Animaux vivants ou naturalisés, plantes vivantes ou en herbiers, graines, fossiles, minéraux, roches, météorites, objets ethnographiques, objets et documents scientifiques
Nombre d'objets
68 millions en 2023[1] (66 785 288 au 10 octobre 2014[2])
Le Muséum dispose d'un personnel d'environ 2 350 membres dont six cents chercheurs. Depuis la réforme de 2014, il est dirigé par un président, assisté de directeurs-généraux délégués[7].
Missions
Les statuts fondateurs du Muséum, élaborés depuis 1793, établissent ses six principales missions :
la valorisation des spécimens par la présentation au public, en exposition permanente ou temporaire : c'est la muséologie ;
la diffusion de la culture scientifique dans les spécialités propres à l'établissement, par la publication, les réseaux numériques, la production d'outils pédagogiques ;
l'étude de l'évolution de la lignée humaine, de son insertion dans l'environnement, de son impact sur les milieux, des rapports entre l'espèce humaine et les milieux, des rapports entre nature et culture (anthropologie et disciplines dérivées telle l'ethnobotanique).
Dans l'expression « histoire naturelle », le terme « histoire » renvoie à son sens étymologique : « histoire » vient du grec ancien historia, signifiant « enquête », « connaissance acquise par l'enquête », qui lui-même a pour racine le terme ἵστωρ, hístōr signifiant « expert » ou « témoin ». On pourrait aujourd'hui traduire cette expression antique par « recherches sur la nature ». Ainsi, l'« histoire naturelle » est une enquête approfondie sur la nature, une collection de résultats, mais aussi de doutes acquis à un moment donné, et qui, comme dans toute démarche scientifique, peuvent être remis en question par de nouvelles découvertes, mais n'en témoignent pas moins d'une « expertise » au sujet des questions naturelles. En un sens plus récemment acquis, le terme « histoire » dans « histoire naturelle » peut aussi être interprété, à la lumière de l'approche actuelle de cette discipline, comme l'histoire approchée de notre planète (géologie, tectonique, géomorphologie, climatologie), de la vie (paléontologie) et de la lignée humaine (anthropologie). Selon cette vision récente de ce que serait l'« histoire naturelle », le terme « naturelle » renverrait alors à la géodiversité et à la biodiversité actuelles de la Terre. Au XXIe siècle, l'« histoire naturelle » est ainsi plus que jamais d'actualité en tant qu'approche systémique pluridisciplinaire, englobant sans les opposer aussi bien l'humanité que la nature, l'environnement que le développement, la préservation que la valorisation. La « culture scientifique naturaliste » est, au Muséum, une part intégrante de la culture (voir Éducation à l'environnement et au développement durable).
À la différence de beaucoup de musées d'histoire naturelle, le Muséum national d'Histoire naturelle n'est pas composé d'un seul site, mais de quatorze, à Paris et en différents lieux de France : la plupart sont multifonctionnels.
D'importants budgets sont nécessaires pour faire fonctionner, entretenir, rénover et mettre ces installations aux normes (principalement pour la sécurité et l'accessibilité). Les entrées payantes ne suffisent pas à couvrir ces dépenses et certaines présentations historiquement ouvertes au public n'ont pu être maintenues. Tel est le cas :
la galerie d'anatomie comparée mise en place par Cuvier dans le « bâtiment de la baleine » en 1802, ouverte au public de 1806 à 1898[note 3] ;
à la même adresse que le « cabinet d'Histoire naturelle », la galerie de zoologie, ouverte au public de 1889 à 1966 dans le bâtiment abritant la grande galerie de l'Évolution depuis 1994 ;
au même endroit[note 5], la galerie d'Entomologie ouverte au public de 1961 à 1996 au rez-de-chaussée du nouveau bâtiment abritant les collections en croissance du laboratoire d'entomologie[12] ;
dans le même bâtiment que la galerie de Minéralogie et de Géologie, la galerie de Paléobotanique, ouverte au public de 1972 à 1998[note 6] ;
dans les salons de l'hôtel de Magny, le cabinet d'histoire et d'art du Jardin des plantes et du Muséum, ouvert au public de 2008 à 2017 ;
Le Muséum national d'histoire naturelle est fondé le par décret de la Convention nationale[4] à la suite de la proposition de Joseph Lakanal après son intervention sur la Vendée et sa demande d'inscrire le nom de Joseph Sauveur[13] au Panthéon[14],[15]. Dans le décret de la Convention, les buts principaux du Muséum doivent être : « l'enseignement public de l'histoire naturelle, pris dans toute son étendue et appliqué particulièrement à l'avancement de l'agriculture, du commerce et des arts »[16].
Cet établissement est la métamorphose d'un « jardin d'utopie » plus ancien[17], le Jardin royal des plantes médicinales qui dispensait déjà le savoir des savants qui l'administraient, et qui avait été créé au XVIIe siècle sur la terre d'Alez où, au XVIe siècle, l'apothicaire philanthrope Nicolas Houël donnait des cours d'herboristerie[18]. Sur ce site, la tradition d'enseigner l'histoire naturelle remonte donc à plus de quatre siècles.
XVIIe siècle
En 1626, l'un des médecins du roi, Guy de La Brosse, appuyé par le premier médecinJean Héroard, et par Richelieu, persuade Louis XIII de créer à Paris un « jardin de plantes médicinales ». Un nouvel édit royal est proclamé en 1635 et ce jardin, le Jardin royal des plantes médicinales, ouvre finalement ses portes en 1640, devant servir d'une part, à la culture, la conservation, l'étude et l'utilisation des plantes utiles à la santé et à destination des futurs médecins et apothicaires, et, d'autre part, à l'enseignement de la botanique, de la chimie et de l'anatomie. Ces cours, enseignés en français (c'est une première, car partout ailleurs c'est en latin), sont également accessibles au grand public. Ils sont dispensés par des « démonstrateurs » et obtiennent un vif succès : des auditeurs de tous âges, français et étrangers, fréquentent les leçons données au Jardin[l 1].
