Au cours des années 1960, la bande dessinéeAstérix, de René Goscinny et Albert Uderzo, s'établit comme un succès de librairie en albums et dans le magazine Pilote[a]. Au milieu de la décennie, avec les ventes croissantes des albums, l'œuvre s'instaure même en phénomène de société, analysé et débattu dans les journaux les plus sérieux[a],[b],[c]. La presse, les fabricants de jouets et autres produits dérivés, la radio, la télévision, le cinéma et les créateurs de dessin animé souhaitent tous tirer profit de cette popularité[a],[d].
Devenu un phénomène de société en quelques années, Astérix attire tous les médias.
En , Georges Dargaud, éditeur d'Astérix et de Pilote, découvre le procédé innovant de l'animographe dans l'émission Au-delà de l'écran et voit le moyen de proposer Astérix à la télévision[e]. Son inventeur Jean Dejoux, chercheur à la RTF, fait la démonstration à Goscinny et Uderzo de cet appareil capable de produire rapidement et à bas coût une animation sommaire ; la rencontre est relatée dans le Pilote du , indiquant qu'Uderzo a pratiqué un bref essai en animant Astérix[e]. Si les auteurs sont peu enthousiastes au vu des énormes limites du procédé, Dargaud est séduit et confie à Dejoux les planches originales du premier album, Astérix le Gaulois, afin de commencer à travailler sur une série télévisée avec René Borg[1],[e]. Ce premier projet est finalement abandonné, probablement à cause des réticences des auteurs[e],[note 1].
À la même époque, l'éditeur belge Raymond Leblanc, fondateur du journal Tintin et des éditions du Lombard, pense lui aussi à adapter Astérix pour le petit écran avec son studio d'animation Belvision[e],[f]. Sa société s'est fait un nom avec ses adaptations télévisées des Aventures de Tintin, d'abord en noir et blanc en semi-animation puis en couleur et mieux animée avec la collaboration d'un studio américain[e],[f]. Son principe est de prendre le contrepied de Walt Disney : puiser dans le vivier des bandes dessinées déjà populaires qu'il édite pour en tirer des dessins animés pour la télévision, plutôt que de créer des personnages pour le cinéma ensuite adaptés à d'autres supports[e],[f]. En , Leblanc demande à Charlie Shows, le scénariste américain de la série Tintin, s'il accepterait d'écrire des histoires d'Astérix, bien que ce ne soit pas une œuvre de son catalogue[e],[f]. Shows émet un avis mitigé, estime l'univers inintéressant pour le public américain, notamment à cause « un sens de l'humour trop différent entre l'Amérique et l'Europe »[e],[f]. Leblanc met de côté son idée et se lance en 1965 dans l'adaptation d'une autre création de Goscinny et Uderzo, Oumpah-Pah (paru dans le journal Tintin), en courts métrages pour le cinéma[e],[f],[g]. Il produit également un court métrage d'après Spaghetti, autre personnage écrit par Goscinny pour Tintin, sans lui demander l'autorisation ni même le créditer[e],[f],[g],[h].
Dans le même temps, Claude Contamine, directeur de l'ORTF, voudrait que Goscinny et Uderzo lui réalisent une adaptation d'Astérix en prise de vues réelles[a]. Les auteurs estiment que leurs créatures au graphisme si particulier ne peuvent être incarnées par de vrais comédiens[a],[k],[c]. Ils préfèrent inventer une histoire originale sans leurs personnages : la première adaptation « en chair et en os » de l'univers d'Astérix, intitulée Deux Romains en Gaule, raconte ainsi les aventures de deux légionnaires[4],[a],[c]. Devenu un fidèle complice de Goscinny depuis plusieurs scénarios communs, Pierre Tchernia coécrit et réalise le téléfilm[a],[b],[l]. Afin de restituer au mieux l'ambiance comique, Goscinny, Uderzo et Tchernia s'accordent à distribuer les rôles à des artistes venus du cabaret, des fantaisistes, « rompus aux exercices de style du corps, de la grimace », plutôt qu'aux comédiens guindés et trop réalistes vus d'habitude dans les « dramatiques » télévisées — le principe est gardé dans leurs collaborations ultérieures, d'autant plus que Tchernia est proche de nombreux humoristes[4],[a],[b]. Le téléfilm comporte également les premières apparitions animées d'Astérix et Obélix[4],[d], durant sept courtes scènes mêlées au décor réel, réalisées par le duo d'animateurs « Grammat et Ranot », sur les voix de Roger Carel et Jacques Morel[a],[c]. L'une d'entre elles montre Uderzo dessinant Astérix à la craie sur le sol, un graffiti qui s'anime ensuite[a],[c].
En 1965, Georges Dargaud approche Raymond Leblanc — dont il édite le journal Tintin en France — pour lui soumettre un dessin animé d'Astérix pour la télévision[1],[e]. Au-delà du simple produit dérivé, une adaptation animée ferait une large promotion aux albums[g]. Toujours partant, Leblanc l'informe que « d'après [leurs] premières études, il semble possible d'adapter Astérix dans le style Spaghetti. Cela produirait des films pour la TV, susceptibles de passer également en salles comme compléments de programmes »[e],[f]. Dargaud conclut un accord de coproduction avec l'ORTF pour la fabrication de 78 films de cinq minutes adapté de six albums[e]. Belvision commence le travail sur un épisode pilote en 1966[e]. Leblanc écrit à Dargaud vouloir « discuter avec les auteurs »[e]. Néanmoins, l'éditeur français cache cette adaptation à Albert Uderzo et René Goscinny[e],[f],[m],[h],[n]. De toute façon, Uderzo et Goscinny sont opposés par principe à la télévision car ils savent qu'elle ne peut leur fournir un budget suffisant pour produire une animation correcte[1],[e].
Les voix sont enregistrées à l'été 1966, en reprenant la distribution du feuilleton de France Inter récemment commencé : Roger Carel en Astérix, Jacques Morel en Obélix, Pierre Tornade en Abraracourcix, Bernard Lavalette en narrateur ou encore Jacques Jouanneau en Assurancetourix[2],[e]. De même, Gérard Calvi compose la musique en reprenant son thème vite devenu populaire[5],[e]. L'adaptation est une transposition fidèle du premier album, Astérix le Gaulois paru en 1959, repris case par case, sans invention, au dialogue près[e],[m],[h]. La fabrication dure dix mois, un délai très serré[e]. La réalisation est menée par Ray Goossens, directeur artistique des studios[m],[o],[h]. Le budget total est estimé à 1,2 million de dollars, soit ce qu'investit un studio d'animation modeste aux États-Unis dans un long-métrage[p]. Malgré les efforts entrevus dans le premier film de cinéma de Belvision, Pinocchio dans l'espace (1965), le studio livre encore une animation limitée, rudimentaire et stéréotypée, reprenant les méthodes de l'UPA ou d'Hanna-Barbera (par exemple, les personnages n'ont que quatre doigts)[d],[e],[m]. Au cours de la production, Dargaud réfléchit à assembler la série en un long-métrage pour le cinéma[e]. L'idée ne convainc pas Leblanc[e]. Belvision entame ensuite le travail sur les adaptations de La Serpe d'or et Le Combat des chefs[e],[m]. Dargaud et Leblanc s'accordent à produire un film de cinéma adapté d'Astérix et Cléopâtre une fois diffusés à la télévision les trois saisons de la série[e]. Les épisodes d'Astérix le Gaulois sont terminés à l'automne 1967[e].
Au même moment, Uderzo et Goscinny finissent par apprendre, ulcérés, que Dargaud a produit un dessin animé à leur insu[e],[h]. Une projection privée leur est organisée chez Belvision[e],[h],[n]. S'ils sont émus de voir leur monde de papier s'animer, Uderzo et Goscinny sont déconcertés par le rythme lent et surtout la pauvreté du graphisme et de l'animation, eux qui admirent cette discipline (en particulier l'œuvre de Walt Disney)[6],[e],[h],[n]. Goscinny tient en horreur « cette aberration qui est le style télévision », « très bon marché », « avec ces personnages où seule la bouche remue »[e]. Dargaud souligne le respect du scénario de l'album et les met, quoi qu'il en soit, devant le fait accompli[n]. Ils sont au moins rassurés que ce travail ne soit destiné qu'au petit écran[e]. Peu après, Dargaud présente le film à des exploitants de salles, les frères Siritzky de Parafrance, qui s'avèrent extrêmement enthousiastes et réclament Astérix le Gaulois au cinéma[e],[n]. Abattus, les auteurs consentent à laisser le résultat paraître, au regard des sommes investies, mais exigent que les prochains dessins animés ne soient pas fait dans leur dos, et, au contraire, sous leur supervision[5],[e],[m]. Ils acceptent d'endosser la paternité du long-métrage, présenté comme « un film de Goscinny et Uderzo » plutôt que de Ray Goosens, en obtenant de pouvoir contrôler la création du prochain[d],[e],[h],[note 3]. Avant la sortie dans les salles, Dargaud, Goscinny et Uderzo partent à New York pour un rendez-vous avec de potentiels distributeurs américains, qui tourne court[e].
Le lancement du film est un évènement[p], à la fin d'une année charnière dans la croissance d'Astérix[e],[h]. Pilote accorde une énorme promotion au film[e],[h]. Dissimulant leurs sentiments véritables, les auteurs jouent le jeu en assistant aux évènements publicitaires de toutes sortes, expliquant à chaque interview leur plaisir — réel mais gâché — de voir leurs héros s'animer, ou même faisant croire avoir participé au processus de création[e],[h]. Astérix le Gaulois, sorti en pour Noël, est un succès avec 2,4 millions d'entrées, rentabilisant son budget en un an[7],[8],[h],[p]. C'est même plus tard un triomphe en Allemagne avec 6,2 millions d'entrées[7]. Intronisés dans le monde du dessin animé par cette réussite à moitié embarrassante, les auteurs peuvent au moins en profiter pour avoir des moyens importants pour le film suivant[d],[h],[n]. Le générique de fin d'Astérix le Gaulois annonce déjà : « Prochainement sur votre écran : Astérix et Cléopâtre »[e].
Dans la lignée de l'album, Astérix et Cléopâtre parodie la démesure du Cléopâtre hollywoodien. Des décors, costumes et accessoires en sont repris, tel ce monumental trône-sphinx à roues tracté par des esclaves[q].
