Deuxième comédie de Gérard Oury après Le Corniaud, le film se déroule durant la Seconde Guerre mondiale dans la France occupée et raconte les déboires de deux Français — totalement opposés par leurs caractères et leurs origines sociales — se retrouvant obligés d'aider un petit groupe d'aviateurs britanniques à se rendre en zone libre, tout en étant poursuivis par les Allemands. Ces deux Français sont interprétés par Bourvil et Louis de Funès, duo vedette du Corniaud, qui jouent respectivement un peintre en bâtiment un peu naïf et un chef d'orchestre de l'Opéra de Paris très acariâtre et imbu de sa personne.
Avec plus de 17 millions de spectateurs lors de sa 1re exploitation en salles (de 1966 à 1975), le film demeure pendant plus de trente ans le meilleur score du box-office français toutes nationalités confondues (avant d'être dépassé par Titanic en 1998) et durant plus de quarante ans le plus grand succès d'un film français sur le territoire français, avant d'être dépassé par Bienvenue chez les Ch'tis de Dany Boon en . Cependant, proportionnellement à la population française des deux époques, La Grande Vadrouille reste au premier rang. Il est à ce jour troisième au palmarès des films français les plus vus en France, précédé par Bienvenue chez les Ch'tis et Intouchables.
Synopsis
En 1942, pendant l'Occupation, un bombardier[1] britannique embarquant cinq hommes d'équipage est abattu au-dessus de Paris par la Flak, lors d'un retour d'assaut aérien. Ses occupants sautent en parachute en se donnant rendez-vous aux bains turcs. Deux sont faits prisonniers, les trois autres parviennent à échapper aux Allemands. Le premier, sir Reginald Brook (alias « Big Moustache »), atterrit dans le bassin des otaries du zoo de Vincennes, le second, Peter Cunningham, sur la nacelle d'un peintre en bâtiment, Augustin Bouvet, et le dernier, Alan MacIntosh, sur le toit de l'opéra Garnier avant de se réfugier dans la loge d'un chef d'orchestre acariâtre, Stanislas Lefort.
Big Moustache est aidé par le directeur du zoo qui lui garde son parachute et lui fournit des vêtements civils pour qu'il aille au bain turc sans attirer l'attention.
Peter atterrit à l'endroit où Augustin Bouvet repeint une palissade... juste au-dessus du quartier général de la Gestapo. Repérés, ils s'enfuient sur les toits et se réfugient chez une jeune fille nommée Juliette qui réussit à les cacher. Peter demande à Augustin d'aller à sa place aux bains turcs pour rassurer ses compagnons.
MacIntosh se cache dans la loge du chef d'orchestre Stanislas Lefort... qui arrive tant bien que mal à le cacher des soldats allemands menés par le major Achbach en le faisant passer pour son élève de harpe. Stanislas se rend à son tour aux bains turcs pour retrouver les amis de MacIntosh.
Big moustache, Stanislas et Augustin conviennent que Stanislas retournera à l'opéra comme si de rien n'était tandis que les deux autres se retrouveront chez le grand-père de Juliette. Ils conviennent de prendre le train pour Meursault en Bourgogne pour rejoindre une cellule clandestine de la Résistance qui les aidera à aller en zone libre.
Stanislas est démasqué mais arrive à s'en tirer et s'enfuit avec MacIntosh, Big Moustache et Augustin par les égouts. Le lendemain matin, après avoir volé des vêtements, Big Moustache, Augustin et Stanislas arrivent trop tard à la gare pour attraper le train où sont montés Peter et Juliette. Ils s'emparent d'une voiture de la poste et roulent jusqu'en Bourgogne. Ils arrivent à voler un camion de citrouilles ...qu'ils finissent par jeter sur des soldats allemands qui les poursuivaient en moto. Ils arrivent aux hospices de Beaune... où les anglais restent tandis qu'Augustin et Stanislas se rendent en vélo à Meursault où ils arrivent dans la nuit.
Ils passent la nuit dans l'hôtel tenu par Germaine, membre de la Résistance qui a entretemps accueilli Juliette aussi. Après avoir failli se faire démasquer par le major Achbach et son chauffeur qui logent aussi à l'hôtel, Stanislas et Augustin bénéficient d'uniformes allemands et de chiens de patrouille... mais finissent par se faire prendre par la vraie patrouille et sont ramenés à la kommandantur... où Peter se trouve lui aussi prisonnier. Par un concours de circonstances, Big Moustache et MacIntosh se retrouvent aussi à la Kommandantur....et arrivent à voler des uniformes allemands à des soldats. Les deux vont délivrer Peter qui s'habille lui aussi en allemand et les trois vont délivrer Augustin et Stanislas après avoir mis le feu à la cave.
Les cinq hommes s'enfuient grâce à la charrette de la soeur qui avait apporté le vin à la kommandatur qui part avec eux aussi. Repérés par un avion allemand, ils se rendent à un hangar où se trouvent des planeurs...non loin de la zone libre en bas de la falaise.
Les troupes allemandes arrivent juste après leur décollage mais ne peuvent les empêcher de partir. Au moment où ils vont être mitraillés, le soldat préposé à la mitrailleuse qui a un gros problème de strabisme tire sur l'avion allemand d'observation qui finit par s'écraser tandis que le pilote descend en parachute.
Les planeurs peuvent se rendre sans danger en zone libre.
