Il grandit à Versailles, où il passe une « jeunesse heureuse, chaleureuse et sympathique », courant après l'école au Cyrano ou au Roxane, les cinémas de la ville[4]. Il confie avoir éprouvé « une émulation artistique évidente à Versailles, [...] berceau de nombreux artistes comme Air et Phoenix dans la musique, ou bien les frères Podalydès au théâtre et au cinéma »[3].
Il se passionne dès son plus jeune âge pour le cinéma et porte une admiration particulière au réalisateur Woody Allen, en particulier à son film Annie Hall , dont il déclare connaître les dialogues par cœur[5]. Pour lui, « Woody Allen est une sorte de modèle. Sa force, c’est la répétition. Il traite du même sujet, des mêmes névroses en étant pourtant à chaque fois différent et toujours aussi brillant. On appelle cela une œuvre[4]. »
C'est aussi très jeune qu'il se plonge dans les comédies italiennes[1] ou les films de Claude Sautet[1]. Parmi ses références cinématographiques, il cite également les films de l'équipe du Splendid comme la série Les Bronzés ou Le Père Noël est une ordure, film dont il connaît de même les dialogues par cœur[6]. Il se dit également influencé par les comédies anglaises, notamment le film La Party de Blake Edwards[3], ainsi que « les films de groupe d'Yves Robert »[7].
À propos de son éducation, il déclare : « Je crois qu’être artiste, c'est renoncer à soi. Renoncer à sa famille, à ses racines et pouvoir s'en extraire. [...] Je n’ai pas l’impression que mon éducation et ma famille ont eu des vraies influences sur mon travail[3]. »
En 1989, après avoir passé son bac au lycée Marie Curie à Versailles, il estime avoir « besoin de voir le monde »[3]. Il part étudier un an à l’université hébraïque de Jérusalem[2]. Après cette année de césure Éric Toledano s'inscrit à l’université en France pour y faire des études de lettres et de sciences politiques. En 1993 il obtient une licence de lettres option Cinéma à l'Université Paris III Sorbonne Nouvelle et en 1995 une maîtrise de sciences politiques à la Sorbonne avec une spécialisation en sociologie politique, visant à l'époque un Diplôme d'études approfondies dans cette matière[1],[8].
En 1995, lors d'un rassemblement d'animateurs de Yaniv au Chesnay il rencontre Olivier Nakache[2],[1]. L'expérience des colonies de vacances, commune aux deux hommes, est au centre de leur deuxième long-métrage Nos jours heureux réalisé en 2006, à propos duquel Toledano déclare : « Pour Olivier [Nakache] et moi ce film a une place particulière. Il raconte une partie de nos vies. Pendant vingt ans nous avons été successivement pensionnaires, animateurs et directeurs de centres de vacances, notamment à Yaniv ou aux EEIF »[2].
Sans avoir suivi une formation musicale la musique a toutefois « une grande influence sur son travail »[9] et plus particulièrement le jazz et la funk[9]. Lors de la phase d'écriture d'un scénario la musique lui inspire des séquences[9], « l'écriture d'une comédie c'est comme une partition, on entend la fausse note tout de suite[10]. »
Début de carrière
Parallèlement à ses études, Éric Toledano connaît sa première expérience cinématographique en 1993, lorsqu'il travaille en tant qu'assistant metteur en scène sur le film À la folie réalisé par Diane Kurys. Par la suite, il coréalise assez rapidement son premier court-métrage avec Olivier Nakache en 1995 : Le Jour et la Nuit. En effet, décidant de consacrer leur vie au cinéma, les deux réalisateurs ne désirent s'engager dans de longues études cinématographiques, mais au contraire rentrer « tout de suite dans l'action » avec un premier court-métrage dans lequel ils investissent toutes leurs économies. Cependant, le succès n'est pas au rendez-vous[1].
En 1999, surfant sur le phénomène du « stand-up » qui est en train de s'importer en France, leur deuxième court-métrage, Les Petits Souliers, est davantage une réussite, jouissant de la collaboration de jeunes comédiens comme Gad Elmaleh ou Jamel Debbouze. En effet, à cette époque, le duo fréquente le Trévise qui organise des scènes ouvertes. Et c'est dans ce théâtre qu'ils rencontrent Gad Elmaleh, alors jeune humoriste qu'ils vont faire jouer dans leur deuxième court-métrage et qui va les aider à compléter le casting par d'autres jeunes acteurs français comme Jamel Debbouze, Roschdy Zem, Atmen Kelif ou encore Gilbert Melki[1],[11]. "On a mélangé du social et du comique, la matrice de ce qu'on fera plus tard, comme les Italiens ou les Anglais, alors que les comédies françaises de l'époque racontent plutôt des histoires plus légères"[12]
Collaboration avec Omar Sy et enchaînement de succès
En 2002, Éric Toledano et Olivier Nakache écrivent et réalisent leur troisième court métrage, Ces jours heureux, qui met en scène le départ et le retour d'une colonie de vacances. C'est à cette période qu'ils font la connaissance d'Omar Sy marquant ainsi le début d'une longue collaboration artistique[13].