René Goscinny et Albert Uderzo prennent en main le projet d'adaptation de l'album Astérix et Cléopâtre, publié en 1965, déjà prévu par Georges Dargaud et Raymond Leblanc[q]. L'album était déjà particulièrement cinématographique puisqu'il parodiait la superproduction américaine Cléopâtre de Joseph L. Mankiewicz, dont la grandiloquence et les erreurs grossières avaient profondément amusé Goscinny et Uderzo à sa découverte au cinéma[q],[r]. La bande dessinée reprenait du film le faste, certains anachronismes, décors et costumes (notamment les multiples robes portées par Elizabeth Taylor)[q],[r]. À l'inverse du travail des scénaristes de Belvision retranscrivant tel quel l'album sur Astérix le Gaulois, Goscinny et Uderzo transforment et remanient pleinement l'aventure pour l'animation et le cinéma[1],[q]. Cette plongée dans le dessin animé est l'accomplissement d'un rêve pour les deux auteurs, fous de cinéma d'animation ; tous deux avaient tenté une percée dans ce domaine avant de se consacrer à la bande dessinée[q],[s],[t],[note 4].
Goscinny et Uderzo profitent des possibilités dramatiques et visuelles du cinéma : ils montrent longuement le palais de Cléopâtre à Alexandrie (à peine vu dans l'album), font apparaître les pirates une seconde fois et inventent de nouveaux personnages dont l'espion-caméléon ou les mercenaires engagés par César[q]. Après un premier minutage du scénario se révélant trop court, Goscinny demande à Pierre Tchernia de les aider à écrire des scènes pour atteindre la durée classique d'un long-métrage[1],[l],[q],[r]. Ils ajoutent des chansons, comme cellesdes studios Disney : la séquence du Bain de Cléopâtre avec son lion, le rêve d'Obélix Quand l'appétit va, tout va et Le Pudding à l'arsenic quand Amonbofis et Tournevis cuisinent le gâteau empoisonné[l],[q],[r]. Uderzo élabore le storyboard, découpage des plans du film, et les planches de modèles, études représentant sous tous les angles les personnages ou éléments à animer[m],[s],[t]. Ils veillent à la direction d'acteur lors de l'enregistrement des voix, pour lequel revient la distribution du film précédent, agrémentée de Micheline Dax en Cléopâtre[q],[r]. Gérard Calvi compose encore les chansons et la musique[5],[q].
Augmentant les exigences de l'animation, les auteurs font passer les fonds de décor de 200 à 300 et les celluloïds à la minute de 600 à 700 (soit une décomposition des mouvements plus riche)[q]. Goscinny et Uderzo rejoignent une fois par semaine à Bruxelles les équipes de Belvision[q],[s]. Uderzo apporte des corrections sur le graphisme de ses personnages, telles la démarche d'Obélix et les oreilles d'Idéfix[q]. Ils ne peuvent pas tout le temps modifier les défauts constatés, à cause du prix que coûterait la réfection d’une séquence[1]. Les animateurs et les auteurs s'apprécient mutuellement, même si des incompréhensions d'humour les opposent parfois[1],[s]. La fabrication du film dure presque un an, avec Noël 1968 en ligne de mire[s]. Pour respecter les délais, Belvision agrandit ses effectifs et sous-traite plusieurs séquences à l'animateur danois Børge Ring et au studio(nl) néerlandais de Marten Toonder[o],[q]. Goscinny et Uderzo livrent dans le même temps trois aventures : Le Bouclier arverne, Astérix aux Jeux olympiques et Astérix et le chaudron[q],[s]. Ils approuvent le montage final le , trois semaines avant la sortie dans les salles[q].
Une promotion d'ampleur est accordée au film[q]. Astérix et Cléopâtre, sorti en face au Livre de la jungle, est un bon succès avec 1,9 million d'entrées, néanmoins inférieur à Astérix le Gaulois[7],[8],[q]. La critique est favorable[s]. L'amélioration de l'animation et du graphisme des personnages est remarquée[p]. Premier Astérix exploité en Allemagne, il connaît un triomphe avec 7,4 millions d'entrées[7],[o]. Goscinny et Uderzo estiment la qualité de l'animation encore faible, malgré leur contrôle artistique et les visites régulières aux animateurs[1],[z]. Ils jugent insuffisants le budget et temps octroyés[9].
Lors de ces venues aux studios, Goscinny et Uderzo remarquaient que les animateurs dissimulaient des documents à leur arrivée : en parallèle, Belvision poursuivait à leur insu la production d'Astérix et la Serpe d'or et du Combat des chefs[s]. Ils parviennent enfin à voir Astérix et la Serpe d'or en 1969 et en interdisent toute exploitation, au regard de « la mauvaise qualité de ce film, sur tous les plans sans exception, y compris la direction des acteurs »[q]. Cette expérience conduit Goscinny à invoquer, dans une lettre à Dargaud, « la nécessité absolue de superviser, sur tous les plans et à tous les stades (et ce avec un titre officiel), tout nouveau film que nous réaliserons. Je ne puis donc me borner à un simple rôle d'auteur et de critique a posteriori »[q]. Le travail sur La Serpe d'or (pratiquement terminé) et Le Combat des chefs est entièrement détruit[10],[h],[q],[s].
En , Raymond Leblanc déclare à la presse souhaiter « réaliser un long-métrage par an » et annonce parmi ses projets « un Astérix inédit en 1971 »[aa],[note 5]. Goscinny s'engage avec Belvision dans l'adaptation d'une autre de ses œuvres : le film Lucky Luke, mis en scène avec Morris[r],[aa]. Goscinny négocie un budget bien plus grand et, contrevenant aux volontés initiales de Leblanc, un temps de travail de deux ans plutôt qu'un afin d'arriver à une animation de meilleure qualité[9],[aa]. Il collabore une dernière fois avec Belvision pour le générique de son film Les Gaspards (1974)[9].
Goscinny et Uderzo fondent les studios Idéfix pour concevoir en toute indépendance leurs dessins animés.
En 1973, Goscinny et Uderzo décident de créer à Paris un studio d'animation, les studios Idéfix, en association avec Georges Dargaud[z],[ab],[ac]. En possédant leurs propres studios en France, ils comptent atteindre le niveau de qualité voulu en étant plus présents auprès des animateurs pour réaliser des vérifications et corrections, maîtriser l'ensemble du processus, sans dépendre des contraintes budgétaires d'un supérieur[z],[ab]. C'est aussi le parachèvement de leur rêve de devenir Walt Disney[l],[z],[ab],[ac]. Grâce aux recettes d'Astérix, ils se dotent de grands studios modernes, répartis sur plusieurs étages d'un immeuble, bénéficiant de matériels neufs et rassemblant une équipe de talents internationaux (dont un transfuge des studios Disney)[z]. L'irruption d'une telle fabrique est une révolution dans le paysage de l'animation française d'alors, où les artistes ne sont réunis que dans de petites structures souvent vouées à la publicité, l'expérience la plus proche remontant aux studios de Paul Grimault fermés en 1952, ruinés par le projet de La Bergère et le Ramoneur[11],[z],[ab]. Le besoin de main d'œuvre impulse l'ouverture d'un département « Cinéma d'animation » à l'école des Gobelins, à la sortie duquel les jeunes animateurs formés vont recevoir un emploi aux studios[11],[d],[z]. Souhaitant reprendre le modèle industriel Disney, Goscinny et Uderzo font le choix coûteux d'entretenir une équipe à demeure (d'environ 60 artistes) au lieu d'embaucher à chaque tâche, en prenant le pari d'avoir assez de projets sur lesquels les faire travailler en continu[11],[w],[z],[ac],[ad].
Goscinny et Uderzo se lancent dans un troisième long-métrage d'Astérix fondé sur une histoire originale comme l'était le Lucky Luke (1971) de Belvision[z],[ab],[ae],[ac]. Le dessinateur évoque les douze travaux d'Hercule et le scénariste en tire aussitôt l'idée d'un film à sketches : Les Douze Travaux d'Astérix[y],[z],[ab],[ae]. Après une énième défaite face au village gaulois, les Romains pensent que ses habitants sont des dieux : pour le vérifier, Jules César soumet ses irréductibles adversaires — représentés par Astérix et Obélix — à une série d'épreuves « que seuls les dieux pourraient réussir »[d],[z],[ab]. La succession des différents « travaux » permet à Goscinny d'aligner plusieurs genres, ambiances, caricatures nationales ou sujets de satire (tels la publicité ou l'administration) et de toucher à l'absurde et à la mise en abyme[ab],[ae]. Pierre Tchernia participe à l'écriture du scénario et des dialogues, avant de prêter sa voix à la narration[l],[z]. Uderzo dessine le storyboard, les planches-modèles de personnages, d'accessoires et même de situations entières directement reprises pour les images clés[z],[af]. Tchernia et Goscinny dirigent l'enregistrement des voix, avec la distribution de fantaisistes habituels[l],[af]. Gérard Calvi compose un nouveau thème plus jazz[5],[ab]. La direction de l'animation est attribuée à Pierre Watrin, ancien de chez Grimault, et au réalisateur Henri Gruel, responsable des effets sonores des précédents films de Tchernia / Goscinny[z],[ab]. La production s'étend d' à l'automne 1975, sous le contrôle constant des auteurs, qui publient dans le même temps trois albums (Le Cadeau de César, La Grande Traversée et Obélix et Compagnie)[z],[ab],[ag]. Afin de rester dans les délais, des séquences sont confiées aux animateurs indépendants danois Børge Ring et belge Vivian Miessen, déjà à l'œuvre sur les deux précédents Astérix, et aux studios britanniques de John Halas[11],[z].
Une énorme promotion est mise en place par Dargaud[ab]. Les studios Idéfix livrent à l'occasion deux dessins animés : un interview de plusieurs personnages par les journalistes-vedettes d'Europe no 1 et un autre d'Astérix et Obélix par Pierre Tchernia pour Les Dossiers de l'écran[z],[ab]. Les Douze Travaux d'Astérix, d'abord sorti en en Allemagne, est un triomphe colossal dans ce pays avec 7,1 millions d'entrées[7],[z],[ae]. C'est un succès moindre en France, à partir d'octobre, avec 2,2 millions d'entrées, toutefois supérieur au film précédent[7],[8],[z],[ab],[ae]. La critique reconnaît le perfectionnement de l'animation[ah]. La qualité est parfois inégale selon les séquences[d].