Fiche technique
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Au début des années 1960, le producteur Henry Deutschmeister de la Franco-London Films tient sous contrat Zizi Jeanmaire, célèbre meneuse de revue et actrice de l'époque[12]. À la même période, Deutschmeister vient de produire La Main chaude, premier film réalisé par Gérard Oury[12]. Il demande à Oury et son coscénariste Jean-Charles Tacchella d'écrire un film dans lequel Zizi Jeanmaire pourrait jouer deux rôles à la fois[12],[13],[14]. Ceux-ci écrivent alors le synopsis d'un film sur deux sœurs jumelles nommées Lili et Lulu qui, pendant la Seconde Guerre mondiale, sous l'Occupation, sauvent des aviateurs anglais dont l'appareil a été abattu au-dessus de Paris et les conduisent en zone libre[12],[13],[15]. Lili est très pieuse et l'épouse d'un marchand de « bondieuseries » de la place Saint-Sulpice et ne fréquente que des curés, tandis que Lulu est une prostituée[12],[16]. Lulu prend en charge trois aviateurs et les conduit jusqu'à Marseille, en les faisant « transiter de claques en lupanars et de bordels en boxons[cit. 1] », à leur plus grande joie[12],[16], même si ces lieux sont dangereux, car fréquentés par de nombreux officiers allemands[15],[13]. Les trois autres aviateurs, eux, voyagent avec Lili de monastères en couvents, aidés par de courageuses nonnes, et vivent moins agréablement leur périple jusqu'en zone libre[12],[16] : « Tirés de leur sommeil à l'aube, repas frugaux, froides cellules, les trois autres en fait de robe n'aperçoivent que la bure des moines ou les blanches cornettes des nonnes[cit. 1] ». Un véritable fait divers a inspiré Oury et Tacchella : en 1942, un avion allié canadien a été abattu au-dessus de Paris et les membres de l’équipage ont dû sauter en parachute, l'un atterrissant sur les toits des Grands Magasins du Louvre et un autre place Clichy[18].
Henry Deutschmeister adhère au projet et achète le scénario, d'abord intitulé Au petit Jésus puis Lili et Lulu ou les Bonnes Sœurs[12]. Trouvant que Tacchella et Oury sont de trop jeunes scénaristes, il fait appel à un « vrai constructeur de film », Léo Joannon, mais les scénaristes ne s'entendent pas avec ce réalisateur expérimenté[12],[14]. Les rôles de Lili et Lulu sont par la suite prévus pour deux célèbres actrices jumelles italiennes, Pier Angeli et Marisa Pavan[12],[16], qui n'ont jamais eu l'occasion de jouer ensemble[15]. Finalement, Deutschmeister n'arrive à convaincre aucun distributeur et ne trouve donc aucun financement pour le projet, qui est abandonné[16].
Suivant un conseil de l'acteur Louis de Funès donné lors du tournage du Crime ne paie pas, le troisième film qu'il réalise, Gérard Oury s'éloigne du cinéma dramatique pour tenter de monter une comédie[20]. Son quatrième film, Le Corniaud, réunissant Bourvil et Louis de Funès, crée ainsi la surprise en [21]. Le duo comique inédit en tête d'affiche attire les foules[22]. Le film profite de moyens et d'une qualité technique inhabituels pour les comédies françaises de l'époque, grâce à l'ambitieux producteur Robert Dorfmann[23]. Dès le tournage, le réalisateur était conscient du potentiel du duo vedette et envisageait de les réunir sur un film suivant, en cas de succès[24]. Il leur avait d'ailleurs raconté le sujet de Lili et Lulu[24].
Avant même la sortie en salles, Gérard Oury avait proposé une nouvelle réunion aux deux acteurs, étant à la fois enthousiaste de rapidement les retrouver et inquiet de se les voir subtiliser par un autre metteur en scène[23]. Dès les premiers signes de succès au box-office, le producteur Robert Dorfmann le presse de vite réfléchir à un prochain film pour Bourvil et Louis de Funès, si possible un nouveau road movie comique. En dépit de la fin ouverte du Corniaud, le réalisateur refuse catégoriquement l'idée de donner une suite, à contre-courant du procédé éprouvé par Le Gendarme de Saint-Tropez, Fantômas ou Don Camillo, ce qu'acceptent Dorfmann et les deux acteurs[21],[25],[26]. Oury suggère de reprendre et adapter le scénario de Lili et Lulu, propice à une comédie d'aventure[12]. L'envie est aussi de réunir les deux acteurs plus longtemps qu'ils ne l'étaient dans Le Corniaud[27]. Le , Gérard Oury reçoit Bourvil et Louis de Funès dans son appartement pour leur soumettre l'intrigue[12],[28]. Les deux acteurs s'imaginent mal interpréter deux jumelles mais Oury a évidemment transformé l'histoire : « Les rôles principaux : Deux filles ? Et alors ? Je les transformerai en hommes ! Sautant en parachute de leurs bombardiers en flammes, les aviateurs anglais arriveront dans votre vie : toi, Louis, un grand chef d'orchestre puisque tu sais jouer du piano, toi André, un peintre en bâtiment en train de ravaler le mur surplombant la Kommandantur du Gross Paris ! »[12],[28].
Après quinze jours d'hésitation à cause de la période historique abordée, le producteur valide le projet et récupère, moyennant finances, les droits du scénario auprès d'Henry Deutschmeister[12],[29]. Sollicité par Oury, Jean-Charles Tacchella ne désire pas s'impliquer dans la poursuite de leur ancien travail[12]. Dans les premiers temps du projet, Oury annonce à la presse un synopsis encore très proche du scénario d'origine : « Nous les retrouverons tous les deux pendant la dernière guerre, à la tête d’un réseau qui s’emploie à faire fuir la France occupée à des prisonniers alliés évadés. Chacun a sa filière. Bourvil, frère d’une bonne sœur, achemine ses passagers de couvent en couvent, tandis que Louis de Funès, parent d'une dame de mauvaise vie, transfère les siens de l'une à l’autre de ces « maisons » abolies plus tard par Marthe Richard. Seulement, une interférence se produit. Bourvil et ses évadés se retrouveront dans les « maisons » de Louis de Funès, tandis que celui-ci empruntera la filière des couvents »[24]. Le but de l'ensemble de l'équipe est ouvertement d'approcher la réussite artistique et commerciale réalisée par Le Corniaud[12], qui totalise déjà deux millions d'entrées à la fin du mois d'[30].
Développement
Choix des interprètes
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Autour de Bourvil et Louis de Funès doit être réunie une distribution internationale, puisque les personnages sont de diverses nationalités, mais aussi pour assurer le succès dans le monde entier et la rentabilité de la grosse production que représente The Great Vadrouille, le film devant, pour atteindre ce but, réaliser des résultats équivalents au Corniaud en France, et les reproduire sur les cinq continents[31].
« Il joue “Big Moustache”, le commandant du bombardier abattu, et, de Vouvray en Pommard, plonge de caves en celliers. Chaque fois que j'ai besoin de lui, les assistants savent où trouver “Big Moustache”. Rubicond, l'œil brillant, la démarche pas très bien assurée, il émerge un flacon de clos-vougeot ou de chambolle-musigny à la main. Je tire avantage de la chose et fait de “Big Moustache” un de ces Anglais toqués de la France parce qu'ils aiment son pinard »
Gérard Oury distribue le rôle de l'aviateur canadien Alan MacIntosh à Mike Marshall.
