À l'instar de la plupart des autres peuples gaulois, l'ethnonyme latin des Lingons, en l'occurrence Lingonenses, s'est transmis dans le toponyme actuel de leur civitas en Gaule transalpine, l'ancienne Andemantunnum rebaptisée Langres, qui devint l'un des plus puissants évêchés du royaume de France. Fondée plus tardivement que cette dernière, leur métropole méridionale, Divio, est devenue la capitale historique de la Bourgogne : l'actuelle Dijon.
Pagus Divionensis : Dijonnais (correspondant approximativement aux cantons de Chenove, Dijon, moitié-est de celui de Fontaine-les-Dijon, moitié-est de celui d'Is-sur-Tille, moitié-est du canton de Talant et du canton de Longvic)
Pagus Duesmonensis : Duesmois (correspondant approximativement au quart-sud du canton de Châtillon-sur-Seine ainsi qu'à la moitié nord et au quart sud-est de celui de Montbard et à la moitié-ouest de celui d'Is-sur-Tille)
Pagus Latiscencis : Lassois (correspondant approximativement aux trois-quarts nord du canton de chatillon et à l'ancien arrondissement de Bar-sur-Seine, excepté l'ancien canton de Chaource)
Pagus Mesmontensis : Mémontois : correspondant approximativement au quart nord-ouest du Canton de Talant et à la moitié-ouest de celui de Fontaine-les-Dijon
Pagus Portisiorum (ou Porticianus ou bien Portensis) : Portois (uniquement la partie occidentale située à l'ouest de la Saône et comprenant notamment Portus-Abucinus)
Selon Jacques Lacroix[15] et Xavier Delamarre[16], l'ethnonyme « Lingons », issu du latinLingonenses, serait basé sur la racinegauloiseling signifiant « sauter » ou « bondir » (en vieil irlandais, lingid se traduit par « il saute »). Plusieurs acceptions sont donc possibles : « les sauteurs », « les bondisseurs » (« les danseurs » ?), voire « les jureurs » pour Xavier Delamarre... En effet, d'après le Dictionnaire des symboles de Jean Chevalier et Alain Gheerbrant[17]: « Pour les Celtes, le jeu est un exploit guerrier et le saut est à cet égard un art martial permettant d'échapper à son adversaire ou de le contrer (à l'instar de celui de Lug)... Il peut être aussi l'expression d'une injure ou d'une violente colère (à l'instar de celui de Cúchulainn)... Un peuple de la Gaule, les Lingons, s'appelle ainsi les sauteurs... Cependant, dans d'autres traditions celtiques, le saut est symbole d'ascension céleste...»[18].
Les stratigraphies des sites précités suggèrent que le territoire originel des Lingons ait déjà pu constituer une « plaque tournante » au débouché septentrional du Couloir Saône-Rhône, l'influence des groupes mésolithiques locaux en termes démographique et culturel dans l'accueil ou le développement de l'économie de production restant à mesurer[A 5],[note 11].
« Premières sociétés rurales » du territoire originel des Lingons
Sous un climat s'adoucissant sensiblement (température moyenne supérieure de 3 à 4 °C à celle du XXe siècle), la chênaie mixte (chêne, tilleul, orme et noisetier) se développe[37]. Les habitats de « surface » reconnus confirment une occupation non sélective des sols et donc l'achèvement du processus de colonisation de l'ensemble du territoire engagé dès le début du Néolithique moyen. En outre, l'importance du mégalithisme indique un peuplement dense et stable[A 10].
« Énéolithique » en territoire originel des Lingons
L'industrie lithique voit se généraliser les armatures de flèche triangulaires à pédoncules et ailerons ainsi que les racloirs à encoches latérales et les poignards, ces derniers étant fréquemment taillés dans le silex importé du Grand-Pressigny (identifié notamment à Nicey, Balot et Vannaire)[B 6]. Les poteries en forme de gobelet sont décorées de lignes ou de bandes tracées à la cordelette ou au peigne à dents carrées sur la pâte fraîche. Ces gobelets sont généralement accompagnés in-situ d'objets de cuivre ou de bronze comme la petite plaque de Ternant ou l'alène de Fleurey-sur-Ouche[B 6]. Outre l'apparition de ces petits objets funéraires métalliques, la diffusion du métal sur le territoire originel des Lingons se manifeste par quelques objets plus significatifs tels que la grande hache plate en cuivre d'Auxonne[B 7] ou celle plus petite de Duesme.