Afin de faire vivre les studios avant le lancement d'un prochain film, des projets annexes occupent les animateurs[z]. Goscinny et Uderzo préparent une série centrée sur Idéfix, adoré des enfants (et déjà héros de livres pour les plus petits[12]), à proposer à la télévision : un pilote de cinq minutes d'Un bon chien vaut mieux que deux tu l'auras est conçu, sans même être commandé par une chaîne, avec les moyens artistiques et techniques d'un long-métrage[11],[z],[note 6]. Uderzo en dessine le storyboard et les modèles[z]. Antenne 2 refuse cette série trop coûteuse[z]. L'autre idée est de mettre les studios au service des annonceurs : des publicités avec Astérix et Obélix sont produites pour Michelin, Panzani et la foire de Paris[11],[z]. Goscinny enchaîne ensuite sur un deuxième long-métrage de Lucky Luke, La Ballade des Dalton (1978)[z],[ad]. Il meurt au cours de la production, le [z],[ad]. Faute de suffisamment de commandes, le maintien permanent des équipes est financièrement intenable pour les studios[z],[ad]. Sur fond d'autres conflits avec Dargaud, et miné par la disparition de Goscinny, Uderzo ferme les studios en , une décision à laquelle son partenaire commençait selon lui à se résigner peu avant sa mort[z],[ad].
Sur les deux derniers dessins animés, la confrontation des personnages d'Uderzo avec l'animation a influencé en retour le graphisme de la bande dessinée : les jambes d'Astérix ont été allongées pour rendre leur animation plus naturelle et Idéfix, au début une simple « boule de poils », s'est peu à peu agrandi pour devenir visible et plus proche d'un vrai chien[13].
Après la mort de René Goscinny, Albert Uderzo continue une bataille juridique contre Georges Dargaud entamée par Goscinny peu avant son décès[ai],[aj]. Il se sépare alors de son éditeur historique, qui les avait souvent lésé[13],[aj]. La propriété d'Astérix est divisée : Dargaud garde l'exploitation des albums déjà parus et les droits d'adaptations audiovisuels, tandis qu'Uderzo conserve ses droits d'auteurs et obtient l'exploitation des produits dérivés et d'éventuels albums à venir, fondant à cet effet Les Éditions Albert René en 1979[13],[ai],[aj],[ak]. Décidé à contredire la presse et Dargaud qui proclamaient Astérix mort avec son scénariste, Uderzo publie de nouveaux albums dès 1980 avec cette société partagée avec la veuve Gilberte Goscinny[ai],[aj],[al]. Le succès commercial d'Astérix ne se dément pas[ai],[aj],[ak].
Les droits d'adaptations obtenus par Dargaud courent néanmoins jusqu'à une date limite, à laquelle ils reviendraient aux éditions Albert René si un film n'était pas réalisé d'ici là[13],[ai],[ak]. Dargaud fait appel à la plus grande compagnie du cinéma français pour un quatrième film[ai],[am]. Lorgnant sur les scores français des studios Disney, la firme Gaumont, qui n'a jamais produit de long-métrage d'animation, s'intéresse à Astérix et son potentiel au box-office[d],[ai],[an]. Une étude de marché commandée à Publicis avance qu'au regard de la popularité persistante du personnage auprès des enfants et des parents, et de la qualité inégale des trois premiers Astérix, des dessins animés bénéficiant d'une animation, d'une technique et d'une direction artistique des plus modernes et de moyens appropriés parviendraient — au mieux — à quintupler les résultats jusqu'alors plafonnés autour de deux millions d'entrées[an]. L'éditeur et la Gaumont s'adjoignent du soutien financier du distributeur et producteur allemand Jürgen Wohlrabe[ak], dont la société Jugendfilm a rencontré d'énormes succès en distribuant depuis 1970 chaque Astérix en Allemagne, où le personnage est extrêmement populaire[am],[ai],[o]. La première piste est de faire fabriquer le film à Los Angeles chez Hanna-Barbera, à qui Dargaud et Gaumont viennent de confier la série animée Lucky Luke[13],[ai],[am]. Plusieurs années sont perdues avec Hanna-Barbera, incapable de comprendre l'esprit de la bande dessinée et de maîtriser le graphisme d'Uderzo ; Joseph Barbera avoue à Uderzo n'avoir même pas pris la peine de lire les albums[13],[ai],[ao]. Le premier scénario d'Hanna-Barbera est rejeté et Wohlrabe paie cette vaine préproduction américaine[ao].
Après la mort de Goscinny, Pierre Tchernia veille aux scénarios des adaptations ultérieures.
Jusqu'alors réticente, la Gaumont décide de lancer son propre studio d'animation, aucune structure en France ne pouvant produire un tel film depuis la fermeture des studios Idéfix[13],[ai],[an]. L'équipe rassemble des artistes venus de toute l'Europe, talents reconnus ou jeunes débutants, sous la férule du producteur Yannick Piel[13],[ai],[an],[ao]. Depuis les débuts, Goscinny et Uderzo avaient compris que la transposition d'un seul album ne donnait pas un dessin animé assez long, d'où les ajouts d'Astérix et Cléopâtre ou l'histoire originale des Douze Travaux d'Astérix[1],[13]. Barbera avait émis l'idée de mêler Astérix gladiateur et Astérix légionnaire, publiés en 1964 et 1967[ao]. Pierre Tchernia écrit donc un scénario combinant ces deux albums, tirant du premier le sauvetage d'un irréductible gaulois offert à cadeau à Jules César lors de jeux du cirque et du second l'intrigue de Tragicomix enrôlé de force dans la légion romaine et envoyé en Afrique du nord[13],[ai]. Roger Carel tient naturellement la voix d'Astérix[am]. Après divers personnages dans les dramatiques radio et les trois premiers films, Pierre Tornade récupère le rôle d'Obélix[14],[am]. Uderzo s'assure discrètement du respect de son style, sans avoir cette fois-ci de rôle dans la production[13],[ai],[ak],[note 7].
La réalisation est d'abord attribuée à l'animateur britannique Geoffrey Gibbons, issu de la publicité[13]. Les premières séquences s'avèrent trop lentes, impliquant une durée finale bien trop longue[13]. Gibbons est aussitôt remplacé par ses assistants, les frères Gaëtan et Paul Brizzi, l'un s'attelant à l'animation et l'autre à la mise en couleurs[13]. Les Brizzi reprennent à zéro le storyboard, gardant la trame générale, l'essentiel des dialogues et approfondissant certaines scènes[13]. Ils déclarent : « Par des petits traits, les dessins d'Uderzo suggèrent le mouvement à la perfection, ce que ne sait pas faire Disney. Son sens de la caricature donne toute la truculence de la culture gauloise. Le mieux que nous pouvions faire était de rester modeste et d'essayer de reproduire son art en animation »[d]. Ils entendent livrer « une grande comédie d'aventures »[ai]. Chaque séquence (soit tous les éléments la composant) est confiée à un animateur, alors que la méthode américaine est plutôt d'attribuer un personnage à chaque artiste qui le garde tout le film ; la narration, les raccords et le rythme d'une scène gagnent en fluidité mais l'apparence des personnages peut ainsi varier d'une séquence à l'autre[13]. Idéfix, apprécié des animateurs, est le héros d'une scène entière, dans les égouts de Rome[13],[ai]. La course de chars d'Astérix gladiateur est étoffée en parodiant le péplum Ben-Hur (1959)[13],[ai]. Avec une cadence de production effrénée, le film est achevé dans les délais, en seulement un an[13],[ai].
Une séance publique est organisée fin afin de justifier le respect du contrat avec Dargaud[13],[ai]. La promotion du film est ensuite « quelque peu inadaptée, maladroite et sans idée » selon Bernard de Choisy[ap]. Astérix et la Surprise de César, sorti en , est un succès avec 1,7 millions d'entrées en France et 3,1 millions en Allemagne[7],[8],[ai]. L'accueil est bon et l'amélioration de l'animation au regard des précédents est notée[aq].
Un cinquième film est lancé au cours de la production de La Surprise de César[ai]. Toujours écrit par Tchernia, il adapte fidèlement Astérix chez les Bretons, paru en 1966, susceptible d'intéresser le public anglais[13],[ai]. La réalisation est conférée à l'animateur italien Pino van Lamsweerde, fou d'Astérix qui avait proposé ses services dès la constitution du studio[13] ; il avait réalisé un segment de Métal hurlant (1981) et le storyboard de SOS Fantômes (1984)[ai]. Il compte « garder l'esprit d'Astérix à 100 % », ajoutant par exemple une classique bagarre de poissons dans le village, absente de l'album[13],[ai]. Il délivre un style plus cartoon que le précédent, déroutant parfois les animateurs français[13],[ai]. Gaumont coproduit le film avec la société danoise Gutenberghus[am]. Sa conception s'étend sur un an et demi[13]. La Surprise de César et Astérix chez les Bretons sont mis en musique par Vladimir Cosma, compositeur attitré des productions Gaumont[ai],[am],[an],[13]. Plastic Bertrand chante le générique Astérix est là[15],[d],[an],[13]. Le groupe Cook da Books en chante une version anglaise pour le suivant[15].
Astérix chez les Bretons, sorti en , à peine un an après le précédent, est un succès avec 2,7 millions d'entrées en France et 2,9 millions en Allemagne[7],[8],[ai]. La qualité de l'animation est croissante[d]. Une fois ce deuxième dessin animé sorti, la Gaumont ne désire cependant pas poursuivre son activité d'animation, qu'elle considère trop annexe, au regret de l'équipe[ai]. Les résultats commerciaux sont restés dans la moyenne des trois premiers Astérix, soit en deçà des attentes des producteurs[an].
En 1987, le distributeur et producteur allemand Jürgen Wohlrabe achète les droits d'adaptation d'Astérix et s'associe à la Gaumont[13],[ai],[o],[ar]. Avec l'espoir de dépasser les résultats des deux précédents, Wohlrabe entreprend un sixième film d'après Le Combat des chefs publié en 1966, album qu'il estime le plus apprécié[o]. Yannick Piel obtient de pouvoir le fabriquer entièrement en France, dans les studios parisiens vides depuis un an[13],[ai]. Sous le pseudonyme de Yannik Voight, il écrit le scénario en se fondant plutôt sur Le Devin, paru en 1972, ne retenant du Combat des chefs que le coup de menhir rendant Panoramix fou et incapable de préparer la potion magique[o],[note 8]. Depuis les débuts du studio, plusieurs animateurs exprimaient leur fascination pour l'album lugubre du Devin[13]. Déjà présent à l'animation des précédents, Philippe Grimond prend en charge la réalisation[ai]. La folie du druide et les effets invraisemblables de ses potions improvisées donnent l'occasion aux animateurs de créer des séquences délirantes et fantastiques, proches de Tex Avery[13],[d],[ai]. Le dessin animé s'adapte encore aux dernières innovations[ar], dont l'usage du son numérique et le Dolby stereo[16]. Piel et Grimond souhaitent prendre une nouvelle orientation musicale et engagent Michel Colombier, qui livre une musique orchestrale ample empreinte de rock[13],[5],[16]. Jürgen Wohlrabe retire son nom du générique en découvrant qu'il n'a pas financé une véritable adaptation de l'album voulu au départ[o]. Astérix et le Coup du menhir, sorti en , est une réussite avec 2,5 millions d'entrées en Allemagne et un million et demi en France[7],[8],[ai]. Le score français déçoit néanmoins les producteurs[ar]. Uderzo y voit l'adaptation la plus aboutie artistiquement[13],[ar]. Malgré trois succès, les dirigeants de la Gaumont ferment le studio, qui s'était pourtant établi comme un outil efficace dans l'industrie balbutiante du dessin animé européen[13],[ai].
