Sa réputation a souffert des critiques des élites allemandes sous son règne, de la propagande étrangère avant et pendant la Première Guerre mondiale, ainsi que de la remise en cause de l'identité allemande depuis 1945. Les historiens décrivent un homme « intelligent, cultivé et ouvert », mais parfois indécis et prêt à s'emballer pour revenir en arrière peu de temps après, défaut utilisé contre lui par la diplomatie européenne[1].
Né le 27 janvier 1859, il est l'aîné des huit enfants de Frédéric III, alors Kronprinz de Prusse, et de Victoria, fille aînée de la reineVictoria du Royaume-Uni et du prince consortAlbert de Saxe-Cobourg-Gotha. Ses prénoms ont été donnés en hommage à son grand-oncle Frédéric-Guillaume IV, régnant lors de sa naissance, et à ses grands-parents maternels. Guillaume connaît une enfance très rude comparable à celle de Frédéric II. À la suite d'une naissance difficile (dystocie des épaules), il souffre d'une atrophie du bras gauche. Ce handicap cause chez le jeune prince un mal‑être très fort mais surtout des soucis d'équilibre, en particulier lorsqu'il monte à cheval, exercice pourtant obligatoire au sein de cette noblesse prussienne. Il est également atteint d'une lésion à l'oreille interne gauche, ce qui aggrave son humeur[2]. Il subit également des opérations douloureuses, dont l'une a pour but de tenter de lui allonger son bras atrophié, plus petit que l'autre[3].
Son père, qui professe des opinions libérales et respectueuses des droits de l'homme, est soumis aux brimades du chancelier Otto von Bismarck, qui le dessert auprès de l'empereur et cherche à influencer le jeune Guillaume. Cantonné dans une semi-disgrâce et dans une certaine inactivité, il est tenu à l'écart des zones de pouvoir. Frédéric-Guillaume III se replie sur sa vie familiale. Impatient de monter sur le trône, il éprouve de la mélancolie et de la colère vis-à-vis de la longévité de son père, l'empereur Guillaume Ier. Il transfère cette colère sur son fils Guillaume, qu'il humilie ou ignore totalement, comme l'atteste Alfred von Waldersee[4], proche de la famille impériale. Loin d'être un facteur d'apaisement, la Kronprinzessin épouse totalement les valeurs de son mari, qui l'adore. Lors d'une visite à Vienne, en présence des membres de la haute noblesse autrichienne, elle vante les mérites du Kronprinz autrichien, « plein d'esprit et si élégant », tout en le comparant à son fils Guillaume « si gauche et si grossier »[5].
Son handicap l'empêchant de compléter son éducation qui passe par l'école militaire, comme le veut la tradition prussienne, sa mère décide de l'envoyer dans un établissement de Cassel[6], où le jeune Guillaume partage les mêmes bancs que des enfants de la bourgeoisie. Ses parents, qui se voulaient plutôt libéraux en comparaison de l'austérité de Guillaume Ier, souhaitent donner une éducation allant dans ce même sens à Guillaume. Nonobstant les valeurs et les exigences de ses parents, le prince, très au fait de ses devoirs impériaux, se révèle un adolescent nerveux et vaniteux. Il fait montre d'un caractère très curieux, très intéressé par les sciences et techniques, la religion ou encore l'histoire. Il a le goût de l'archéologie et des voyages, passant un temps considérable à se rendre à l'étranger ou sur les mers.
La jeunesse de Guillaume est ainsi marquée par une lutte incessante contre son infirmité mais entre ses deux cultures prussienne et anglaise. Il aurait pu sortir vainqueur de ses conflits intérieurs par son intelligence, mais la tradition prussienne marqua profondément sa personnalité, l'amena à valoriser la vertu de force et à radicaliser ses opinions, prémisses de sa personnalité instable.
Règne avant la Grande Guerre (1888-1914)
Avènement au trône impérial
Guillaume devint souverain de l'Empire allemand en (« l'année des trois empereurs ») après le très court règne de son père, le libéralFrédéric III, qui a lui-même succédé à son père Guillaume Ier, décédé en mars de la même année.
Le règne de Guillaume II débuta dans un climat contrasté. D'un côté, la population est satisfaite de voir un souverain jeune et en pleine forme accéder au trône, contrairement à ses prédécesseurs. D'un autre côté, le climat social est très agité, sur fond de grèves, en particulier des mineurs. Le jeune souverain prend le contre-pied des lois antisociales du chancelier Bismarck et finira rapidement par s'en séparer : Guillaume II applique une mesure d'avant-garde, la réduction à 8 heures de la journée de travail dans les mines, mesure sociale qu'il essaie de faire partager par les pays européens, pour ne pas pénaliser l'industrie allemande. En 1890, il organise à cet effet une Conférence internationale à Berlin, qui se révèle un échec[7].