Destiné initialement aux collections botaniques et aux besoins de la maison royale (d'où le nom de « Jardin royal des plantes médicinales »), le Jardin suscite l'hostilité de la faculté de médecine, seule à Paris, à pouvoir décerner le grade de docteur en médecine. D'ailleurs, les démonstrateurs sont tous médecins, mais formés, eux, en province, et notamment à Montpellier, faculté rivale et détestée. Autre sujet d'aversion : les nouvelles disciplines enseignées au Jardin, comme la médecine chimique ou la circulation du sang, qui sont des hérésies pour les universitaires parisiens, gardiens des traditions hippocratique et galénique. Jusqu'à la fin du XVIIe siècle, la faculté de médecine de Paris fera tout ce qu'elle pourra pour s'opposer, devant le Parlement, aux décisions prises par le surintendant ou l'intendant du Jardin[l 2].
En 1693, Guy-Crescent Fagon accède à cette dernière fonction en devenant premier médecin du roiLouis XIV. Petit neveu du fondateur Guy de la Brosse, son administration est remarquable : il apaise par un compromis le conflit devenu aigu avec la Faculté de Paris, recrute un personnel compétent (tels Tournefort, l'un des pères de la botanique française, Vaillant, mais aussi Antoine de Jussieu, fondateur d'une dynastie de botanistes) et enfin encourage les voyages d'étude dans les pays lointains. De cette époque datent les premières collections du Jardin, constituées tout d'abord par des missionnaires (Charles Plumier entre 1689 et 1697 aux Antilles, Louis Feuillée entre 1703 et 1711 dans les Andes…), puis par des médecins (Augustin Lippi en 1704 au Soudan et surtout Tournefort en Méditerranée orientale et en Anatolie de 1700 à 1702). Fagon favorise l'importation et l'acclimatation des plantes tropicales, notamment le café, jusqu'alors monopole de l'Empire ottoman, que Jussieu introduit aux Antilles[l 3].
Dix ans plus tard, en 1739, le « Jardin du roi » comme on l'appelle désormais, prend une nouvelle dimension, grâce à l'un des savants les plus en vue du XVIIIe siècle : Buffon (1707-1788). Ce naturaliste complet (il publie tout au long de son mandat la monumentale Histoire naturelle en 36 volumes, un véritable best-seller de l'époque), membre de l'Académie française et trésorier perpétuel de celle des sciences, va diriger l'établissement pendant près d'un demi-siècle, jusqu'à sa mort en 1788. Grâce à lui, en 50 ans le Jardin double sa superficie, l'école de botanique ainsi que le cabinet d'Histoire naturelle sont agrandis et, avant sa mort, un vaste amphithéâtre et une nouvelle serre sont mis en chantier.
À sa mort, en 1788, le roi nomme à la tête du Jardin un militaire, Auguste de Flahaut, qui n'entend pas grand-chose aux sciences, ni même à l'horticulture, et dont se plaignent vainement auprès du roi le naturaliste Louis Jean-Marie Daubenton et le personnel du Jardin, notamment les démonstrateurs.
Révolution française
La Révolution modifie profondément le fonctionnement du Jardin. Le , un décret de l'Assemblée nationale demande aux démonstrateurs de rédiger un projet pour sa réorganisation. La première assemblée vote le départ d'Auguste de Flahaut et élit à l'unanimité Daubenton directeur. Ce dernier charge une commission comprenant Antoine-François Fourcroy, Bernard Lacépède et Antoine Portal de rédiger le règlement de la nouvelle institution et d'en fixer le fonctionnement et les missions du musée : instruire le public, constituer des collections et participer activement à la recherche scientifique. Le corps des professeurs et leur directeur, élu et renouvelé chaque année, devaient être les garants de l'indépendance de la recherche.
Mais, prise par l'actualité politique alors tumultueuse, l'Assemblée nationale laisse ce projet de côté. En 1791, de Flahaut démissionne, remplacé en 1792 par Jacques-Henri Bernardin de Saint-Pierre. Ce n'est qu'en 1793 que Joseph Lakanal (1762-1845), apportant les collections du prince de Condé rencontre Daubenton et découvre le projet de 1790. Lakanal le porte à l'Assemblée et, dès le lendemain , obtient le vote du décret établissant le musée, donnant ainsi au Jardin une existence juridique propre. Cette courte période entre 1792 et 1797 est significative : les confiscations françaises et étrangères apportent à Paris une quantité considérable d'objets de toutes sortes, qui doivent être stockés et triés. Les années 1793-1795 du gouvernement révolutionnaire puis du Directoire voient une refonte des lieux de conservation et l'apparition de nouveaux musées à Paris - notamment la création ou la refondation de trois grandes institutions revêtues du titre de « national » ou de « central » : le « Muséum national d’histoire naturelle » (1793), le « Muséum des arts de la République » (1794, officiellement qualifié de « central » en janvier 1797)[note 8] et la Bibliothèque nationale (1795)[20],[note 9].
Le poste d'intendant est alors remplacé par la fonction de directeur. L'ancienne hiérarchie des officiers du Jardin, notamment en démonstrateurs et sous-démonstrateurs, est abolie. Douze postes de professeurs assurent, de façon égale et collégiale, l'administration du musée. Les enseignements sont répartis en douze chaires professorales[l 5].
La multiplication tout au long du XIXe siècle des voyages d'exploration augmente considérablement les collections : l'expédition d'Égypte de Napoléon Bonaparte de 1798 à 1801, à laquelle participent près de 170 savants dont Geoffroy Saint-Hilaire, précède de peu celle d'Alexander von Humboldt en Amérique du Sud (1799-1804) ou celle de Nicolas Baudin dans les terres australes (1800-1803). Suivront celles d'Auguste de Saint-Hilaire au Brésil (1816-1822), de Claude Gay au Chili (1828-1842), de Jean-Baptiste Bory de Saint-Vincent en Grèce (1829) puis en Algérie (1840-1842), de l'abbé David en Chine (entre 1862 et 1874) ou d'Alfred Grandidier à Madagascar (1865-1870). Et n'oublions pas l'une des premières expéditions spécifiquement orientée vers la paléontologie, celle d'Albert Gaudry sur le site de Pikermi en Grèce (1855-1860). Et la liste des expéditions auxquels participent les savants du Muséum est loin d'être exhaustive[21].