Jürgen Wohlrabe lance seul la production d'un septième film d'après l'album La Grande Traversée paru en 1975[am],[o],[au]. Ce sujet lui permettrait de faire son entrée dans le marché américain en profitant des célébrations du 500e anniversaire(en) de la découverte de l'Amérique par Christophe Colomb à venir en 1992[22],[o],[au]. Ce pourrait aussi être l'occasion d'introduire Astérix aux jeunes lecteurs américains, qui ne le connaissent pas[av]. La réalisation est confiée à Gerhard Hahn[au],[aw], auréolé du succès de son adaptation d'une bande dessinée populaire en Allemagne[23],[o],[ax]. Yannick Piel écrit un scénario fidèle à l'album mais, à l'instar du mélange du Coup du menhir, en rajoutant Pépé d'Astérix en Hispanie[22],[o],[au]. Le producteur rejette ce traitement pourtant validé par Albert Uderzo et fait écrire une nouvelle version très différente au scénariste Thomas Platt et à Gerhard Hahn (crédité Rhett Rooster à ce poste)[22],[o],[au]. La seconde partie évoquant le débarquement des Vikings en Amérique est évincée pour se concentrer uniquement sur les Indiens[au],[ay],[az]. Alors qu'Astérix et Obélix ne faisaient que dériver jusqu'en Amérique dans l'album, le film repose sur un plan de Jules César comptant priver le village de potion en capturant Panoramix et en le jetant au-delà du bout du monde[ay],[24],[az]. Les deux héros poursuivent en barque le bateau retenant prisonnier Panoramix, puis découvrent le Nouveau Monde et vivent des aventures avec une tribu indienne, tandis que le village gaulois subit le siège de l'armée romaine[24]. Une histoire sentimentale implique Obélix et une séduisante indienne, à la place de sa relation avec la collante grosse fille du chef dans l'album[az].
L'animation est entièrement réalisée aux studios ExtraFilm de Berlin[ba], à partir de voix anglaises plutôt qu'avec la distribution française habituelle, sous le titre Asterix in Amerika[au]. Des chansons — dont une interprétée en version originale par Bonnie Tyler — parcourent le dessin animé à la manière de ceux des studios Disney[az],[bb]. Les scènes de l'océan Atlantique font appel à l'animation 3D[24],[d],[au]. Le budget s'élève à 14 millions de francs (ou 8 millions de dollars)[25],[ay],[bb]. Albert Uderzo et Pierre Tchernia supervisent l'adaptation[au],[az],[ba]. Lors de ses voyages aux studios, Uderzo découvre une grande différence de ton avec son œuvre et doit se battre pour couper des scènes qui le dérangent, parfois trop vulgaires à son goût[au]. Ces dissensions retardent la livraison du film bien après la date prévue de 1992[au]. Dans le doublage français, Roger Carel, Pierre Tornade et Henri Labussière reprennent leurs rôles d'Astérix, Obélix et Panoramix[am]. Astérix et les Indiens, sorti en en Allemagne, est un échec relatif avec 1,8 million d'entrées dans ce pays[7],[o]. Uderzo repousse à plusieurs reprises la sortie en France, jusqu'en ; c'est là encore une déception avec à peine plus d'un million de spectateurs[8],[7],[22],[au],[v]. La critique est mitigée, déçue par la qualité de l'animation, les transformations de l'album et le niveau de l'humour[24],[ay],[bb],[az],[aw]. Anne Goscinny déplore les concessions faites pour plaire à un public mondial, le manque d'insolence ou d'humour et la fin trop noire[ba],[ay],[note 9]. Unique Astérix à connaître une sortie en salles aux États-Unis, le film, intitulé Asterix Conquers America, n'intéresse nullement le public américain[o],[av].
Faisant le bilan des quatre dernières adaptations, Albert Uderzo reconnaît la qualité artistique des trois dessins animés de Gaumont, même si « tous les auteurs se sentent un peu trahis par le graphisme ou l'animation. Mais aucun n'a eu les budgets d'un film de Disney »[bc]. Il est plus dubitatif quant aux scénarios : « Certains albums de bande dessinée peuvent faire un film de 80 minutes ; d'autres ne tiennent que 60 minutes. C'est étrange, mais on a constaté cela. Alors, pour atteindre la durée voulue, il a fallu mêler une autre aventure. Je le regrette, parce que ça ampute un peu la première histoire, mais c'était ça ou ne rien faire du tout »[bc]. Lors du succès de la série animée Les Aventures de Tintin, adaptation de presque chaque album d'Hergé, la presse et le public entrevoit la possibilité de faire de même avec Astérix[bc]. Uderzo s'oppose encore à l'idée d'adapter Astérix à la télévision, expliquant que le style d'Hergé est plus aisément transposable que le sien en dessin animé à moindre coût[bc].
Constatant les excellentes audiences des Astérix diffusés lors des fêtes de fin d'année 2000, la chaîne M6 souhaite produire sa propre adaptation[bd],[be]. L'idée première d'une série télévisée est refusée par Uderzo, toujours réticent à offrir son héros au petit écran[bd]. Les producteurs se tournent donc vers un huitième long-métrage, adapté d'Astérix et les Normands paru en 1966, les Vikings pouvant intéresser un public international[27],[bd]. Le choix du studio d'animation est soumis à Uderzo mais aucun en France ne satisfait le dessinateur[be]. En , il adoube finalement une équipe danoise après avoir apprécié leur film Gloups ! je suis un poisson[be]. La réalisation est ainsi confiée à Stefan Fjeldmark, cofondateur du studio, et Jesper Møller, formé chez Don Bluth[28],[am]. Jean-Luc Goosens écrit le scénario[29],[27], expliquant adapter l'album « en comédied'action »[bd]. Les références à la jeunesse sont modernisées : par exemple, Goudurix aime le rap et la funk au lieu du rock de la bande dessinée et utilise un pigeon messager dénommé « SMS »[30],[31],[bd]. La trame originale est complétée par une intrigue amoureuse entre le jeune gaulois et la fille du chef viking venu le capturer[27],[31],[32]. Astérix et Obélix partant au secours de Goudurix dans le grand Nord, le film s'inspire aussi de l'aventure en terre viking de La Grande Traversée mise de côté par Astérix et les Indiens[bd]. Le scénariste donne des réactions et discussions de parents aux deux héros protégeant Goudurix[31]. Anne Goscinny et Sylvie Uderzo annoncent le projet lors du festival de Cannes 2003[33]. Le budget s'élève à 22 millions d'euros, soit alors le plus grand pour un dessin animé européen[27],[33],[30],[34].
En 2010, M6 met en chantier la neuvième adaptation dans un style différent des précédentes : l'animation 3D en images de synthèse, popularisée par les réussites du studio américain Pixar depuis quinze ans[bf],[42]. Quelques années auparavant, Albert Uderzo, longtemps hésitant envers ce procédé, avait fini par valider une première incursion dans ce style, pour une courte séquence impliquant Astérix, Obélix et Idéfix (avec les voix de Roger Carel et Jacques Frantz), destinée à la file d'attente de l'attraction Le Défi de César au parc Astérix[43].
L'écriture et la réalisation du long-métrage sont confiées à Alexandre Astier, créateur sur la chaîne de la série à succès Kaamelott[bf],[44]. Le choix de l'album à adapter lui est laissé[bf]. M6 lui soumet Astérix en Hispanie, paru en 1969, mais il ne pense pas pouvoir moderniser cet album et retient plutôt Le Domaine des dieux, de 1971[45],[bf],[note 11]. Selon lui, l'album revêt des thèmes toujours d'actualité, comme « un rapport à l'écologie, à la ville, aux racines »[bf]. Il respecte l'histoire originale tout en exacerbant les enjeux, menant le village des irréductibles gaulois au bord de la disparition[bf]. La production l'adjoint d'un nécessaire coréalisateur : Louis Clichy, ancien animateur chez Pixar sur WALL-E (2008) et Là-haut (2009), pour la première fois réalisateur d'un long-métrage[bf],[47]. Il avait été formé au département d'animation de l'école des Gobelins, créé pour les besoins des Douze Travaux d'Astérix (1976). Roger Carel sort exceptionnellement de sa retraite pour prêter une dernière fois sa voix à Astérix, après presque cinquante ans dans ce rôle[2],[bf],[47],[48]. Il s'est présenté spontanément à la production dès qu'il a appris le lancement d'un nouveau film[47]. Astier s'entoure également de sa troupe fidèle de comédiens passée dans Kaamelott[bf],[47]. L'animation est partagée entre les studios français de Mikros Image et des studios belges dont Belvision[bf],[49]. Le film bénéficie d'un budget de 30 à 37 millions d'euros[49]. Astérix : Le Domaine des dieux, sorti en , remporte un grand succès avec près de trois millions d'entrées, devenant l'adaptation animée d'Astérix la plus vue au cinéma[7],[bf],[50]. Le film reçoit de bonnes critiques, saluant son graphisme, son interprétation et son comique[bf],[51]. Auparavant inquiet lors de la préparation, Albert Uderzo la proclame finalement la meilleure adaptation de tous les films Astérix[52]. Anne Goscinny considère que « ce film inscrit Astérix au XXIe siècle », grâce à l'animation 3D[47].
Satisfait par cette première réussite, M6 propose un nouvel Astérix à Alexandre Astier[45]. Ce dernier souhaite écrire une histoire originale[45]. Il décide d'aborder pour la première fois l'avenir du village gaulois en racontant comment Panoramix, se voyant vieillir, cherche un druide à qui transmettre la recette de la potion magique[45]. Tandis qu'Astier anticipait le refus d'Uderzo pour cette histoire allant à l'encontre de l'aspect intemporel des aventures, le dessinateur est satisfait du sujet, lui répondant : « Je pensais qu'on avait fait tous les sujets possibles avec René. Et bien non, il en restait un »[45]. Revenant sur la jeunesse de Panoramix et sa rivalité avec un autre druide, l'intrigue met Astérix en retrait[53]. Puisque Roger Carel est définitivement parti à la retraite, Astier surprend en confiant la voix d'Astérix à Christian Clavier, renouant avec le héros qu'il avait joué « en chair et en os » dans Astérix et Obélix contre César (1999) et Mission Cléopâtre (2002)[53],[54]. L'animation est toujours réalisée sous la direction de Louis Clichy, au sein des studios Mikros Image[55]. Le film requiert un budget de 33,7 millions d'euros[56],[57]. Astérix : Le Secret de la potion magique, sorti en , est un triomphe avec près de quatre millions d'entrées[56], s'établissant à son tour comme le plus grand succès d'Astérix animé[58]. Les résultats à l'étranger sont supérieurs à ceux du Domaine des dieux[56],[58]. La critique est positive, à part des réserves sur le scénario[59],[60]. Le film est nommé au César du meilleur film d'animationen 2019[61].