Son règne fut également marqué par un changement total de la politique traditionnelle prussienne, un militarisme et un autoritarisme exacerbés. Désirant donner à l'Allemagne une envergure internationale, il troqua la Realpolitik de Bismarck contre la Weltpolitikexpansionniste et colonialiste, s'employa à développer une marine de guerre tandis que son règne tint de plus en plus du régime personnel. Il est en cela en accord avec une opinion publique demandant une politique étrangère plus active et la montée en puissance des groupes nationalistes comme la Ligue pangermaniste.
Cependant, son entourage se montre circonspect sur le caractère du souverain. Ainsi, la baronne Hildegard von Spitzemberg écrit dans son journal que le caractère de l'empereur « inquiète beaucoup » au sein des cercles gouvernementaux, car celui-ci garde obstinément l'impulsivité de sa jeunesse et a du mal à acquérir la maturité d'un chef d'État[8]. Les critiques contre le caractère agité de l'empereur, d'abord limitées à la presse satirique, commencent à se diffuser au sein des autres journaux, ce qui entraîne l'ajout d'un crime de lèse-majesté spécifique dans le code pénal allemand[9].
Politique économique
D'un point de vue économique, l'historienne Francine Dominique Liechtenhan rappelle que le règne de Guillaume II se conjugua avec un développement important de l'industrie allemande. Un progrès scolaire et universitaire hors du commun participe à l'évolution du pays vers un État-nation. Une vieille tradition associant école et apprentissage crée des travailleurs qualifiés. L'université sait s'adapter aux nouvelles demandes de la modernisation du pays : physique, chimie, électronique, pharmacie… La Kaiser-Willhelm-Gesellschaft encourage la recherche. Des entreprises comme Siemens, Bayer ou AEG acquièrent vite une renommée internationale. Guillaume II inaugure également un nouveau type de grande école technologique prodiguant un enseignement plus pratique. L'empereur observe avec enthousiasme l'évolution de la recherche. Il aime inviter les chercheurs, économistes, techniciens mais aussi les hommes d'affaires. En ce sens, il se situe aux antipodes de l'empereur François-Joseph d'Autriche figé dans son immobilisme et de Nicolas II de Russie, frileux envers cet univers de progrès. Le règne de Guillaume II apporte une nette augmentation du niveau de vie.
Bien que connu pour sa passion pour les parades militaires et les uniformes, Guillaume n'est pas, comme on l'a dépeint par la suite, un va-t'en guerre irréfléchi. On le voit notamment lors de la crise d'Agadir en 1911, où en proie aux attaques de la presse nationaliste qui le traite de « Guillaume le timide, le valeureux poltron », il choisit une solution négociée au conflit[1]. Il joue également un rôle modérateur dans les guerres balkaniques de 1912-1913, conseillant à son allié autrichien de ne pas intervenir, car il redoute un conflit austro-russe dans les Balkans[1], mais lui-même est influencé de longue date par des personnes qui promeuvent une guerre de l'Allemagne contre la Russie, dont Alfred von Waldersee[10]. Il encourage également l'Autriche-Hongrie à améliorer ses relations avec la Serbie.
Dès 1890, il renvoya le chancelier Otto von Bismarck et ne renouvela pas le pacte germano-russe d'assistance mutuelle. Sa politique étrangère agressive (armement maritime selon le plan Tirpitz, volonté d'expansion allemande) le mit en confrontation notamment avec le Royaume-Uni, avec lequel, du fait de ses relations familiales, il eut des rapports complexes, et l'isola sur le plan diplomatique.
Lors de sa visite à Jérusalem en 1898, la ville est nettoyée et réaménagée, et on abat même une partie de la muraille centenaire à la porte de Jaffa afin de faciliter le passage de la délégation allemande ; l'empereur entra par la Nouvelle Porte qu'il tenait à franchir à cheval[11],[12],[13]. Il y rencontrera notamment Theodor Herzl, le fondateur du sionisme, venu lui demander son soutien pour l'établissement d'un Foyer juif en Palestine, à l'époque sous administration ottomane[14],[15].