« Bronze nord-alpin » en territoire originel des Lingons
Au début du Bronze moyen centreuropéen, la culture centreuropéenne des « Tumuli orientaux » s'étend au centre-est de la France. Cette culture, caractérisée par l'inhumation sous tumulus déjà pratiquée régionalement au Néolithique moyen, prend place sur un substrat culturel du Bronze moyen héritant de l'extension occidentale de la Culture d'Unétice, aux confins des aires de diffusion de l'Épicampaniformerhôdano-rhénan et du Groupe des urnes à décor plastique. Le territoire lingon voit de nombreux tumuli s'y ériger, particulièrement dans les secteurs correspondant à l'arrondissement de Langres[21] et au Châtillonnais[22],[36],[note 33]. Les inventaires archéologiques de ces sépultures révèlent une modification régionale de la circulation du métal. Vers -1450, une évolution artistique se dessine dans la production d'objets d'apparat tels que ceux de la tombe-A de la Combe-Bernard à Magny-Lambert : paire de jambières à double spirale, épingle à fût côtelé, bracelets torsadés, torque filiforme, bague spiralée, applique discoïde[42]...
Territoire originel des Lingons dans le « Complexe des champs d'urnes »
L'évolution artistique de la période précédente s'affirme, à l'instar de la remarquable paire de jambières de bronze à double spirale et jambard décoré de motifs géométriques livrée par la fouille de la « sépulture féminine 1 » de Veuxhaulles-sur-Aube ainsi que de la magnifique céramique de la « grotte de Roche-chèvre » à Barbirey-sur-Ouche[27].
« Culture-R.S.F.O.» en territoire originel des Lingons
Les profits résultant de la diffusion des objets manufacturés développés lors de la précédente période et la spécialisation du travail correspondante induisent une nouvelle structure sociale, augurant de la forte hiérarchisation de la société du Hallstatt[45],[46].
Des ensembles d’armement[47] se multiplient dans les sépultures et dépôts[48],[note 36]
tels que celui de Marmesse ayant livré en particulier plusieurs cuirasses[note 37] ou ceux de Chaugey, Cérilly et Buchères[note 38] ayant livré notamment des haches à douille. La quantité et la diversité de provenances d'objets « d'origine étrangère » retirés de ces sépultures et dépôts, ainsi que l'aire de diffusion d'un bon nombre d'objets d'origine lingonne, font apparaître le territoire lingon originel comme une zone d'échanges culturels et économiques en marge occidentale d'un « Complexe techno-économique nord-alpin »[49],[50], au carrefour des routes de l'ambre et de l'étain entre Bassin méditerranéen, Europe centrale et Arc Atlantique[51].
Concomitamment à l'affirmation du territoire lingon en tant que zone d'échange de biens culturels, son organisation agraire se renforce par l'implantation de centres d'exploitation agricole structurés, comme l'atteste notamment le Site des Corvées à Lavau[52].
Au début de la phase initiale du Hallstatt, la structure sociale de l'espace culturel centreuropéen, auquel sont directement associés les Lingons[54], s'apparente à une « chefferie » : une communauté agro-pastorale sous l'autorité d'une élite de cavaliers-guerriers s'imposant à un groupe social de quelques milliers de personnes au plus[55].
Outre leur hiérarchisation marquée, les sociétés du Hallstatt se caractérisent par un changement des pratiques funéraires se singularisant par la réapparition de l'inhumation et sa coexistence avec la crémation pratiquée lors de la période précédente ainsi que par la réapparition du phénomène tumulaire en sépulture individuelle, particulièrement en territoire lingon[59],[21] où l'usage des tumuli est établi de manière plus ou moins continue depuis le Néolithique moyen bourguignon. Certains défunts sont incinérés, comme au « tumulus-2 » des Tillies au pied du Mont Lassois[60], ou bien inhumés, comme au « tumulus Jean-Jacques » à Villecomte ou à celui de Bressey-sur-Tille[61].
