Horst Siegmund Rosenthal naît le , à Breslau en Pologne, dans une famille de la petite bourgeoise juive locale. Rosenthal, militant social-démocrate, émigre à Paris en pour fuir l'Allemagne nazie[1]. Dans les années suivantes, il occupe divers petits emplois tout en prenant des cours de dessin[1]. Brièvement incarcéré au camp de Marolles au début de la Seconde Guerre mondiale avec d'autres citoyens allemands, Rosenthal est libéré peu après[2].
Il est à nouveau incarcéré le , d'abord à Dreux puis dans d'autres camps destinés aux réfugiés politiques allemands, avant d'être transféré au camp de Gurs le avec d'autres juifs[3]. Les prisonniers comptent de nombreux enfants et Rosenthal « travaille au service du Secours suisse et de sa nursery »[4]. Il y réalise trois carnets de dessins et, notamment, en 1942, une bande dessinée de 15 pages, Mickey au camp de Gurs, relatant son internement, premier usage métaphorique de la souris pour désigner les victimes du génocide juif, 50 ans avant Maus d'Art Spiegelman[5]. En effet, Rosenthal se dépeint sous les traits de Mickey[6]. Ce choix artistique s'explique, entre autres, par l'immense popularité de Mickey Mouse, par sa symbolique d'innocence[7] et par la volonté de ne pas choquer les lecteurs, à savoir les enfants enfermés[4]. L'auteur, au lieu de montrer les horreurs, « peint la machine bureaucratique à l'œuvre dans les camps »[6]. Les autres carnets de l'artiste sont La Journée d'un hébergé et Petit guide à travers le camp de Gurs[6].