En 2019, le parc Astérix, fêtant son trentième anniversaire, ouvre une attraction en cinéma 4-D, dynamique et odorama baptisée Attention Menhir ![62],[63]. D'une durée de quinze minutes, le film transpose librement un élément du Combat des chefs, lorsque Panoramix devient fou après avoir été assommé par un menhir[62],[64]. Le court-métrage reprend l'aspect graphique des deux dernières adaptations et la distribution des voix, à l'exception de Jean-Claude Donda en Astérix comme dans la plupart des œuvres dérivées[62]. Le film est conçu par des studios d'animation canadiens, assistés de sociétés belge et italienne, pour un budget de 6,5 millions d'euros, et validé par Albert Uderzo[62],[63]. La salle de projection, l'ancienne attraction Cinématographe, est renommée Studios Idéfix, en hommage au studio d'animation de Goscinny et Uderzo[63],[65]. L'attraction est inaugurée par Clovis Cornillac, l'un des incarnations d'Astérix en prise de vues réelles[65].
En parallèle, les éditions Albert René, Studio 58 et GMT Productions développent à partir de 2015, après le succès de la première adaptation en 3D, une première déclinaison de l'univers d'Astérix en série télévisée : Idéfix et les Irréductibles[66],[67],[68]. Jusqu'alors, les auteurs et les ayants droit refusaient d'adapter Astérix à la télévision, le préservant pour des films-évènements au cinéma[67]. De plus, ils estimaient que les aventures du guerrier gaulois se prêtent davantage au format long qu'à de courts épisodes[68],[67]. Cherchant malgré tout à investir la télévision pour approcher un nouveau public, les producteurs décident de s'intéresser à Idéfix[68],[67]. L'idée renoue avec le vieux projet de Goscinny et Uderzo à l'époque des studios Idéfix d'élaborer une série autour du petit chien adoré par les enfants[68],[67]. La série dérivée et préquelle imagine les aventures d'Idéfix et de ses amis dans Lutèce, avant sa rencontre avec Astérix et Obélix dans l'album Le Tour de Gaule d'Astérix[68]. L'animation est confiée au studio breton o2o[67]. Albert Uderzo en supervise les premières étapes[68]. La diffusion est lancée en 2021 dans le programme Okoo de France Télévisions, puis passe à d'autres chaînes[66]. En France, la première saison attire près de quinze millions de spectateurs à la télévision et en ligne[69]. Le programme gagne aussi la Belgique, la Suisse, le Québec, l'Allemagne, la Norvège, la Pologne, la Hongrie, la Tchéquie, le Portugal ou encore l'Italie[69]. La série paraît sous le même titre en albums, pour la plupart adaptés des épisodes[68].
Goscinny n'est pas convaincu par les deux longs-métrages tirés des Aventures de Tintin, Tintin et le Mystère de la Toison d'or (1961) et Tintin et les Oranges bleues (1964), à l'écriture desquels il a participé : « j'en pense le plus grand mal. Les films n'ont pas été fidèles à l'esprit des Aventures de Tintin. Il est bien sûr question de tourner un film à propos d'Astérix, mais il serait stupide de grimer les acteurs pour les faire ressembler aux personnages. Il faudrait se contenter de garder l'esprit… »[k]. La transposition du style de dessin d'Uderzo en dehors du dessin animé leur paraît impossible, que ce soit pour les personnages à gros nez comme pour les gags visuels[k]. Le scénariste explique : « La seule façon d'y parvenir serait de trouver un acteur dont le charme personnel puisse remplacer le charme du dessin. Il faudra oublier notre travail de bande dessinée et trouver d'autres gags. Les producteurs pensant à des trucages, font faire des maquettes… Mais ça ne peut pas marcher »[k].
Quelques projets sont soumis aux créateurs d'Astérix[k]. Dans les années 1960, le réalisateur Claude Lelouch propose une idée particulière lors d'un déjeuner avec Goscinny et Uderzo[k],[bg]. Le dessinateur raconte : « Nous avons été un peu ahuris quand il nous a dit qu'il envisageait de faire ce film sans comédiens professionnels, avec des gens choisis dans la rue pour leur ressemblance physique avec les personnages. Rencontrer des monstruosités pareilles, ça n'est pas donné à tout le monde, heureusement d’ailleurs ! Souvent des amis m'ont dit : « Si vous faites un film, je connais quelqu'un qui ferait un Obélix formidable ». Il s'agissait en général d'un type un peu fort et portant des moustaches, rien de plus. Bref, ce projet Lelouch n'est pas allé plus loin »[k],[bg]. Plus tard, l'acteur Louis de Funès désire jouer Astérix au cinéma[k],[bg],[88],[bh],[bi]. Il rencontre les auteurs — qui l'admirent — pour un déjeuner, Uderzo détaillant : « J'étais très impressionné […]. Nous avons peu parlé d'Astérix. Il nous a seulement confirmé son intérêt pour le rôle et son souhait de déclencher un film dans lequel il [le] jouerait. Après quoi, il s'est mis à raconter des souvenirs et Goscinny et moi étions tellement heureux que nous n'avons pas cherché à en savoir davantage. Finalement, ce projet n'a pas eu de suite non plus. Un tiers nous avait indiqué que Louis de Funès souhaitait jouer Astérix sans moustaches. Mais sans moustaches, Astérix ne serait plus Astérix. De toute façon, nous n'avons pas eu l'occasion d'en débattre avec de Funès »[k],[bg],[note 12],[note 13].
Les projets d'Astérix « en chair et en os » évoqués avec des producteurs ne se limitent qu'à de petites comédies françaises sans envergure[k]. Goscinny et Uderzo pressentent qu'une adaptation respectueuse nécessiterait de véritables moyens[k]. La reconstitution de l'époque de l'intrigue implique de consentir aux dépenses inhérentes à un film historique et l'humour requerrait tous les trucages physiques ou optiques nécessaires aux gags visuels, tout comme les aspects fantastiques tels que les effets de la potion[bk]. Dans un interview en 1973, ils relatent avoir « vu un producteur et on lui a dit : « Ce qu'il vous faudra, c'est 5 000 figurants pour un petit gag qui va durer dix secondes ». Le gars nous a regardé comme des dingues »[k]. Goscinny reconnaît en 1974 : « Je crains que mon genre d'humour ne coûte trop cher au cinéma. L'humour visuel coûte très cher »[k],[89]. Astérix est ainsi cantonné aux dessins animés pendant quarante ans[k],[bk].
En 1992, le jeune Thomas Langmann, fils de Claude Berri, s'intéresse à la production et pense à bâtir un film d'après Astérix, constatant le succès toujours prégnant du petit gaulois trente ans après sa création[90],[bl],[bm],[bh],[bi]. Durant la décennie, l'univers demeure profitable, que ce soit avec les audiences des dessins animés, les ventes des derniers albums, des produits dérivés ou les premières années rentables du parc Astérix[90],[bl],[bm]. En 1993, il contacte Sylvie Uderzo, fille du dessinateur et directrice des éditions Albert René, que l'idée séduit[90],[bm]. Il obtient aussi l'aval d'Anne Goscinny, héritière des droits moraux de son père[bl],[bm]. Néanmoins, ni Claude Berri, ni Albert Uderzo ne veulent de ce projet[90]. Berri juge cette bande dessinée impossible à transposer sur grand écran avec des comédiens[bh]. Langmann et Sylvie Uderzo prennent un an à convaincre leurs pères[90]. Berri préfère s'atteler à une adaptation des Aventures de Tintin d'après Les Sept Boules de cristal / Le Temple du Soleil avec le réalisateur Alain Berberian[91]. Entretemps, outre l'accord des ayants-droits, Thomas Langmann est parvenu à attirer des noms susceptibles d'intéresser Berri : Christian Clavier et Jean-Marie Poiré, juste après Les Visiteurs (1993), et Gérard Depardieu désireux de travailler avec eux[bm],[note 14]. Rassuré par ces atouts et comprenant le potentiel d'Astérix, Berri conclut un accord avec Albert Uderzo[bm]. Il certifie aux ayants-droits que la bande dessinée pourrait être convenablement restituée grâce à des moyens importants et des effets spéciaux les plus modernes[bh],[note 15]. Uderzo et Berri signent un contrat obligeant au respect de l'esprit de l'œuvre originale, à la mise en œuvre de moyens importants et réservant le rôle d'Obélix à Depardieu (idéal pour le personnage aux yeux du dessinateur)[bh],[bi],[bn],[bo]. Berri met finalement le projet entre les mains d'un collaborateur de longue date, Claude Zidi[bm],[bh],[bi].
Ces moyens permettent entre autres d'ériger d'immenses décors — le village gaulois aux studios d'Arpajon, le fort romain dans une plaine de Clairefontaine, le cirque aux studios Bavaria près de Munich — tandis que les vues du générique sont filmées sur les plages de Quiberon et sur les côtes de Durness en Écosse[bh],[bi],[94]. Prenant le contre-pied de la clarté du dessin d'Uderzo, Jean Rabasse conçoit des décors réalistes, chargés, aux matériaux visibles[bi]. Sylvie Gautrelet élabore d'abord des costumes fidèles à la bande dessinée mais ceux-ci se marient mal avec le parti-pris des décors : la costumière rend donc elle-aussi les habits plus vivants avec des couleurs délavées, plusieurs couches de vêtements superposés, « un côté un peu plus loques »[bi]. Certains acteurs portent des prothèses faciales pour se rapprocher des physiques imaginés par Uderzo[bu]. Le tournage s'étend du au (dont quelques jours d'interruption dus à un grave accident de moto de Depardieu), suivi de six mois de montage et de travail sur les effets spéciaux[bh],[94].
