clotaire Ier.
Pierre Abélard, philosophe, théologien scolastique et poète y fonde alors une école de rhétorique et de théologie12. Le premier collège qui échappe au contrôle quotidien de l'évêque enfermé dans l'île de la Cité. Il ne s'agit pas seulement, comme ce le sera quarante-cinq ans plus tard pour le studium de Bologne, d'un centre de formation des moines et des futurs chanoines. À la différence de Guillaume de Champeaux, qui, en contrebas à Saint-Victor a voulu deux ans plus tôt fonder un monastère et se retirer du monde, Abélard veut attirer la foule et ouvre aux laïcs, parmi les quelques génovéfains en place, un nouveau Lycée.
C'est la première fois qu'une abbaye ouvre les portes du savoir. Elle trouve là, à travers la notoriété de son enseignement, un moyen de détourner les dons de ses concurrentes et de susciter des vocations auprès d'une jeunesse fuyant l'austérité. La seule activité d'enseignement intellectuel autorisée par la règle de Saint-Benoît, est l'étude non critique de l'Évangile et des Pères de l'Église, le catéchisme, un acte de foi et non de science. Cet acte de libération de l'enseignement contrôlé par le chapitrecathédral préfigure l'Université, qui ne sera officialisée que quatre-vingt-dix ans plus tard[4].
Au XIIe siècle, les bénédictins sont réformés par Suger, abbé de Saint-Denis, qui les remplace par des chanoines réguliers de Saint-Victor : il les oblige à constituer un atelier de copistes et une bibliothèque[5].
L'abbaye Sainte-Geneviève acquiert un prestige international sous Louis XIV, et sert de modèle pour d'autres fondations. L'abbaye devient un ermitage princier. Le Cabinet des Curiosités de la bibliothèque conserve alors des antiquités, des médailles et des monnaies[3].
Louis XV fait le vœu en 1744 de construire une nouvelle église monumentale à l'abbaye. L'abbé de Sainte-Geneviève bénit le terrain le , le roi pose la première pierre en grande cérémonie le . Cette nouvelle église dessinée par Jacques-Germain Soufflot deviendra à la Révolution le Panthéon de Paris.
L'École centrale du Panthéon est remplacée par le lycée Napoléon, premier lycée de la République[3]. L'église abbatiale est rasée entre 1801 et 1807 pour percer la rue Clovis. Lors de la Restauration, le lycée est rebaptisé collège royal Henri-IV. Il est un lycée de l'élite, que fréquentent les fils de Louis-Philippe et la haute aristocratie.
Sous le Second Empire, la probité du personnel enseignant est surveillée. Toutefois, faute de pouvoir réglementer leurs loisirs aussi strictement que pour les élèves, les autorités, souhaitant éviter qu'ils ne trainent dans des cabarets, aménagent dans plusieurs lycées des salons de jeux et de lecture pour leur détente, comme à Henri-IV à partir de 1865[9].
Le lycée retrouve son Napoléon sous le Second Empire, et en 1870, avec la proclamation de la Troisième République change encore de nom, pour lycée Corneille. Mais en 1873, le gouvernement du président Patrice de Mac Mahon, royaliste légitimiste, et l'assemblée de l'Ordre moral renomment le lycée du nom du seul Bourbon apprécié des Républicains, « le bon roi Henri ». Le lycée Henri-IV a trouvé son nom actuel.
L'époque contemporaine : depuis 1914
Le lycée perd un grand nombre de brillants élèves durant les combats de la Première Guerre mondiale. Une plaque commémorative est inaugurée dans la salle du Parloir du lycée, ainsi qu'un monument dans les jardins du cloître, fleuris lors de la fête de l'Armistice.
Lors de la Seconde Guerre mondiale, des étudiants du lycée Henri-IV bravent l'occupation nazie et se rendent au Panthéon pour fêter la fin de la guerre de 14-18. Ils seront arrêtés. Des étudiants juifs doivent cacher leur identité, et malgré les précautions du corps professoral, un certain nombre est déporté. Une plaque en leur mémoire est installée après la guerre à côté de la première. Une cérémonie annuelle, rassemblant les délégués de toutes les classes de la cité scolaire, rend hommage à tous ces élèves morts durant les deux guerres.
En 1958, est ouvert à Ivry-sur-Seine un lycée mixte annexe d’Henri-IV jusqu'en 1964. Il est en construction jusqu’en 1969. Beaucoup de professeurs viennent du lycée parisien. Les élèves viennent d’Ivry, Vitry, Villejuif et des communes situées sur la ligne de chemin de fer (future RER C) : Choisy-le-Roi, Thiais, Ablon-sur-Seine et même Paris. Il prendra le nom de lycée Romain-Rolland en 1966.