Il tenta vainement d'influencer la politique orientale du tsar Nicolas II de Russie et lui offrit notamment un tableau peint par Hermann Knackfuss représentant l'Europe devant défendre ses valeurs en Chine.
Lors de la révolte des Boxers, il met en place une réponse très violente et envoie des troupes allemandes en Chine, auxquelles il déclare qu'« aucun pardon ne sera accordé, aucun prisonnier ne sera fait, de sorte que pendant 1 000 ans aucun Chinois n'osera même regarder un Allemand de travers»[16]. L'armée allemande se livrera en Chine à une véritable opération de vengeance, consistant en des destructions de villages, viols et pillages à grande échelle[16].
Les relations avec la France étaient marquées par le revanchisme de cette dernière et la concurrence en matière étrangère et coloniale. L'affaire Schnæbelé date de l'année précédant son avènement, et d'autres crises suivront : crise de Tanger en 1905, coup d'Agadir en 1911.
Dans les mois qui précèdent le conflit, Guillaume II est loin d'encourager une solution militaire — c'est du moins ce qu'il veut faire croire à la Triple-Entente et au reste du monde — mais il œuvre en fait pour tout le contraire, usant de désinformation et poussant l'Autriche à attaquer la Serbie, à la suite de l'attentat de Sarajevo[17]. En , l'ambassadeur allemand à Vienne précise que deux personnes sont contre un conflit avec la Russie : l'empereur Guillaume II et l'archiduc-héritier François-Ferdinand. Après l'attentat de Sarajevo, même s'il assure l'Autriche-Hongrie de son soutien inconditionnel, Guillaume II espère que l'ultimatum autrichien à la Serbie permettra de trouver une solution diplomatique[1]. Pendant tout le mois de juillet, il communique avec son cousin Nicolas II, affirmant que la paix repose dans les mains de celui-ci[18].
Le , après des hésitations, le commandement militaire en la personne du général von Falkenhayn lui arrache « l'état de danger de guerre ».
Pendant la guerre, Guillaume II était commandant en chef des armées, mais il perdit bientôt l'autorité réelle et sa popularité en fut diminuée.
Abdication (1918)
La mutinerie qui éclata dans la marine allemande précipita la fin de la monarchie. Les mutineries de l' et l’instauration de conseils ouvriers (Arbeiter und Soldatenräte) dans toutes les grandes villes de l'empire font craindre une révolution. À ce titre, Guillaume II est perçu par la population allemande comme le principal obstacle à la paix[19].
Le , alors qu'il réside au château de la Fraineuse, à Spa, Hindenburg rend visite à Guillaume II et le prie d'abdiquer immédiatement pour arrêter la contagion révolutionnaire et sauver le pays[20]. Guillaume II refuse, croyant à tort être en mesure de mater les mutineries[20]. Le chancelier Max de Bade précipite les événements en annonçant de façon unilatérale vers midi, dans un communiqué, que Guillaume II a abdiqué[21].
Après des discussions tendues, ce dernier signe finalement le traité d'abdication, contre son gré, vers deux heures de l'après-midi[20].
Les autres souverains allemands, qui avaient dû le suivre dans sa démarche autoritaire et militariste, ne purent pas non plus sauver leurs dynasties séculaires[22].
Craignant de subir le même sort tragique que son cousin le tsar de Russie et ne pouvant sans risque pour sa vie regagner Berlin, il se réfugia aux Pays-Bas, État neutre, et s'installa à Doorn sous la protection de la reine Wilhelmine, tante par alliance de sa belle-fille la Kronprinzessin Cecilie qui était restée à Berlin avec ses enfants auprès de la Kaiserin. Il fait suivre dans son exil une soixantaine de wagons remplis de biens personnels et d’œuvres d’art[23]. L'ex-empereur ne sera pas livré aux vainqueurs qui voulaient le juger comme responsable de la guerre : le gouvernement néerlandais refuse la demande d'extradition le [24]. De même, la reine des Pays-Bas accueillera sur son sol les principaux sujets belges germanophiles de 1914-1918, dont les plus notoires étaient condamnés à mort par contumace.
Responsabilité personnelle dans le déclenchement du conflit
À l'issue de la guerre, il est désigné par les puissances alliées comme le principal responsable du conflit et l'article 227 du traité de Versailles (1919) l'accuse personnellement d'« offense suprême contre la morale internationale et l'autorité sacrée des traités »[1]. Le Premier ministre britannique David Lloyd George est encore plus expéditif et réclame de pendre l'empereur[25], rejoignant l'opinion exprimée par plusieurs titres de presse[1].