Le duo travaille quelque temps dans la société de production de Dominique Farrugia et c'est sur un plateau de la chaîne Comédie qu'ils rencontrent Jean-Paul Rouve avec lequel ils se lient d'amitié[8]. Éric Toledano et Olivier Nakache lui proposent le premier rôle du long métrage qu'ils sont en train d'écrire. C'est à cette période qu'ils rencontrent Nicolas Duval-Adassovsky qui décide de produire Je préfère qu'on reste amis, le premier long métrage du duo, avec Gérard Depardieu. Le film, qui sort en France en 2005, connaît un succès relatif avec 330 000 entrées. Le deuxième long métrage du duo, Nos jours heureux, sort pendant l'été 2006 et rencontre le succès au fur et à mesure des semaines d'exploitation, cumulant en fin de carrière près de 1 500 000 entrées[14].
En 2009, sort leur troisième long métrage, Tellement proches. Le duo poursuit leur exploration de la vie en groupe en analysant les relations familiales. Tout comme pour Nos jours heureux on retrouve au casting du film Omar Sy, ce qui marque leur troisième collaboration, et la deuxième avec Joséphine de Meaux.
En 2011, c'est la sortie d'Intouchables, leur quatrième long métrage. Omar Sy partage l'affiche avec François Cluzet. Le film connaît un succès phénoménal en France avec 19,44 millions d'entrées mais également à l'international où le film cumule plus de trente millions d'entrées[15]. Il sera par la suite adapté au théâtre et au cinéma à l'étranger.
En 2015, Patrick Chesnais contacte le duo pour qu'ils réalisent le film de son association Ferdinand afin de sensibiliser les jeunes aux dangers de l'alcool au volant. Ils acceptent immédiatement mais tiennent à ce que ce projet ait le « même ADN tragique et comique que dans Intouchables. Essayer de faire rire et de divertir à travers des sujets très durs, c'est un peu notre marque de fabrique[16]. » Ce court métrage, Le Bon Vivant, a été diffusé dans les salles de cinémas et les chaînes de télévisions partenaires de l'association à partir du .
En 2015 également, Toledano et Nakkache travaillent sur leur premier film en tant que producteurs, La Vie en grand réalisé par Mathieu Vadepied. Le duo avait fait la rencontre du réalisateur sur le tournage d'Intouchables.
Le film Hors normes sort en 2019, d'après l'histoire vraie de responsables d'associations qui s'occupent de personnes atteintes d'un autisme grave. Il met en scène notamment Vincent Cassel et Reda Kateb.
À propos de la biographie d'Éric Toledano (tout comme celle d'Olivier Nakache), le journal Le Monde faisait remarquer en 2014 que peu de portraits leur ont été consacrés dans les journaux, que « d'eux, on ne sait presque rien », et ce malgré six longs-métrages dont une troisième place dans la liste des plus gros succès du box-office en France obtenue par leur film Intouchables. Le journaliste explique le phénomène par leur effacement médiatique au profit de leur acteur vedette Omar Sy (qui apparaît dans quatre de leurs longs-métrages), les intéressés déclarant à ce propos : « Ça nous va de rester en arrière. » Cette distance qu'ils instaurent entre eux et le public se traduit également dans leur volonté de ne pas mélanger « humour, même acide, et rébellion »[1]. Toutefois, le documentaire-portrait Cinéma par Toledano et Nakache[17] sorti en 2018 traite de leurs influences de cinéma et revient sur les étapes importantes de leur parcours. Et en , le journal Le Monde leur consacre un article complet, après un entretien fleuve[12].
Eric Toledano et Olivier Nakache coproduisent leurs films à travers leur société Ten Cinema.
Vice-président de l'Académie des César
Le , Éric Toledano est nommé vice-président de l'Académie des César en compagnie de Véronique Cayla, sa nouvelle présidente, afin de sortir l'académie de sa crise historique de 2020 et, selon ses propres termes, « ramener un peu de calme et d’apaisement après un long moment où le mot César s’est beaucoup vu associé au mot polémique[18] ». Patrick Sobelman prend sa suite en 2022[19].
Filmographie
Réalisateur et scénariste, en collaboration avec Olivier Nakache
↑ a et bMairie de Versailles, « Éric Toldeano : Le sens de la comédie française », Versailles Magazine, , p. 40-41 (ISSN1620-7688, lire en ligne [PDF], consulté le ).