Peter Cunningham, l'aviateur sauvé par Augustin Bouvet, est interprété par Claudio Brook, un acteur mexicain de père anglais et de mère française. Après plusieurs films de Buñuel, il tourne notamment en France Viva Maria ! (1965) et Du rififi à Paname (1966), et il s'installe à Paris début 1966, pensant avoir « une place à y prendre dans les rôles de quadragénaires virils »[31]. Plus tard, il devient célèbre au Mexique pour ses rôles dans des films d'horreur[36].
À l'origine le scénario était beaucoup trop long. Il se continuait dans une fuite menant les protagonistes jusqu'en Espagne. Présenté au producteur Robert Dorfmann celui-ci indiqua qu'il fallait couper à partir d'Albi où les fuyards passaient. Depuis, le terme d'« Albi » désigne dans la famille Oury/Thompson un point à partir duquel un scénario s'éternise, devient répétitif[40].
Tournage
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Le tournage a débuté le et s'est déroulé sur dix-sept semaines[41]. Le budget du film est de 14 millions de francs[41],[42], soit l'équivalent à l'époque de 1,3 milliard d'anciens francs, ce qui en fait alors le film français le plus cher à l'époque[43],[44].
La scène de la prostituée a été tournée au 4 de la rue Bertin-Poirée. On y voit toujours la plaque sur le trottoir, qui n'est pas celle d'un égout, mais du téléphone.
La scène des bains turcs, censée se passer au hammam de la Grande Mosquée de Paris, place du Puits-de-l'Ermite a été tournée en studio, mais la sortie de Louis de Funès des bâtiments a été tournée à l'angle de la rue Daubenton
La scène de la gare de Lyon a été tournée à la gare de l'Est au mois d'août. Un seul plan sur l'horloge de la tour de la gare a été réalisé à la gare de Lyon, ce qui est d'ailleurs fidèle à la réalité de l'époque ; en effet, à la suite des destructions des ouvrages d'art de la ligne PLM, c'est de la gare de l'Est ou de la gare de la Bastille que partaient les trains pour la Bourgogne et le sud via Troyes et Dijon.
La scène de l’atterrissage de Sir Reginald a été tournée au parc zoologique de Vincennes dans le bassin des phoques qui avait été vidé de ses occupants pour l'occasion.
Les scènes de la peinture, de la cage d'ascenseur, du défilé SS et de l’atterrissage de Peter ont été tournées au musée de la Contrefaçon au 16 de la rue de la Faisanderie (cour et mur de droite pour la cage d'ascenseur).
La scène de l'arrestation de Peter en gare de Vougeot n'a pas été réalisée dans celle-ci, située sur la ligne Paris-Lyon-Marseille. C'est en fait la gare désaffectée de Santeny - Servon, située sur la ligne de la Bastille, qui a servi de décor. En effet, la gare de Vougeot, située sur l'axe Paris-Lyon-Marseille, ne pouvait faire l'objet d'un tournage qui nécessitait la fermeture de la ligne pendant une journée entière, ce qui explique le choix d'une gare située sur une ligne secondaire désaffectée.
Les hospices aux toits colorés sont ceux de Beaune. Lors du tournage en 1966, l'Hôtel-Dieu de Beaune est encore un hôpital en fonctionnement. La « Salle des Pôvres », dans laquelle les Anglais alités reçoivent la visite médicale de la Supérieure, est quant à elle fermée depuis octobre 1955. Les sœurs qui apparaissent dans le film portent le costume des sœurs hospitalières de Beaune et sont incarnées par des comédiennes. L'Hôtel-Dieu n'est véritablement un musée que depuis les années 1980, après le départ des derniers services hospitaliers en 1984. Le transfert par brancards a été tourné dans la cour du musée du Vin de Bourgogne, rue d'Enfer à Beaune (extérieur, porte de grange et intérieur avec bouteilles).
Pouques-Lormes : la panne du fourgon postal et la scène de l'échange des chaussures ont été réalisées sur la route D958 à hauteur du hameau de Drémont, situé au nord d'Anthien, et de Pouques-Lormes. Ce n'est pas la Nationale 6 qui passe plus au nord comme semble l'indiquer la borne sur laquelle est assis Stanislas Lefort.
La plaque éclairée par Augustin indiquant Meursault est en fait apposée devant la Porte Neuve de Vézelay. De même, toutes les scènes nocturnes extérieures ont été tournées à Vézelay à l'exception de la scène de la place de l'« Hôtel du Globe ». La scène dans laquelle Bourvil intercepte Louis de Funès descendant une rue à vélo pour qu'il ne rencontre pas une patrouille allemande se passe au croisement de la rue des écoles et de la rue de l'Horloge.
La scène de l'auberge (qui n'existe plus aujourd'hui) est tournée dans la maison à colombage située Place de l’hôtel de ville à Noyers, près de la mairie et de l’agence du Crédit Agricole, dont l'enseigne, bien qu'éteinte, apparaît dans le film. Les personnages en cavale joués par Bourvil et Louis de Funès passent sous les arcades de la place de l'Hôtel de Ville. Ils traversent ensuite cette place sur la pointe des pieds, Bourvil portant leurs deux bicyclettes sur les épaules avant de les poser contre un mur à côté de l’auberge. Ils se glissent ensuite dans cette construction du XVe siècle, connue sous le nom de « Maison Jaune » et rebaptisée Hôtel du Globe pour les besoins du film. Ils arrivent alors en plein banquet de soldats de la Wehrmacht.
La scène du barrage (début de la poursuite) a été tournée sur le barrage de Grandval. Cette scène est montée de toutes pièces car le barrage a été construit entre 1955 et 1959 et l'action se passe en 1942. D'autre part, le barrage est situé à 450 km de la Bourgogne au cœur du Massif Central et de la Zone libre.
Les routes de la course-poursuite sont aussi des routes auvergnates puisqu'il s'agit des routes entourant le château d'Alleuze et aux environs de la Barge d'Alleuze et de Saint-Flour (que l'on aperçoit d'ailleurs dans le film).
