Du point de vue des Romains, les territoires au nord de la Narbonnaise, à l'ouest et au nord jusqu'à l'Océan, à l'est jusqu'au Rhin et aux Alpes, se composaient de trois parties, comme l'explique César dans ses Commentaires sur la Guerre des Gaules :
« L'ensemble de la Gaule est divisé en trois parties : l'une est habitée par les Belges, l'autre par les Aquitains, la troisième par le peuple qui, dans sa langue, se nomme Celte, et, dans la nôtre, Gaulois. […] Les Gaulois sont séparés des Aquitains par la Garonne, des Belges par la Marne et la Seine. »
L'expression « Gaule chevelue », assez vague, montre l'ignorance qu'avaient les Romains de cet immense territoire. La description qu'en fait César au début de ses Commentaires est plus précise. Il note d'ailleurs qu'il n'existait aucune espèce d'unité entre les « trois Gaules » : « Tous ces peuples diffèrent entre eux par le langage, les coutumes, les lois. »[4] Ainsi, si l'organisation sociale des peuples belges, dont César mentionne la bravoure, était vraisemblablement comparable à des chefferies héréditaires, chez les Arvernes ou chez les Éduens, une puissante oligarchie dotée d'une magistrature mal connue (les « vergobrets ») avait supplanté la monarchie avant la fin du IIe siècle av. J.-C.
Origine de l'expression
Des historiens du XIXe siècle ont supposé que l'expression décrivait métaphoriquement un territoire sauvage, peu peuplé, peu exploité et recouvert de forêts. La Gaule chevelue serait donc la Gaule couverte de forêts. Outre que le rapprochement est quelque peu sollicité, il est historiquement inexact : la Gaule chevelue était assez peuplée (environ 12 millions d'habitants) et bien exploitée comparativement à l'Italie ou d'autres contrées connues des Romains. De plus, elle était largement défrichée et les quelques forêts préservées faisaient elles-mêmes l'objet d'une exploitation intensive[5]. Jean Haudry rappelle que l'image des arbres « cheveux de la terre » est une image répandue dans le monde indo-européen comme le montre notamment la correspondance entre l'allemandWald « bois » et le vieil irlandaisfolt « chevelure »[6].
L'explication la plus vraisemblable[7] est que les Grecs et les Romains portaient les cheveux courts et étaient souvent imberbes. Dans la Gaule chevelue les hommes portaient les cheveux longs et, fréquemment semble-t-il, d'épaisses moustaches. Cette explication est corroborée par le fait que les Romains utilisaient aussi d'autres expressions fondées aussi sur l'apparence pour désigner les peuples gaulois : pour la Gaule non romanisée, Gallia braccata (« Gaule en braies »), par opposition à la Gaule romanisée, Gallia togata (« Gaule en toge »). Après la conquête, les hommes romanisés se mirent à la mode romaine et portèrent les cheveux courts et la toge.