Les élèves du lycée publient des revues, notamment une assez critique, Ravaillac[10], qui se voit interdite par la direction dès son second numéro en [11]. Le est lancé le premier numéro d'un journal trimestriel, qui a pour titre The Fool on the Hill, titre d'une chanson des Beatles, mais aussi jeu de mots sur la position géographique de l'établissement parisien, au sommet de la montagne Sainte-Geneviève[12].
L’établissement aujourd’hui
Collège Henri-IV
Il ne faut pas confondre le collège et le lycée Henri-IV. Le collège, contrairement au lycée, ne sélectionne pas ses élèves. Il n'est accessible qu'aux familles résidant dans son secteur. Toutefois certaines dérogations sont possibles, par exemple pour les élèves souhaitant apprendre le russe en langue vivante secondaire.
Le collège est aujourd'hui dirigé par la proviseure de la cité scolaire Henri-IV, Stéphanie Motta-Garcia, et par la principale adjointe, Isabelle Martial[13]. Certains professeurs du collège sont aussi professeurs au lycée. Une proportion de 42 %[réf. souhaitée] des élèves du collège ont pu accéder au lycée en 2011-2012 (8 % en 2022-2023)
Lycée Henri-IV
Enseignement secondaire
Avec son voisin public le lycée Louis-le-Grand, le lycée est le seul de Paris hors des quatre secteurs (nord-est, nord-ouest, sud-ouest, sud-est) qui découpent Paris pour l'affectation automatique post-baccalauréat. Les élèves, pour la plupart sélectionnés dans les académies de Paris, Versailles et Créteil, mais aussi exceptionnellement dans des lycées des régions et des établissements français de l'étranger, sont sélectionnés par Affelnet (depuis la rentrée 2022).
Sept classes d'environ trente-quatre élèves intègrent la seconde chaque année. La politique du lycée est de ne renvoyer aucun élève durant ces trois années, même si certains partent de leur propre chef. En terminale, on comptait avant la réforme du baccalauréat 5 classes scientifiques (bac S), rangées par spécialisations (mathématiques, chimie, biologie) 1 littéraire (bac L), 1 économique et sociale (bac ES) et 1 mixte (L-ES). Chaque année depuis 2012, les bacheliers sont reçus par le proviseur à une cérémonie dans la salle des conférences, où après un discours de bénédiction, il leur remet un « diplôme du lycée » ainsi que leur nom de promotion, issus des anciens élèves du lycée. La première promotion s'appelle ainsi « promotion Simone-Weil », du nom de la philosophe humaniste morte en 1943.
Le lycée est aujourd'hui dirigé par la proviseure de la cité scolaire Henri-IV, Stéphanie Motta-Garcia, et le proviseur-adjoint M. Raphaël Spira[13]. Certains professeurs du lycée sont aussi professeurs en classe préparatoire.
Enseignement supérieur
Les étudiants de classes préparatoires sont quant à eux recrutés au niveau national et international après une sélection très rigoureuse, fondée sur les résultats, leur évolution et le classement dans la classe de l'élève durant les années de Première et Terminale. Un grand nombre des étudiants de deuxième année retentent leur chance après des concours pas atteints au niveau de leur espérance. Mais pour pouvoir « faire cinq-demi » ou « cuber » à Henri-IV, il faut avoir au moins atteint les concours oraux des premières grandes écoles du classement.
le Cycle pluridisciplinaire d'études supérieures (CPES), en collaboration avec le pôle de recherche et d'enseignement supérieur Paris Sciences et Lettres. Ce cursus vise à former en 3 ans des étudiants dans trois filières différentes (Sciences, Humanités et Sciences économiques, sociales et juridiques) en gardant « les meilleurs aspects des classes préparatoires et de l'université ». Viennent s'ajouter aux enseignements classiques des classes préparatoires des options telles que le droit et l'histoire de l'art mais aussi un tronc commun partagé entre les trois filières[15].
Le fait que les CPGE soient essentiellement littéraires (12 divisions sur 24) a deux conséquences : d'une part, le lycée est réputé littéraire ; et d'autre part, le pourcentage d'étrangers en CPGE est faible (les CPGE littéraires recrutant surtout dans les lycées français de métropole).
Le lycée est aujourd'hui dirigé par la proviseure de la cité scolaire Henri-IV, Stéphanie Motta-Garcia, et le proviseur adjoint, Matthieu Séguin[13]. Certains professeurs des classes préparatoires sont aussi professeurs en grande école.
