Guillaume de Joinville, né vers 1170 et mort le , est un prélatfrançais d'origine champenoise de la fin du XIIe siècle et du début du XIIIe siècle. Il est le troisième fils de Geoffroy IV et de son épouse Helvide de Dampierre.
Tandis que ses frères aînés Geoffroy et Robert héritent des seigneuries de Joinville et de Sailly, il se consacre à la vie ecclésiastique et devient archidiacre de Châlons en 1191.
En 1226, il accompagne le roi Louis VIII à la croisade des albigeois et est présent auprès de l'ost royal lors du siège d'Avignon. Tombant malade devant les murs de la ville, il préfère rentrer dans ses États. Toutefois, sa santé se détériore sur le chemin du retour et il meurt à Saint-Flour. Son corps est alors transporté jusqu'à l'abbaye de Clairvaux où il est inhumé.
Alors que ses deux frères aînés Geoffroy et Robert héritent des seigneuries de Joinville et de Sailly, Guillaume est destiné dès sa naissance à une carrière ecclésiastique. Il est ainsi confié à un précepteur en 1189 avant d'achever sa formation dans les écoles épiscopales à Reims puis de rejoindre ensuite Paris où il enseigne la théologie[V 1],[3]. Dès 1191, il est nommé archidiacre de Châlons[D 1].
Selon certains historiens du XIXe siècle, Guillaume aurait également été moine à l'abbaye de Clairvaux avant de commencer sa carrière à Châlons-en-Champagne[H 1],[4],[V 2].
Dans une charte de 1211, il est le premier à utiliser la formule Miseratione divina Lingonensis episcopus, soit « Évêque de Langres par la miséricorde divine », devenue classique par la suite pour les évêques[H 2].
Afin de protéger le château de Luzy qu'il venait d'acquérir, il fonde vers 1212 une ville neuve sur l'entrée du vallon de Verbiesles. Une charte de cette année explique qu'il donne à un certain maître Jean toutes les terres de la naissance de cette vallée pour les défricher et y établir des colons chargés de garder le passage[6],[7].
Le village porte d'abord le nom de La-Villeneuve-l’Évêque jusqu'en 1371 où il se constituera en corps de paroisse sous le titre de Laville-aux-Bois[6],[7].
Fondation de l'abbaye du Val des Écoliers
C'est en 1201, en venant visiter une chapelle dédiée à la Sainte Vierge qui aurait existé dès le XIIe siècle, que Guillaume, docteur à l'université de Paris, décide de s'y fixer avec trois autres docteurs : Richard, Evrard et Manassès. Ils s'installent aux abords de la chapelle et sont rejoints par d'autres étudiants, ce qui donne au prieuré son nom de « Val des Écoliers ». Afin de favoriser ce nouvel ordre, Guillaume de Joinville leur donne en 1212 un terrain sur lequel ils peuvent construire leur prieuré[8].
Guillaume de Joinville approuve par la suite la règle de saint Augustin donnée à ce prieuré et leur fait diverses libéralités[9].
Mais Simon de Joinville ne respecte pas son serment et prend finalement parti pour son cousin Érard de Brienne[Note 3] contre la comtesse Blanche de Navarre et laisse au début de l'année 1216 son château de Joinville à Érard lorsque celui-ci commence de revendiquer le comté de Champagne par la force[D 2]. Guillaume quant à lui suit la politique du pape Honorius III qui a apporté son soutien à la comtesse, à l'instar du roi de France. Guillaume montre son intégrité en 1216 en donnant son approbation au jugement de Philippe-Auguste qui affirme que le jeune Thibaut ne pourra être poursuivi avant ses 21 ans[AJ 2].
En 1217, lorsque Érard de Brienne et ses partisans sont excommuniés, Guillaume refuse d'appliquer cette sentence malgré les monitions papales et préfère temporiser[AJ 3]. À la fin du conflit, quand Simon, défait, est contraint de se soumettre, le château de Joinville est confié à Guillaume qui se porte de nouveau garant de la fidélité de son frère et promet de livrer le château à Blanche et à Thibaut si les engagements pris par celui-ci ne sont pas respectés[AJ 4].
