Sa carrière, de plus de soixante ans, débutée dans les années 1910, se termine peu avant la fin de sa vie dans les années 1970 : elle est présente au cinéma, à la télévision à partir des années 1960, et surtout au théâtre où elle a notamment été sociétaire de la Comédie-Française pendant dix-sept ans, de 1928 à 1945.
Biographie
Micheline Marie Marguerite Delphine Marquet, dite Mary Marquet, compte dans sa famille de nombreux artistes et comédiens : elle est la fille de l’acteur Anatole Marquet — fils de la comédienne et pensionnaire de la Comédie-Française Delphine Marquet[2] — et de Louise Loisel, actrice de théâtre et de cinéma. Une de ses tantes est danseuse étoile[3]. Elle naît le à Saint-Pétersbourg, lors d'une tournée de ses parents[4].
Elle entre en 1913 au Conservatoire national supérieur d'art dramatique et suit les cours de Paul Mounet[3]. Elle y remporte un second prix de tragédie en 1914[2]. Elle échoue aux examens de sortie, mais est aussitôt engagée dans la troupe de Sarah Bernhardt, cette dernière étant une grande amie de la famille. Elle joue à ses côtés dans La Cathédrale d'Eugène Morand[3]. Son physique — elle mesure près d'1,80 m[3] — la prédispose aux grands rôles tragiques et romantiques[2]. Elle interprète avec succès le rôle du duc de Reichstadt dans L'Aiglon d'Edmond Rostand[5]. Commence alors une liaison de trois ans avec cet auteur jusqu'à la mort de celui-ci en 1918[3].
Elle mène en parallèle, dès 1914[3], une carrière, d'abord au cinéma muet puis parlant, qu'elle poursuit tout au long de sa vie.
En 1920, elle épouse[6]Maurice Escande, futur administrateur de la Comédie-Française, pour en divorcer neuf mois plus tard, « le temps de ne pas faire d'enfant » comme le précise, sous forme de boutade, l'intéressé[7].
En 1921, elle est au Théâtre Antoine, engagée par Firmin Gémier, avec lequel elle monte plusieurs pièces[5]. Il devient son amant et de leur liaison nait, en 1922, un fils, François, dont Gémier suit l'éducation[4].
En 1923, elle entre à la Comédie-Française et en devient sociétaire en 1928[2]. Elle y interprète pendant 17 ans, tous les grands rôles du répertoire (Marion Delorme, Phèdre, Andromaque, Bérénice, Roxane, Lucrèce Borgia…). Mais elle joue également dans des pièces plus contemporaines de d'Annunzio, Geraldy, Jean Sarment[2]…
Elle rencontre, en 1927, le président du Conseil de l'époque, André Tardieu, dont elle devient la maitresse quasiment officielle[4].
En 1928, l'année de son nouveau statut de sociétaire de la Comédie-Française, elle associe son nom à celui de la maison Offenthal, lors de la sortie de leur rouge à lèvres et clâme que "le rouge à lèvres Offenthal embellit le baiser".
Elle tourne, en 1932, Sapho, d'après la pièce d'Alphonse Daudet et Adolphe Belot, dans laquelle Mary Marquet jouait déjà le rôle de Fanny Legrand[2]. La sortie, en 1934, du film parlant permet au grand public d'apprécier la qualité de sa voix et de sa diction[3].
Elle épouse, en 1933, l'acteur Victor Francen qui légitime son fils François. Le mariage ne dure pas. Quelques années plus tard, il la quitte le jour où elle doit interpréter Athalie[7]. L'interprétation de cette pièce lui vaut d'obtenir la Légion d'honneur en 1939[8].
Durant l'Occupation, elle reste à Paris. Poétesse elle-même, elle crée, dès 1940, des récitals poétiques qu'elle poursuit tout au long de sa carrière[2] et qui lui valent le qualificatif de « Prêtresse de la Poésie »[4] ainsi que le Prix du Brigadier en 1976. Elle est souvent citée parmi les sympathisants de l'occupation allemande[9]. Mais la mort de son fils, arrêté en 1943, déporté à Buchenwald, où il succombe trois mois plus tard d'une septicémie, la marque profondément[10].
À la Libération, elle est arrêtée, soupçonnée de collaboration à cause de ses chroniques dans le quotidien pro-nazis Aujourd'hui, elle aurait aussi tenté d'intervenir pour faire libérer son fils. On la soupçonne également d'avoir une responsabilité dans l'arrestation et la mort de son fils[11]. Retenue au Vel'd'Hiv', envoyée à Drancy, puis à Fresnes[10], elle est finalement relâchée faute de charges suffisantes[12]. Elle relate cet épisode marquant de sa vie dans son livre Cellule 209 publié en 1949[13].
↑(fr + en) Patrice de Sarran, François Coty, empereur d'Artigny : le parfum de la gloire, Tours, La Nouvelle République du Centre-Ouest, , 95 p. (ISBN2-86881-085-3, présentation en ligne), p. 47.