Le pilote de l'avion de reconnaissance indique une route départementale 328, qui est en fait située en Haute-Savoie et qui relie Fry à Essert-Romand.
Bande originale
Georges Auric compose la bande originale de La Grande Vadrouille[46],[47]. Gérard Oury avait auparavant fait appel à Georges Delerue pour Le crime ne paie pas (1962) et Le Corniaud (1965)[48]. Le vénérable compositeur livre ici l'une de ses dernières musiques de film, achevant une prolifique œuvre pour le grand écran entamée en 1930[48]. Le réalisateur adjoint ainsi un artiste prestigieux à sa superproduction[46]. Les « langues les plus informées » estiment que le réalisateur aurait confié la bande originale à Auric afin de faciliter l'obtention des autorisations de tournage à l'Opéra, puisqu'il est alors administrateur de la Réunion des théâtres lyriques nationaux (soit directeur de l'opéra Garnier et de l'Opéra-Comique)[49]. Les musiques du film sont d'ailleurs vraiment interprétées par l'orchestre de l'Opéra de Paris, sous la direction de Robert Benedetti, d'après l'orchestration de Jacques Météhen, fidèle arrangeur d'Auric[50],[46],[51]. La formation dirigée par Louis de Funès à l'écran n'est cependant pas le véritable orchestre de l'opéra de Paris, ses musiciens étant en vacances lors du tournage de la scène en août : Jacques Météhen rassembla des professionnels d'autres groupes, professeurs de conservatoires, grands élèves et autres membres de l'orchestre de la Garde républicaine[50].
Georges Auric écrit, selon le spécialiste de la musique de film Stéphane Lerouge, « une partition d'une grand clarté, élégante et très française »[46]. Il élabore des musiques de situation comme la javaPense à nous deux évoquant Paris ou la Marche SS, thème rattaché à l'armée allemande, mais son travail personnel est quelque peu éclipsé par la reprise d'airs fameux, qu'il intègre à ses morceaux[46]. Les scénaristes ont choisi comme signe de ralliement des aviateurs alliés la chanson américaine Tea for Two, tirée de la comédie musicaleNo, No, Nanette créée à Broadway en 1925[46],[52],[53],[54],[note 3]. La danse des chaises à l'hôtel du Globe se fait sur le chant populaire allemand Ein Jäger aus Kurpfalz(de)[52]. « Big Moustache » et MacIntosh, en marchant le long de la petite route de campagne, sifflent le chant patriotique Rule, Britannia![55],[52].
La musique la plus emblématique demeure néanmoins l'opéra dirigé par Stanislas Lefort, La Damnation de Faust d'Hector Berlioz[46],[52],[47]. Danièle Thompson explique notamment le choix de cette œuvre par la présence du personnage de Méphistophélès, son père s'amusant de l'idée que le diable soit le chef du réseau de résistants[56]. D'abord, Stanislas Lefort répète avec l'orchestre de l'Opéra la Marche Hongroise, pièce phare de cette œuvre[46],[53],[47]. La démesure de la composition de Berlioz cadre avec l'attitude grandiloquente du personnage[53]. Ensuite, lors de la représentation, le début de La Damnation de Faust est joué par l'orchestre jusqu'à ce qu'une bombe explose dans l'Opéra. Par ailleurs, Georges Auric avait composé des génériques de début et de fin, que Gérard Oury n'a pas utilisé, préférant ouvrir le film par le seul son de l'avion et des bombardements, et le clore sur une dernière reprise de la Marche hongroise[47].
Un premier album 45 tours La Grande Vadrouille, bande originale du film sort en 1966 sous le label Riviera[57],[51]. Un single de deux titres paraît l'année suivante au Japon[57],[58]. Plusieurs thèmes font partie de la compilation Les plus belles musiques des films de Louis de Funès, publiée en 33 tours en 1988 et rééditée en CD en 1994, diffusée également en Allemagne[57],[59]. En 2002, la musique de Le Grande Vadrouille est publiée, avec celles écrites par Georges Delerue pour Le Corniaud et Le Cerveau, sous le titre Bandes originales des films de Gérard Oury, dans la collection Écoutez le cinéma ! de Stéphane Lerouge[57],[46]. En 2014, quelques morceaux sont intégrés à la vaste compilation Louis de Funès, musiques de films, 1963-1982 de la collection Écoutez le cinéma ![57],[60].
« Avec La Grande Vadrouille, Gérard Oury franchit une étape et retrouve, sans en avoir l'air, le vrai filon du comique populaire, celui de Mack Sennett et de Laurel et Hardy. Le comique français se meurt faute d'invention, ou par excès d'intellectualisme. Gérard Oury lui insuffle un rythme qui, sans imiter celui des films américains, s'avère tout aussi efficace et réconcilie le comique de situation et la poésie burlesque. (…) C'est du guignol à grande échelle où l'on retrouve, à voir rosser le gendarme, c'est-à-dire l'Allemand, le naïf plaisir de l'enfance. »
Alors que la plupart des revues affiliées à la Nouvelle Vague, politiquement situées à gauche et liées au Parti communiste français, auront des avis négatifs sur le film, le journal L'Humanité, organe central du Parti, publie également une critique très positive sur un résultat qui « mérite des félicitations »[b], « un grand film comique français », rivalisant enfin avec le cinéma comique américain[65],[66]. Albert Cervoni, dans l'hebdomadaire communiste France-Nouvelle, s'oppose cependant à cette vision et produit une critique très négative — « deux grandes pages de démolition argumentée » — où il rappelle sa détestation du film précédent, Le Corniaud (« Une fois déjà, le pari de la bêtise avait été joué et avait été gagné »), la vulgarité de ce genre de cinéma, et termine en recommandant deux « anticorps » à ce film, Le père Noël a les yeux bleus et Les Professionnels, « deux éléments solides du cinéma anticorniaud »[65]. La direction politique du Parti, qui exerce un contrôle sur sa presse et ses journalistes, n'apprécie pas l'avis de Cervoni et lui répond notamment en émettant une salve de fausses lettres de lecteurs indignés pour démontrer son incompétence ; conscient de la supercherie, Cervoni résiste malgré tout, soutenu par les critiques Georges Sadoul et Léon Moussinac[65], avant que le Parti ne fasse une mise au point plus nuancée, à la suite d'autres réactions favorables à la critique de Cervoni[66].