Alors qu'il a déjà acquis la seigneurie de Chaumont et qu'il convoite celle de Nogent, il souhaite établir une autre place forte dans le Bassigny. Afin de ne pas éveiller de soupçons, il se met d'accord avec Guillaume afin qu'il traite avec l'abbaye Saint-Bénigne de Dijon pour acheter le domaine de Montigny qui leur appartient et sur lequel ils possèdent un prieuré. La même année, Guillaume établit une charte qui associe le comte de Champagne à ses droits sur Montigny et qui stipule qu'ils peuvent d'un commun accord y établir une forteresse à frais communs[11],[12].
Dans les années suivantes, Thibaut achète aux successeurs de Guillaume l'autre moitié de Montigny et y commence la construction du château de Montigny-le-Roi[11],[12].
Le , le roi Philippe Auguste meurt à Mantes et son corps est rapporté à la basilique Saint-Denis pour y être inhumé en grande pompe. Une dispute éclate alors entre Guillaume et le cardinal-légatConrad d'Urach, qui s'occupe de l'affaire albigeoise, pour savoir lequel doit présider la cérémonie. Il est alors décidé que tous deux célèbrent chacun une messe en même temps et sur le même ton à deux autels voisins et qu'il leur serait répondu comme à un seul officiant. Il en est ainsi au grand étonnement de l’assemblée devant cette nouveauté[H 6].
Son frère Simon de Joinville le rejoint environ une semaine plus tard avec le comte Thibaut IV de Champagne, mais ils repartent après 40 jours, estimant leur devoir vassalique rempli, et quittent la croisade malgré les injonctions et menaces du roi de France[D 3],[AJ 5].
Puis Guillaume tombe malade devant les murs de la ville d'Avignon, probablement de la dysenterie qui avait frappé le camp des croisés, et décide de rentrer à Reims. Mais son état empire à Saint-Flour et il lui est impossible de continuer le voyage. Il meurt peu après le , deux jours avant le roi Louis VIII, ce qui l’empêche de couronner le futur Saint Louis[H 7].
Son corps est ensuite ramené à l'abbaye de Clairvaux où il est inhumé au cimetière des moines, à proximité de plusieurs membres de sa famille. En 1311, son neveu Jean de Joinville fait inscrire sur sa tombe l'épitaphe : « Guillaumme qui gist en la tombe cuverte de plomb, qui fut evesque de Langres, puis arcevesque de Rains[H 7]. »
Découverte du tombeau de Guillaume de Joinville
En 1820, lors de fouilles réalisées à l'abbaye de Clairvaux pour la construction de la grande tisseranderie, un tombeau en pierre de taille est découvert au milieu du cimetière des moines et dans lequel se trouvent, outre un squelette de grande taille, trois objets : un crosseron en cuivre fondu ciselé et doré avec des incrustations de grenats et des cabochons de verre coloré, un anneau en or et en argent doré surmonté d'un cabochon de saphir ovale et une épingle en or. Les restes d'une mitre en étoffe de soie et argent, ainsi que des lambeaux d'étoffes comportant des fils d'or et d'agent, sont également découverts[V 3].
L'étude scientifique de ces objets donne une datation du début du XIIe siècle ; ils sont compatibles avec ce que pourrait porter un évêque tel que Guillaume, sachant que les objets sont ceux qu'il aurait utilisés pendant la croisade des albigeois avant de mourir, même s'ils démontrent un certain goût pour l'apparat[Note 4]. De plus, la description de l'emplacement de la tombe correspond aux plans de l'abbaye et de son cimetière dressés avant sa destruction[V 5].
Rapports avec son frère Simon de Joinville
Guillaume de Joinville semble être toujours resté fidèle à sa famille malgré les différents conflits qui ont fait rage.