À partir d'environ -480, la culture de la Tène se diffuse en territoire lingon. Cet apport culturel[103] est marqué à son début par une mutation de la société du Hallstatt final, conséquence d'une crise interne[104], de la réorganisation des circuits commerciaux ou des luttes entre Grecs et Étrusques pour le contrôle des échanges commerciaux[105]. Les « citadelles » du premier âge du fer, poumons des relations commerciales, sont abandonnées au profit d'un mode de vie plus rural dominé par une chefferie guerrière[106]. Certains territoires, dont celui des Lingons, apparaissent comme de nouveaux pôles de développement économique et culturel du « Monde celtique centreuropéen »[107].
Les importations méditerranéennes décroissent, les bijoux sont moins somptueux, les sépultures des personnalités de haut-rang perdent de leur monumentalité tout en conservant leur mobilier type[64]: le poignard de parade fait place à la panoplie guerrière complète[111], le char à deux roues, plus léger et plus rapide, y succède à celui à quatre roues (tombe à char de Michaulot à Bouranton[112])[113]. Les longues épées de fer à tranchants parallèles (telle que celle dite de Langenlonsheim mise au jour à la Motte-Saint-Valentin[114]), caractéristiques de l'équipement militaire laténien[note 55], supplantent les armes de la période antérieure. De nouveaux types de fibules apparaissent. Les récipients destinés au vin tels que le tonneau et les vases en céramique, bien que ces derniers soient encore inspirés des œnochoésétrusques, sont fabriqués par des artisans locaux. Un art décoratif original s'affirme[115], dont la contribution des Lingons est attestée par des objets telle que la rouelle de Balesmes-sur-Marne[89].
Alors que l'usage du tumulus se perpétue dans la partie méridionale du territoire lingon, des nécropoles de tombes plates sans tumulus, destinées aux défunts des catégories populaires, se développent sous l'influence de la « culture Marnienne » dans les hautes vallées de la Marne et de l'Aube. Les femmes portent des agrafes de ceinture, des fibules, des torques. Les fantassins sont inhumés avec leur armement[116] : épée, lance, javelot, cotte de mailles[117]... Cette dernière deviendra la lorica hamata, à la suite de son adoption par l'Armée romaine après les raids gaulois en Italie péninsulaire auxquels participeront les Lingons[118].
Les Lingons dans « l'expansion celtique de la Tène »
Alors que le « Monde celte » apparaît globalement stable au milieu du Ier millénaire av. J.-C., les IVe et IIIe siècles av. J.-C. voient d'importants groupes de populations relevant de cette entité culturelle se mettre en mouvement vers la plaine Padane, la Pannonie, le bassin des Carpates, les Balkans et la Grèce puis l'Asie Mineure[119],[120].
En dépit de leur pugnacité, les Sénons doivent se retirer d'Étrurie et se replier sur la Plaine padane en -232. En -225 les Insubres sont défaits à la bataille de Faesulae et perdent Mediolanum. Après l'échec de leur contre-offensive à Télamon la même année malgré le renfort des Gésates, les Gaulois cisalpins ne parviennent pas à contenir la poussée de Rome, les Insubres étant défaits à Clastidium en -222. Lors de la deuxième guerre punique, les Gaulois cisalpins s'allient à Carthage (excepté les Taurins s'étant opposés au passage des troupes d'Hannibal sur leur territoire). L'issue du conflit n'ayant pas été favorable à la Cisalpine gauloise, les Romains défont de nouveau les Gaulois cisalpins à Betriacum en -200, bataille à l'issue de laquelle seuls les Boïens et Insubres opposent une résistance. Après la reddition de ces derniers à Mutina en -194, les Boïens résistent face à Rome jusqu'en -191. Dès lors, la Gaule cisalpine tombe sous la dépendance de la République romaine[123],[124],[125].
