Après trois années chez sa grand-mère paternelle, Alexandra quitte Florence pour poursuivre ses études au Royaume-Uni. Éloignée d’Aspasia, qui établit sa résidence à Venise, la princesse finit par tomber malade, ce qui oblige sa mère à lui faire quitter l’internat où elle étudiait. Après la restauration de Georges II sur le trône hellène en 1935, Alexandra effectue plusieurs séjours dans son pays mais c’est le déclenchement de la guerre italo-grecque, en 1940, qui oblige la jeune fille et sa mère à s’installer à Athènes. L’invasion de la Grèce par les forces de l’Axe en avril-mai 1941 aboutit toutefois à leur installation au Royaume-Uni. À nouveau exilée, Alexandra fait la connaissance, à Londres, du jeune roi Pierre II de Yougoslavie, qui a lui aussi trouvé refuge en Angleterre après l’invasion de son pays par les Allemands.
Rapidement, les deux jeunes gens tombent amoureux et envisagent de se marier. Cependant, l’opposition de la mère du souverain et du gouvernement yougoslave en exil oblige le couple à retarder ses projets durant deux ans et ce n’est qu’en 1944 que sont célébrées leurs épousailles. Un an plus tard, Alexandra donne le jour à son fils unique, prénommé Alexandre. Le bonheur de la famille est pourtant de courte durée. Le , le maréchal Tito proclame la république en Yougoslavie et Alexandra, qui n’a jamais foulé le sol de son pays d’adoption, se retrouve sans couronne.
L’abolition de la monarchie yougoslave a des conséquences très graves sur le couple royal. Désargenté et incapable de s’adapter au rôle de simple citoyen, Pierre II sombre dans l’alcoolisme et multiplie les liaisons avec des femmes plus jeunes que son épouse. Abattue par le comportement de son mari, Alexandra néglige son enfant et fait plusieurs tentatives de suicide. Après la mort de Pierre II en 1970, la santé d’Alexandra ne cesse de se dégrader. Elle meurt d’un cancer en 1993 et sa dépouille est enterrée dans les jardins du palais de Tatoï, en Grèce, avant d’être transférée au mausolée royal d’Oplenac en 2013.
Le roi Alexandre Ier et son épouse Aspasía vers 1920.
La princesse Alexandra voit le jour dans un contexte difficile. Cinq mois avant sa naissance, son père, le roi Alexandre Ier, est mort d’une septicémie à la suite d’une morsure de singe survenue dans les jardins de Tatoï[1],[2]. La disparition inattendue du souverain a provoqué une grave crise politique en Grèce, à un moment où l’opinion publique était déjà divisée par les événements de la Première Guerre mondiale et de la Guerre gréco-turque. Alexandre Ier ayant conclu un mariage inégal en épousant Aspasia Manos[N 1], sa descendance n’est pas dynaste et, faute d'autre candidat au trône, le Premier ministre Elefthérios Venizélos est bientôt contraint d’accepter la restauration de son ennemi, le roi Constantin Ier, le [3],[4].
Les derniers mois de la grossesse d’Aspasia sont donc entourés d’intrigues. Persuadée de porter un garçon (qui serait prénommé Philippe, comme le père d’Alexandre le Grand[5]), Aspasia serait, selon certaines rumeurs, décidée à le placer sur le trône après sa naissance[6],[7]. Vraie ou non, cette éventualité inquiète la famille royale de Grèce, qui craint surtout que la naissance d’un enfant de sexe masculin ne soit instrumentalisée par les vénizélistes pour raviver la crise successorale. La venue au monde d’une fille, le , est donc un grand soulagement pour la dynastie[N 2] et Constantin Ier et sa mère Olga acceptent sans sourciller de devenir ses parrain et marraine[8],[9].
Une lente intégration à la famille royale
La reine Sophie de Prusse portant dans ses bras Alexandra, 1921.
