Peter Michael Falk naît le , dans le Bronx à New York[3], d'un père d’origine russe et d'une mère d'origines polonaise et tchèque[4].
Atteint d’une tumeur maligne (rétinoblastome) à l’âge de trois ans, il perd son œil droit et doit porter un œil de verre. La légende veut que, lorsqu'il était enfant, il retira son œil pour l’offrir à un arbitre de baseball en lui lançant : « Tu en as plus besoin que moi ! »[5].
Il entre à l’Ossining High School à New York où il fait ses études secondaires. Il y connaît sa première expérience sur les planches, remplaçant au pied levé un acteur malade dans le rôle d’un détective. Après l'école secondaire en 1945-1946, il travaille pendant dix-huit mois comme cuisinier dans la marine marchande. Puis il intègre l’université de Syracuse où il obtient en 1951 une licence (Bachelor of Arts) de sciences politiques à la New School of Social research et en 1953 une maîtrise (Master of Arts) en administration publique[6].
Il échoue lors d’un entretien d’embauche à la CIA et entre en 1953 à la direction du Budget du Connecticut (Connecticut state budget bureau) comme conseiller à la productivité (management analyst)[6].
Début de carrière
À vingt-neuf ans, après avoir suivi des cours de théâtre avec Eva Le Gallienne à Westport et débuté avec les Mark Twain Maskers en 1955, Peter Falk abandonne son travail, s'installe à New York pour devenir comédien. Il joue sur scène en 1956 Dom Juan de Molière. Il suit quelques cours en 1957 avec Jack Landau(en) et Sanford Meisner. Il fait sa première apparition sur le petit écran en 1957 dans un épisode de la série Robert Montgomery présente(en) sur NBC.
Le , le lieutenant Columbo, policier un peu brouillon mais enquêteur de génie, vêtu d'un imperméable fatigué, évoquant fréquemment sa femme qu'on ne voit jamais, arrive sur le petit écran sous les traits de Peter Falk, à l'occasion d'un téléfilm, Inculpé de meurtre.
Le succès incite les producteurs à créer, en 1971, une série qui durera sept saisons. Le personnage marque désormais la carrière de l'acteur au point de faire passer au second plan tous ses autres rôles. Pendant trente-cinq ans, Peter Falk joue dans soixante-neuf épisodes, en réalise un (Une ville fatale en 1972), en scénarise un autre (Le Meurtre aux deux visages en 1993) et en produit ou coproduit vingt-trois (de 1989 à 2003). La dernière enquête de Columbo date de 2003 avec l'épisode Columbo mène la danse.
Son interprétation permet à Peter Falk de remporter de nombreux Emmy Awards et Golden Globes. Le succès mondial de la série est dû essentiellement à ses prestations d’acteur et ses mimiques devenues mythiques. En France, l'aura de la série est encore renforcée par le doublage du personnage par Serge Sauvion. En tout, Columbo aurait attiré plus de deux milliards de téléspectateurs à travers le monde. Dans son livre, l'acteur déclare : « Dieu ne destine aucun homme à être connu par deux milliards de ses semblables[7],[8]. »
Au sujet de sa voiture
Dans un reportage de TV Magazine publié en , la journaliste Elisabeth Perrin recueille les propos de l'acteur dans sa villa californienne[9]. Il dit avoir trouvé sa Peugeot abandonnée sur un parking des studios Universal. Délaissant une cinquantaine de voitures trop « lustrées » qui se trouvaient à l'étage supérieur, il choisit celle qui correspond mieux à son vieil imperméable, à l'étage inférieur. Devant la désapprobation des producteurs, il explique « qu'un flic, même à Los Angeles, ne gagne pas beaucoup et qu'il doit donc faire avec son salaire ». La Peugeot 403 décapotable, modèle 1959, est la voiture personnelle de Roger Pierre (duettiste de Jean-Marc Thibault), apportée lors d'un déplacement aux États-Unis[10]. La production rachète le véhicule et s'en procure d'autres exemplaires qui figurent par la suite dans d'autres épisodes de la série[11]. À cause de son mauvais entretien, cette voiture « exotique » (les Peugeot étaient pourtant importées aux États-Unis, mais en petit nombre) lui cause des problèmes à chaque épisode. Aujourd'hui, les cabriolets 403 Peugeot sont, du fait de leur rareté, des voitures de collection très prisées.
Au sujet de sa femme
« La veuve la plus célèbre du monde restera à jamais anonyme », écrit Jean-Emmanuel Nicolau-Bergeret dans Le HuffPost en hommage, après la mort de l'acteur. Elle est évoquée dans chaque épisode mais n'apparaît jamais à l'écran. Il est dit d'elle qu'elle fait un régime, aime la musique, les mots croisés, la peinture, le sport et les produits de beauté[12].