« Faire la fine bouche serait ridicule. Il faut l'affirmer : La Grande Vadrouille est un grand film comique français, et le premier de ce genre si difficile à manier. (…) Le cinéma était vraiment comique, ou dramatique, avant la naissance du “parlant”. Mack Sennett et ses complices ont pratiquement épuisé toutes les situations possibles de la course-poursuite à la tarte à la crème. (…) Chaplin a poursuivi le chemin jusqu'au drame. C'est de cet esprit-là que s'inspire aujourd'hui un cinéaste français, mais en nationalisant, si j'ose dire, la situation. (…) C'est le premier film de guerre où ne coule pas une seule goutte de sang. Pas un mort, pas un blessé. Nous sommes purement et simplement dans une farce guignolesque. »
« La raison d'un tel succès ? Le film lui-même ? Il est littéralement atterrant pour quiconque tient le cinéma pour un art non indigne, non inférieur aux autres. C'est aussi bête, aussi vulgaire, aussi indécent que le plus bêtement bourgeois théâtre de boulevard.(…) Tout y est pour que ce soit bête et laid, complice de toutes les attitudes de facilité. La platitude du récit et la grossièreté voulue, imposée de l'interprétation, conduisent à des “types” simplistes, atrocement conventionnels et complaisants, de “Français moyens”, viennent en renfort d'un racisme tout aussi conventionnel dans la représentation des personnages allemands, tous bêtes, laids, ridicules et se laissant rouler avec une gentillesse trop conforme aux volontés du scénariste. (…) Qu'on nous entende bien, cette période, pas plus qu'une autre, n'interdit nullement l'intrusion critique et démystification du rire. (…) Même sans aucun degré de génie chaplinesque, un réalisateur consciencieux, et surtout respectueux du spectateur, aurait pu se lancer dans une telle entreprise sans que le résultat soit insultant pour le public. Oury, lui, a simplement entassé, surchargé tous les gros effets les uns sur les autres. »
Dans les Cahiers du cinéma, le « Conseil des dix », présentant les notes attribuées aux films par la presse considérée « de qualité », est sévère envers La Grande Vadrouille : quatre fois l'étoile unique signifiant « à voir à la rigueur » (Le Monde, Les Lettres françaises, et deux des trois suffrages des Cahiers du cinéma, Michel Delahaye et Jean Narboni) et trois fois le rond noir signifiant « inutile de se déplacer » (Positif, Le Nouvel Observateur, France-Nouvelle)[67].
« Car tout de même il y a le rire, l'admirable rire, le rire salutaire. Et puis il y a la rigolade. Et puis la grosse rigolade. Et la très grosse rigolade. Et la très très grosse rigolade. Et enfin la rigolade kolossale — oh oui, avec un k ! La rigolade “respectueuse” comme la putain du même métal. Elle respecte non seulement tout ce qui touche de près ou de loin à nos mœurs, à nos coutumes, à nos habitudes — ne rien casser, et ça ne casse rien, ô sainte prudence à haute rentabilité — mais encore elle respecte tous les clichés, poncifs et gags d'une efficacité dont un usage mille et mille fois répété rend la preuve inutile. (…) Exemple : l'interminable séquence des chambres d'auberge, qui évoque laborieusement un Feydeau sans vitesse ni précision — c'est-à-dire sans Feydeau. On a reconnu que je parlais de La Grande Vadrouille. Eh oui ! La trêve des confiseurs. Le conditionnement est first class ; ça a coûté gros et il faut reconnaître qu'on n'a lésiné ni sur les hélicoptères ni sur l'armée allemande — pardon boche ! — dont on sait (depuis 1870 au moins) qu'elle est grotesque, bedonnante et si facile à berner. Ce film est une somptueuse misère, une médiocrité richissime. J'enrage de voir un comédien aussi doué pour le comique que Louis de Funès galvauder son talent dans ça. »
« Plus que vulgaire : bourgeois. Le digne pendant de Paris brûle-t-il ?. Aux heures sombres, dramatiques — comme le dirait Fernandel dans La Roue tourne — succède l'Occupation rigolarde à base de ronflements, d'éternuements, de personnages bigleux et de citrouilles. Le spectacle d'une telle abjection tue le rire, et Gérard Oury, par on ne sait quel mystère, arrive à tuer aussi de banalités tous ses comédiens. »
— Claude Pennec, Arts, no 186, 14 décembre 1966[68].
« Probablement le film le plus fauché et le plus minable de l'année. Il faut être bien naïf pour croire qu'il a coûté un milliard et demi d'anciens francs. Le sujet démarque d'une bande dessinée pour enfants, Les Trois Mousquetaires du maquis. Gags aussi vieux que Nabuchodonosor, téléphonés un quart d'heure à l’avance, Teutons très cons, trognes rubicondes. Marijac avait pour excuse de sortir son “comic” (dans Coq hardi) peu après la Libération, alors que Paris sentait le roussi. Mais vingt ans après, quelle est l'excuse d'Oury ? Et l'excuse de la critique, déculottée à l'unisson pour saluer bien bas cette consternante farce rétrograde ? »
Sorti en , le film a totalisé pendant longtemps le plus grand nombre d'entrées en France avec plus de 17 millions de tickets vendus. Il est finalement dépassé par Titanic de James Cameron en 1997 mais également par Bienvenue chez les Ch'tis de Dany Boon[71] en 2008 puis Intouchables en 2011. Cependant, en proportion de la population française de l'époque, La Grande Vadrouille reste devant tous les autres films français avec 34 % des Français qui sont allés voir ce film, contre 31 % pour Bienvenue chez les Ch'tis.
Pour sa ressortie en salles dans une version restaurée en , le film se hisse à la dix-neuvième place du box-office français lors de son premier week-end avec 13 178 entrées sur les 59 salles le diffusant ; il totalise finalement 35 633 entrées à la fin de cette nouvelle exploitation en salles[72].
