Le père Plumier était le fils de Jean Plumier et Madeleine Roussel, simples artisans. Après un bon enseignement secondaire, il entre dans l'ordre des Minimes à 16 ans et fait profession le . Il se consacre à l'étude des mathématiques et de la physique, il est également un excellent peintre.
Louis XIV avait chargé Michel Bégon de trouver un savant naturaliste pour un voyage d'exploration aux Amériques. En effet, Bégon connaissait ces régions puisqu'il avait été intendant des îles d'Amériques de 1682 à 1685. Bégon, alors intendant des galères à Marseille, propose Joseph-Donat Surian, pharmacien, chimiste, herboriste et médecin de Marseille. Mais ce dernier, qui avait de grandes connaissances en chimie et un don pour herboriser, n'avait cependant pas assez de connaissances dans le domaine de la botanique. Il s'adjoint donc Charles Plumier, qui était également un dessinateur habile. Le départ a lieu en 1689. Plumier s'acquitte de sa mission en récoltant de nombreux spécimens et en réalisant une masse énorme de dessins ; malheureusement le bateau transportant son herbier fait naufrage, et seules ses planches et dessins, transportés sur un second bateau parviennent en Europe[1].
Deuxième voyage
Le roi, très satisfait du travail réalisé, nomme Plumier botaniste du roi et le renvoie en 1693 aux Antilles. Au retour de cette mission, il fait publier son premier livre : Description des plantes d'Amérique.
Ce quatrième voyage lui sera fatal. Fagon, médecin du roi, désirant mieux connaître le quinquina d'Amérique au Pérou, le charge d'une nouvelle mission. Il se rend à Sainte-Marie près de Cadix pour rejoindre Los Rios, vice-roi du Pérou. Affaibli par ses précédents voyages, il décède d'une pleurésie le [3]. Il est inhumé dans un couvent des minimes près de Cadix. En 1705, après sa mort, paraîtra son Traité des fougères.
Contributions
Le père Plumier est un spécialiste de la flore des Antilles et ses découvertes sont considérables. C'est lui qui le premier a donné aux plantes le nom de personnalités diverses : le bégonia pour Michel Bégon, le fuchsia pour Leonhart Fuchs, le lobélia pour Mathias de l'Obel, le magnolia pour Pierre Magnol sans oublier, entre autres, le genre Dioscorea pour honorer la mémoire de Dioscoride. Quand ce ne sont pas des noms de personnes, Plumier utilise les noms vernaculaires qu'il latinise pour nommer les nouvelles plantes. Ainsi par exemple, il nomme la vainillia, une plante originaire du Mexique découverte en 1571 par Francisco Hernández, Vanilla planifolia[5].
Il a donné de la cochenille du Mexique une belle description : « la cochenille s'attache contre diverses sortes d'arbres, les Indiens les cultivent sur les plantes qu'on nomme oppontium ». Mais c'est Pierre Joseph Garidel avec Emeric, médecin, qui mettra en évidence de façon expérimentale et avec une rigueur toute scientifique la véritable nature du kermès, qui sera classé parmi les insectes, car jusqu'alors on croyait que le colorant rouge que l'on tirait de la cochenille provenait d'un végétal.
Il laisse derrière lui de nombreux manuscrits et plus de 6 000 dessins, dont 4 000 de végétaux (le reste représentant la faune américaine).
Ses publications naturalistes lui valent l'admiration de ses contemporains, et de successeurs tels que Georges Cuvier (1769–1832). Tournefort et Linné lui dédient le genre Plumeria de la famille des Apocynacées.
Ouvrages
1693 – Charles Plumier, Jean Anisson, Description des plantes de l'Amérique (œuvre écrite), Inconnu et IN Groupe, Paris, , [lire en ligne].
1703 – Charles Plumier, Nova plantarum americanarum genera (œuvre écrite), J. Boudot, Paris, , [lire en ligne].