Débat sur la sélection des élèves
Début 2022, un débat s'ouvre sur la sélection des élèves dans les lycées Henri-IV et Louis-le-Grand, perçus comme emblématiques d'une forme de reproduction sociale. Le rectorat de Paris a annoncé intégrer les deux lycées dans le logiciel Affelnet, ce qui doit en principe contribuer à rendre la sélection « plus juste » et l'ouvrir à des milieux sociaux plus diversifiés. L'entrée dans ces lycées serait ouverte à l'ensemble des élèves d'Île-de-France, sur la base de leur relevé de notes. Ce mode de sélection[Lequel ?] pourrait également créer une « rupture d'égalité ». De nombreuses tribunes sont publiées dans de grands titres de presse nationaux, opposant en général :
le corps enseignant et les représentants de l'Éducation nationale, principalement favorables à l'instauration du logiciel Affelnet[21],[22] ;
les parents d'élèves, les élèves et anciens élèves, ainsi que des élus, principalement en faveur du maintien du système actuel[23],[24],[25],[26].
Structure pédagogique
Structure pédagogique du collège et du lycée pour l'année 2012 - 2013 :
Historiquement, le lycée est l'un des deux premiers du secteur public, en concurrence avec le lycée Louis-le-Grand.
En 2016, le lycée se classe selon le classement de l'Express « 9e sur 110 » au niveau départemental quant à la qualité d'enseignement, et « 42e sur 2 277 » au niveau national[28]. Le classement s'établit sur trois critères : le taux de réussite au baccalauréat, la proportion d'élèves de première qui obtiennent le baccalauréat en ayant fait les deux dernières années de leur scolarité dans l'établissement, et la valeur ajoutée (calculée à partir de l'origine sociale des élèves, de leur âge, de leurs résultats au diplôme national du brevet et de la progression des élèves du lycée par rapport à la moyenne)[29]. D'autres classements donnent des résultats différents, mais au fil des ans le lycée reste toujours au sommet des classements.
En 2019, le lycée Henri-IV est classé onzième lycée de France, selon le classement annuel du Figaro Étudiant[30] et deuxième au classement des lycées les plus primés au Concours général[31]. Par ailleurs, au classement des mentions très bien (résultats 2018), le lycée Henri-IV est 4e, avec 73 % de mentions très bien au classement du Figaro Étudiant[32][pertinence contestée].
En 2023, le lycée Henri-IV est classé deuxième lycée de France, selon le classement annuel du Figaro Étudiant[33][pertinence contestée].
Concours général
Depuis 1747 en France, le concours général est un concours destiné à récompenser chaque année les meilleurs élèves des classes de première et de terminale dans le concours général des lycées. Ce concours est particulièrement difficile puisque seuls 18 élèves au maximum par matière sont récompensés (3 prix, 5 accessits, 10 mentions), alors que le nombre de candidats peut s'élever par exemple à plus du millier dans certaines disciplines.
Les élèves de première peuvent concourir en français, histoire, géographie, arts plastiques, éducation musicale, versionlatine, thème latin, version grecque.
Les élèves de terminale peuvent concourir en dissertation philosophique, sciences de la vie et de la terre, mathématiques, physique-chimie, sciences de l'ingénieur, sciences économiques et sociales, allemand, anglais, arabe, chinois (depuis 2007), espagnol, hébreu, italien, portugais, russe.
Le lycée Henri-IV est le premier vivier de lauréats au concours général. Le concours ne donne pas d'avantages particuliers, même s'il est un plus au sein d'un dossier scolaire pour prétendre à des classes préparatoires. Les élèves qui ont obtenu un prix sont félicités par le ministre de l'Éducation nationale en personne au cours d'une cérémonie qui a souvent lieu dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne à Paris en présence de nombreuses personnalités. Il est ainsi résumé par Maurice Druon, président de l'association des lauréats du concours général en 1973 : « Une aristocratie qui ne se transmet que par le sang des livres, se prouve par un effort de six heures et qui ne donne droit à rien. Une preuve de valeur, et voilà tout1. »
Au lycée Henri-IV, les lauréats sont reçus avec leurs parents lors d'une cérémonie à la fin de l'année et obtiennent le droit de monter au sommet de la tour Clovis.
