7 janvier : lors du vote de la loi de finances, les voix des socialistes se joignent à celles des communistes pour censurer le second gouvernement Pleven par 341 voix contre 243[2].
28 février : la récession que connaissent les États-Unis, la guerre de Corée, les déficits hérités des gouvernements précédents, la course prix-salaires dégradent considérablement la balance des paiements. Le gouvernement prend des mesures restrictives sur l’économie, il suspend la libéralisation des échanges, limite les importations et demande une avance de 25 milliards de francs à la Banque de France pour faire face aux dépenses immédiates et au remboursement de la dette. Le président du conseil Edgar Faure propose un plan d'économies de 100 milliards, une réforme fiscale et l'augmentation des impôts de 15 %. Mais l'Assemblée nationale ne soutient pas ces mesures d’austérité, entraînant la chute du premier gouvernement d'Edgar Faure[12] qui déclare plus tard : « Mon gouvernement dura quarante jours, compta quarante ministres et me fit perdre quatre kilos »[16].
Mars
6 mars : investiture du gouvernement Antoine Pinay avec une majorité de centre-droit de 324 voix contre 206 Celui-ci, lors de son discours d’investiture, marque sa détermination à régler les problèmes du pays, à savoir les prix, le budget, la balance des paiements et la stabilité du franc. Il annonce une baisse des dépenses publiques et le refus de toute nouvelle recette supplémentaire[17].
8 avril : après des débats houleux (et dix votes de confiance), l'Assemblée nationale approuve finalement en première lecture la loi de finances par 311 voix contre 206[20] ; la loi, promulguée le 14 avril, décide une amnistie fiscale pour les fraudeurs du fisc, ce qui entraine la démission de François Bloch-Lainé de la direction générale du Trésor[12] ; 110 milliards de francs de dépenses sont annulées, 95 milliards d’investissements sont gelés en attentant les rentrées d'emprunts, 100 milliards d’impôts supplémentaires sont attendus de l’amnistie fiscale[21]. La loi introduit une baisse importante des droits de mutation à titre gratuit et une réduction de l’impôt sur le revenu (relèvements des tranches d'imposition de l'impôt) de 54 milliards de francs, compensé partiellement par une hausse de 15 milliards de certains impôts indirects et droits de timbre[12]. Des mesures fiscales sont prises pour favoriser le développement de l'appareil productif et soutenir les départements algériens. Les coupes dans les investissements publics ne compensent pas les réductions d'impôts du gouvernement Pinay et la forte croissance des dépenses militaires. Le déficit du budget de l’État atteint un abyme de 770 milliards de francs[22], soit 23 % des dépenses publiques[21].
10 avril : l'article 2 de la loi du , ratifiant le traité instituant la CECA, prescrivait au gouvernement français « d'engager, avant l'établissement du marché commun, des négociations avec les gouvernements intéressés, pour aboutir à une réalisation rapide de la canalisation de la Moselle entre Thionville et Coblence »[23].
14 avril : promulgation de la loi de finances[24]. Elle réforme les conditions d’exercice du contrôle de l'administration fiscale afin d'en améliorer l'efficience. La loi établit la polyvalence du corps d'inspecteurs sur l’ensemble du territoire et dans l’amélioration des techniques de recoupement. Ce texte augmente également fortement la répression contre les fraudeurs. Le montant des amendes est fortement majoré et de nouvelles sanctions administratives sont créées, comme l'interdiction provisoire d’exercer une activité commerciale, industrielle ou libérale.
26 mai-17 juillet : lancement de l'emprunt Pinay (1952-1958), avec une garantie sur le cours de l'or et dispensé des droits de succession et de donation. Les intérêts, à hauteur de 3,5 % par an, sont défiscalisés. Antoine Pinay, président du Conseil, lance un emprunt indexé sur l’or assorti d’une amnistie fiscale qui fait rentrer les capitaux placés à l’étranger[29]. Il rapportera 428 milliards de francs aux finances publiques dont 195 milliards en « argent frais »[21].
3 juin : l'assemblée vote par 295 voix contre 253 le projet de loi du gouvernement Pinay sur l'échelle mobile des salaires. Désormais, les salaires seront indexés sur l'inflation[20].
