En 1937, Hélène a 15 ans et écrit au courrier des enfants du quotidien communiste L'Humanité[10],[11],[12]. Quand elle commence ses études à la Faculté des lettres de Paris, elle milite aux Étudiants communistes. Elle participe à la manifestation du à l'Arc de triomphe, en commémoration de l'armistice de novembre 1918. Elle est arrêtée une première fois le à son domicile de Montrouge lors de la vague d'arrestations menées par la brigade spéciale anti-communiste (BS1) à la suite de l’affaire dite de la « bibliothèque Mazarine »[13], où des tracts de propagande communiste, destinés aux étudiants, étaient insérés dans les livres. Dix-neuf étudiants communistes dont Jean Commère, Gisèle Vallepin (épouse Commère), Maurice Delon[14], Claude Lalet[15], Eugénie Lory[16] (épouse Lalet), Jean Rozinoer[17], René Revel, Pierre Kast[18], Bernard Kirschen[19], Jules Bresson, Jean Trouble, Raymond Guglielmo[20], Paulette Levy, Jean Levy, Jean Gros[21], Olivier Souef[22],[23], Pierre Daix[24], Jeanne Brunschwig[25] sont arrêtés et inculpés de propagande communiste.
Elle est condamnée[27] le à 3 mois d’emprisonnement par la 15e Chambre du tribunal de première instance de la Seine pour propagande communiste en infraction au décret du et libérée le jour même car elle avait purgé sa peine pendant son incarcération préventive. Elle reprend immédiatement ses activités de résistante.
À partir de , onze inspecteurs de la brigade spéciale BS1 entament la filature méthodique des militants engagés dans l’impression et la diffusion de journaux et de tracts communistes (Affaire Arthur Tintelin[28]). André Diez[29] dit Dédé le boiteux, un des responsables de l’organisation, est arrêté le , tout comme Yvonne Picard, qui sera déportée à Auschwitz. Hélène Rounder, dont le nom apparait dans les documents d'André Diez est arrêtée le à son domicile. Au total une soixantaine de personnes sont appréhendées et certaines torturées.
Hélène Rounder est enfermée à la prison de Fresnes, puis au dépôt de la préfecture de police de Paris du au , et enfin au fort de Romainville du au . Les autorités allemandes l’ayant identifiée comme juive, elle est séparée de ses camarades communistes et internées au camp de Drancy du au , où elle travaille comme enseignante pour les enfants du camp, puis aux "effectifs" (rédactrice de carte d'internés).
Depuis Drancy, elle est déportée le par le convoi no 57 au départ de la gare du Bourget. À son arrivée à Auschwitz, le , elle est tatouée avec le numéro de matricule 50290 et un triangle pointe en bas sous ce numéro[30]. Elle a 21 ans.
Hélène Rounder échappe à l'extermination après avoir été recrutée dans l’orchestre des femmes d’Auschwitz en tant que violoniste et copiste[31]. Elle y retrouve d’autres Françaises dont Claire Monis et Fanny Ruback qui survivront également. On retrouve sa trace sous le nom de « la petite Hélène »[1] parmi les membres de toute nationalité de cet orchestre, ainsi qu’un permis de travail (Arbeitseinsatzkarten[32]) dans les archives de l’ITS Arolsen[33] et du musée d'Auschwitz-Bikenau[34]. Les survivantes sont transférées le , au camp de Bergen-Belsen, où elles arrivent le . Le camp est libéré le par l'armée britannique.
Rapatriée à Paris par avion le , Hélène Rounder retrouve pour quelques mois sa sœur Marie en Seine et Marne : Celle-ci ne la reconnaît pas - Hélène est atteinte de scorbut. Leur mère Louise est décédée[3] d'un cancer le à Paris dans un hospice proche de la cité internationale universitaire de Paris. Leur père, arrêté peu après elle dans la rafle du Vel d'Hiv, a été déporté par le convoi no 7 du et gazé[35] à son arrivée à Auschwitz le . L'entreprise familiale a été aryanisée[36].
Après guerre
Au sortir de la guerre, Hélène s’engage dans l’armée française pour une courte période de 2 ans avec un poste à Berlin comme attachée « traducteur rédacteur » 1re classe au groupe français du Conseil de Contrôle (division de l'Agriculture et du Ravitaillement).
Elle obtient son certificat d’appartenance[37] aux FFI en 1950 en raison de son appartenance au FFC – réseau Front National – de au , puis du au . Elle reçoit le statut de « déportée politique », mais sa demande de « déportée résistante » arrive après les délais légaux (forclusion en 1951).
Elle obtient sa licence de lettres de la faculté de Paris en 1952, après avoir repris ses études commencées en 1941.
Hélène s’engage dans une association vouée aux enfants : le centre international de l'enfance, situé à l'époque au Château de Longchamp, dans le 16e arrondissement de Paris, en tant que secrétaire de direction bilingue entre le et le [38]. Elle part quelques jours en mission à Brazzaville au Gabon.
Elle se marie[39] à Marseille avec Lucien Diatkine en 1955 et emménage à la cité radieuse de LeCorbusier. Le couple n'aura pas d'enfant. Elle obtient sa licence d’anglais à l’université d’Aix-en-Provence. Elle parle aussi l’allemand, notamment avec une réfugiée allemande d’après-guerre en provenance de Leipzig : frau Martha Möler.
Elle garde toujours un violon avec elle à Marseille mais n'en jouera plus, préférant l'harmonica. Attirée par les Beaux-Arts – elle dessine très bien – elle fréquente les milieux artistiques et a des amis architectes.
Hélène poursuit son engagement social auprès de l'ORT France, institution juive d'éducation et de formation, créée en 1921, et participe au jumelage des villes de Marseille et de Haïfa en Israël. En 1967, juste après « la guerre des 6 jours », elle se rend en Israël revoir ses amis peintres : Kurt Heinberg et son épouse, mais aussi l’ancien consul d'Israël rencontré à Marseille : Avner Arazi.
Mort
Frappée par un cancer du sein, Hélène meurt à Marseille le des suites de cette longue maladie[3]. Son nom a été gravé sur le Mur des Noms au Mémorial de la Shoah rue Geoffroy-l’Asnier à Paris (IVe arr.), dalle no 39, colonne no 13, rangée no 3.
Notes et références
↑ a et bJean-Jacques Felstein, Dans l'Orchestre d'Auschwitz : le secret de ma mère, Paris, Imago Editions, , 206 p. (ISBN9782849520949), p.86, p.174, p.203.