Nombre de lauréats au Concours général
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
2013
2014
2015
2016
2017
2018
2019
2020
2021
Nombre de lauréats
11
9
11
11
11
13
14
17
16
19
32
27
24
28
15
14
22
27
21
épreuves annulées
9
Classements des CPGE
Le classement national des classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE) se fait en fonction du taux d'admission des élèves dans les grandes écoles.
Au classement des classes préparatoires du Figaro étudiant[34], le lycée Henri-IV est premier dans la voie ECS (économique et commerciale voie scientifique) avec 66,7 % de réussite à HEC. Au classement des classes préparatoires ECE (économique et commerciale option économique), le lycée Henri-IV est deuxième, avec 25 % de taux d’intégration à HEC[pertinence contestée].
En 2018, L'Étudiant donnait le classement suivant pour les concours de 2017 :
Un architecte membre de la congrégation de France, le Père Claude de Creil, fait construire sous le règne de Louis XIV la plupart des bâtiments actuels du lycée. Quatre ailes rayonnent en croix autour d'une rotonde centrale de style baroque.
On y accède par un fastueux escalier de pierre, sous des voûtes soutenues de colonnes. Il est appelé escalier des Prophètes pour les statues en marbre des quatre grands prophètes de l'Ancien Testament qui en gardent l'entrée (Isaïe au nord-ouest, Ézéchiel au nord-est, Jérémie au sud-est, Daniel au sud-ouest), ou parfois encore escalier de la Vierge[50], pour la statue de la Madone placée dans une niche entre deux volées de marches. Chacun des quatre prophètes porte en latin une prophétie tirée de la Vulgate, comme suit :
« Ecce virgo concipiet et pariet filium et vocabitur nomen eius Emmanuel. Iæ C. 7.
Porta hæc clausa erit non aperietur quoniam Dominus Deus Israel ingressus est per eam. Ezechielis C. 44.
Creavit Dominus novum super terram femina circumdabit virum. Ieremiæ C. 31.
Abscissus est lapis de monte sine manibus qui factus est mons magnus. Danielis C. 2. »
« Voici, la vierge concevra et elle enfantera un fils, et appellera son nom Emmanuel. Livre d'Isaïe, chap. 7
Cette porte sera fermée, elle ne sera pas ouverte, car l’Éternel, le Dieu d’Israël, est entré par elle. Livre d'Ézéchiel, chap. 44
L'Éternel a créé une chose nouvelle sur la terre : une femme entourera l’homme. Livre de Jérémie, chap. 31
L'escalier des Prophètes (entre rez-de-chaussée et premier étage) ne mène toutefois plus directement à la coupole (au troisième étage). Bordé d'un garde-corps en fer forgé, un escalier d'apparat les reliait encore en 1960[50], s'enroulant dans une cage étendue sur trois niveaux sous le tambour de la coupole. Mais il fut détruit pour laisser place à un escalier purement fonctionnel, construit sans agréments et morcelant l'ancienne cage en trois niveaux distincts, engendrant ainsi une profonde césure dans le style monumental de l'édifice.
Le cloître et ses statues
Les arcades du cloître datent de 1744. Elles abritent une frise reproduisant la frise des panathénées, exposé au musée du Louvre et British Museum. Deux bustes de poètes en bronze (Alfred de Musset et Casimir Delavigne) surveillent au sud l'accès à la cour Alfred de Musset (ancien élève du lycée), au fond de laquelle se tient le buste de Jean-Jacques Ampère, fils du physicien qui possède également son buste au pied de l'escalier des Ambassadeurs, appelé jusqu'en 2012 cour des internes. C'est le mur de la salle des Actes, où sont exposées deux pierres tombales découvertes lors des excavations du printemps 1996. Des colonnes corinthiennes, vestiges du cloître gothique, sont exposées le long du mur ouest. L'administration occupe l'aile correspondant au mur nord, au-dessus de l'entrée. Un accès sous la tour Clovis donne accès à la cour Descartes (Clovis est enterré sous l'ancienne abbaye Sainte-Geneviève, aujourd'hui lycée Henri-IV — la dénomination de la cour Descartes est due à sa proximité immédiate avec la rue Descartes, prolongement de la rue Mouffetard).
Au centre du cloître, deux statues fleuries. La plus récente, en pierre, représente un poilu de la Première Guerre mondiale soutenu par une allégorie féminine. Face au couple, un buste en bronze d'un élève ayant combattu lors de la guerre de 1870-1871.
La tour Clovis est le vestige de l'ancien clocher d'une église disparue entre le lycée et l'église Saint-Étienne-du-Mont. En 1803, la percée de la rue Clovis et la construction de la façade du lycée la dégage du complexe religieux. Depuis elle sonne un carillon distinct tous les quarts d'heure, et annonce les heures.