Pour conserver les collections ainsi enrichies, le vieux château acheté par Louis XIII en 1633, au moment de la création du Jardin royal des plantes médicinales, a déjà été remanié et agrandi tout au long du XVIIIe siècle, jusqu'à présenter sous l'Empire une façade de 120 mètres le long de la rue Geoffroy-Saint-Hilaire. Mais ces extensions s'avérant insuffisantes, on construit et on déménage à tour de bras : Charles Rohault de Fleury édifie une nouvelle galerie de Minéralogie entre 1833 et 1837, premier bâtiment spécifiquement destiné à être un musée en France. À son extrémité, un grand espace a été réservé pour abriter les herbiers, eux aussi de plus en plus nombreux. Le même architecte élève également deux élégantes serres jumelles entre 1833 et 1836, restaurées en 1980-1981 puis en 2005-2010 et toujours en service. Enfin, entre 1877 et 1889, Jules André construit la galerie de Zoologie et, à l'extrême fin du siècle (1898), est inaugurée la galerie de Paléontologie et d'Anatomie comparée[l 8].
Avec la nomination, en 1836, du chimiste Eugène Chevreul (1786-1889), le Muséum commence à s'intéresser, comme sa « rivale » la faculté des sciences de Paris, aux sciences physiques, chimiques et de l'Univers, d'où la création en 1837, pour Antoine Becquerel, de la chaire de physique appliquée[l 9]. Cette période prend fin avec Alphonse Milne-Edwards, en 1890, et la promulgation du décret du qui signe le retour en force de l'histoire naturelle biologique basée sur l'étude des collections (cette politique restera en vigueur jusqu'à la veille de la Seconde Guerre mondiale)[l 10]. Entre-temps, le gouvernement de Napoléon III avait adopté en 1863 un décret portant le mandat de directeur à 5 ans sans limitation de renouvellement : Chevreul le restera 28 ans. Le nombre de chaires augmente également et certaines sont divisées en deux à mesure que les disciplines se spécialisent.
Pour enrichir les collections au fil de l'extension et de l'exploration de l'empire colonial français, une « école coloniale » a vu le jour en 1889 et un enseignement spécial destiné aux voyageurs a été élaboré en 1893, avant même le ministère des colonies (qui date de 1894).
Trop vastes pour être intégralement présentées, les collections du Muséum font l'objet d'expositions temporaires qui remportent un vif succès. L'une des premières est, en 1884, consacrée aux campagnes océanographiques du Travailleur et du Talisman ; les visiteurs pouvaient y voir les appareils (dragues, sondes, thermomètres) utilisés par les chercheurs embarqués ainsi que de nombreux échantillons en bocaux des animaux (poissons, crustacés, mollusques, échinodermes, zoophytes) recueillis jusqu'à 5 000 mètres de profondeur (une performance pour l'époque)[l 11]. Les travaux naturalistes en Antarctique et ethnographiques en Terre de Feu sur les Selknams par Émile Racovitza de l'expédition Belgica ainsi que le laboratoire du navire furent également exposés dans l'ancienne galerie du duc d'Orléans, rue Buffon[26].
XXe siècle
La loi de finances du accorde au Muséum l'autonomie financière et un budget propre d'1 million de francs de l'époque (soit autant que le budget de la faculté des sciences)[l 10]. Dans la même année Edmond Perrier, directeur du Muséum, décide de fonder la Société des Amis du Muséum avec pour but de donner son appui moral et financier au Muséum. En ce début du XXe, les collections du Muséum s'accroissent considérablement. Les voyages se multiplient : d'Alfred Lacroix en Martinique à la suite de l'éruption de la Montagne Pelée en 1902, jusqu'à Robert Gessain à la fin des années 1970 au Groenland, en passant par Henri Humbert à Madagascar (entre 1912 et 1960), Marcel Griaule entre Dakar et Djibouti (1931-1933) ou Henri Lehmann (1901-1991) au Guatemala (1954-1969).
Le Musée du Duc d'Orléans, 45 rue Buffon[27], est inauguré le [12]. La présentation des animaux naturalisés, dans des dioramas reconstituant leur environnement naturel, relevait alors d'une muséographie innovante et spectaculaire pour l'époque (au moins en France)[28],[12]. Ce musée a été fermé au public en 1959[28],[12].
Tout au long du XXe siècle, de nouveaux milieux jusque-là pas ou peu explorés sont découverts : on pénètre de plus en plus loin à l'intérieur des forêts primaires, des moyens techniques permettent d'explorer les fonds océaniques et de découvrir que la vie y réside. On découvre également que la vie réside à l'intérieur des grottes que René Jeannel et Norbert Casteret explorent. Les scientifiques repoussent les limites géographiques de leurs recherches pour couvrir l'ensemble de la biosphère, des abysses (« fumeurs noirs ») et des profondeurs de l'écorce terrestre (extrêmophiles) jusqu'aux limites de l'atmosphère (plancton aérien). Le Muséum s'intéresse aussi à l'espace puisque parmi ses collections, on peut trouver des matériaux extraterrestres comme des météorites[29] et quelques pierres de Mars.
Au cours du XXe siècle les expositions temporaires se multiplient. Celle du tricentenaire du Jardin royal des plantes médicinales, en 1935, déploie tout l'arc-en-ciel des divers domaines de l'histoire naturelle et retrace l'histoire du Muséum. De à , cette histoire fut exposée dans le « cabinet d'histoire du Jardin des plantes » (dans des salles de l'hôtel de Magny, mais ce « cabinet d'histoire » est désormais dissous). Au fil des années, la muséographie des expositions évolue et s'accompagne de beaux catalogues. Parmi les plus visitées, signalons Orchidées et plantes épiphytes en 1966, Météorites, messagères du cosmos en 1968, La Nature au microscope électronique en 1971, Le Sahara avant le désert en 1974, Les plus beaux coquillages du monde en 1975, Histoire naturelle de la sexualité en 1977 avec André Langaney, La bionique, science des inventions de la nature en 1985 et les cristaux géants du Brésil en 1987, qui ensemble ont attiré plus d'un million de visiteurs. Un public nombreux suit également les conférences-débats et les séances de travaux dirigés[l 15].