18 juin : le parlement adopte la loi n°52-835 qui accroît la centralisation du pouvoir économique et renforce les pouvoirs du contrôle du gouvernement sur les prix[32].
21 juin : arrêté gouvernemental sur la création d'une commission de codification des textes intéressant la comptabilité publique[33].
décret exonérant d’impôt sur les bénéfices des plus-values les sociétés de portefeuilles, destinées à gérer, pour le compte de particuliers ou d’entreprises, des portefeuilles de valeurs mobilières. Les dividendes versées sont exonérées de l'impôt sur le revenu[36],[12].
8 juillet : promulgation de la loi instaurant l'échelle mobile des salaires[33].
10 juillet : loi créant une nouvelle allocation vieillesse destinée aux agriculteurs, gérée par un nouveau Fonds de gestion de l'allocation-vieillesse. Cette allocation sera financée par une nouvelle taxe de 0,4 % sur les importations agricoles (contrevenant à la promesse d'Antoine Pinay de ne pas créer de nouveaux impôts)[33]. Cette taxe apporte 200 millions de francs supplémentaires au budget de l’État.
5 août : affaire Dominici. Assassinat des époux Drummond et de leur fille près de la ferme des Dominici[41]. Quinze mois après Clovis et Gustave Dominici dénoncent leur père Gaston pour le crime.
Septembre
4 septembre : condamnation des communistes André Marty et Charles Tillon, animateur de la ligne dite de l'« ultragauche », par le Bureau Politique PCF. Le 16 septembre, le secrétariat du Parti publie dans L'Humanité un communiqué relatif aux sanctions prises contre Marty, exclu du secrétariat, et Tillon, exclu du bureau politique[42]. André Marty est exclu définitivement du parti le 24 décembre[43].
19 octobre-23 décembre : Alain Bombard traverse en solitaire l'océan Atlantique de Las Palmas aux Canaries à la Barbade aux Antilles à bord d'un canot pneumatique[47].
↑Michel Lang et Denis Cœur, Les inondations remarquables au XXe siècle : Inventaire 2011 pour la directive Inondation, Versailles, Editions Quae, (ISBN978-2-7592-2260-5, présentation en ligne)
↑ abcd et eFrédéric Tristram, Une fiscalité pour la croissance : La direction générale des impôts et la politique fiscale en France de 1948 à la fin des années 1960, Institut de la gestion publique et du développement économique, , 604 p. (ISBN978-2-8218-2839-1, lire en ligne)
↑Fred Réno, Jean-Claude William et Fabienne Alvarez, Mobilisations sociales aux Antilles : les événements de 2009 dans tous leurs sens, Paris, Karthala, , 370 p. (ISBN978-2-8111-0650-8, présentation en ligne)
↑Pierre Milza, Odile Gaultier-Voituriez, Carole Giry-Gautier, Sources de la France du XXe siècle : De 1918 à nos jours, Larousse, , 782 p. (ISBN978-2-03-592101-7, présentation en ligne)
↑ ab et cMichel-Pierre Chélini, Inflation, État et opinion en France de 1944 à 1952, Institut de la gestion publique et du développement économique, , 672 p. (ISBN978-2-11-089823-4, présentation en ligne)
↑Sylvie Lefèvre, Les relations économiques franco-allemandes de 1945 à 1955 : De l'occupation à la coopération, Institut de la gestion publique et du développement économique, , 527 p. (ISBN978-2-11-090084-5, présentation en ligne).
↑ a et bSylvie Lefèvre, Les relations économiques franco-allemandes de 1945 à 1955 : De l'occupation à la coopération, Institut de la gestion publique et du développement économique, , 527 p. (ISBN978-2-8218-3700-3, présentation en ligne)
↑Antoine Paucard, La mine et les mineurs de l'uranium français : Le temps des conquetes (1951-1958), vol. 2, Editions T. Parquet, , 353 p. (ISBN978-2-909561-03-5, présentation en ligne)
↑Hugues Tertrais, La piastre et le fusil, le coût de la guerre d'Indochine 1945-1954, vol. 2, Paris, Comité pour l'histoire économique et financière de la France, (présentation en ligne)