À l'instar de chaque production Berri, une promotion d'ampleur est mise en place[bv],[97]. Le lancement est massif : le film est projeté sur 780 écrans à travers le pays[98]. Afin de mettre en valeur les deux rôles et acteurs principaux, le titre commence par « Astérix et Obélix » plutôt qu'un simple « Astérix », avec l'espoir d'en faire une franchise[bv]. Astérix et Obélix contre César, sorti en , connaît un immense succès avec près de neuf millions de spectateurs en France (le plus grand box-office de l'année, devant les phénomènes mondiaux du Tarzan des studios Disney, de Star Wars, épisode I : La Menace fantôme et de Matrix), ainsi que quinze autres à l'international[bm],[bo],[56],[98]. Les critiques sont néanmoins mitigées (comme souvent envers Zidi), relevant la faiblesse de la réalisation, du scénario et de l'humour[bh],[bo],[99]. Au-delà d'Astérix, ce triomphe commercial fait des émules : le cinéma français s'empare dès lors de la bande dessinée franco-belge pour en tirer de nombreux films, aux résultats inégaux[k].
Durant la préparation d'Astérix et Obélix contre César, Claude Berri avait demandé à Alain Chabat, fort des succès de La Cité de la peur (1994) avec Les Nuls et Didier (1997) en solo, d'en écrire les dialogues[bh],[100]. Chabat avait refusé en jugeant le scénario « pas assez fidèle à l'esprit de Goscinny et d'Uderzo. J'aurais fait autrement si j'avais fait le film »[bh],[100]. Le producteur comprend que Chabat est un véritable fan d'Astérix[note 17] et, au moment d'en lancer un deuxième, pense à lui pour le créer[bh],[100]. En 1999, Chabat le rencontre pour lancer une adaptation de Spirou et Fantasio d'après Z comme Zorglub / L'Ombre du Z mais le projet s'avère irréalisable et Berri préfère l'orienter sur Astérix[100]. Berri prévoit alors de monter régulièrement un Astérix à chaque fois mené par un artiste différent[102]. Alain Chabat penche sur plusieurs albums avant que Berri ne l'aiguille sur Astérix et Cléopâtre, paru en 1965 : bien qu'elle s'annonce coûteuse à adapter, l'aventure est certainement la plus cinématographique, mettant en scène un voyage d'Astérix et Obélix, des enjeux épiques, des décors exotiques et grandioses — les palais, le chantier spectaculaire, le Sphinx, les pyramides, etc. — et l'apparition des pirates manquants dans le premier film[100],[101],[102],[103],[104]. Un autre intérêt majeur est de pouvoir intégrer, dans le rôle de Numérobis, Jamel Debbouze, alors au sommet de sa popularité à la télévision et sur scène[100],[105],[101],[102],[103],[106],[107]. Alain Chabat écrit vingt-deux versions du scénario durant les sept mois de pré-production[100]. Il respecte la trame originale et la plupart des dialogues, rétablit des scènes absentes du dessin animé, tout en greffant son propre humour teinté d'absurde et, à la manière de Goscinny, des références à la culture populaire et la société[100],[bo],[bw],[101],[102],[104]. Christian Clavier et Gérard Depardieu reprennent leurs rôles, Claude Rich recupère celui de Panoramix et Alain Chabat s'octroie celui de Jules César[bw]. Il s'adjoint de partenaires fidèles comme Chantal Lauby, Gérard Darmon, Jean-Pierre Bacri et des comiques en pleine ascension comme Édouard Baer, les Robins des Bois et Dieudonné[bo],[bw],[102],[106],[105]. Envisagé pour Naomi Campbell ou Isabelle Adjani, le rôle de Cléopâtre est confié à Monica Bellucci[100]. Outre un caméo rappelant ses caricatures au fil des albums, Pierre Tchernia prête sa voix à la narration comme dans les dessins animés[108],[l].
La production attribue un budget de 330 millions de francs (ou 50,3 millions d'euros), établissant le nouveau record du film en français le plus cher[106],[105],[109]. Chabat désire privilégier les effets spéciaux pratiques et les décors naturels ou construits pour ne reposer qu'au minimum sur les images de synthèse[100],[110]. L'option de tourner en Égypte est écartée, au profit du Maroc[110],[111]. Les décors sont confiés à Thanh At Hoang, habitué des grosses productions avec L'Amant (1992), Germinal (1993) et Sept Ans au Tibet (1997)[100],[110],[112],[113]. Les costumes sont l'œuvre du bédéiste Tanino Liberatore et de Philippe Guillotel, costumier des spectacles de Philippe Decouflé[110],[note 18]. Le parti-pris est d'établir des architectures et vêtements à mi-chemin entre la fantaisie et l'histoire sans décalquer le dessin d'Uderzo, en particulier pour les palais égyptiens et les robes de Cléopâtre[110],[113]. Cependant, l'uniforme des légionnaires romains respecte ceux de la bande dessinée en étant vert, alors que le premier film le représentait rouge pour coller à la réalité historique[110].
Albert Uderzo et Anne Goscinny assurent leur enthousiasme quant au film[100]. Selon Laurent Dailland en 2002, Uderzo a déclaré : « On pourrait croire que le scénario a été écrit en 2000 par Goscinny ! »[111]. Plus tard, la presse soutient que cette adaptation n'a pas plu à Albert Uderzo[100],[126]. Il serait échaudé par les parti pris de Chabat et considèrerait le film loin de l'esprit de sa bande dessinée ; les personnages lui apparaitraient trop caricaturaux, l'humour trop lié à Canal+, et il n'apprécierait pas la large place accordée au numéro de Jamel Debbouze[127],[128],[33]. En , contredisant ces rumeurs, la porte-parole des éditions Albert René avance seulement qu'« Albert Uderzo retrouvait juste un peu plus l'univers d'Astérix dans le film de Claude Zidi et n'aimait pas trop la scène du baiser » à la fin[128]. Le même mois, Uderzo déclare ne pas avoir été déçu par le film mais seulement par ses rapports avec l'auteur : Chabat « n'a jamais pris son téléphone pour m'appeler. C'était un peu grossier »[129],[126]. Il ajoute en 2008, lors du la promotion du film suivant : « si j'ai quelques rancœurs, ce n'est pas par rapport au film, que j'ai trouvé très bon, mais par rapport au réalisateur Alain Chabat. Il n'a même pas eu un mot pour les créateurs lors de l'avant-première »[126],[130]. En 2013, il réitère sa satisfaction tout en avouant regretter « qu'Astérix et Obélix passent un peu au second plan » dans le film[126],[131].
Projet abandonné d'après Astérix en Hispanie
Quelques acteurs principaux du film Les Bronzés 3 (2006), réalisé après l'abandon du projet Astérix et Obélix en Hispanie mené par Gérard Jugnot.
En mai, Uderzo est surpris par l'annonce médiatique de Claude Berri de la mise en route d'un troisième film sans même la signature d'un contrat[132], qui-plus-est au moment où, au festival de Cannes 2003, ses propres représentants dévoilent le lancement du film d'animation Astérix et les Vikings[128],[33]. Le désir du dessinateur et des éditions Albert René est plutôt de revenir aux dessins animés, bientôt dix ans après le dernier[33]. Malgré cette opposition, Berri et Pathé continuent de préparer le film et de négocier le renouvellement des droits[128],[33]. Après de nouvelles modifications du scénario avec Berri, Gérard Jugnot rencontre Uderzo et reçoit un refus définitif[127]. L'arrêt du projet est communiqué en [127],[133]. L'acteur-réalisateur déclare à la presse « le « non » d'Albert Uderzo a été catégorique. Je ne suis ni aigri ni frustré, si ce n'est que j'ai passé huit mois à écrire et préparer un film. Tout ça pour rien alors que je m'étais mis au service d'Astérix et Obélix. Je serais resté fidèle à la bande dessinée, mais avec quelques idées bien à moi. Et puis, j'avais vraiment envie de le mettre en scène. Un tel film, ça ne se refuse pas »[127]. Depardieu aurait lui aussi refusé le scénario[by].
La presse attribue l'avis mitigé d'Uderzo à sa déception face à Mission Cléopâtre[134],[127],[126] ; à cette époque, il ne souhaite plus d'adaptations en dehors des dessins animés[128],[135]. Il craint que Gérard Jugnot, après Alain Chabat, donne à son tour une lecture trop personnelle de son œuvre, surtout en s'entourant du Splendid[136],[126]. Anne Goscinny déclare plus tard que le scénario tenait davantage de l'esprit des Bronzés que d'Astérix, avec notamment « des choses assez scabreuses »[by]. Uderzo regrette de plus le manque d'échanges avec Jugnot, qu'il reprochait déjà à Chabat[126]. Jugnot reconnaît ne pas avoir pu rencontrer Uderzo autant qu'il le réclamait, par la faute de Berri[by]. L'explication officielle d'Uderzo demeure que ce nouveau film prise de vues réelles serait entré en concurrence avec Astérix et les Vikings dont la production venait d'être commencée, ce qui aurait pu saturer le public[128],[129]. Le projet d'un troisième Astérix et Obélix n'est pas totalement exclu mais seulement après la sortie de ce dessin animé[128]. La troupe du Splendid se réunit finalement pour Les Bronzés 3, sorti en 2006[137],[126],[138],[by]. Alain Chabat considère a posteriori que le projet aurait été un bon successeur des deux premiers, en étant plus émouvant, comme les autres films de Jugnot, de par son histoire impliquant un enfant[by].
« Gérard Jugnot est un excellent comédien, que j'apprécie beaucoup. Je l'avais accueilli chez moi, afin que nous parlions ensemble de son projet Astérix en Hispanie. Claude Berri était présent lors de notre discussion. Jugnot était venu sans le moindre synopsis. Il disait qu'il avait déjà le film dans la tête. Il m'a raconté son « Astérix », sans jamais me demander mon avis. Il espérait faire jouer toute la troupe du Splendid dans le film. Et bientôt, j'ai eu le sentiment qu'il s'était lancé dans quelque chose qui ne ressemblait en rien à l'esprit « Astérix » […]. J'ai trouvé qu'il n'était pas du tout dans la note. Avec Goscinny, nous avions fréquemment des séances de travail. Goscinny me demandait souvent [ce que j'en pensais], ma vision de la scène, ou ce que j'imaginais des réactions des personnages. C'est tout de même comme ça qu'Obélix, puis Idéfix sont nés »
Langmann greffe à l'histoire de l'album une intrigue amoureuse entre un Gaulois du village et une princesse grecque, moteur du récit, et ajoute des personnages absents de l'album, Jules César et Brutus[bz],[139], dont la rivalité est inspirée par sa relation conflictuelle avec son propre père[121]. Tirant des conclusions des résultats commerciaux des précédents films, le producteur compte s'inspirer des deux, estimant qu'Astérix et Obélix contre César avait su intéresser le reste de l'Europe et que Mission Cléopâtre avait touché — fortement — le public français à cause d'un « humour Canal+ » difficile à transcrire à l'étranger[121]. Avec une comédie plus exportable, l'objectif serait de dépasser le score national du film de Zidi (sans espérer réitérer celui de Chabat) tout en comptabilisant plus de quatorze millions d'entrées à l'étranger[142],[143]. Le film multiplie les références à la culture populaire, les caméos et les scènes spectaculaires reposant sur les effets spéciaux[121],[bz].