À partir de 1975, un plan de réhabilitation des locaux et de regroupement des laboratoires se met en place : on rénove les anciennes galeries du XIXe siècle, on y ajoute des ailes mais on effectue également de spectaculaires réalisations, comme en témoigne la zoothèque souterraine ouverte en 1986 et destinée à abriter les collections de la galerie de zoologie, fermée au public depuis 1965[l 16]. Cette galerie sera rouverte trente ans plus tard, en 1994, sous la forme d'une « grande galerie de l'Évolution » inaugurée par le président de la République François Mitterrand. Pour les enfants, des ateliers pédagogiques sont organisés dès 1970 sous l'égide, entre autres, de Geneviève Meurgues, mais prennent une dimension nouvelle avec la « galerie des Enfants », salle permanente d'activités ouverte dans la grande galerie de l'Évolution[11].
Près de deux millions de personnes visitent chaque année les divers sites parisiens du Jardin des plantes, y compris les étudiants qui fréquentent le Muséum, car celui-ci est également un campus et un centre de formation pour les futurs chercheurs : depuis 1989, il délivre seul le doctorat nouveau régime et, depuis 1995, il a l'habilitation ministérielle pour sept nouveaux DEA[l 15].
Sur le plan administratif, en 1968, une assemblée générale du personnel (alors plus de 2 200 personnes) avait proposé de remplacer l'assemblée des professeurs (instituée en 1793 comme unique instance dirigeante, scientifiquement comme administrativement) par un conseil où seraient représentés à parts égales les professeurs, les chercheurs et les techniciens. Cette proposition n'a pas abouti, mais au fil des années l'assemblée des professeurs a perdu de ses prérogatives au profit des secrétaires généraux nommés par les ministères de tutelle. Ainsi, le décret du fait du Muséum national d'histoire naturelle un établissement public à caractère scientifique, culturel et professionnel. Ce décret met fin au rôle d'administrateurs des professeurs et substitue l'assemblée des professeurs par deux conseils formés de membres élus (en majorité) ou nommés pour quatre ans, parmi lesquels peuvent aussi se trouver des personnes extérieures à l'établissement : un conseil d'administration de 28 membres et un conseil scientifique de 12 membres divisé en trois sections (collections, recherche, diffusion des connaissances), chaque section étant habilitée à se réunir séparément des autres[32]. En 1994, une nouvelle circulaire ajoute un troisième conseil de gestion, le conseil des laboratoires.
XXIe siècle
L'évolution des statuts de l'établissement dans le sens d'une complexification croissante (mais pas forcément plus fonctionnelle) se poursuit au XXIe siècle et le décret du dissout les chaires d'enseignement et de recherche. Les collections et les personnes qui constituaient les anciennes chaires sont alors distribuées dans sept « départements de recherche » (depuis 2017 dissous eux aussi) :
« Écologie et gestion de la biodiversité »
« Histoire de la Terre »
« Hommes, natures et sociétés »
« Milieux et peuplements aquatiques »
« Préhistoire humaine »
« Régulations, développement et diversité moléculaire »
« Systématique et évolution ».
Par ce décret sont aussi créés des niveaux hiérarchiques intermédiaires entre la direction et les chercheurs, ainsi que des structures transversales pour définir les grandes missions du Muséum et y encadrer les recherches. Les fonctions de l'ancien directeur sont partagées entre un président, qui préside le conseil d'administration, et un directeur général qui dirige effectivement l'établissement. Tous deux sont désormais nommés pour 4 ans directement par le président de la République. Les laboratoires sont conservés et placés sous l'autorité des départements nouvellement créés afin de coordonner les activités des chercheurs. L'établissement est placé désormais sous la tutelle de trois ministères : Éducation nationale, Recherche et Écologie. Ce système est si complexe qu'en 2017 les sept départements de 2001 sont regroupés en trois, en vigueur depuis lors[33] :
« Homme et environnement »,
« Adaptations du vivant »,
« Origines et évolution ».
Aujourd'hui, le Muséum est responsable de la conservation d'un patrimoine de 68 millions de spécimens dont 453 974 « types » informatisés[1] en tous genres (voir ci-dessous), spécimens incluant des centaines de milliers de plantes vivantes et environ 3 500 animaux vivants. Avec 1 800 personnes en France (pas toutes à Paris), dont une majorité de chercheurs et de techniciens, le Muséum tient un rôle national et international majeur dans le développement de la recherche en histoire naturelle et dans la diffusion de la culture scientifique[34].
Le Muséum est administré par un conseil d'administration présidé par le président du muséum, assisté d'un conseil scientifique[36]. Le président est assisté de directeurs généraux délégués. Outre le président, le conseil d'administration comprend cinq représentants de l'État, nommés respectivement par les ministres chargés de l'enseignement supérieur, de l'environnement, de la recherche, de la culture et du budget ; six personnalités qualifiées, n'appartenant pas au Muséum, nommées conjointement par les ministres chargés de la tutelle, et onze membres élus parmi les enseignants. Le conseil scientifique se prononce et fait des propositions sur toute question scientifique relevant des missions du Muséum : il comprend 30 membres, quinze personnalités qualifiées et quinze élus parmi le personnel.
Le Muséum national d'histoire naturelle dispose de quatre directions générales déléguées :
Direction générale déléguée aux ressources ;
Direction générale déléguée aux collections ;
Direction générale déléguée à la recherche, à l'expertise, à la valorisation et à l'enseignement ;
Direction générale déléguée aux musées, aux jardins et aux zoos.
et trois départements scientifiques transversaux aux trois directions générales déléguées « techniques » :
Homme et environnement ;
Adaptations du vivant ;
Origines et évolution.
Anciennes chaires
Avant d'acquérir sa structure actuelle, le Muséum national d'histoire naturelle a longtemps fonctionné par chaires, qui ont évolué dans le temps :
Source : Philippe Jaussaud et Édouard-Raoul Brygoo, Du Jardin au Muséum : en 516 biographies, Publications scientifiques du Muséum national d'histoire naturelle, Paris 2004, 264 pages, (ISBN2-85653-565-8).
Le Muséum national d'histoire naturelle de Paris est habilité à délivrer des enseignements universitaires, ayant le statut de « grand établissement universitaire » : il délivre des diplômes de master, de doctorat et d'habilitation à diriger les recherches. Le Muséum contribue également à des dispositifs d'enseignement de niveau Licence en partenariat avec plusieurs établissements français (« UE Affrodit : s'AFfranchir des FROntières entre les DIsciplines Traditionnelles », « Mineure de licence - parcours Histoire naturelle : Homme, patrimoines, sociétés » et « Licence professionnelle Ecopaysage Végétal Urbain »[37]).