Sorties à l'étranger
La Grande Vadrouille sort aussi en Suisse le en français, aux Pays-Bas le sous le titre Samen uit samen thuis, en Belgique (à Gand) nommé Een reuze boemel en flamand, en Suède le titré Den stora kalabaliken, en Espagne le intitulé La gran juerga ou La fuga fantástica, en Grèce en sous les titres Ασύλληπτη απόδρασις ou Το μεγάλο γλέντι, en Allemagne de l'Ouest le nommé Drei Bruchpiloten in Paris[c], au Japon le titré 大進撃, au Danemark le intitulé Undskyld vi flygter, en Finlande le sous le titre Suuri huviretki[73], au Royaume-Uni le (à Londres), en Argentine le , en Irlande le , aux États-Unis le (à New York)[d], au Mexique le , en Turquie le nommé Şahane oyun, au Brésil le titré A Grande Escapada, en Pologne en intitulé Wielka włóczęga[74]. Des ressorties ont lieu en Espagne, en Argentine et en Allemagne de l'Ouest[c] en 1974, et en Finlande en 1978[74].
Le film connaît également des sorties en Autriche, en Bulgarie (Голямата разходка), au Canada en français et en anglais, en Chine (虎口脱险), en Estonie (Suur jalutuskäik), en Hongrie (Egy kis kiruccanás), en Iran (Janjal-e Bozorg), en Italie (Tre uomini in fuga), en Lituanie (Didysis pasivaiksciojimas), en Norvège (Unnskyld, vi flykter), au Portugal (A grande escapada puis A Grande Paródia), en Roumanie (Marea hoinăreală), en Slovénie (Velika pustolovscina), en Tchécoslovaquie (nommé Velký flám en tchèque), en Union soviétique (Большая прогулка) et en Ukraine (Велика прогулянка)[74]. Le titre international anglophone est : Don't Look Now… We're Being Shot At![74],[note 2].
Succès international, La Grande Vadrouille enregistre notamment 777 000 entrées en Suède, 3 026 249 entrées en Espagne et 37,8 millions d'entrées en URSS[43],[75],[76],[77]. Le film comptabilise 1,97 million d'entrées aux Pays-Bas, demeurant toujours parmi les plus gros succès du box-office néerlandais[78]. En Italie, où Le Corniaud fut un échec[a], le nouvel Oury-Bourvil-de Funès arrive à la 11e place du box-office de 1966-67[79],[75] et rassemble au total près de cinq millions d'entrées[43]. En Allemagne, une première exploitation en 1967 par le distributeur Constantin, dans une version sévèrement tronquée et censurée, connaît un modeste accueil avec environ un demi-million d'entrées[c]. À la suite de la réussite connue par Les Aventures de Rabbi Jacob outre-Rhin, une ressortie du film par la Tobis(de) en 1974 — complet, renommé Die große Sause et bénéficiant d'un nouveau doublage plus fidèle — remporte cette fois-ci l'adhésion du public ouest-allemand (3,3 millions d'entrées, 8e place du box-office de 1974, Écran d'or en 1977), dans la lignée du récent succès de Mais où est donc passée la septième compagnie ? dans ce pays[43],[80],[c],[note 5]. Le film n'est pas diffusé en Allemagne de l'Est[c].
L'exclusivité(en) à Bruxelles engrange 16,8 millions de francs de recettes, soit environ 500 000 entrées, un grand succès ; le film tient sept semaines en tête du box-office des exclusivités[43]. L'exploitation à Athènes récolte 130 460 entrées, soit le quatrième meilleur résultat de la saison 1967-68[43]. En 1968, attiré par l'énorme triomphe français, la compagnie Disney, via sa filiale Buena Vista, achète les droits de distribution pour les États-Unis (le film a ainsi la possibilité de concourir pour les Oscars dans la catégorie film étranger)[e] ; l'exploitation l'année suivante à Broadway semble cependant confidentielle[81],[82]. La Grande Vadrouille obtient enfin un bel accueil — pour un film français — à Hong Kong et à Tokyo[43].
Distinctions
Entre 1967 et 1977, La Grande Vadrouille a été sélectionné trois fois dans diverses catégories et a remporté trois récompenses[83].
Écran d'or en 1977, pour son box-office ouest-allemand supérieur à trois millions d'entrées[85].
Analyse
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Références et inspirations
Dans la scène du wagon-restaurant, sous le regard de Juliette assise à une autre table, Peter dîne face à un officier allemand francophile (Helmuth Schneider) qui récite les extraits d'un poème de Charles Péguy (« Étoile de la mer / voici la lourde nappe / Et la profonde houle / et l’océan des blés »). Il s'agit des deux premiers vers de Présentation de la Beauce à Notre-Dame de Chartres tiré de La Tapisserie de Notre-Dame, œuvre parue en 1913.
big moustache a coupé sa moustache trop British pour le rendez-vous au bain turc. Une scène analogue se trouve dans Le Jour et l'Heure lorsque Thérèse demande à un des deux aviateurs britanniques de cacher sa moustache. Il la cachera avec sa main gauche.
Erreurs
Au commencement du film, des images d'archives se mêlent à des images tournées pour le film. Dans un premier temps, le bombardier anglais, issu d'images d'archives, est un Handley Page Halifax mais plus tard, on voit qu'il s'agit d'un tout autre avion, un Boeing B-17[86]. Il était l'un des quadrimoteurs américains utilisés par l'Institut géographique national jusqu'à la fin des années 1980, qui ont participé aussi au tournage du film Memphis Belle (à noter cependant que l'erreur n'est pas forcément historique, puisque des bombardiers B17 de fabrication américaine ont servi dans la RAF durant la seconde guerre mondiale avec le même type de marquage que ceux de l'appareil tel qu'il est filmé survolant Paris). Jean Salis finance l’achat du B-17 « Pink Lady » et à son initiative l’Association Forteresse Toujours Volante est créée en 1985, avec pour but l’acquisition d’une Forteresse, la présentation en vol de celle-ci et sa conservation sur l’aérodrome de la Ferté Alais. En 1987, le B-17 « Pink Lady » reçoit un « CDN avion de collection » et devient le F-AZDX[87].
La batterie de Flak, abattant le bombardier britannique au début du film, n'est pas un modèle allemand mais américain (M45 Quadmount).
À la gare, les logo SNCF sont erronés puisque datant d'après la guerre ; idem pour les logos de la Poste. Le plan suivant (le train roulant en pleine campagne) montre une nouvelle erreur : la ligne ne sera électrifiée qu'après la guerre. De même, durant le trajet en camion, au niveau du barrage, on peut voir une ligne haute tension... qui n'existe pas alors.