Malgré tout, ni Alexandra ni Aspasia ne reçoivent davantage de reconnaissance officielle : d'un point de vue légal, elles restent au contraire étrangères à la famille royale. Les choses changent à partir de juillet 1922, date à laquelle une intervention de la reine Sophie de Prusse permet de lancer un processus législatif visant à reconnaître de façon posthume le mariage d’Alexandre et d’Aspasía. Grâce à ce subterfuge légal, la petite Alexandra obtient le prédicat d’altesse royale et le statut de princesse de Grèce et de Danemark. Sa mère, en revanche, n’est pas concernée par la loi et reste une simple roturière aux yeux du protocole[10].
Humiliée par cette différence de traitement, Aspasia supplie le prince Christophe de Grèce, dont l'épouse roturière a été titrée princesse de Grèce, d’intercéder en sa faveur. Ému par les arguments de sa nièce, ce dernier intervient auprès de la reine Sophie, qui finit par se ranger à son avis. Sous la pression de la souveraine, un décret royal daté du (julien) et publié le (grégorien) confère à Aspasia le rang et le titre d’une princesse, mais pas d’une reine de Grèce[10],[11].
Désargentée, Aspasia choisit pourtant de prendre le chemin de l’exil avec sa fille en 1924. Les deux princesses trouvent alors refuge auprès de la reine Sophie, qui s’est installée à la villa Bobolina, près de Florence, peu de temps après le décès de son époux, le . L'ex-souveraine, qui adore Alexandra, est ravie, même si sa situation financière est également délicate[16],[17]. Chez sa grand-mère paternelle, la petite fille passe une enfance heureuse, en compagnie de ses tantes, Hélène, Irène et Catherine de Grèce, ainsi que de ses cousins Philippe de Grèce (futur duc d’Édimbourg) et Michel Ier de Roumanie, qui sont ses camarades de jeux lors des vacances[18].
En 1927, Aspasia et sa fille quittent la reine Sophie pour s’installer près d’Ascot, au Royaume-Uni. Elles sont alors accueillies par sir James Horlick et sa famille, qui les hébergent dans leur résidence située près de l'hippodrome[19]. Désormais âgée de sept ans, Alexandra est inscrite dans des internats à Westfield et Heathfield (dans le Sussex), comme c'est la coutume dans son milieu. Cependant, la princesse vit très mal cette expérience[7],[20]. Séparée de sa mère, elle cesse de s'alimenter et finit par contracter une tuberculose. Alarmée, Aspasia conduit donc sa fille en Suisse pour la soigner[7].
Finalement, les deux princesses s'installent sur l’île de la Giudecca, à Venise, où Aspasia a acquis une petite propriété avec ses économies et le soutien financier des Horlick. Ancienne résidence d’une tante du Premier ministre britannique Anthony Eden, la villa et ses 3,6 ha de parc fleuri sont surnommés Jardin d’Eden, ce qui ravit les princesses grecques[21],[22].
La restauration de la monarchie hellénique
Entre la Grèce et Venise
Le roi Georges II de Grèce, oncle d'Alexandra, vers 1942.
En 1935, la Deuxième République hellénique est abolie et le roi Georges II, oncle d'Alexandra, est restauré sur le trône après un référendum organisé par le général Geórgios Kondýlis[23]. Alexandra est alors autorisée à rentrer en Grèce, pays qu'elle n'a pas revu depuis ses trois ans. Bien qu'elle continue à résider à Venise avec sa mère, qui subit toujours l'ostracisme de la famille royale, la princesse est conviée à toutes les grandes cérémonies qui ponctuent la vie de la dynastie. En 1936, elle participe ainsi aux funérailles officielles qui accompagnent le retour des cendres du roi Constantin Ier et des reines Sophie et Olga, tous trois morts en exil en Italie. Deux ans plus tard, en 1938, elle est conviée au mariage de son oncle, le diadoque Paul, avec la princesse Frederika de Hanovre[24].
C'est pourtant à cette époque qu'Alexandra prend conscience qu'elle n'appartient pas complètement au monde des familles royales. Sa mère doit ainsi réclamer pour elle la part de l'héritage qui lui revient de ses grands-parents paternels. Surtout, Alexandra a la douleur de constater qu'aucun emplacement n'est prévu pour sa mère dans la nécropole royale de Tatoï. De fait, lors des cérémonies de 1936, une chapelle est aménagée dans le parc du palais à l'attention de Constantin Ier et de Sophie. La dépouille d'Alexandre Ier, qui reposait auparavant dans les jardins avec celle de Georges Ier, est alors transférée au côté de ses parents dans la chapelle, sans qu'aucun espace ne soit réservé à Aspasia[24].