Il propose également une offre de formation continue pour tous les profils. Le Muséum est membre de l’alliance Sorbonne Université qui regroupe 10 établissements partenaires avec lesquels le Muséum est engagé dans de nombreuses actions d’enseignement[38].
Le Muséum s’est inscrit à partir de 2004 dans le processus de construction de l’espace européen de l’enseignement supérieur, concrétisé notamment par la mise en place des Masters Erasmus Mundus. Il est aujourd’hui partenaire de deux Masters internationaux :
International Master in Quaternary and Prehistory, IMQP
Erasmus Mundus Master Course in Tropical Biodiversity and Ecosystems, TROPIMUNDO
Et d'un doctorat international :
International Doctorate in Quaternary and Prehistory, IDQP.
La mention de Master est au centre de l’offre de formation du Muséum national d’histoire naturelle. Elle a été fondée en 2004 sur la base d’anciens DEA autonomes, impliquant l’élargissement de la communauté d’étudiants accueillis (admission en M1) et la recherche active d’une cohérence de mention reflétant la dynamique scientifique de l’établissement. Dans ce cadre, le master « Evolution, Patrimoine Naturel, Sociétés » a été fondé en 2004. Il est délivré par Sorbonne Université[39].
En 2020 l’intitulé de la mention a évolué en master « Biodiversité, Écologie & Évolution » (BEE)[40], et a été à nouveau accrédité en Sciences du Vivant et Environnement (SVE) et Sciences Humaines et Sociales (SHS).
Celui-ci offre une formation pluri- et transdisciplinaire en sciences de la nature, de l’Homme et des sociétés sur l’analyse des mécanismes passés et présents de l’évolution de la biodiversité et les stratégies pour sa préservation dans le cadre d’un développement durable, l’impact des pressions anthropiques, la perception des enjeux sociétaux et environnementaux liés au patrimoine, à la biodiversité, au climat et à la transition écologique.
Il forme autant aux métiers de l’inventaire, de la classification, de la compréhension et de la conservation des entités naturelles qu’à ceux liés à la perception globale des enjeux actuels liés au patrimoine, à la biodiversité, au climat et à la transition écologique.
Écologie de la conservation, ingénierie écologique : recherche et expertise (ECIRE)
Écologie évolutive et fonctionnelle (EEVEF)
Environnement & Santé (ES)
Muséologie des Sciences de la nature et de l'Homme (MSNH)
Quaternaire, Préhistoire, Bioarchéologie (QPB)
Sociétés et Biodiversité (SEB)
Systématique, Évolution, Paléontologie (SEP)
Tous les parcours bénéficient d'un tronc commun interdisciplinaire au premier semestre, avant de se spécialiser au deuxième semestre puis en 2e année dans les « finalités »[41] qui les composent. Le quatrième semestre est construit sur l’approfondissement de ces enseignements qui fondent le projet de stage[40].
École doctorale
L'école doctorale interdisciplinaire « Sciences de la nature et de l’Homme : évolution et écologie » (ED227 MNHN-SU) a été créée en 1995 et est co-accréditée avec Sorbonne Université depuis 2018[42]. Elle compte environ 200 doctorants, encadrés par 350 chercheurs et enseignants-chercheurs habilités à diriger des recherches, répartis dans 27 unités de recherche, portant autant sur les sciences de la nature que les sciences humaines (notamment l'anthropologie)[42].
Le Muséum délivre des diplômes d’Habilitation à diriger des recherches depuis 2017.
+07 500 000, spécimens[56] répartis sur plusieurs sites en région parisienne et comprenant :
les fossiles de vertébrés comprenant 450 000 spécimens de mammifères, reptiles, oiseaux et poissons ;
les fossiles de non-vertébrés comprenant environ 4 millions de spécimens, particulièrement riche en mollusques tertiaires de France et d'Europe ;
la paléobotanique comprenant plus de 70 000 fossiles de plantes ;
les pollens et spores fossiles[57] comprenant environ 3 500 lames incluant chacune des dizaines de grains et/ou de spores, et la collection de préparations et illustrations « Boltenhagen » ;
la collection de micropaléontologie comprenant plus de 30 000 lames répertoriées de foraminifères ;
+00500 000, spécimens (séchés en herbier, les plus récents par lyophilisation) et 420 modèles en cire colorée représentant des champignons de la région parisienne, réalisés au XVIIIe siècle par le chirurgien-major André-Pierre Pinson[46].
Le Muséum national d'histoire naturelle comprend une direction des bibliothèques et de la documentation, qui fédère la bibliothèque centrale du Muséum et 22 bibliothèques spécialisées, certaines au Jardin des plantes, les autres présentes sur certains des autres sites du Muséum.
Le cabinet du roi comprenait déjà au moment de la Révolution quelques dizaines d'ouvrages. Toutefois, le décret du va créer les conditions de son développement. D'une part, la bibliothèque reçoit une existence officielle et le premier étage lui est attribué[69]. D'autre part, le décret prononce l'attribution au Muséum de la collection des « Vélins du Roi », toujours conservés par l'établissement et désormais numérisés, ainsi que les doubles d'ouvrages d'histoire naturelle présents à la bibliothèque royale. Surtout, il autorise le Muséum à alimenter ses collections dans les dépôts littéraires de la capitale.
La bibliothèque prend ainsi rapidement de l'ampleur, constituant une collection encyclopédique avec un net intérêt pour les sciences, en particulier biologiques, et les techniques. La bibliothèque reçoit par ailleurs d'importants dons et legs, notamment de Georges Cuvier ou de Michel-Eugène Chevreul.
En 1823, les collections atteignent déjà 15 000 volumes. En 1837, l'inauguration du bâtiment de la galerie de Minéralogie et de Géologie de l'architecte Charles Rohault de Fleury fournit l'occasion d'installer la bibliothèque dans des locaux plus vastes. Cette nouvelle bibliothèque servira pendant plus d'un siècle, alors même que les collections augmentent encore (300 000 volumes vers 1950). L'architecte Henri Delaage (1900-1992) conçoit donc l'actuel bâtiment, inauguré le , qui comprend deux salles de lecture et sept niveaux de magasins.