Depuis cette époque, la question de la responsabilité de l'Allemagne et de Guillaume II dans le déclenchement de la Première Guerre mondiale a provoqué des polémiques qui ont dépassé le seul cercle des historiens. Ces polémiques sont renouvelées par la thèse de Fritz Fischer dans Les Buts de guerre de l'Allemagne impériale[26] qui suggère un calcul politique de grande ampleur. Selon lui, l'Empire allemand aurait visé à l'hégémonie en Europe plusieurs années avant la guerre ; dernier venu sur la scène coloniale, il aurait aspiré à la domination mondiale par une victoire totale sur les autres puissances européennes. La guerre aurait été décidée par l'Allemagne avant même .
La thèse de Fischer a fait l'objet de nombreuses critiques et les biographies ultérieures sont beaucoup plus mesurées quant au rôle joué par Guillaume II dans le déclenchement du conflit. Elles estiment qu'on ne peut affirmer que Guillaume II a provoqué la Première Guerre mondiale, même s'il ne fit pas grand-chose pour l'éviter. Ainsi, pour Henry Bogdan, « si Guillaume II pressé par les militaires de son entourage leur a cédé, sa responsabilité personnelle est des plus limitées »[1].
Guillaume II demandait dès le aux autorités républicaines la restitution de ses biens propres et de ceux de sa famille, l’argenterie familiale notamment, conformément à la loi d'expropriation des princes allemands contre dédommagements financiers. La fortune personnelle du Kaiser s'élevait à 400 millions de marks. À réception de ce courrier, le nouveau gouvernement fait parvenir à l’empereur déchu, outre son argenterie, la somme de 40 millions de marks. Au cours des mois suivants, le gouvernement du Reich effectue d’autres versements et, six ans après l’effondrement de l’Empire, le régime de Weimar commence à lui verser une rente mensuelle de 50 000 marks. Lui sont également rendus 97 000 hectares de terres et une douzaine de châteaux[28]. Les fils de l’empereur et son frère, le prince Henri, reçoivent de même des pensions dont le montant a été négocié par les représentants de la maison impériale et le nouvel État allemand. L'ancien empereur reçoit aussi du gouvernement de l'État de Prusse un dédommagement de 15 millions de marks. Cet arrangement a scandalisé l’opinion publique allemande, qui le jugeait responsable de la Première Guerre mondiale[23].
Il déclare que, pendant quelque temps, il a eu des sympathies nazies, mais s'en est écarté par la suite, du fait notamment des purges sanglantes au sein du régime[28].
Il accorde une entrevue au sujet d'Adolf Hitler en 1938 à un journaliste de Voilà, W. Burkhardt, qui permet de comprendre son point de vue relativement aux événements qui se déroulent en Allemagne. Il reproche à Hitler d'être « un homme seul, sans famille, sans enfant, sans Dieu ». « Il prépare des légions, mais il ne fait pas une nation », et oppose la tradition à l'« État vorace » qui se « substitue à tout ». Il dit aussi : « J’ai cru pendant quelques mois au national-socialisme : je pensais qu’il était une fièvre nécessaire, et je voyais y participer certains hommes qui sont parmi les plus remarquables et les plus sages d’Allemagne. Mais ceux-là, un à un, il les écarte ou les exécute : Papen, Schleicher, Neurath… Et même Blomberg. Il ne reste maintenant que des aventuriers en chemise. »[29].
Il condamne, malgré ses convictions antisémites, les lois anti-juives. Deux mois plus tard, lors de la nuit de Cristal en , il aurait dit d'après Christopher Clark : « pour la première fois, j'ai honte d’être Allemand »[28]. Ses positions font l'objet d'une controverse avec d'autres historiens spécialisés tel que Stephan Malinowski, pour qui l'empereur a « continûment contribué à la prise de pouvoir des nazis et à la consolidation de leur pouvoir »[réf. nécessaire].
Il n'approuve ni l'invasion de la Pologne, ni l'invasion des autres pays européens dont les Pays-Bas, son hôte[28]. Mais lorsque la France, reconnaissant sa défaite, sollicite l'armistice, il envoie un télégramme de félicitations à Adolf Hitler. Certains de ses fils sont mobilisés sous Hitler et deux d'entre eux, le Kronprinz et Auguste-Guillaume, deviennent membres du parti nazi.