Première demande en mariage
Désormais adolescente, Alexandra commence à attirer le regard des hommes. En 1936, la princesse a seulement quinze ans quand elle reçoit sa première demande en mariage : celle du roi Zog Ier d’Albanie, qui désire épouser une jeune fille issue du gotha européen afin de conforter sa position dans son pays. Cependant, la diplomatie grecque, qui entretient des rapports compliqués avec l’Albanie à cause de la question épirote, rejette cette proposition et Zog finit par épouser la comtesse hongroise Géraldine Apponyi en 1938[25].
Comme toutes les jeunes filles de son milieu, Alexandra participe à de nombreux bals, qui visent à l'introduire dans la bonne société. En 1937, elle est ainsi présentée à Paris, où elle danse avec son cousin le duc de Windsor, installé en France avec Wallis Simpson depuis son abdication[25],[26].
Seconde Guerre mondiale
De Venise à Londres
Le duc et la duchesse de Kent en 1934.
Le déclenchement de la guerre italo-grecque le oblige Alexandra et sa mère à quitter subitement Venise et l’Italie fasciste. Les deux princesses s’installent alors auprès du reste de la famille royale, à Athènes. Désireuses de servir leur pays dans ce moment difficile, elles s'engagent comme infirmières aux côtés des autres femmes de la dynastie[21],[27]. Cependant, après plusieurs mois de combats victorieux contre les forces italiennes, la Grèce est progressivement envahie par l’armée du Troisième Reich à partir du . Alexandra et la plupart des membres de la famille royale sont donc évacués du continent le . Après un passage d'une semaine en Crète, où elles essuient des bombardements allemands, Alexandra et sa famille partent ensuite successivement pour l’Égypte et l’Afrique du Sud[28],[29].
Alors que la princesse Frederika et plusieurs autres membres de la famille royale sont contraints de passer la Seconde Guerre mondiale en Afrique du Sud, Alexandra et sa mère obtiennent l'autorisation du gouvernement britannique et du roi Georges II de Grèce de venir s'installer au Royaume-Uni[30]. Arrivées à Liverpool à l’automne 1941, les deux femmes s’établissent à Londres, dans le quartier de Mayfair. Dans la capitale anglaise, les princesses grecques reprennent leurs activités dans la Croix-Rouge[24]. Mieux acceptées que dans leur propre pays, elles sont régulièrement reçues par la duchesse de Kent (née Marina de Grèce) et retrouvent, durant ses permissions, le futur duc d’Édimbourg (né Philippe de Grèce), dont la rumeur veut, un moment, qu’il soit fiancé à Alexandra[31].
Amour et mariage
Le roi Pierre II de Yougoslavie en 1944.
Ce n’est cependant pas avec son cousin Philippe qu'Alexandra noue, à cette époque, une relation amoureuse. En 1942, la jeune fille fait la connaissance du roi Pierre II de Yougoslavie lors d’un gala d’officiers donné à Grosvenor House. Âgé de 19 ans, le souverain vit en exil à Londres depuis l’invasion de son pays par les forces de l’Axe le . Rapidement, les deux jeunes gens s'éprennent l'un de l'autre et envisagent de se marier, ce qui réjouit fortement la princesse Aspasia. Cependant, l'opposition très nette de la mère du souverain et du gouvernement yougoslave en exil, qui jugent indécente la tenue d'un mariage alors que la Yougoslavie est démembrée et occupée, empêche longtemps le projet de se concrétiser. Durant deux ans, les deux jeunes gens se contentent donc de brèves rencontres dans la résidence de la duchesse de Kent[32],[33].