Les collections actuelles de la bibliothèque centrale peuvent être estimées à environ 200 000 volumes de livres modernes, plus de 13 000 titres de périodiques (dont environ 3 000 vivants), environ 105 000 imprimés anciens, près de 8 000 manuscrits, des cartes, des estampes et un millier d'objets d'art[70].
Depuis 1992, la bibliothèque centrale est dépositaire d'un « fonds polaire » constitué par Jean Malaurie. Elle donne désormais aussi accès à une dizaine de bases de données et près de 5 000 titres de périodiques électroniques[71].
Une médiathèque, ouverte à un large public, comprend environ 8 000 ouvrages, une centaine de périodiques et des dossiers documentaires.
Parmi les 22 bibliothèques associées, la bibliothèque du musée de l'Homme a été en grande partie transférée au musée du quai Branly, mais des considérations pratiques et scientifiques ont conduit les responsables de ce dernier musée à en restituer une importante partie au musée de l'Homme. À travers cette bibliothèque, le Muséum est CADIST à un autre titre[72].
Le logo du Muséum national d'histoire naturelle a été dessiné en 1793 par Gérard van Spaendonck ; il a évolué au fil du temps et la plus récente version date de 2018[73]. L'établissement comporte en outre une signalétique d'orientation sur ses sites, des cartels botaniques ou zoologiques et des logos secondaires pour ses composantes.
Plusieurs projets d'agrandissement du Jardin royal des plantes et du Muséum national d'histoire naturelle ont été formulés au fil de son histoire : ceux de Buffon ont été concrétisés durant son intendance, pendant le demi-siècle allant de 1740 à 1790, tandis que ceux plus tardifs de Gabriel Thouin, de Léon-Louis Fillol et de Raymond Pujol sont restés dans les cartons, soit parce qu'entre-temps les quartiers St-Victor et du jardin des plantes avaient été plus densément urbanisés, soit parce que les choix politiques n'ont pas tranché en faveur du Muséum.
A)
B)
C)
D)
E)
F)
Légende des plans : A) Plan de Barbeau de 1796, vue vers le Nord-Est du Jardin royal des plantes médicinales avant les agrandissements de Buffon vers la Seine à l'est et sur la rive droite de la Bièvre au sud. B) Plans du site du Muséum à deux siècles d'écart : en haut, il passe des limites en rouge (plan de Barbeau) aux limites en vert sous l'intendance de Buffon (1738-1788). C) Le Jardin des plantes vers 1794-1802, vu vers le nord après les agrandissements de Buffon : il atteint la Seine sans inclure toute l'actuelle ménagerie encore séparée de la rue de Seine devenue rue Cuvier, et inclut les deux rives de la Bièvre encore à l'air libre ; la principale allée du jardin (appelée « desserte du jardin des plantes ») est devenue la rue Buffon. D) Projet d'agrandissement de Gabriel Thouin vers 1819-1820, vu vers le Nord-Est : le labyrinthe se trouve en bas au centre. Si ce plan avait été concrétisé, plusieurs quartiers n'auraient pas été construits au nord et au sud du jardin, et la halle aux vins n'aurait pas été réalisée. E) Projet d'agrandissement de Léon-Louis Fillol (1900, vue vers le Sud-Ouest), étendant la ménagerie vers le nord à la place de halle aux vins. F) Projet de Raymond Pujol (1999) : il n'agrandissait pas le site principal mais lui en ajoutait d'autres dans le 12e arrondissement de Paris et restructurait l'offre muséologique parisienne en s'adaptant à la volonté de Jacques Chirac (alors chef de l'État) de sortir les collections d'art premier du musée de l'Homme et du palais de la Porte-Dorée pour les attribuer au nouveau musée du Quai Branly (et plus tard au MuCEM)[74],[75]. Le projet de Raymond Pujol visait à présenter le genre humain dans sa diversité anthropologique, historique, linguistique et culturelle, sans oublier les aspects ethno-écologiques et la biodiversité, en se basant sur les collectionsethnographiques restantes et sur l'aquarium du palais de la Porte-Dorée[76].
Notes et références
Notes
↑La similitude entre le site du Muséum national d'histoire naturelle au jardin des plantes de Paris et la Smithsonian Institution à Washington avec, dans les deux cas, des musées et galeries variées qui s'alignent d'Est en Ouest le long d'une perspective à la française, n'est pas un hasard : l'institution de Washington a été fondée grâce à Jacques-Louis Macie, né vers 1765 à Paris. Chimiste, géologue, cristallographe, physicien, mathématicien, économiste et historien, Macie est devenu britannique sous le nom de James Smithson (voir (en) « James Smithson » (consulté en ) et (en) « second paper », sur siarchives.si.edu (consulté en )). Ayant manifesté un grand intérêt aux idéaux de l'instruction publique et de la démocratie, Macie-Smithson est enthousiasmé par la création du « Muséum central des arts de la République » (devenu musée du Louvre) et du Muséum national d'histoire naturelle ([1]). Plus âgé et devenu très fortuné, James Smithson souhaite favoriser l'émergence d'une institution similaire aux États-Unis, pays neuf encore dépourvu de grandes institutions de ce type : par son testament de 1826, lui qui ne s'est jamais rendu aux États-Unis et ne semble pas avoir entretenu de correspondance avec des scientifiques américains, lègue la somme alors colossale de 100 000 livres sterling à une éventuelle institution américaine consacrée à promouvoir la science. Son vœu, retardé par un procès entre le notaire et ses héritiers en ligne indirecte, ne se réalise que vingt ans plus tard lorsqu'un apport complémentaire de l'État américain permet la création de la Smithsonian Institution.
↑Les deux « labyrinthes » du Jardin des plantes n'ont de labyrinthe que le nom puisque le « grand labyrinthe » est en réalité un chemin en spirale menant à son sommet à la gloriette de Buffon et le « petit labyrinthe » est un espace consacré à l'observation d'oiseaux, contenant aussi des ruches. Si le « grand labyrinthe » est entièrement ouvert au public, le « petit labyrinthe », lui, est réservé aux chercheurs, mais en grande partie accessible aux regards des passants qui parcourent les chemins du jardin à l'anglaise.