Mort et funérailles
Il meurt à 82 ans aux Pays-Bas, le , trois semaines (18 jours) avant l'attaque allemande sur l'Union soviétique, et reçoit à ses funérailles les honneurs militaires allemands. Il avait demandé que des symboles nazis ne soient pas portés lors de ses funérailles, ce qui n'est pas respecté.
Son corps repose à Doorn, devenu un lieu de pèlerinage pour les monarchistes. Sa deuxième épouse, faite prisonnière par les Soviétiques, meurt d'insuffisance cardiaque[30] en 1947, à 59 ans.
Il fréquentait beaucoup les jeunes officiers du « cercle de Liebenberg », tous issus de la haute noblesse prussienne, nationaliste et ultra-conservatrice. Le prince Alexandre de Hohenlohe-Schillingsfürst parle d'une homosexualité latente de l'empereur[32] et beaucoup de ses intimes auraient été homosexuels. Ces suppositions non confirmées n'empêchent pas l'empereur d'apprécier se ressourcer avec ce cercle de proches amis. Il se lia notamment d'une profonde amitié avec le prince Philipp zu Eulenburg, surnommé Phili. Le prince zu Eulenburg avait une grande influence sur l'empereur, au point qu'il put faire nommer un membre du cercle de Liebenberg, Bernhard von Bülow, brillant chancelier d'Empire et ministre-président de Prusse en 1900. Cette amitié fut brisée lorsque ce dernier fut ouvertement compromis par un scandale et un procès (affaire Harden-Eulenburg) (1906-1909). Bernhard von Bülow dut démissionner et l'empereur cessa toute relation avec le prince zu Eulenburg.
Infirmité et psychologie
Atteint d'une paralysie du plexus brachial consécutive à une naissance difficile qui met en danger sa jeune mère alors âgée de 18 ans, Guillaume présente une atrophie partielle du bras gauche. Cette paralysie (atrophie de l'épaule gauche nette sur les photos à quinze ans) le gêne dans ses fonctions de représentation et notamment, l'empêche de monter seul à cheval, handicap majeur pour un prince de cette époque, héritier puis souverain d'une monarchie militariste. Il cherche toujours à dissimuler ce handicap, ce qui explique ses nombreuses fanfaronnades et son ton agressif qui cause bien des difficultés à la diplomatie impériale. Certains historiens[Qui ?] pensent qu'il aurait aussi pu subir une lésion cérébrale susceptible d'expliquer certains de ses traits de caractère (cyclothymie, agressivité, entêtement, impulsivité et manque de tact). Une telle personnalité engendre un comportement incompatible avec celui d'un monarque constitutionnel : pour compenser ce complexe d'infériorité, Guillaume fait une série de déclarations intempestives qui provoquent des crises diplomatiques graves, notamment l'affaire du Daily Telegraph et alimentent le courant germanophobe au Royaume-Uni et en France. Dans ses Mémoires, le chancelier von Bülow écrit qu'il passe un temps considérable à rattraper les maladresses du souverain.
Vie privée
Guillaume II collectionnait les uniformes et aimait les porter. Il en changeait plusieurs fois par jour, et s'habillait par exemple en garde-champêtre pour un pique-nique, ou en amiral pour visiter un aquarium (ou un navire, comme le voilier-école Grossherzogin Elisabeth en 1901). Il en avait plus de 200 qui étaient régulièrement entretenus par ses 12 valets.
Il adorait monter à cheval. L'apprentissage de l'équitation avait été particulièrement douloureux à cause de son bras atrophié. Il considérait le fait de pouvoir monter à cheval, indispensable pour un militaire, comme une revanche secrète sur son handicap. Il avait d'ailleurs une selle dans son bureau, qui lui servait parfois de fauteuil. Lorsqu'il se levait pour recevoir ses visiteurs, qui étaient surpris par le mouvement inhabituel du Kaiser pour quitter son siège, il leur montrait la selle montée sur un pied, expliquant qu'il était si bon cavalier qu'il préférait cela à une chaise de bureau.
La forme de sa moustache a été reprise par de nombreux Allemands, créant ainsi un phénomène de mode.
2002 : Simpson Horror Show XIII, il ressuscite et vient détruire Springfield avec des cow-boys, et est qualifié ironiquement comme étant « l'Allemand le plus maléfique de tous les temps ».
(en) Harold Frederic, The young emperor, William II of Germany ; a study in character development on a throne, G. P. Putnam's sons, New York, 1891, 250 p., lire en ligne.
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Récits de la Grande Guerre, 1918-2008, Les Cahiers de l'Est républicain, , 100 p.