Après un bref séjour de Pierre II au Caire, en Égypte, le couple finit toutefois par se marier, le . La cérémonie, à laquelle la mère du souverain refuse de participer, se déroule à l'ambassade yougoslave de Londres. Marquée par les restrictions dues à la guerre, elle voit Alexandra arborer une robe de mariée que lui a prêtée Lady Mary Lygon, épouse du prince Vsevolod Ivanovitch de Russie (lui-même fils de la princesse Hélène de Serbie). Parmi les participants à la cérémonie, on compte quatre monarques en exercice (George VI du Royaume-Uni, Georges II de Grèce, Haakon VII de Norvège et Wilhelmine des Pays-Bas) et plusieurs autres personnalités du gotha européen, parmi lesquelles les deux frères du marié (Tomislav et André) et la mère de la mariée[33],[34].
Reine en exil
La libération de la Yougoslavie et la victoire des communistes
Depuis Londres, le gouvernement yougoslave en exil soutient le combat des forces royalistes et nomme Mihailovich général en chef et ministre de la Guerre[38]. Cependant, l'importance des Partisans pousse progressivement les forces alliées à accorder leur confiance aux communistes et à prêter un crédit de plus en plus limité à Mihailovich, accusé de collaborer avec les forces de l'Axe pour abattre la guérilla communiste[39]. Après la Conférence de Téhéran (1943), les Alliés rompent finalement leurs liens avec les Tchetniks[40], ce qui oblige le gouvernement yougoslave en exil à reconnaître lui aussi la prééminence des Partisans. En juin 1944, le Premier ministre Ivan Subasich place officiellement le maréchal Tito à la tête de la résistance yougoslave et Mihailovich est désavoué[41]. En octobre 1944, Churchill et Staline concluent un accord pour diviser la Yougoslavie en deux zones d'occupation mais, après la libération de Belgrade par l'Armée rouge et les Partisans, il devient évident que les communistes occupent une place prédominante dans le pays[42]. Une épuration très dure, qui touche les collaborateurs comme les monarchistes, est mise en place[42] ; à la demande de Churchill, Tito accepte en de reconnaître un conseil de régence - qui n'a presque aucune activité - mais s'oppose au retour en Yougoslavie de Pierre II[43], qui doit se résigner à la situation : son exil et celui d'Alexandra se poursuivent donc tandis qu'un gouvernement de coalition dominé par les communistes est constitué à Belgrade[44].
La naissance d'Alexandre et la déposition de Pierre II
Les réjouissances qui marquent la naissance de l’enfant sont pourtant de courte durée. Moins de huit mois après leur entrée dans le gouvernement de coalition, Milan Grol et Ivan Subasich démissionnent respectivement de leurs postes de Vice-Premier ministre (18 août) et de ministre des Affaires étrangères (8 octobre) afin de marquer leur désaccord vis-à-vis de la politique du maréchal Tito. Face à la montée en puissance des communistes, Pierre II décide, de son côté, de retirer sa confiance au conseil de régence et de reprendre toutes ses prérogatives de souverain de Yougoslavie (8 août). La réponse de Tito ne se fait pas attendre. Le dictateur communiste prive immédiatement la famille royale de sa liste civile, ce qui ne tarde pas à avoir des conséquences dramatiques sur la vie du couple royal. Surtout, Tito ordonne l’organisation d’élections anticipées chargées de former une assemblée constituante. La campagne se déroule de manière si irrégulière, au milieu de pressions et de violences de toutes sortes, que l'opposition décide de boycotter le scrutin[48]. Le , c'est donc une liste unique, présentée par les communistes, qui est proposée aux électeurs : alors qu’il n’y avait guère plus de 10 000 communistes dans toute la Yougoslavie avant-guerre, ceux-ci, seuls candidats en liste, obtiennent plus de 90 % des voix lors de la consultation populaire[49].
Réunie pour la première fois le , l’Assemblée constituante vote immédiatement l’abolition de la monarchie et transforme le pays en une République fédérative populaire de Yougoslavie[49]. Bien qu’aucun référendum n’accompagne cette mutation institutionnelle, le nouveau régime est rapidement reconnu par la quasi-totalité de la communauté internationale, Espagne franquiste mise à part[50].
Entre difficultés conjugales et tentatives de suicide
Difficultés financières et conjugales
L'hôtel Claridge, à Londres, en 2002.