Un budget de 78 millions d'euros est octroyé, soit le film français le plus cher de l'époque[bz], en occultant Le Cinquième Élément (1997) tourné en anglais[147],[139]. Le tournage s'étend de juin à , en grande partie dans les studios Ciudad de la Luz en Espagne (et quelques scènes gauloises dans la forêt de Fontainebleau)[147],[139]. L'immense stade olympique constitue le plus grand décor jamais bâti pour un film français[139]. Une accumulation de problèmes, les guerres d'égos et la pesanteur des moyens grèvent le bon déroulement du tournage, la spontanéité des comédiens et obligent à bouleverser le scénario et à recourir davantage que prévu aux effets spéciaux en post-production[121]. La masse d'effets à créer est telle qu'elle doit être répartie entre quatre sociétés[148]. Le poids du tournage plonge Poelvoorde dans une profonde dépression[121],[149],[150]. Lors du montage, Pathé exige des coupes franches pour arriver à un métrage exploitable[121].
Une promotion omniprésente est déployée, pour un coût de 22 millions d'euros[147],[139],[151]. Le film est lancé simultanément sur six mille écrans dans toute l'Europe[121],[147],[151]. Astérix aux Jeux olympiques, sorti en (six ans jour pour jour depuis le précédent), est un succès avec 6,8 millions d'entrées en France et seize autres dans le reste de l'Europe[56],[98], néanmoins bien en deçà des attentes des producteurs[121],[144]. La presse critique vertement le film, fustigeant notamment une production « bling-bling », le mauvais scénario, le comique peu efficace, l'effacement d'Astérix et Obélix derrière des personnages secondaires et le trop-plein de « peoples »[bz],[121],[151],[152],[153],[154],[155]. Le public, bien que venu en masse dans les salles, exprime également des avis défavorables[121]. Peu après, Bienvenue chez les Ch'tis remporte un véritable triomphe et contraste par sa simplicité avec la superproduction Astérix fondant sa publicité sur ses énormes moyens[121],[156].
Astérix et Obélix : Au service de Sa Majesté (2012)
Anne Goscinny, déçue par le troisième film, a envie de confier Astérix à Laurent Tirard, réalisateur du film Le Petit Nicolas (2009), ayant été séduite dès le tournage par sa manière d'adapter cet autre personnage de René Goscinny[cb]. Elle fait découvrir le film à Uderzo et aux représentants de Hachette, afin de « leur montrer à quel point ce réalisateur et ce scénariste (Grégoire Vigneron) pouvaient s'emparer d'une œuvre, la transgresser, mais jamais grassement, pour l'emmener vers un ailleurs qui serait bon pour elle. J'étais convaincue qu'il fallait tirer Astérix vers le haut. Il ne fallait plus qu'il descende, il fallait que ça s'arrête. Je trouvais que dans les précédents, il manquait de relief intellectuel, de relief psychologique et je me disais que Laurent et Grégoire étaient les mieux placés pour rendre à Astérix ce qui appartenait à Astérix, ce que mon père a fait d'Astérix. L'idée a fait son chemin »[cb]. Le Petit Nicolas s'avère d'ailleurs un succès avec cinq millions d'entrées[141]. Soutenu par ses producteurs Olivier Delbosc et Marc Missonnier, Laurent Tirard monte alors une adaptation d'Astérix chez les Bretons incorporant des éléments d'Astérix et les Normands, deux albums publiés en 1966[ca],[cb],[141],[157].
Les deux équipes sont concurrentes pour l'obtention des droits, remis en vente à chaque film[157],[158]. Les ayants droit font reposer leur choix sur l'appréciation du projet artistique présenté[157]. Chacun martèle sa volonté de remettre les deux héros au cœur de ce quatrième film, après avoir été éclipsé par des personnages subalternes dans les deux précédents[141],[157]. Langmann se lie à Clovis Cornillac et Gérard Depardieu par un contrat d'exclusivité, sachant qu'Uderzo est très attaché à Depardieu[ca],[141],[160],[157],[158]. Début 2010, le projet de Tirard est sélectionné par les ayants droit[162], Uderzo ayant apprécié Le Petit Nicolas[157]. Dany Boon doit jouer Obélix mais les tests avec des prothèses ne sont pas concluants ; peu d'acteurs souhaitent reprendre ce rôle marqué par Depardieu[157]. Ce dernier est intéressé par ce projet et un arrangement financier est finalement trouvé avec Langmann pour le libérer[ca],[157]. Des échos évoquaient aussi Kad Merad, François-Xavier Demaison ou Jean Reno en Obélix[ca]. Alors que Delbosc et Marc Missonnier envisageaient Jean Dujardin ou José Garcia pour Astérix, Tirard attribue le rôle à Édouard Baer, qu'il avait dirigé dans Mensonges et trahisons et plus si affinités... (2004)[157]. Lorànt Deutsch ou Franck Dubosc étaient aussi pressentis[ca],[163]. Baer déclare : « l'Astérix de Clavier était nerveux et teigneux, celui de Cornillac était très BD, le mien est réaliste »[cb]. Tirard et Vigneron entendent explorer l'amitié entre Astérix et Obélix et l'équivoque de « deux hommes qui vivent ensemble avec un petit chien »[cb]. L'ajout de l'adolescent Goudurix, incarné par Vincent Lacoste, sert de contrepoint moderne ; la touche « jeune » est apportée par Benjamin Guedj, scénariste de Cyprien (2009) et de sketches de Manu Payet[157]. À l'inverse de l'éclectique distribution européenne d'Astérix aux Jeux olympiques, le projet rassemble des vedettes francophones, dont Guillaume Gallienne, Valérie Lemercier, Fabrice Luchini, Jean Rochefort et la prestigieuse Catherine Deneuve[cb],[157],[163]. Gérard Jugnot apparaît en Barbe-Rouge, quelques années après l'abandon de son propre Astérix[cb].
Avec Studio 37 d'Orange, la société indépendante Fidélité, plutôt derrière des films d'auteur, conduit sa production la plus coûteuse, aidée par des partenaires italiens, espagnols et hongrois, pour un budget de 61 millions d'euros[cb],[157]. Il est décidé tardivement de filmer en 3D, dans le sillage de la mode lancée par Avatar (2009)[157]. Le tournage s'étend d'avril à , en Hongrie, en Irlande, à Malte et au Québec[163], suivi d'un an de post-production nécessaire aux nombreux effets spéciaux[cb],[157]. Le titre, d'abord God save Britannia, change ensuite pour une référence au James BondAu service secret de Sa Majesté (1969)[cb]. La production mise sur une campagne de promotion plus discrète que le barnum du troisième film[157]. Quoique plus positive qu'avec l'opus précédent, la critique est mitigée, jugeant le film « trop sage »[164]. Astérix et Obélix : Au service de Sa Majesté, sorti en , est un échec relatif avec 3,8 millions d'entrées[165],[56],[98],[ca], loin des six millions requis pour être rentable[cb],[157]. Certains critiques imaginent une possible lassitude des spectateurs envers Astérix, une idée par la suite contredite par les excellents résultats du film d'animation Le Domaine des dieux en 2014[166].
Une décennie de projets
Après la déception du quatrième film, plusieurs projets sont évoqués tout au long de la décennie. Toujours intéressé par Astérix, Thomas Langmann pense à un film préquelle inspiré par le court album Comment Obélix est tombé dans la marmite du druide quand il était petit[121]. Satisfait par le succès du dessin animé Astérix : Le Domaine des dieux (2014), les ayants droit remettent à l'ordre du jour un cinquième film en prise de vues réelles[167],[168]. Ils estiment que la distribution doit être renouvelée, en particulier le rôle d'Obélix jusqu'alors conservé par Gérard Depardieu[167],[169],[168]. Jamel Debbouze est pressenti pour réaliser ce film avant de s'orienter vers le projet d'une suite de Sur la piste du Marsupilami (2012) ; de toute façon, Albert Uderzo ne veut pas de lui, ni derrière la caméra, ni devant[167],[169],[168]. En 2016, Anne Goscinny déclare : « Pour ce prochain Astérix, il faut remettre à 100 % les compteurs à zéro. Il faut le plonger dans le XXIe siècle et qu'il plaise de la Pagode à Rosny-sous-Bois. Le dernier film avec Guillaume Gallienne et Valérie Lemercier était trop cérébral, il n'a pas traversé le périphérique. Dans le 93, on ne rigolait pas du film, mais de l'affiche. Repartir à zéro, c'est ce que M6 a su faire avec Le Domaine des dieux. On croit que c'est le premier, alors qu'il a été précédé par huit autres dessins animés »[167],[169]. Elle envisage notamment comme réalisateurs Michel Hazanavicius, qu'elle apprécie pour ses adaptations pastiches de OSS 117, ou Franck Gastambide, révélé par Les Kaïra (2012)[167],[169],[168],[170]. Pour la fille de Goscinny, Mission Cléopâtre serait la référence à suivre pour les prochaines adaptations[169],[168]. Alain Chabat refuse d'ailleurs de se lancer dans un nouveau film[169]. En , le réalisateur Fabien Onteniente dévoile souhaiter adapter l'album Astérix en Corse[171].
En , Le Film français révèle le projet d'un cinquième film reposant sur un scénario original plutôt que l'adaptation d'un album : l'action doit se situer en Chine, territoire commercialement prometteur, et la sortie est prévue pour la fin 2020[172],[173]. L'idée vient du producteur indépendant Yohan Baiada et intéresse Alain Attal de Trésor Films : tous deux convainquent Pathé, alors à la recherche d'œuvres célèbres susceptibles de lancer des superproductions[174]. En 2019, après une sélection parmi d'autres cinéastes[175], la réalisation échoit à Guillaume Canet, qui se voit également attribuer le rôle d'Astérix, tandis que son comparse Gilles Lellouche reprend celui d'Obélix[176],[177],[178]. Le film est écrit par Julien Hervé et Philippe Mechelen, scénaristes des Tuche, puis retravaillé par Canet[176]. L'aventure amène Astérix et Obélix à porter secours à la fille de l'impératrice de Chine, renversée par un coup d'État, et venue demander de l'aide au village des irréductibles gaulois ; de plus, Jules César et l'armée romaine prennent aussi la direction de l'Empire du Milieu pour le conquérir[176].
Sans coproduction chinoise, le film est tourné en France. Les paysages du massif du Sancy, en Auvergne, servent de décors pour la Chine.
