Paul Doumer est élu président de la Chambre avec l'appui de la droite contre Henri Brisson, par 265 voix contre 240[1]. Émile Combes obtient à une courte majorité (265 voix contre 240) l'engagement de la Chambre à discuter les projets de loi sur la séparation, l'impôt sur le revenu et les retraites ouvrières[2].
11 février : à l'issue d'une grève ; les ouvrières sardinières de Douarnenez obtiennent d'être payées à l'heure plutôt qu'aux pièces. Elles constituent un syndicat. Quand quatre patrons sardiniers décident en juillet de revenir au paiement au mille, les ouvriers du bâtiment se mettent en grève pour soutenir les sardinières. Le conflit resurgit quand le 16 novembre les fabricants refusent d’accorder des contrats aux ouvrières membres du syndicat[6].
15 février : le Petit Parisien révèle l'affaire de Fort Crampel, en Oubangui-Chari, à la suite de l'arrestation d'un jeune fonctionnaire des colonies en congé en France, Georges Toqué ; il est accusé d'avoir laissé exécuter Pakpa, un ancien guide, en lui introduisant dans l'anus une cartouche de dynamite par un chef de poste, Fernand Gaud. Les révélations sur les exactions commises par les coloniaux se succèdent les jours suivants dans la presse. Une mission d'inspection dirigée par Savorgnan de Brazza est envoyée sur place en pour enquêter ; Brazza meurt sur le chemin du retour en et son rapport accablant n'est jamais publié[7].
21 mars : la loi, préparée par le général André, impose le service militaire comme personnel, égal et obligatoire, mais abaisse sa durée à deux ans. Elle introduit la notion de sursis du service militaire.
14 - 17 avril : troubles de Limoges ; en mars, les ouvriers porcelainiers, de la chaussure et du feutre, ne supportant pas les bas salaires et leurs conditions de travail se mettent en grève. Le 13 avril les patrons imposent le lock-out et les grévistes sont mis à pied. L'armée intervient le lendemain. Des barricades sont dressées, des armureries sont pillées, une bombe éclate dans la maison d'un directeur d'usine. Les manifestants se rassemblent sur le Champ-de-Foire et investissent la prison pour libérer les ouvriers arrêtés. Camille Vardelle, un porcelainier de dix-sept ans, est tué le 17 avril. Le travail reprend le 21 avril sans que les ouvriers aient obtenu satisfaction[12].
22 avril : loi de finances. Elle établit que les fonctionnaires frappés de mesures disciplinaires ont droit, au préalable, à la communication de leur dossier, article 65 à l'origine de l'arrêt Heyriès du [13]. Elle accorde des subventions aux organismes privés et collectivités locales apportant une aide aux chômeurs[14].
23 - 26 avril : congrès du Globe. Fondation du parti socialiste SFIO (Section française de l’Internationale ouvrière) sous la direction de Jean Jaurès, qui unifie les différents partis socialistes[1].
16 - 24 mai : grève des agents de police de Lyon qui protestent contre le report du départ à la retraite de 45 à 55 ans, et le licenciement de 60 gardiens de la paix[15].
7 juin : accord passé à Paris entre les ministères de l’Intérieur et des Colonies, pour établir les zones d’influences du gouvernement général de l’AOF et des possessions françaises d’Afrique du Nord ; il est précisé par la convention de Niamey du [19].
28 juin : exécution à Orléans d'Henri Languille. Après la décapitation le docteur Beaurieux, avec l'assentiment du procureur, tente une expérience et interroge la tête du condamné qui lui répond par un mouvement de paupières[21].
29 juin : le travail des mineurs de fond est limité à huit heures par jour dans les mines[14].
3 juillet : le projet de loi de séparation des Églises et de l'État , déposé par Aristide Briand, est adopté à la Chambre par 341 voix contre 233 ; l’État garantit la liberté de conscience et de culte mais ne subventionne aucun d’entre eux. Les biens des congrégations seront, après inventaire, dévolus à de nouvelles associations cultuelles (loi ratifiée par le Sénat le 6 décembre)[22].
6 juillet : catastrophe du Farfadet. Un sous-marin coule subitement en exécutant des plongées dans la lagune de Bizerte. Les scaphandriers échouent à le renflouer à temps et treize hommes d'équipage trouvent la mort[23].
13 juillet : fondation de la fédération nationale des syndicats d'instituteurs et d'institutrices (FNSI), qui adhère à la CGT[1].
14 juillet : loi relative à l'assistance obligatoire aux vieillards, aux infirmes et aux incurables privés de ressources[14]. La Commission centrale d'aide sociale prend la suite de la Commission centrale d'assistance.
29 décembre : décret prévoyant l’inventaire des biens de l’Église avant dévolution aux associations cultuelles[22]. Début de la « querelle des inventaires » ; la mesure suscite de violentes protestations dans les régions fortement catholiques (Ouest, Massif central, Flandres...). La répression fait plusieurs morts[32].
↑Laurence Olivier-Messonnier, Guerre et littérature de jeunesse (1913-1919) : analyse des dérives patriotiques dans les périodiques pour enfants, Paris, Harmattan, , 409 p. (ISBN978-2-296-96069-5, présentation en ligne)
↑Jean-Christophe Fichou, « Les syndicats ouvriers des filles de la conserve de poisson en Bretagne 1905-1914 », Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest, vol. 117, no 2, , p. 85-100 (présentation en ligne)
↑Jacques Prévotat, « L'Action française et les catholiques. Le tournant de 1908 », Mil neuf cent. Revue d'histoire intellectuelle, no 19, , p. 119-126 (présentation en ligne)
↑Chantal Paisant (préf. Claude Langlois), De l'exil aux tranchées 1901/1914-1918 : le témoignage des sœurs, Paris, Karthala, coll. « Mémoires d'Église », , 374 p. (ISBN978-2-8111-1212-7, présentation en ligne), p. 152
↑Ève Gran-Aymarich, Les chercheurs du passé 1798-1945 : Aux sources de l’archéologie, CNRS Éditions via OpenEdition, , 1271 p. (ISBN978-2-271-09424-7, présentation en ligne)
↑Henri Laperrine, Gaston Édouard Jules Cauvet, Paul Pandolfi, Une correspondance saharienne : lettres inédites du général Laperrine au commandant Cauvet, 1902-1920, Karthala, , 418 p. (ISBN978-2-84586-725-3, présentation en ligne)
↑André Delaporte, Ars Magna : Trésor de l'âge d'or Hypothèses, thèses et épithèses sur un mythe historico-philosophique, Ars Magna, , 770 p. (ISBN979-10-96338-24-5, présentation en ligne)