La base de la tour, avec des baies en cintre date de Philippe Auguste. Ce même roi fait du monastère Sainte-Geneviève le gardien de la porte sud de Paris, dans l'actuelle rue Descartes. Des tronçons de l'enceinte de Philippe Auguste sont visibles rue Clovis (en descendant prendre le métro Cardinal-Lemoine) et rue Jacques-Henri Lartigue (depuis la Bibliothèque des littératures policières). Le nom de la place de la Contrescarpe, rendez-vous le midi des lycéens, témoigne des fossés du mur.
Les ogives du premier et deuxième étage datent du XIVe siècle. Le couronnement du gothique flamboyant, reconstruit après 1483. Une comparaison est intéressante avec le clocher de l'église Saint-Nicolas-des-Champs à l'autre extrémité du vieux Paris de Philippe Auguste.
La chapelle du lycée
Le lycée possède un internat et une aumôneriecatholique. La messe est dite deux fois par semaine dans la chapelle du lycée à laquelle on accède par un escalier dans le mur ouest du cloître. Elle possède un petit orgue (le facteur d'orgue John Abbey en réalisa un pour le lycée au XIXe siècle) et des concerts, comme celui des lycéens en fin d'année, y sont célébrés.
La chapelle était en fait le réfectoire des moines. En dessous, au rez-de-chaussée se trouvait le cellier, avec ses voûtes basses. Elle est transformée en chapelle au XIXe siècle.
Une ligne de Midi, sans son stylet, est encore visible sur un contrefort de l'église Saint-Étienne-du-Mont, rue Clovis face au lycée. Elle indiquait au moines de l'abbaye Sainte-Geneviève l'heure du midi pour la prière[53].
Dans l'enceinte même du lycée subsistent deux cadrans solaires, placés dos à dos dans les cours Descartes et du Méridien, au troisième étage. Ils ont été montés au XVIIIe siècle par Alexandre Guy Pingré, alors bibliothécaire de l'Abbaye royale de Sainte-Geneviève. Il se rendra célèbre en 1761 lors d'une expédition à l'île Rodrigue pour mesurer le transit de Vénus.
Celui de la cour du Méridien est plein sud, mais du fait d'une mauvaise restauration n'est pas tout à fait à la verticale, ce qui fausse la lecture[54]. Son double, cour Descartes est donc plein nord. Le style est absent, mais de toute façon son orientation ne permettrait de lire l'heure que de 5 h à 8 h et de 18 h à 20 h, comme en témoignent les lignes gravées. Une devise s'y déploie : Vix Orimur Et Occidimus, soit « À peine paraissons-nous que nous disparaissons [les heures] ».
Au centre de la cour du Méridien se trouve le cosmographe, sphère armillaire géante qui donne son nom à la cour. Il a été installé en 1861. Haut de 3 mètres, le cercle équatorial fait 1,60 mètre. Il faut le voir de nuit. Son axe pointe l'étoile polaire, c'est-à-dire qu'il est exactement dans l'axe de la Terre. Les deux autres cercles présentent le méridien, le le point vernal, dans la constellation des poissons y passe exactement à la verticale. L'autre cercle présente le plan de l'équateur terrestre[53].
↑Patrick Harismendy, « La naissance des paroisses officielles du Paris protestant réformé (1860-1882) (suite) », Bulletin de la Société de l'Histoire du Protestantisme Français (1903-), vol. 136, , p. 421–487 (ISSN0037-9050, lire en ligne, consulté le )
Victor Chauvin, Histoire des lycées et collèges de Paris : suivie d'un appendice sur les principales institutions libres et d'une notice sur le concours général, Librairie L. Hachette et Cie, Paris, 1866, p. 101-118, 197-199 (lire en ligne)
Sources primaires :
L'Émoi de l'histoire, no 14, revue de l'Association historique du lycée Henri-IV, Paris :
« Henri-IV », no 14
« Numéro spécial bicentenaire du lycée Henri-IV », no 17
Sophie Peltier-Le Dinh (dir.) et Danielle Michel-Chich (textes) (préf. Patrice Corre, photogr. André Arnold-Peltier), Le Lycée Henri-IV : Entre potaches et moines copistes, Paris, Pippa, coll. « Itinérances », , 96 p. (ISBN978-2-916506-16-6).
Sarah Pochon, Derrière la grande porte : Une année à Henri-IV, Bordeaux, Éditions du Détour, , 220 p. (ISBN979-10-97079-69-7).