L'espace agraire s'étend sensiblement au détriment de la forêt, entraînant la mise en place d'un découpage parcellaire, canevas de celui de l'époque romaine[note 62]; haies et fossés apparaissent, tant sur les terres agricoles qu'en forêt (notamment dans celle de Châtillon-sur-Seine[note 33]). L'activité agricole affectant rapidement et à grande échelle coteaux et plateaux provoque une érosion des sols dont les limons s'accumulent en fond de vallées, conduisant au comblement des zones humides qui laissent place à la prairie[140], Sur les espaces ainsi ouverts de nombreux établissements ruraux s'implantent, aux emplacements desquels succèderont pour certains des villas rurales gallo-romaines[141], comme en témoignent les traces de leurs substructions apparaissant à la photographie aérienne[142].
Les mutations de la Tène finale révèlent une nouvelle organisation de la société gauloise, marquée par l'influence grandissante des druides et l'autorité de l'aristocratie militaire incarnée par les vergobrets. Il apparaît aussi que la royauté, familière aux Gaulois au cours des siècles précédents, a désormais disparu au profit des oligarchies dominantes des diverses cités. Les profondes transformations de la société gauloise et les migrations des Belges ont sérieusement ébranlé un « Monde celtique » dont le centre de gravité se trouve à ce moment-là en Gaule transalpine, laquelle doit compter avec la pression des Germains au nord-est et l'implantation romaine au sud[143].
Développement économique des « Lingons transalpins »
La « Zone du Denier », de laquelle relèvent les Lingons[176], prend une importance géostratégique avec la guerre des Cimbres voyant ces derniers et leurs alliés la traverser vers -110 avant de s'imposer en Gaule chevelue et Narbonnaise[177]. Cette importante violation de la souveraineté territoriale de Rome prend place dans une crise politique affectant la République romaine. Pour repousser les « barbares », Caius Marius modifie les règles du recrutement militaire, ses victoires contre Jugurtha et la qualité de son commandement lui conférant un grand prestige et un important pouvoir politique. Cela subordonne à la réussite militaire l'ascension politique à Rome. Dès lors, une compétition pour l'accès aux postes clés de l'armée romaine s'engage entre les plus grands aristocrates tel que Jules César, lequel sera confronté à la pression des Germains sur le nord-est de la Gaule transalpine et ses conséquences[178].
Conséquences géostratégiques de l'« Expansion germanique » du premier siècle av. J.-C.
Conséquences de la « migration des Suèves » sur la « Zone du Denier »
Durant leur périple à travers la future Germanie et en Norique, les Cimbres et leurs alliés ont bousculé les populations des territoires traversés, dont celles d'une bonne partie des « peuples celtiques » d'Europe centrale et de l'important « groupe germanique » des Suèves, ce dernier occupant alors un vaste territoire au nord-est de l'actuelle Allemagne[177]. Au début du Ier siècle av. J.-C. une grande partie des Suèves se met en mouvement vers le sud-ouest et se heurte aux « peuples celtiques » des marges méridionales et occidentales de l'Espace germanique dont certains, en dépit de leur résistance, doivent migrer vers des territoires moins exposés[179]:
Poursuivant leur avancée dans les Champs Décumates, les Suèves s'adjoignent les Vangions avec lesquels ils atteignent le Rhin vers -65. Au nord, ils sont confrontés pour un temps à la résistance des Ubiens qui parviendront à se maintenir sur la rive-droite du Rhin jusqu'en -39 ainsi qu'à celle des Usipètes et Tenctères qui devront trouver refuge sur le territoire des Ménapiens en -55[179].
