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Élevée dans une minuscule Cour d’Italie, Marie-Thérèse démontre très tôt des qualités qui la suivirent sa vie durant.
En effet, l’archiduchesse grandit auprès de ses parents et de sa fratrie. Très pieuse, et cela dès son enfance, Marie-Thérèse fut surnommée selon certain « La joie du peuple milanais »[3].
Exilé durant la Révolution française et le Premier Empire, François d'Autriche-Este, fils aîné de Marie-Béatrice et de Ferdinand, devint après les morts de son grand-père (Hercule III en 1803) et de son père (Ferdinand d'Autriche en 1806) l'unique héritier du duché occupé.
Les enfants du Duc et de la Duchesse d’Este (Marie-Thérèse est la jeune fille assise au centre).
Marie-Thérèse d'Autriche-Este, princesse de Modène, vers 1840.
Mariage
Armes du comte et de la comtesse de Chambord.
Vers 1845, la dauphine de France (1778-1851), comtesse de Marnes, dont le mari fut à la tête de la branche aînée des Bourbons, incite son neveu Henri d’Artois (1820-1883), prétendant légitimiste au trône de France et petit-fils du roi Charles X (1757-1836), à épouser une princesse de la Maison d'Autriche-Este, pour deux raisons principales : ils sont catholiques et François IV est le seul souverain européen à ne pas avoir reconnu la monarchie de Juillet. Le prince Henri porte son dévolu sur la fille cadette du duc, la princesse Marie-Béatrice de Modène, qu'il estime plus jolie que sa sœur aînée. Séduite par celui-ci, Marie-Béatrice est cependant déjà promise à un cousin du prince, le comte de Montizón, Jean de Bourbon, frère du prétendant carliste au trône d'Espagne. Le comte de Chambord convole alors avec l'aînée, Marie-Thérèse, qui a presque trente ans, soit trois ans de plus que lui, et qui souffre de surdité. Le mariage a lieu en 1846 dans le duché de Modène, en présence de toute la famille de la princesse et du prince. Elle porta alors le titre de courtoisie de comtesse de Chambord et fut considérée comme reine de France de jure par les partisans de son mari.
Le couple n'eut pas d'enfant, ce dont la comtesse de Chambord souffrit énormément. Elle présentait une malformation due à l'avancée d'une travée osseuse de son bassin qui barrait de long en large l'entrée de son utérus. Il lui était impossible d'enfanter. Le terme utilisé à cette époque pour désigner une personne présentant ce type de malformation était bréhaigne.
Marie-Thérèse, comtesse de Chambord après son mariage.
Retour en France, exil et fin de vie
La comtesse de Chambord vers la fin de sa vie (1885).
Son époux étant exilé, elle s'installe avec lui au château de Frohsdorf en Autriche. Après la chute du Second Empire, le comte de Chambord fut appelé par de nombreux députés légitimistes et orléanistes pour accepter de devenir « roi » avec une troisième restauration, à la suite des élections de 1871 qui ont donné une vaste majorité royaliste à l'assemblée. Henri d'Artois accepte et se réconcilie avec son cousin le comte de Paris, chef de la branche d'Orléans, qui voudrait néanmoins que d'Artois, n'ayant pas d'enfants, le choisisse comme héritier. Mais la majorité des députés refusant de renoncer au drapeau tricolore, le projet de restauration avec le comte de Chambord est abandonné par le président royaliste Patrice de Mac-Mahon, qui préfère soutenir les orléanistes. Henri d'Artois revient alors en France à Versailles pour rencontrer Mac-Mahon et pour le convaincre de rétablir les Bourbons. Mais la majorité des députés, y compris les orléanistes, refuse toujours le drapeau blanc. Après un court séjour en France, le comte de Chambord repart pour l'exil en 1873.
La branche aînée des Bourbons s'éteint avec le comte de Chambord, en 1883. En effet, le couple n'eut pas d'enfant ce qui marqua le début d'une querelle (toujours d'actualité) entre les maisons de Bourbon d’Espagne et d'Orléans pour savoir laquelle a le plus de légitimité à la Couronne de France.
Marie-Thérèse d'Autriche-Este, comtesse de Chambord, en 1878.
Marie-Thérèse soutenait l'ancien prétendant carliste Jean de Bourbon, chef de la nouvelle branche aînée des Bourbons et époux de sa sœur Marie-Béatrice, et s'opposait aux Orléans et surtout au comte de Paris qu'elle n'appréciait guère depuis l'échec de la restauration de 1873.
La comtesse de Chambord, alors considérée par les royalistes comme « reine douairière », meurt deux ans et demi après son époux, le au palais Lantieri à Görtz (aujourd'hui Gorizia en Italie).
- :Son Altesse Impériale et Royale l'archiduchesse et princesse impériale Marie-Thérèse d'Autriche-Este, princesse royale de Hongrie et de Bohême, princesse de Modène ;
- : Son Altesse Impériale et Royale la comtesse de Chambord (mariage).
Sa Majesté la reine de France et de Navarre (prétention).
- : Son Altesse Impériale et Royale la comtesse de Chambord (mariage).
Sa Majesté la reine douairière de France et de Navarre (prétention).
↑(it) Duché de Modène, Almanacco di corte : per l'anno bisestile 1832. (almanach de la cour royale de Modène), Modène, per gli Eredi Soliani, Tip. Reali, coll. « Almanacco di corte », , 368 p. (OCLC801118590, lire en ligne), Nascite de' sovrani e principi d'Europa., « Modena. », p. 31.
↑Maria Theresia Beatrix Cajetana von Este : acte de mariage no 29, archives de Bruck an der Mur.
↑Prosper Védrenne, La comtesse de Chambord, Marie-Thérèse, Reine de France, Paris, Tolra,
↑(de) Hof- und Staats-Handbuch des Kaiserthumes Österreich: 1868, (lire en ligne)
Serge Bernstein et Pierre Milza, Histoire du XIXesiècle, collection Initial, Éditions Hatier, Paris, 2013.
André Castelot, Madame Royale », Éditions Perrin – 1950.
C.J. Grand, L’ange de l’exil. Madame la comtesse de Chambord. Marie Thérèse d’Este, reine de France et de Navarre, Lecoffre, 1872.
Daniel de Montplaisir, Le comte de Chambord, dernier roi de France, Perrin, 2008.
Jean-Paul Roussilhe, La duchesse de Berry ou la mère persécutée, Éditions Rencontres de Lausanne, Lausanne, 1966.
Souvenirs de la duchesse d’Uzès, Éditions Lacurne, Paris, 2011.
Prosper Védrenne, La comtesse de Chambord. Marie Thérèse, reine de France, épouse d’Henri V. Enfance, vie, portrait, avenir, Tolra, 1871.
Pierre Kalmar, Marie-Thérèse Béatrix Gaétane d'Este-Modène, archiduchesse d'Autriche-Este, princesse de Modène, comtesse de Chambord, duchesse de Bordeaux et reine de France et de Navarre. Une petite biographie, CRÉBU NIGO, 2017.
Les générations sont numérotées dans l'ordre de la descendance depuis les premiers archiducs. Au sein de chaque génération, l'ordre est strictement chronologique et défini par la date de naissance.