Ainsi en 1218, son jeune frère Guy de Joinville, qui a obtenu du partage de leur frère aîné Geoffroy V la seigneurie de Sailly, s'estime lésé et revendique auprès de Simon de Joinville le sénéchalat de Champagne. Guillaume intervient alors comme arbitre entre ses deux frères et les incite à trouver un accord. Simon cède ainsi en la moitié de toutes ses possessions en Champagne plus 40 livres et Guy renonce à toute prétention sur la sénéchaussée ainsi qu'à toute autre terre reçue en héritage par Simon. Guillaume dresse alors une charte qui fait savoir que la contestation entre ses deux frères est désormais réglée[D 2].
Puis en 1217, lorsque Érard de Brienne et ses partisans sont excommuniés, Guillaume refuse d'appliquer cette sentence malgré les monitions papales et préfère temporiser[AJ 3].
Enfin, à la fin du conflit, quand Simon, défait, est contraint de se soumettre, le château de Joinville est alors confié à Guillaume qui promet de le livrer à Blanche et à Thibaut si les engagements pris par son frère ne sont pas respectés[AJ 4].
Plus tard, Guillaume se porte de nouveau caution de son frère Simon, qui se retrouve endetté après ses guerres et croisades, et s’engage à restituer les emprunts de son frère si celui-ci fait défaut[D 4].
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
Jean-Baptiste Joseph Matthieu, Abrégé chronologique de l'histoire des évêques de Langres, Langres, Laurent et fils et compagnie, imprimeurs de l'évêché, (lire en ligne)
Émile Jolibois, La Haute-Marne ancienne et moderne, Chaumont, Imprimerie et lithographie la veuve Miot-Dadant, (lire en ligne)
Charles-François Roussel, Le diocèse de Langres : histoire et statistique, tome 2, Langres, Librairie de Jules Dallet, éditeur, (lire en ligne)
Jules Simonnet, Essai sur l'histoire et la généalogie des sires de Joinville, Langres, Imprimerie et librairie Firmin Dangien, (lire en ligne).
Henri-François Delaborde, Jean de Joinville et les seigneurs de Joinville, suivi d'un catalogue de leurs actes, Paris, Librairie Picard et fils, (lire en ligne).
J. C. Humblot, « Guillaume II de Joinville, évêque de Langres puis archevêque de Reims », Revue de Champagne et de Brie, , p. 486-504 (lire en ligne)
Jackie Lusse, « Les seigneurs de Joinville : Étienne, premier seigneur et constructeur du château », Les Cahiers Haut-marnais, vol. 179, , p. 1-23
Jean-Noël Mathieu, « Nouvelles recherches concernant le lignage de Joinville », Les Cahiers Haut-marnais, vol. 190, , p. 1-25
Laurent Veyssière, « La tombe découverte à l’abbaye de Clairvaux en 1820 est-elle celle de Guillaume de Joinville, archevêque de Reims († 1226) ? », Bibliothèque de l'École des chartes, vol. 164, , p. 5-41 (lire en ligne)
↑Guillaume a encore un précepteur en 1189 et donc encore mineur tandis qu'il devient archidiacre de Châlons en 1191, et est donc très probablement majeur à ce moment-là, soit vingt-et-un ans, ce qui le ferait naître vers 1170 au plus tard[D 1].
↑La famille de Joinville commence dès le début du XIe siècle avec Étienne de Vaux, probablement originaire de Vaux-sur-Saint-Urbain, réputé pour ses qualités guerrières et qui serait à l'origine du premier château de Joinville, ce qui en fait une des plus anciennes de Champagne[1].
↑Des chroniques rapportent que lorsque Guillaume de Joinville a visité l'abbaye Saint-Remi de Reims, il y a pénétré avec une telle suite que les moines s'en sont plaints au pape Honorius III, qui a dû le rappeler à la modération[V 4]
↑Catherine Guyon, Les Écoliers de Christ, l'ordre canonial du Val des Écoliers, 1201-1539, Saint Étienne, Université de Saint Étienne, (lire en ligne), p. 45
La version du 28 octobre 2020 de cet article a été reconnue comme « bon article », c'est-à-dire qu'elle répond à des critères de qualité concernant le style, la clarté, la pertinence, la citation des sources et l'illustration.
Strategi Solo vs Squad di Free Fire: Cara Menang Mudah!