Les deux blindés allemands qui arrivent à la Kommandantur sont en réalité des half-tracks M3 américains repeints aux couleurs allemandes.
L'avion de reconnaissance, abattu à la fin du film, est un Fieseler Storch, avion de reconnaissance allemand en service pendant la guerre, mais construit sous licence par Morane-Saulnier et équipé d'un moteur en étoile, alors en service dans la Marine... alors que le modèle d'origine était équipé d'un moteur en ligne.
Liens avec d'autres œuvres
Le thème du récit présente de nombreuses analogies avec le film Jeanne de Paris (1942) où un équipage de bombardier américain trouvait refuge à Paris et le soutien d'une courageuse petite Française (Michèle Morgan dont le fils, Mike Marshall, a tourné dans La Grande Vadrouille). Le film américain est dramatique, même si le surréalisme de sa description de Paris est riche de comique involontaire. Et là aussi, on trouve une fuite par les égouts.
Le film Gonflés à bloc (toujours avec Bourvil, Marie Dubois et Terry-Thomas) reprend - en l'amplifiant entre de nombreux personnages, dont Mireille Darc et Tony Curtis - la scène des lits intervertis dans un hôtel, l'un des protagonistes étant volontairement (« par erreur ») appelé « colonel » (dans la version française).
Dans le film Roma, une scène a lieu dans un cinéma projetant La Grande Vadrouille.
Autour du film
Diffusion à la télévision française
La première télédiffusion du film a lieu le sur la chaîne publique nationale française Antenne 2. Au total, le film est diffusé seize fois sur TF1 et onze fois sur Antenne 2. Il est également régulièrement diffusé sur d'autres chaînes, payantes ou en clair.
Le , lors de sa diffusion sur Antenne 2, le film rassemble 11 385 000 et 47 % des téléspectateurs[88].
Sur TF1, la huitième diffusion a lieu en 1988 et rassemble 46,7 % des téléspectateurs et la onzième projection en 2002, rassemble 9 millions de téléspectateurs puis la douzième, jusqu'à 9,3 millions.
Le , pour sa 15e diffusion sur TF1, le film rassemble plus de 9 millions de téléspectateurs pour 33 % de part de marché, ce qui fait de lui le film le plus vu à la télévision en France, pour l'année 2009[89].
La 16e diffusion à la télévision a lieu le , sur TF1 et réunit 8,7 millions de spectateurs.
Le , la diffusion de La Grande Vadrouille sur la chaîne TF1 est suivie par 7 239 000 téléspectateurs, soit 28,5 % de part d'audience[90].
Le , pour le dimanche de Pâques, le film rassemble 6 256 000 personnes sur France 2, soit 28,9 % du public.
Le , pour le dimanche de Pâques, le long-métrage rassemble sur France 2, 4 683 000 personnes, soit 22,9 % du public[91].
Sur France 2, la onzième diffusion se tient l'après-midi du dimanche , soit la vingt-septième au total sur les deux chaînes nationales historiques, durant la période de confinement dû à la pandémie maladie à coronavirus 2019. Le film est vu par 5 140 000 téléspectateurs, soit 37,5 % du public âgé de quatre ans et plus[92]. Auprès de la cible commerciale, le long-métrage est également leader avec 21,9% de part de marché auprès des femmes responsables des achats de moins de 50 ans[92].
Le 17 avril 2022 pour le dimanche de Pâques, le film sur France 2, rassemble 4,16 millions de téléspectateurs, soit 21 % de parts de marché auprès du public âgé de quatre ans et plus[93].
Le 10 novembre 2024, France 2 a rassemblé en moyenne 4,73 millions de téléspectateurs pour le film, soit 26,6% de part de marché auprès de l’ensemble du public[94].
Louis de Funès déclare, en se moquant du major Achbach, être né en 14 pendant la Grande Guerre. D'après cette affirmation, il aurait 28 ans dans le film puisque l'action se déroule en 1942. Le personnage Stanislas est plus âgé et doit donc être né avant 1914 mais l'acteur est réellement né en 1914.
Lors du tournage, Bourvil et Louis de Funès ont dit en riant que c'était leur dernier film ensemble. Ce fut la vérité. Après Le Cerveau (1968) avec Bourvil et Jean-Paul Belmondo, Gérard Oury écrit le scénario de La Folie des grandeurs mais Bourvil, atteint d'un cancer, meurt avant le début du tournage, le . Il est remplacé par Yves Montand. Le film finira quatrième au box-office français de 1971 avec 5,5 millions d'entrées.
La scène finale devait se conclure par une poursuite à ski. Pour des raisons météorologiques, elle ne put se faire et fut remplacée par un vol en planeurs.
Louis de Funès/Stanislas Lefort dirige la Marche hongroise de La Damnation de Faust d'Hector Berlioz avec les mouvements réels que devrait avoir un chef d'orchestre (de Funès était réellement musicien, pianiste de jazz dans les bars). Pour cela, il a répété trois mois devant la glace de son salon et a pris quelques leçons avec le directeur de l'Orchestre national. À la fin de la première répétition, l'orchestre de l'Opéra se lève et l'acclame en « tapant archets contre violons, flûtes contre pupitres[95] ». En fait, ces acclamations étaient totalement improvisées et émurent l'acteur. Par ailleurs, aucun des musiciens de la scène n'appartient à l'orchestre réel de l'opéra de Paris : le tournage a lieu en août et ils sont tous en vacances. La production a dû recruter des musiciens au pied levé (professeurs de musique, professionnels d'autres orchestres).
Dans la scène des bains turcs, c'est l'air de la chanson Tea for Two, extraite de la comédie musicale américaine No, no, Nanette, qui sert de signal de reconnaissance aux personnages ayant rendez-vous. La montée de la vapeur est figurée par du gaz carbonique, qui a fait s'évanouir l'un des figurants[96].
Gérard Oury avait vendu au producteur Henry Deutschmeister un scénario où deux jumelles font traverser la France à l'équipage d'un bombardier britannique abattu par la Flak. Le réalisateur récupéra les droits du projet et substitua Bourvil et De Funès aux deux sœurs. « Les rôles principaux : deux filles ? Et alors ? Je les transformerai en hommes[95]! » De ce scénario originel ne subsiste que la séquence des Hospices de Beaune.