↑Le « bâtiment de la baleine » utilisé par Cuvier avait appartenu à la compagnie des fiacres de Paris et a été acquis par le Muséum en 1795 ; il était ainsi surnommé en raison de la baleine naturalisée autrefois présentée dans sa cour intérieure : cf. Thierry Malvésy, « Georges Cuvier : Montbéliard 1769 - Paris 1832 », Bulletin des Amis du Muséum national d'histoire naturelle. No 242, juin 2010, ISSN 1161-9104 ; p. 18 et Luc Vivès et Cécile Colin-Fromont (préf. Philippe Taquet, photogr. Bernard Faye), Les Galeries d'Anatomie comparée et de Paléontologie : Muséum d'histoire naturelle, Paris, Ed. Artlys Muséum d'histoire naturelle, (réimpr. 2015), 95 p. (ISBN978-2-85495-468-5, OCLC819291781), p. 8-9
↑Grand voyageur et chasseur, Philippe d'Orléans (1869-1926) a amassé quantité de trophées de chasse qu'il a fait naturaliser et exposer dans ses châteaux en Angleterre et en Belgique. La reine Amélie de Portugal en fit don au Muséum. Celui-ci, pour les exposer, mit en place une grande halle édifiée par l'architecte Weber, à la façade décorée par le sculpteur Maxime Real del Sarte, inaugurée le , mais bâtie à bas coût et mal aérée. Il y fit très chaud l'été et très humide l'hiver, les dépouilles souvent mal naturalisées se détériorèrent et les autorités du Muséum durent se résoudre à fermer et démolir cette galerie au bout de trente ans d'existence : cf. Éric Buffetaut, « Un musée princier disparu », Espèces : Revue d'histoire naturelle, no 27, , p. 76-80 (ISSN2256-6384). Les rares dépouilles restaurables ont été transportées à la Grande galerie de l'Évolution, où l'on peut toujours les voir aujourd'hui : cf. Amandine Péquignot, Me de conf., UMR208 "PALOC" - IRD/MNHN, « La collection du duc d'Orléans au Muséum » in Hypothèses du 24 jan. 2020, « Le Muséum national d'histoire naturelle, objet d'Histoire (recherches, hommes, institutions, patrimoine, enseignement » - lire en ligne [2] vu le 22 déc. 2021.
↑La Galerie cynégétique du duc d'Orléans et la galerie d'Entomologie se sont succédé à la place des pépinières du laboratoire de physiologie végétale du « clos Patouillet ».
↑La galerie de Paléobotanique fut ouverte au public en 1972, sous l'égide du professeur Jean-Pierre Lehman, dans l'aile Est de la galerie de Minéralogie et de Géologie. Elle retraçait l'histoire évolutive des végétaux par de nombreux fossiles de végétaux et une reconstitution grandeur nature d'arbres cryptogames du Carbonifère. N'ayant pas le succès escompté, elle fut fermée au public en 1998 puis démantelée en 2005 : une partie des collections de cette galerie a été transférée à la mezzanine de la galerie de Paléontologie, une autre dans la « serre de l'histoire des plantes ».
↑L'Aquarium et musée de la mer de Dinard, crées sur l'initiative des professeurs du Muséum Jean Abel Gruvel et Paul Lemoine et de l'explorateur Jean-Baptiste Charcot, a été fermé en 1996 et ses bâtiments vendus, mais la recherche scientifique continue au CRESCO.
↑C'est la République française qui, en l'an 1793 par le décret du 10 juin (à lire ici [3]), a inventé en français le néologisme Muséum (avec un accent) non seulement pour le Muséum national d'histoire naturelle (source: histoire du Muséum) mais aussi pour le Muséum central des arts de la République » (aujourd'hui Musée du Louvre : source Jean-Marc Léri, « Le Louvre du palais royal au musée national », p. 96-101, dans Patrimoine parisien 1789-1799 : destructions, créations, mutations, Bibliothèque historique de la Ville de Paris 1989, (ISBN2-905-118-25-3)).
↑Le modèle républicain de trilogie pour l'instruction publique« Musée de sciences - Musée d'arts - Bibliothèque » a été durant le XIXe siècle imité dans de nombreux chefs-lieux de départements qui créèrent des institutions similaires, parfois séparées, souvent regroupées en un même bâtiment municipal comme on peut le voir ici [4] où à l'origine l'aile gauche (ouest) abritait le Musée d'art, le corps central la Bibliothèque, et l'aile droite (est) le Musée d'histoire naturelle. Les changements ultérieurs ont modifié cette organisation dans la plupart des villes : cf. : Germain Bazin, Le temps des musées, Éditions Desoer, 1967 ; François Mairesse, Le musée temple spectaculaire, PUL, Lyon 2002 et Le musée hybride, La documentation française, Paris 2010.
↑Les présentations devenant vétustes, des travaux de rénovation et de mise aux normes sont nécessaires, mais les moyens sont alloués au compte-gouttes, entraînant des fermetures prolongées (galerie de Zoologie : 28 ans de 1966 à 1994 ; galerie de Minéralogie et de Géologie : 10 ans de 2004 à 2014 ; musée de l'Homme, en partie dépouillé au profit du musée du quai Branly du fait d'une réorganisation des collections nationales : 6 ans de 2009 à 2015 ; zoo de Vincennes : 6 ans de 2008 à 2014 ; grandes Serres : 5 ans de 2005 à 2010). Contrairement aux Anglo-Saxons et aux peuples nordiques qui considèrent l'histoire naturelle comme un ensemble de disciplines scientifiques d'importance majeure et y consacrent beaucoup d'argent, au XXe siècle en France on n'agit qu'au coup par coup lorsque des conséquences spectaculairement scandaleuses sont subitement médiatisées à la suite d'incidents fortuits. Ce fut le cas à la grande Galerie, à la Ménagerie et aux Serres, qui n'ont été rénovées que parce que les toitures tombaient littéralement en morceaux ou parce que des journalistes se sont scandalisés des conditions de vie de certains animaux. Malgré les prises de conscience du XXIe siècle, la tradition du « compte-gouttes » budgétaire n'a pas disparu et des appels à mécénat ont dû être lancés en 2016 afin de susciter des dons pour sauver des éléments du patrimoine du Muséum. La restauration de la gloriette de Buffon du XVIIIe siècle, menacée par les intempéries, la pollution et la corrosion, nécessite des financements estimés à 700 000 euros. Devenue potentiellement dangereuse pour le public, son accès a dû être fermé en attendant de réunir la somme et d'entreprendre les travaux : Odile Morain, « Jardin des Plantes : la gloriette de Buffon en péril, a besoin de donateurs », sur francetvinfo.fr, . Pour restaurer l'abri des chevaux de Przewalski, de 1890, dans la Ménagerie, une autre souscription nationale a été lancée : [5] publié le 08 décembre 2016 dans Connaissance des Arts consulté le 12 janvier 2017 et [6] consulté le 12 janvier 2017.