Solidement établis sur la moyenne vallée du Rhin[181], Suèves et Vangions sont au contact des Séquanes alors que ces derniers et leurs alliés Arvernes sont en guerre contre les Éduens auxquels ils disputent ainsi qu'à leurs alliés Lingons le contrôle des péages de la Saône[182],[note 77]. Les Séquanes pactisent avec le chef suève Arioviste, duquel ils obtiennent une assistance militaire contre les Éduens, pendant que Rome doit mater la révolte des Allobroges en Narbonnaise. Comme tribut de ce soutien, les Germains colonisent une grande partie du territoire des Séquanes, lesquels renversent leur alliance en se coalisant avec les Éduens pour les repousser... Après l'échec de la coalition gauloise (Bataille de Magetobriga ?) entérinant la colonisation germanique du territoire séquane, Éduens et Séquanes sollicitent l'intervention de Rome. En tant que proconsul de la Narbonnaise, Jules César est mandaté par le Sénat romain pour contrer la menace germanique, Suèves et Vangions ayant été rejoints par les Harudes(en), Triboques, Marcomans, Némètes et Sédusiens[183]. Refusant la proposition de partition de la Gaule entre Romains et Germains faite par Arioviste, César défait les troupes germaniques fin -58 lors de la bataille de l'Ochsenfeld. Excepté les Triboques ayant pris les deux tiers nord de la plaine d'Alsace au Médiomatriques[181], les Germains rescapés dont Arioviste se replient outre-Rhin[184],[185],[186].
En contrepartie de leur alliance avec Rome et forts d'une certaine puissance militaire[note 84] les Lingons obtiennent, comme compensation de la perte de leur indépendance politique résultant de la victoire romaine en Gaule, le statut de peuple fédéré[192].
Les Lingons « sous la dynastie des Julio-Claudiens »
La Guerre civile met un terme au légitimisme des Lingons qui ne reconnaissent pas le pouvoir de Galba après le suicide de Néron. Cette prise de position entraîne la rupture du fœdus par Galba, la Civitas devenant alors une colonie romaine[200]. Après l'assassinat de ce dernier, Othon octroie la citoyenneté romaine aux Lingons pour s'assurer de leur soutien politique[201], lesquels prennent le parti de Vitellius en dépit de cette faveur[202]. Les Lingons laissent alors la Ve légion, emmenée par Fabius Valens depuis la Germanie inférieure pour tenter de porter Vitellius au pouvoir à Rome[203], traverser librement leur territoire et s'adjoindre les huit cohortesBataves y étant stationnées[204],[note 85].
extrême nord-est, correspondant approximativement au sud-ouest du département de la Meuse et à une partie du tiers occidental de l'arrondissement de Neufchâteau, peut-être annexé à la civitas des Leuques[221]
ancien territoire des Mandubiens vraisemblablement annexé à la civitas des Éduens[222].
La production écrite des évêques langrois au IXe siècle nous renseigne sur leur pouvoir. Ils interviennent majoritairement entre Langres et Dijon, qui semble constituer le cœur de leur pouvoir. Fin IXe siècle, les évêques ont acquis l'essentiel de leur pouvoir politique en plus de leur autorité spirituelle, notamment par des diplômes royaux confirmant leurs droits dans la région. Il s'agit par exemple des droits comtaux. De fait, ils ne font plus appel aux rois au cours du Xe siècle, signe de leur autonomie. Cette autonomie s'est accompagnée de la mise en place d'une chancellerie en charge de la production écrite des prélats : les actes épiscopaux mentionnent toujours un rédacteur, possède une forme particulière (dans l'ordonnancement de l'écriture et dans le contenu), ainsi que des souscriptions autographes des personnes impliquées dans l'acte[343].
En dépit des raids dévastateurs des Normands de 888 à 894, l'évêché de Langres accroît sa prospérité par des acquisitions domaniales successives, son territoire comptant six archidiaconés en 903. En 924, l'évêque de Langres Gosselin II de Bassigny participe à une expédition punitive qui défait le chef normand Ragenold de Nantes. À partir de 927, les évêques de Langres nomment les gouverneurs militaires de la place.
Démembrement en 1731 du diocèse de Langres pour créer celui de Dijon
Sous l'épiscopat de Pierre de Pardaillan de Gondrin, dit Mgr d'Antin, les bourgeois de Dijon obtiennent en 1731, grâce au crédit du prince de Condé, la réalisation d'un projet qu'ils soutenaient depuis deux siècles: l'érection de leur ville en siège épiscopal.