La scène durant laquelle Louis de Funès se retrouve sur les épaules de Bourvil[97] et est promené par celui-ci n'était pas prévue à l'origine dans le scénario et était de la pure improvisation des deux acteurs. En effet, au départ, Louis de Funès devait escalader le mur, ensuite tomber sur Bourvil et atteindre le sol. Pour cela il était prévu une doublure pour Louis de Funès. La scène eut tant de succès qu'elle servit pour la réalisation de l'affiche du film : elle est aujourd'hui considérée comme l'une des plus grandes scènes du cinéma comique français. L'ensemble de cette séquence a été tournée dans le Chaos de Montpellier-le-Vieux.
Lors de la poursuite entre les Allemands et les héros, le motard qui reçoit la citrouille et chute n'est autre que Rémy Julienne, l'un des cascadeurs du film. À la suite de la mort tragique de Gil Delamare, le responsable des cascades du film, Rémy Julienne fut chargé de toutes les actions en voitures et à motos du film.
Beaucoup d'acteurs avaient déjà tourné ou tourneront plus tard soit avec Bourvil, soit avec Louis de Funès. Reinhard Kolldehoff et Terry-Thomas avaient participé au Le Mur de l'Atlantique, Guy Grosso et Michel Modo avaient joué avec Louis de Funès dans la série des Gendarmes, Jean Droze a partagé l'affiche avec de Funès dans de nombreux films dont Le Corniaud.
La scène finale est projetée dans un cinéma de Mexico lors d'une scène de plusieurs minutes du film Roma (2018) d'Alfonso Cuarón. Le film y figure en version originale sous-titrée en espagnol.
Postérité
En , une société de production française annonce convertir Le Corniaud et La Grande Vadrouille en 3D, dans la foulée du succès d'Avatar[98],[99].
Ressortie en 2016
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Pour fêter ses 50 ans, La Grande Vadrouille ressort en salle dans une version remastérisée le [17],[100].
↑ a et bÀ l'international, Terry-Thomas figure donc dans les têtes d'affiches du film, qui y est présenté comme un film du trio « Bourvil / Louis de Funès / Terry-Thomas », différent du duo « Bourvil / Louis de Funès » mis en avant en France[33]
↑Lors de leur travail sur la scène de la rencontre entre « Big Moustache », Stanislas et Augustin aux bains turcs, les scénaristes peinent à trouver le signe de ralliement qu'aurait pu fixé les aviateurs anglais à l'époque, le problème étant selon Danièle Thompson de « rester historiquement authentique, mais faire la part belle à la comédie »[54]. Leur choix se porte finalement sur Tea for Two, air américain datant de 1925[54]. Le soir même, les trois scénaristes sont de sortie à Nice et, alors qu'ils entrent dans un bistrot, un pianiste joue Tea for Two, à leur grande surprise : ils y vont le signe d'avoir trouvé la bonne chanson[54].
↑Venu acquérir à l'été 1974 les droits de La Grande Vadrouille, le distributeur Horst Wendlandt profite de son passage à Paris pour négocier l'exploitation en RFA du futur Oury-de Funès, Le Crocodile[c].
↑Olivier Rajchmann, « La Grande Vadrouille : 3 secrets du film de Gérard Oury », Télé Star, (lire en ligne, consulté le ).
↑ abcdef et gRenaud Soyer, « La Grande Vadrouille (1966) », box-office Louis de Funès / Bourvil, sur boxofficestory.com, (consulté le ).
↑Encyclopaedia Universalis, Dictionnaire du Cinéma français : Les Dictionnaires d'Universalis, , 1496 p. (ISBN978-2-341-00273-8, lire en ligne), p. 674.
↑ a et bChristian Beuvain, « Laurent Marie, Le cinéma est à nous. Le PCF et le cinéma français de la Libération à nos jours, Paris, L’Harmattan, 2005, 363 p. (compte-rendu) », sur preo.u-bourgogne.fr, revue Dissidences, université de Bourgogne, (consulté le ) : « Lorsque les critiques de L'Humanité saluent des films tels Le Corniaud, La Grande Vadrouille ou la série des Gendarmes aux prétextes qu'ils sont populaires, qu'ils distraient le public et donnent du travail aux techniciens et artistes français, Cervoni, dans France-Nouvelle, a beau jeu de monter au créneau pour dénoncer dans ces films la bêtise et la vulgarité des situations et des propos. Au risque de provoquer une réponse cinglante de la direction de l'hebdomadaire du Comité central, suivi d’une mise au point plus nuancée, à la suite d’autres réactions favorables aux analyses de Cervoni. ».
↑Télé 7 Jours no 815 du 27 décembre 1975, page 89, article intitulé : « La Grande Vadrouille : déjà dix-sept millions de spectateurs », publié à l'occasion de la diffusion du film le jeudi .
« [Lulu] prend en charge trois des aviateurs et de Paris à Marseille, du Chabanais au Panier fleuri (célèbres maisons closes à Paris et en province, jadis hauts lieux de la civilisation française), les fait transiter de claques en lupanars et de bordels en boxons. Bouffes au marché noir, lits douillets, tendres tétons, les British effectuent « the most wonderful trip of their lives ». Pas comme leurs copains : « Sonnez les matines ding, deng, dong ! » Tirés de leur sommeil à l'aube, repas frugaux, froides cellules, les trois autres « Rosbif » en fait de robe n'aperçoit que la bure des moines ou les blanches cornettes des nonnes, lesquelles, au risque de leurs vies, les font passer de monastères en couvents. »
Michel Jacquet, Travelling sur les années noires : L'occupation vue par le cinéma français depuis 1945, Paris, Alvik Editions, coll. « Cinéma », , 141 p. (ISBN2-914833-20-2)
Sophie Grassin et Robert Sender, Comédies françaises : portrait de la France qui rit, de La Grande Vadrouille aux Ch'tis, édition du Moment, , 184 p. (ISBN978-2-35417-091-2 et 2-35417-091-2)
2017 : Sur la route de La Grande Vadrouille, film documentaire réalisé par Jean-Pierre Devillers, coécrit avec Vincent Chapeau et Stéphane Conchon, diffusé sur France 2