Désormais sans revenus et sans perspective de retour en Yougoslavie, Pierre II et Alexandra doivent se résoudre à quitter la suite de l’hôtel Claridge qu’ils occupaient en alternance avec une demeure située à Egham. Abandonnés par le gouvernement britannique, ils s’installent un temps en France, entre Paris et Monte-Carlo, puis en Suisse, à Saint-Moritz. De plus en plus désargentés, ils finissent par quitter l’Europe sous l’impulsion de Pierre. En 1949, ils s’installent ainsi à New York, où l’ancien roi espère mener à bien un projet financier. Mais, sans le sou, le couple est contraint de vendre le collier d’émeraudes et quelques autres bijoux d’Alexandra pour payer les dettes qu’il a accumulées[45]. À ces difficultés s’ajoute le fait que le couple se révèle incapable de gérer un budget. Comme elle l’écrit elle-même dans son autobiographie, Alexandra n’a aucune idée de la valeur des choses et elle se révèle rapidement incapable de maintenir un foyer[51].
En Amérique, Pierre II ne tarde pas à aller à la dérive. Ayant réalisé de mauvais investissements financiers, il perd le peu d’argent qui lui restait. Incapable de s’adapter au quotidien d’un citoyen normal, il plonge peu à peu dans l’alcoolisme et cherche à oublier ses problèmes en multipliant les liaisons avec des femmes plus jeunes que son épouse. De son côté, Alexandra voue un amour à son mari qui vire à l’obsession[52]. Probablement sujette à l’anorexie depuis plusieurs années[7], elle devient de plus en plus complexée par son physique et finit par subir une ablation des seins car elle est persuadée que Pierre II ne supporte pas sa poitrine. De plus en plus instable, elle fait sa première tentative de suicide durant un séjour chez sa mère, à Venise, à l’été 1950[51].
Les relations du couple royal allant de mal en pis, Alexandra utilise son fils pour faire pression sur son mari et l’enfant est le témoin de scènes très violentes entre ses parents. Balancé de tous côtés, le petit garçon finit par être envoyé, à l'âge de quatre ans, en Italie, chez des amis du couple royal, le comte et la comtesse de Robilant[N 5], grâce à l’intervention de sa grand-mère maternelle. Il y grandit dans une atmosphère beaucoup plus stable et aimante, sans pratiquement recevoir de visites de ses parents[53].
Entre procédure de divorce et rapprochement conjugal
Pierre II de Yougoslavie en 1966.
L’année 1952 est marquée par d’autres déboires financiers dus aux mauvais investissements de Pierre II, et par une fausse couche d’Alexandra. Face à ces nouveaux échecs, le couple revient en France, où sa situation ne s’améliore pas. En 1953, Alexandra fait une nouvelle tentative de suicide à Paris, dont elle ne réchappe que grâce à un coup de téléphone de sa tante, la reine Frederika de Grèce[51]. Fatigué par l’instabilité de sa femme, Pierre II finit par lancer une procédure de divorce devant les tribunaux français. L’intervention de son fils et du roi et de la reine des Hellènes le convainc toutefois d’abandonner sa demande[54].
Le couple se réconcilie donc un moment et traverse une sorte de seconde lune de miel. Cependant, le besoin d’argent continue à se faire sentir et Alexandra se laisse convaincre par une maison d’édition britannique d'écrire son autobiographie. Avec l’aide d’un nègre littéraire, Joan Reeder, elle publie ainsi, en 1956, For Love of a King (traduit l’année suivante en français sous le titre Pour l’Amour d’un Roi). Devant le relatif succès du livre et toujours par nécessité financière, Alexandra coécrit en 1959 un second ouvrage, consacré cette fois à son cousin, le duc d’Édimbourg. Malgré le caractère très anodin de l’ouvrage, qui ne révèle absolument rien de compromettant sur la vie du mari d’Élisabeth II, le livre provoque la rupture avec la famille royale britannique, qui s’était toujours montrée très affectueuse avec Alexandra jusqu'alors[55].