Prévu comme une coproduction franco-chinoise, le projet doit être en partie tourné en Chine à l'été 2020 et éventuellement intégrer des vedettes du cinéma chinois[176],[177]. Guillaume Canet et le producteur s'y rendent plusieurs fois pour rencontrer des investisseurs locaux, notamment lors d'un voyage présidentiel[177],[179]. L'obtention de financement chinois se fait difficile, Astérix étant inconnu là-bas[174],[177],[180]. À la même période, la dénonciation du génocide des Ouïghours par la France glace les relations sino-françaises[177],[180]. Enfin, la censure officielle ne valide pas le scénario[174],[177],[180],[181]. Faute de partenaire chinois, puis avec le déclenchement de la pandémie de Covid-19dans ce pays, la production est recentrée sur la France en 2020[174],[176],[177],[180],[182],[183]. Pathé et ses associés mobilisent un budget de 65 millions d'euros[177], malgré l'absence de partenaires étrangers[174].
En dépit d'une campagne de promotion massive et d'une pléiade de célébrités, Astérix et Obélix : L'Empire du Milieu, sorti en , réunit 4,6 millions d'entrées, moins que les six à sept millions minimum attendus par la production[187],[188]. La critique est assassine, jugeant le film décevant, mal construit et peu divertissant[189],[190],[191],[192]. À l'international, le film connaît un succès notable dans plusieurs pays d'Europe[note 20] et une bonne audience sur Netflix à partir du mois de mai[187],[188]. Il s'agit du dernier film en prise de vues réelles conçu du vivant d'Albert Uderzo, mort en ; Guillaume Canet avait pu lui présenter son scénario[45].
Nouveau film par StudioCanal
Le , StudioCanal la filiale cinéma de Canal+, annonce qu'un nouveau film Astérix en prise de vues réelles est en préparation, ça sera le premier film de StudioCanal Stories qui adaptera des œuvres littéraires[193],[194].
Fiche technique des films en prise de vues réelles
↑Gérard Calvi, 1996 : « Je ne voulais pas écrire quelque chose de trop moderne, de trop sophistiqué. Je me suis dit : « À l'époque d'Astérix, ni Brahms, ni Mozart n'étaient encore nés ! » Avec en tête l'idée de musique celte, je suis donc allé vers un thème modal, très simple, qui traduit à la fois le côté « petit malin » d'Astérix, la lourdeur gauloise d'Obélix, plus la légèreté d'Idéfix. Ainsi est né le fameux indicatif d'Astérix ! »[e].
↑Les futurs tenants de la bande dessinée européenne des années 1950 à 1960 grandissent avec le dessin animé alors en pleine éclosion — fascinés notamment par le pionnier et maître Walt Disney, à la tête du cinéma d'animation mondial — et rêvent d'en faire, avant de s'orienter vers la bande dessinée presque par défaut, à cause du manque de développement du domaine en Europe[u]. D'abord dessinateur, René Goscinny est parti aux États-Unis à la fin des années 1940 dans l'espoir de travailler aux studios Disney[v],[u]. Il commente plus tard : « J'étais parti aux États-Unis pour travailler avec Walt Disney, mais Walt Disney n'en savait rien[v]. » De son côté, Albert Uderzo rêve de dessin animé et est engagé en 1945, à dix-huit ans, comme intervalliste dans un minuscule studio d'animation, où la médiocrité du travail du chef-animateur et la difficulté du poste le dégoûte du métier[w],[x]. Il avoue a posteriori : « Je me voyais en toute simplicité devenir un jour le Walt Disney français[y]. » Son style est d'ailleurs ensuite fortement influencé par Disney[y]. Il reconnaît : « Nous sommes tous des émules de Disney. Disney a marqué notre enfance[w] ».
↑Dans son autobiographie Uderzo se raconte (2008), le dessinateur parle néanmoins de cette série sur Idéfix comme le premier projet des studios à leur création, avant Les Douze Travaux d'Astérix[ab].
↑Albert Uderzo ne tient pas de rôle officiel dans la production d'Astérix et la Surprise de César. Il ne détient qu'un droit de regard sur le produit fini. Sa seule exigence, par contrat, est d'atteindre les dix-huit images par seconde, presque autant de dessins/seconde que chez Disney, une manière de s'assurer d'obtenir une animation de qualité[ak].
↑Anne Goscinny, années 1990 : « L'épisode rajouté du petit dauphin est charmant mais parfaitement niaiseux. Même chose pour la squaw qui, avec sa bouche pulpeuse semble tout droit sortie d'un cartoon de Tex Avery ! Dans les albums de papa, jamais il n'y a un mort ni une quelconque méchanceté. Voir le village d'Astérix en flammes m'a presque mis les larmes aux yeux. C'était comme si on m'avait montré symboliquement l'œuvre de mon père réduite en cendres »[ay].
↑Alexandre Astier, 2014 : « À l'origine, on m’avait proposé Astérix en Hispanie. C'est un super album, mais ça me paraissait difficile d’en faire un film. Il n'y a pas de vrai méchant, la vision de l’Espagne et des congés payés est très sixties… J'ai proposé Le Domaine des Dieux, qui est l'un de mes trois albums préférés »[46].
↑En revanche, Goscinny a très sérieusement pensé à le mettre en scène dans la peau d'Iznogoud, un autre de ses personnages à succès, écrivant en 1972 avec Pierre Tchernia le scénario d'un long-métrage qui aurait pu donner une superproduction internationale ; le projet dure au moins jusqu'en 1975[k]
↑Accaparé par sa collaboration avec Decouflé, Philippe Guillotel avait dû se désister du travail de costumier sur Astérix et Obélix contre César, bien qu'il ait créé des costumes d'Astérix et Obélix pour les essais de Daniel Auteuil et Gérard Depardieu[bx].
↑Gérard Jugnot confie un rôle à Victoria Abril dans son troisième long métrage comme réalisateur, Sans peur et sans reproche sorti en 1988. Ils collaborent de nouveau pour la comédie dramatique Une époque formidable… en 1991, puis pour Casque bleu, en 1993.
↑C'est par exemple le cas en Pologne, en Allemagne, en Italie ou en Tchéquie.
↑ abcdefghijklmnop et q(en) Rolf Giesen, Animation in Europe, CRC Press, , 502 p. (ISBN9781000629408, lire en ligne), « Astérix conquers Germany (but not America) », p. 11 et 127-128, 309.
↑ abc et d(en) Bruno Edera, Full length animated feature films, Hastings House / John Halas, coll. « The library of animation technology », , 198 p. (ISBN9780240508184, lire en ligne), p. 22 et 75-77.
↑ abcd et eOlivier Baratelli, « Uderzo : “Astérix au tribunal” », Journal Spécial des Sociétés, no 54 « Bande dessinée et droit », , p. 16-17 (lire en ligne).
↑ a et bJean-Paul Gabilliet, « Astérix en Amérique : la réception d'Astérix sur le marché nord-américain », dans Le tour du monde d'Astérix (actes du colloque tenu à la Sorbonne, 30-31 octobre 2009), Paris, Presses Sorbonne Nouvelle, (ISBN9782878548327, lire en ligne).
↑ a et bMaurice Graffin, « Astérix et Obélix découvrent l'Amérique », Le Droit, , A8.
↑ abcde et fOlivier Delcroix, « FILM Astérix et les Indiens, Canal+, 11 h 10 : Astérix où est ta potion ? », Le Figaro, no 16411, , p. 29.
↑ abcde et fSonia Sarfati, « Astérix et les Indiens : La potion magique a trop été diluée », La Presse, , p. C9.
↑ ab et cMichel Pascal, « Astérix ne meurt jamais », Le Point, no 1177, , p. 110.
↑ ab et cOdile Tremblay, « Les irréductibles Gaulois en Amérique : couci-couça », Le Devoir, , B8.
↑ abc et dStéphane C. Jonathan, « Uderzo l'irréductible », Sud Ouest magazine, , p. 8 : « Entre 1985 et 1994, quatre autres films ont été produits, par des équipes parfois différentes. Certains mélangent différentes aventures... Vous ont-ils satisfait, sur un plan artistique ? (Soupirs) Tous les auteurs se sentent un peu trahis par le graphisme ou l'animation. Mais aucun n'a eu les budgets d'un film de Disney (...) Au décès de René Goscinny, j'ai repris seul les affaires en main. Un protocole d'accord permettait à Dargaud de faire trois films (La Surprise de César, Astérix chez les Bretons et Le Coup du menhir) qui ont été tournés à Paris avec la Gaumont, par une équipe formidable venue d'un peu tous les coins d'Europe et même des États-Unis. Un propriétaire de salles allemand était également de la partie, et a produit seul le quatrième (Astérix et les Indiens). Certains albums de bande dessinée peuvent faire un film de 80 minutes; d'autres ne tiennent que 60 minutes. C'est étrange, mais on a constaté cela. Alors, pour atteindre la durée voulue, il a fallu mêler une autre aventure. Je le regrette, parce que ça ampute un peu la première histoire, mais c'était ça ou ne rien faire du tout. »
↑ abcdefghi et jLombard 2017, « Astérix et les Vikings de Stefan Fjeldmark et Jesper Møller (2006) », p. 132-133.
↑ abc et dAstérix et les Vikings, l'album du film, éditions Albert René, , 64 p. (ISBN2864971895), « Les secrets de fabrication », p. 49-64.
↑ abcdefghi et jComment Astérix est devenu un héros de dessins animés, documentaire produit par Gaumont et Les Éditions Albert René, 2005, supplément du coffret vidéo Astérix : la trilogie Gaumont.
↑ abcd et eRémi Carémel, « Hommage à Roger Carel », sur danslombredesstudios.blogspot.com, (consulté le ).
↑ abcdefg et hAstérix et Obélix : Mission Cléopâtre, Le Comankonafé, documentaire d'Alain Chabat sur la fabrication du film, Pathé Vidéo, 115 minutes, 2002.
Philippe Durant, Dictionnaire insolite d'Astérix, Nouveau Monde Editions, , 349 p. (ISBN2380943567, lire en ligne).
Christophe Geudin et Jérémie Imbert (préf. Pierre Richard), Les comédies à la française : 250 films incontournables du cinéma comique français !, Paris, Fetjaine, , 239 p. (ISBN978-2-35425-275-5).
Sophie Grassin et Robert Sender, Comédies françaises : portrait de la France qui rit, de La Grande Vadrouille aux Ch'tis, édition du Moment, , 184 p. (ISBN2-35417-091-2).
La version du 7 avril 2024 de cet article a été reconnue comme « bon article », c'est-à-dire qu'elle répond à des critères de qualité concernant le style, la clarté, la pertinence, la citation des sources et l'illustration.