L'ouvrage posthume de Plumier, qu'a fait paraître Johannes Burman (1707–1780) entre 1755 et 1760, est généralement cité comme Plantarum americanarum. Son titre collectif complet est : Plantarum americanarum fasciculus {primus | … | decimus} : continens plantas, quas olim Carolus Plumierius, botanicorum princeps detexit, eruitque, atque in insulis Antillis ipse depinxit : Fascicule {1 | … | 10} des plantes américaines …. Le titre précise que Charles Plumier est le premier botaniste à les avoir découvertes, décrites et dessinées lui-même dans les Antilles. En ligne, avec illustrations de Plumier, sur le site Botanicus.org :
Georges Aillaud, Jean-Patrick Ferrari et Guy Hazzan, Les Botanistes à Marseille et en Provence du XVIe au XIXe siècle, Marseille, 1982.
Georges Aillaud, Yvon Georgelin, Henri Tachoire, Marseille, 2600 ans de découvertes scientifiques, Aix-en-Provence, Publications de l'université de Provence, 2002, 3 volumes, t. 1 La tradition scientifique à Marseille et en Provence, p. 141–143, (ISBN2-85399-502-X).
(en) François Bourlière, The Ornithographia Americana of Father Plumier 1689–1696, [PDF] Lire en ligne
Paul Fournier, Charles Plumier, minime, dans Voyages et découvertes scientifiques des missionnaires naturalistes français à travers le monde pendant cinq siècles, XVe à XXe siècles. Paris, Editions Paul Lechevalier & fils, 1932. Lire en ligne sur le site du Conservatoire du Bégonia.
Ferdinand Hoefer, Histoire de la botanique, de la minéralogie et de la géologie, Paris, Hachette, 1932, p. 194
Philippe Hrodej, « Saint-Domingue en 1690. Les observations du père Plumier, botaniste provençal », dans Outre-Mers. Revue d'histoire, 1997, no 317, p. 93–117(lire en ligne)
Pierre Jacquet, « La découverte des orchidées antillaises, Charles Plumier (1646–1704) », dans L'Orchidophile revue de la Fédération France Orchidées, 1999, no 136, p. 39–40
(en) Théodore W. Pietsch, Charles Plumier (1646-1704) and his drawings of French and Caribbean fishes= Charles Plumier (1646-1704) et ses dessins de poissons de France et des Antilles, Paris, Publications scientifiques du Muséum national d'histoire naturelle, 2017.
Michel Thireau, François J. Meunier, Marie-Louise Bauchot, Aline Hamonou-Mahieu, Théodore W. Pietsch, L'oeuvre ichtyologique de Charles Plumier aux Antilles (1689-1695), in Christiane Demeulenaere-Douyère (dir.), Explorations et voyages scientifiques de l'Antiquité à nos jours, CTHS, 2008, p. 47-57
Laurent-Henri Vignaud, Des mathématiques à la botanique: la conversion scientifique du P. Charles Plumier durant son séjour à Rome (1676–1681), dans Mélanges de l'école française de Rome, 2005, no 117–1, p. 131–157(lire en ligne)
Compléments
Hommages
La ville de Marseille a nommé une rue en son honneur.
La ville de Rochefort a également donné son nom à la rue où se trouve le conservatoire du Bégonia. En effet, Bégon, après son départ de Marseille, fut nommé intendant de la marine à Rochefort.
↑Lucile Allorge, Olivier Ikor, La fabuleuse odyssée des plantes : les botanistes voyageurs, les Jardins des Plantes, les herbiers, Paris, JC Lattès, 2003, p. 158 (ISBN2-7096-2327-7).
↑Lucile Allorge, Olivier Ikor, La fabuleuse odyssée des plantes : les botanistes voyageurs, les Jardins des Plantes, les herbiers, Paris, JC Lattès, 2003, p. 157 (ISBN2-7096-2327-7).