↑Décret n° 2014-1107 du 1er octobre 2014 modifiant le décret n° 2001-916 du 3 octobre 2001 relatif au Muséum national d'histoire naturelle (lire en ligne), sur Légifrance.
↑« Tous les lieux du Muséum » sur le site de l'institution [7].
↑Au sud de la rue Buffon se trouve le « clos Patouillet » ou « îlot Buffon-Poliveau », ancienne propriété de Buffon qui abrite de nombreux laboratoires et une importante partie des collections du Muséum (voir [8]).
↑Gazette nationale ou le Moniteur universel, (lire en ligne)
↑Gazette nationale ou le Moniteur universel, (lire en ligne)
↑Auguste Chevalier, « Fondation d'une chaire de Productions coloniales d'origine végétale au Muséum national d'Histoire naturelle », Journal d'agriculture traditionnelle et de botanique appliquée, vol. 9, no 98, , p. 620-623 (DOI10.3406/jatba.1929.4787, lire en ligne, consulté le )
↑Emma C. Spary, Le Jardin d'utopie. L'histoire naturelle en France de L'Ancien Régime à la Révolution, traduit de l'anglais par Claude Dabbak, éd. du MNHN, 2005, (ISBN2-85653-566-6).
↑Jeanne Pronteau, Edme Verniquet (1727-1804) : architecte et auteur du "grand plan de Paris" (1785-1791), 1986, p. 261.
↑[Lacour 2014] Pierre-Yves Lacour, « La place des autres. Artefacts exotiques & momies », dans La République naturaliste. Collections d’histoire naturelle et Révolution française (1789-1804), Paris, Publications scientifiques du Muséum, coll. « Archives » (no 19), , 614 p., sur books.openedition.org (lire en ligne), p. 160-177 (voir paragr. 1).
↑Yves Laissus, « Les voyageurs-naturalistes du Jardin du roi et du Muséum d'histoire naturelle », Revue d'histoire des sciences, vol. 34, no 3-4, juillet-décembre 1981, p. 259-317.
↑Thomas Wayland Vaughan et alii, International Aspects of Oceanography: Oceanographic Data and Provisions for Oceanographic Research, National Academy of Sciences, Washington, D. C., 1997 (p. 118)
↑Henri Belliot, chap. III, titre Sixième « Le cours général des études : La recherche scientifique », dans Encyclopédie pratique de l'éducation en France : publiée sous le patronage et avec le concours de l'Institut Pédagogique National, Paris, I.P.N. (Institut Pédagogique National) et S.E.D.E. (Société d'édition de dictionnaires et encyclopédies), , 1re éd., xxxii + 1176 (OCLC491920247, SUDOC007321317), p. 247.
↑ a et bYves Cauzinille, « Présentation de deux acquisitions patrimoniales faites en 2011 par la bibliothèque centrale du Muséum national d'histoire naturelle avec le soutien financier de la Société des Amis du Muséum : 41 photographies panoramiques, expéditions en Afrique du duc Philippe d'Orléans en 1921, 1925 et 1926 », Les Amis du Muséum national d'histoire naturelle, no 260, , p. 56 (ISSN1161-9104, lire en ligne [PDF]).
↑(en) Catherine L.V. Caillet Komorowski, The meteorite collection of the National Museum of Natural History in Paris, chapitre de l'ouvrage de Luigi Piccardi, W. Bruce Masse, Myth and Geology, Geological Society, , 350 p. (lire en ligne).
↑Yves Laissus, Les archives scientifiques du Muséum national d'histoire naturelle, La Gazette des archives, no 145, 1989. Les archives scientifiques (communications présentées à la journée d'études organisée par le Centre de recherche en histoire des sciences et des techniques de la Cité des sciences et de l'industrie, Paris, La Villette, ) p. 106-114.
↑Pascale Heurtel, « Muséum national d'histoire naturelle », dans Les Bibliothèques parisiennes : architecture et décor, [2002], p. 166-167.
↑Sophie Guérinot-Nawrocki, Rapport de stage à la bibliothèque centrale du Muséum national d'histoire naturelle, 2004, en ligne sur le site de l'Enssib.
Claude Blanckaert, Claudine Cohen, Pietro Corsi et Jean-Louis Fischer (dir.) (préf. Roger Chartier), Le muséum au premier siècle de son histoire : [actes du colloque de Paris, juin 1993, centre Alexandere Koyré], Paris, Editions du Muséum national d'histoire naturelle, coll. « Archives / Muséum national d'histoire naturelle », , 687 p. (ISBN978-2-85653-516-5, OCLC417229847)
Dominique Bezombes, La Grande Galerie du Muséum national d'histoire naturelle : Conserver c'est transformer, Paris, Le Moniteur, , 168 p. (ISBN2-281-19083-8)
Philippe Morat (dir.), L'herbier du monde : cinq siècles d'aventures et de passions botaniques au Muséum national d'histoire naturelle, Paris, Les Éd. du Muséum Les Arènes-l'Iconoclaste, , 239 p. (ISBN978-2-912485-71-7, OCLC890422052)
Luc Vivès et Cécile Colin-Fromont (préf. Philippe Taquet, photogr. Bernard Faye), Les Galeries d'Anatomie comparée et de Paléontologie : Muséum d'histoire naturelle, Paris, Ed. Artlys Muséum d'histoire naturelle, (réimpr. 2015), 95 p. (ISBN978-2-85495-468-5, OCLC819291781)
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