Le nouveau diocèse de Dijon comprenait l'archidiaconé de Dijon, à l'exception du doyennés de Grancey (rattaché à l'archidiaconé de Langres) et d'une partie de celui de Fouvent (rattaché à l'archidiaconé de Bassigny), soit cent trente paroisses, deux cent vingt-sept succursales, et sept abbayes dont deux à Dijon.
Alors l'évéché de Langres cessa de représenter le territoire des ancciens Lingons.
Démembrement en 1801 au profit de Troyes et Dijon, puis rétablissement en 1822
À la suite du concordat de 1801, par la bulle Qui Christi Domini du [360], le pape Pie VII supprime le diocèse de Langres et partage son territoire entre celui de Dijon et celui de Troyes. À la suite de la signature du concordat de 1817, Pie VII prévoit de rétablir le diocèse de Langres. Mais le concordat n'est pas ratifié. Ce n'est que par la bulle Paternae charitatis du [361] que Pie VII rétablit le diocèse.
Annexes
Sources historiographiques mentionnant les Lingons ou leurs territoires
Les Lingons ou leurs territoires sont notamment mentionnés par les historiographes ou mémorialistes anciens suivants :
↑Claudien, Panégyriques, éloge-4,livre-3, panégyrique-100 (Éloge de Stilicon), p.84-87 : « Qui jamais a vu les plaines de la Gaule, les hoyaux du Senonnais enrichir les Latins ou les moissons écloses sous la charrue du Lingon laborieux voguer des champs fertiles de l'Ource vers le Tibre ? Ces récoltes non-seulement ont secouru Rome dans ses besoins...» (lire en ligne)
↑Jules César, La guerre des Gaules, I, 26: « Cent trente mille hommes environ s'échappèrent et durant cette nuit-là ils marchèrent sans arrêt. Le quatrième jour, sans jamais avoir fait halte un moment la nuit, ils arrivèrent chez les Lingons. Nos troupes n'avaient pu les suivre, ayant été retenues trois jours par les soins à donner aux blessés et par l'ensevelissement des morts. » - César envoya aux Lingons une lettre et des messagers pour les inviter à ne fournir aux Helvètes ni ravitaillement ni aide d'aucune sorte, sinon il les traiterait comme eux.
↑De Bello Gallico, livre 1, paragraphe 40, trad L.-A. Constans, ed.Les Belles Lettres, coll.Budé :...Du blé, les Séquanes, les Leuques, les Lingons en fournissaient, et les moissons étaient déjà mures dans les champs...(« Discours de César » succédant à « la Panique de l'armée romaine »)
↑Jules César, La Guerre des Gaules, VII, 63: « La décision est laissée au suffrage populaire. Celui-ci confirme à l'unanimité Vercingétorix dans le commandement suprême. Les Rèmes, les Lingons, les Trévires ne prirent point part à cette assemblée ; les premiers parce qu'ils restaient les amis de Rome, les Trévires parce qu'ils étaient trop loin et étaient menacés par les Germains. »
↑Jules César, La guerre des Gaules, VII, 11: « En attendant, César emprunte à tour de rôle à la cavalerie des Rèmes, des Lingons et des autres peuples dont il avait mobilisé un fort contingent.»
↑: Lucain, Pharsale / livre-1.i-v.398 : «...On quitte les tentes plantées aux bords du Léman profond et les camps assis sur les roches escarpées des Vosges pour contenir le belliqueux Lingon aux armes peintes...»
↑Le 2 janvier 69, le légat de légionFabius Valens entre à Cologne où sa cavalerie salue Vitellius. Ce dernier le charge de traverser la Gaule avec Alienus Caecina et de fondre sur Rome pour renverser Galba. La nouvelle de l'assassinat de Galba et de l'élévation d'Othon parvient à Valens alors sur le territoire des Leuques, à la tête de troupes d'élite de la Germanie inférieure : Ve légion augmentée de forces auxiliaires, soit environ 40 000 hommes. Tacite décrit l'expédition de Fabius Valens comme émaillée d'exactions contre les populations locales : Metz en particulier eut à déplorer le massacre d'environ 4 000 personnes. Après avoir traversé le territoire des Leuques, le corps expéditionnaire se rend en territoire lingon.