Le dernier Kaiser. Le , Guillaume II devient le commandant suprême des troupes des empires centraux. Portrait – Hiver 2008
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Holger Afflerbach, Kaiser Wilhelm II. als Oberster Kriegsherr im Ersten Weltkrieg: Quellen aus der militärischen Umgebung des Kaisers 1914–1918. Verlag Oldenbourg, München 2005, (ISBN3-486-57581-3).
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Martin Kohlrausch(de) (Hrsg.), Samt und Stahl. Kaiser Wilhelm II. im Urteil seiner Zeitgenossen. Mit Fotografien aus dem Archiv des Hauses Hohenzollern. Landtverlag, Berlin 2006, (ISBN3-938844-05-1). (Mit Beiträgen von Otto von Bismarck, Hans Blüher, Rudolf Borchardt, Paul Busching, Winston Churchill, Egon Friedell, Walter Goetz, Georg Hinzpeter, Ernst Horneffer, Karl Lamprecht, Friedrich Naumann, Walther Rathenau, Jean-Paul Sartre, Reinhold Schneider(de), Percy Ernst Schramm, August Stein, Ludwig Thoma und Theodor Wolff.)
Wolfgang J. Mommsen, War der Kaiser an allem schuld? Wilhelm II. und die preußisch-deutschen Machteliten. Propyläen, Berlin 2002, (ISBN3-549-07169-8).
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↑Yehoshua Ben-Arieh, Jérusalem au XIXe siècle, Géographie d'une renaissance, (Israël MOD Publishing House, Tel Aviv, Israël, 1980), trad. de l’hébreu par Francine Lévy, Editions de l’éclat, 2003. Présentation en ligne
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↑(en) Peggy Cidor, « From prosperity to decay and back again », Jerusalem Post,
↑Ceci est clairement démontré par Raymond Poincaré lors de ses conférences prononcées à la Société des Conférences en 1921, lesquelles ont fait l'objet d'un ouvrage intitulé Les Origines de la Guerre (Raymond Poincaré, Librairie Académique Perrin, 1921, réédité en 2014, (ISBN978-2-262-04385-8)).
↑« La paix peut encore être sauvée par toi si tu consens à arrêter les préparatifs militaires contre l'Autriche-Hongrie ».
↑« L'Effondrement de l'Empire allemand (8 août-9 novembre 1918) vu par un historien norvégien » [article] , Verbraeken, Revue d'histoire moderne & contemporaine, année 1933, 8-10, p. 477.
↑Gary Sheffield, La première Guerre mondiale en 100 objets : Ces objets qui ont écrit l'histoire de la grande guerre, Paris, Elcy éditions, , 256 p. (ISBN978 2 753 20832 2), p. 234-235
↑ a et b« « Les revendications de la famille Hohenzollern sonnent comme un retour du refoulé de l’histoire allemande » », Le Monde.fr, (lire en ligne)
↑La princesse Élisabeth est la fille de la princesse Alice du Royaume-Uni, sœur de la KaiserinVictoria. La princesse Alice est porteuse du gêne de l'hémophilie qu'elle a transmis à un de ses fils. Il ne peut se concevoir que le fils du futur Kaiser puisse être hémophile et les Hesse-Darmstadt comme les Hohenzollern sont d'accord pour empêcher ce mariage ; Ils auront moins de scrupules envers le tsar de Russie Nicolas II et le roi d'Espagne Alphonse XIII ; l'hémophilie des infants d'Espagne et surtout celle du tsarévitch joueront un rôle certain dans la chute des monarchies, russe en 1917 et espagnole en 1931
↑C’est bien ce que dit assez nettement le prince Alexandre de Hohenlohe, le fils du Statthalter et chancelier de Guillaume II, lorsqu’il écrit au sujet de son ancien souverain : « Pour pouvoir sonder l'abîme qui s'ouvre dans cet homme, il faudrait posséder la plume d'un Marcel Proust ; il faudrait descendre dans les profondeurs et les souterrains de certaines natures anormales et pouvoir les peindre comme l'a fait cet auteur dans son œuvre À la recherche du temps perdu, lorsqu'avec une maîtrise incomparable et avec l'exactitude et la compétence d'un Darwin, d'un Fabre ou d'un Forel, il a décrit les différents genres d'inversion et les multiples variétés d'invertis des deux sexes » dans Souvenirs du Prince Alexandre de Hohenlohe, Payot, Paris, 1928, p. 199.