Durant quelque temps, le couple s’installe à Cannes, tandis que Pierre II maintient une chancellerie à Monte-Carlo. Se considérant toujours roi de Yougoslavie, l’ex-souverain continue à décerner titres et décorations. Appuyé par quelques monarchistes, comme le « duc de Saint-Bar »[55], il conserve même une ambassade à Madrid[50]. Cependant, la réconciliation du couple royal fait long feu et Pierre II retourne vivre aux États-Unis tandis qu’Alexandra s’installe chez sa mère, au Jardin d’Eden[55].
En 1963, Alexandra fait une nouvelle tentative de suicide à Venise. Sauvée de justesse par le prince Alexandre, elle passe ensuite une longue période de convalescence, sous les soins constants de sa belle-sœur, la princesse Marguerite de Bade[56]. Une fois rétablie, Alexandra se rapproche à nouveau de Pierre II et le couple revient vivre dans la capitale française en 1967. Mais, comme auparavant, la réconciliation est temporaire et Pierre II retourne bientôt vivre en Amérique tandis qu’Alexandra reprend ses quartiers dans la villa de sa mère[55].
Dernières années
De la mort de Pierre II à celle d'Alexandra
Le prince Alexandre de Yougoslavie en 1992.
Le , Pierre II meurt à Denver, aux États-Unis, durant une tentative de greffe du foie. Faute de moyens, sa dépouille est enterrée au cimetière orthodoxe de Libertyville, dans l’Illinois, faisant de Pierre le seul monarque européen à être enterré sur le sol américain (jusqu’au rapatriement de sa dépouille en Serbie en 2013). Toujours aussi instable et désargentée, Alexandra n’assiste pas à la cérémonie, qui se déroule dans une relative confidentialité[57].
Les funérailles d’Alexandra se déroulent à Londres, en présence de son fils, de ses trois petits-enfants (Pierre, Philippe et Alexandre de Yougoslavie) et de plusieurs membres de la famille royale de Grèce, parmi lesquels l’ex-roi Constantin II et l’ex-reine Anne-Marie. La dépouille d’Alexandra est ensuite transférée à la nécropole de la famille royale de Grèce, à Tatoï, où elle est alors rejointe par celle de sa mère, Aspasia Manos[60].
(fr) Alexandra de Yougoslavie, Pour l'amour de mon roi, Paris, Gallimard, Coll. L'air du temps, tr. fr., (lire en ligne).
(fr) Alexandra de Yougoslavie, Philip d’Édimbourg, Paris, Plon tr. fr., .
Sur Alexandra
(en) Marlene A. Eilers Koenig, « The Wedding of King Peter II of Yugoslavia and Princess Alexandra of Greece and Denmark », Royalty Digest Quaterly, vol. 3, (ISSN1653-5219).
Sur la famille royale de Grèce
(en) Julia Gelardi, Born to Rule : Granddaughters of Victoria, Queens of Europe, Headline Review, (ISBN0-755-31392-5)..
(es) Ricardo Mateos Sainz de Medrano, La Familia de la Reina Sofía, La Dinastía griega, la Casa de Hannover y los reales primos de Europa, Madrid, La Esfera de los Libros, (ISBN8-497-34195-3)..
(en) Alan Palmer et Michael of Greece, The Royal House of Greece, Weidenfeld Nicolson Illustrated, (ISBN0-297-83060-0)..
↑La couronne de Croatie a été donnée à un oncle d'Alexandra, le prince Aymon de Savoie-Aoste. Époux de la princesse Irène de Grèce, celui-ci a toutefois refusé de se rendre dans son nouveau pays.
↑La réalité de ce transfert de souveraineté est aujourd'hui contestée, faute de source permettant de le prouver. Voir (en) Owen Amos, « Did a London hotel room become part of Yugoslavia? », BBC News, (lire en ligne).
↑Il s'agit des parents de la journaliste Olghina di Robilant, Carlo Nicolis di Robilant et son épouse née Caroline Kent.
La version du 29 juillet 2013 de cet article a été reconnue comme « bon article », c'est-à-dire qu'elle répond à des critères de qualité concernant le style, la clarté, la pertinence, la citation des sources et l'illustration.