↑D'après l'épigraphie locale (site Livius) et selon Frontin dans son Stratagemata (information reprise par Tacite), les cantonnements de trois de ces cohortes auraient été les suivants (le cantonnement de la « Troisième cohorte de cavalerie lingonne » étant inconnu) :
« Première cohorte de cavalerie lingonne » basée à Bremenium (High-Rochester en Northumbrie) après avoir servi sous Quintus Lollius Urbicus lors du soulèvement des Brigantes, puis à Longovicum (Lanchester dans le Durham) après avoir été renommée « Première cohorte de cavalerie Gordienne »
↑Le trésor votif monétaire des thermes de Bourbonne-les-Bains fait apparaître une quasi-absence de fréquentation à partir d'environ 275 (Henri Troisgros, Bourbonne-les-Bains et sa région, Dominique Guéniot à Langres, 1994, p.53) et la destruction de Vertillum est attestée vers cette date (M.Jouin, Un siècle de fouilles à Vertault, Dossiers d'Archélologie no 284 : Vix, le cinquantenaire d'une découverte / juin 2003)
↑Selon Guillaume Flamang, Chanoine à Langres en 1482, les Vandales conduits par un certain Chrocus auraient décapité l'évêque de Langres Dizier (lire en ligne).
↑463 pour Justin Favrod dans Les Burgondes, un royaume oublié au cœur de l'Europe - Presses polytechniques et universitaires romandes, 2002, p.64 (ISBN2-88074-596-9) « lire en ligne »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?). Pour Katalin Escher dans Genèse et évolution du deuxième royaume burgonde, 443-534, vol.2, p.773 : « date indéterminée après 463 »
↑Soupçonné de pactiser avec les Francs, l'ancien évêque de Langres Apruncule s'établira ultérieurement à Rodez où il aura Quintien comme successeur en tant qu'évêque.
↑Selon J. Marilier dans son Histoire de la Côte-d'Or, chap. Moyen Âge, p.115 : « En prenant en compte un faisceau d'indications précises fournies par les chroniques, cette bataille a dû se dérouler près de Saint-Apollinaire, à environ à deux milles du castrum de Dijon. L'auteur cite comme source Les miracles de saint Apollinaire, texte du Xe siècle (éd. Acta sanctorum, juillet, V, p. 353)
↑La date de fondation de l'abbaye de Pothières demeure imprécise : Hugues de Poitiers cite dans son Histoire de l'abbaye de Vézelay depuis le règne de Charles-le-Chauve jusqu'en 1147 la 23e année du règne de Charles II le Chauve, donc 863; l'historien Dom-Plancher évoque quant à lui une date située entre 859 et 867...
Jean Jacques Thévenard, Alain Ville & Robert Neiss, La Haute-Marne, Paris, Maison des sciences de l'Homme, coll. « Carte archéologique de la Gaule », , 372 p. (ISBN2-87754-049-9)
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Bibliographie se rapportant aux Lingons
N.B.: classement chronologique selon l'année de publication
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
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S.Migneret, Précis de l'Histoire de Langres, Dejussieu, Langres, 1835
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Georges Drioux, Les Lingons : textes et inscriptions antiques. Les Belles Lettres, Paris, 1934
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Yann Le Bohec et André Buisson, Traduction du Testament du Lingon, Université Jean-Moulin - Centre d'études romaines et gallo-romaines, 1990
Venceslas Kruta, Les Celtes en Italie, Mondadori, Milan, 1999
Martine Joly, Carte archéologique de la Gaule : Langres, 52/2 - pré-inventaire archéologique publié sous la responsabilité de M. Provost, Académie des inscriptions et belles-lettres - Ministère de la Culture et de la Communication, Maison des sciences de l’Homme, Paris, 2001
Yann Le Bohec, Inscriptions de la cité des Lingons & lapidaire de la Civitas fœderata lingonum, CTHS, Paris, 2003
René Goguey, « Légionnaires romains chez les Lingons : la VIIIe Augusta à Mirebeau », Revue archéologique de l'Est, 2008, no 58 (lire en ligne)