Au sujet de son imperméable
Selon l'acteur, interrogé par Télérama en 1998, il aurait acheté son imperméable en 1966 à New York sur la 57e rue, un jour de pluie. Il s'agit en fait d'une gabardine. Il la porte en toute occasion dans tous les épisodes, même par forte chaleur. C'est à l'intérieur de ses poches qu'il cherche ses notes et ses œufs durs. Dans un hommage à l'acteur disparu, l'article du journaliste Samuel Douhaire pour Télérama est titré Peter Falk, imper et trépasse[13].
Au sujet de son chien
Il s'agit d'un basset hound. Il fait son apparition à la deuxième saison de la série. Selon Richard Levinson et William Link, les fondateurs de la série, « scène après scène il demeurait complètement inerte ». Lorsque le premier chien meurt, la rédaction maquille le suivant pour le rendre plus jeune. Peter Falk, d'abord réticent, l'adopte et l'appelle « le chien »[14].
Autres rôles
Peter Falk ne délaisse pas pour autant le cinéma, avec une prédilection pour les films d'auteurs. En 1970, il tourne Husbands qui marque le début d'une longue collaboration avec John Cassavetes (Une femme sous influence en 1974, Mikey and Nicky en 1976, Big Trouble en 1985). La complicité entre les deux hommes éclipse leur concurrence d'acteurs, ce dont témoigne Peter Falk : « John raflait tous les rôles que je voulais. Il bossait sur tous les projets télévisés. Deux ou trois gars comme lui raflaient tout pendant que le reste d'entre nous attendait et récupérait les miettes ». La collaboration avec John Cassavetes sur le tournage d'Husbands, film qui narre une histoire d'amitié entre quatre hommes, n'est pas simple, comme le reconnaît Peter Falk : « J'étais très contrarié. Je ne comprenais rien à ce que John faisait ou à ce qu'il voulait »[15]. Et concernant la méthode de travail du réalisateur Cassavetes, il précise : « L'un des soucis que John avait avec les acteurs, c’est qu'il voulait qu'ils se débarrassent de leur expérience, de leur technique, de tout ce qu'ils savaient et de tout sur quoi ils s'appuyaient »[15]. Restera de cette aventure humaine une amitié indéfectible avec les autres acteurs principaux du film, John Cassavetes et Ben Gazzara.
En 2003, à la suite de l'arrêt définitif de Columbo, l'acteur plonge dans une dépression qui révèle la maladie d’Alzheimer dont il souffre déjà depuis quelques années.
À partir de 2008, il est victime de crises de démence régulières ; l’une d’elles est médiatisée par un paparazzi qui le photographie gesticulant et interpellant des passants à voix haute dans une rue de Beverly Hills réputée pour sa dangerosité[16]. L’une de ses deux filles adoptives, Catherine Falk, détective privée et assistante de post-production, dépose, fin 2008, une demande de mise sous tutelle de son père, requête tout d'abord rejetée par le tribunal. Le , le tribunal de Los Angeles prononce finalement la mise sous curatelle et son épouse est nommée curatrice.
« Je ne suis pas ici Je suis à la maison avec Shera »
Vie privée
En 1960, il épouse Alyce Mayo[18] rencontrée à l'université de Syracuse ; ils adoptent deux filles : Jackie et Catherine.
Il divorce d'Alyce Mayo en 1976[19]. Le , il épouse l’actrice Shera Danese. Entre 1976 et 1997 celle-ci joue dans six épisodes de Columbo.
Distractions
Interrogé par la journaliste Elisabeth Perrin en pour TV Magazine, Peter Falk parle de sa passion pour le dessin. Il travaille au crayon, au fusain et à la sanguine. À la question : « Êtes-vous un homme heureux ? », il répond : « Oui, je peux le dire. Et je le serai encore plus demain, si je fais un bon dessin[9]. »
Hommages
L'astéroïde (231307) Peterfalk, découvert en 2006, a été nommé en son honneur.
À Budapest, au bout de la rue Miksa Falk une statue de Peter Falk est érigée en 2014. La rue tient son nom d'un intellectuel hongrois du XIXe siècle(en) que des rumeurs insistantes, mais jamais confirmées, lui attribuent pour aïeul[20].
↑Jean-Emmanuel Nicolau-Bergeret, « Disparition de Peter Falk : la veuve la plus célèbre du monde restera à jamais anonyme », huffingtonpost.fr, (lire en ligne)
Peter Falk (trad. Jean-Pascal Bernard), Juste une dernière chose : les mémoires de Columbo [« Just one more thing. »], Neuilly-sur-Seine, éditions Michel Lafon, , 269 p. (ISBN2-749-90572-9 et 978-2-749-90572-3, OCLC319776546).
Documentaire
Gaelle Royer, Pascal Cuissot, Peter Falk versus Columbo (France, 2018), 52 minutes et diffusé sur la chaîne Arte le .
Bibliographie
Christian Berger, « Nécrologie des personnalités disparues en 2011. Peter Falk », L'Annuel du Cinéma 2012, Editions Les Fiches du cinéma, Paris, 2018, 768 p., p. 741-742 (ISBN978-2-902-516-20-9)