Jean Moncorgé naît le à deux heures du matin, au 23 du boulevard de Rochechouart dans le 9e arrondissement de Paris[1]. De son nom complet Jean Gabin Alexis Moncorgé[1] (ou Jean Alexis Gabin Moncorgé[2]), il sera souvent appelé Jean-Alexis Moncorgé[3],[4],[5] et dira considérer Gabin comme son troisième prénom[6].
Il est le plus jeune fils de Ferdinand Moncorgé (1868-1933), tenancier de café et comédien d'opérette sous le nom de scène de Ferdinand Gabin, et de Madeleine Petit (1863-1918), plumassière du quartier du Sentier originaire de la Nièvre, reconvertie dans le registre « chanteuse fantaisiste » de café-concert sous le pseudonyme d'Hélène Petit.
Le couple a sept enfants dont trois meurent en bas âge ; outre Jean-Alexis survivent un garçon Ferdinand-Henri (1888-1939) et deux filles, Madeleine (1890-1970) et Reine (1893-1952)[7].
Il passe ses dix premières années à la campagne, pour laquelle il garde toute sa vie un profond attachement. Loin de la vie parisienne de spectacle de ses parents, il est élevé par sa sœur aînée Madeleine, dans le petit bourg de Mériel dans le Val-d'Oise (alors Seine-et-Oise), à l'actuel 63, Grande Rue, dans une maison à l’étroite façade (voisine du musée Jean-Gabin) dont le pignon arrière, où se trouve la fenêtre de sa chambre, offre une vue imprenable sur la gare de Mériel[8].
En 1914, un coup appuyé lors d'un combat de boxe lui écrase le nez. Le , alors qu'il a quatorze ans, sa mère meurt. Il obtient son certificat d'études primaires à l'école rue de Clignancourt, mais mauvais élève il délaisse le lycée Janson-de-Sailly à Paris, où il est inscrit, et enchaîne de petits métiers : garçon de bureau à la Compagnie parisienne de distribution d'électricité, cimentier à la gare de la Chapelle, manœuvre dans une fonderie, magasinier aux magasins d'automobiles de Drancy, vendeur de journaux[9]. À 17 ans, il veut, comme son grand-père maternel, devenir conducteur des locomotives à vapeur dont il peut voir les évolutions depuis sa chambre.
Premiers pas au music-hall
En 1922, son père le pousse à entrer dans le monde du spectacle, à 18 ans, sous le nom de Jean Gabin[10]. Il aurait dit au directeur des Folies Bergère Fréjol, un de ses amis : « Tiens, voici mon fiston. Il aimerait faire du théâtre. Peux-tu l'aider ? Si tu arrives à en tirer quelque chose, tu auras bien du mérite. Moi, j'y renonce… »[réf. nécessaire]. Jean Moncorgé, devenu figurant , est placé sous la bienveillance du comique troupierBach[11].
En 1926, à 22 ans, il devient un véritable artiste de music-hall et chanteur d'opérette. Il fait monter sur scène La Goulue auprès de Mistinguett, et il imite Maurice Chevalier. Il entame un tour de chant avec succès pendant deux ans dans toute la France. Il part en 1927 pour le Brésil avec Gaby mais l'affaire tourne au fiasco : ni contrat, ni tournée, ni cachet. Il rentre à Paris via Cherbourg puis, lors d'une audition au printemps 1928, au Moulin Rouge Mistinguett le remarque et lui propose de rejoindre sa troupe. Il débute comme boy, le , dans la revue Paris qui tourne. En chantant On m'suit, Julie c'est Julie et La Java de Doudoune de José Padilla en 1928, il devient le partenaire de Mistinguett, qui vient de rompre avec Maurice Chevalier, au Moulin-Rouge et aux Bouffes-Parisiens dont le directeur est le célèbre auteur de l'époque Albert Willemetz[12].
À partir de 1929, il joue les jeunes premiers dans des opérettes comme Flossie ou Les Aventures du Roi Pausole, toutes deux sur des paroles d'Albert Willemetz. Il vit une amourette avec Jacqueline Francell, sa partenaire de Flossie, et divorce de Gaby.
Ce n'est que deux ans après l'arrivée du cinéma sonore en Europe que Jean Gabin, après avoir refusé de tourner dans Le Chemin du paradis[14], fait ses véritables débuts cinématographiques en tournant en 1930Chacun sa chance, un des premiers films parlants du cinéma français, dans lequel il joue aux côtés de son ex-épouse Gaby Basset et du chanteur Jean Sablon.
Expatrié aux États-Unis pendant la guerre (1940-1943)
En , il avait accompagné à la gare Saint-Charles à Marseille Michèle Morgan, qui partait pour Barcelone, puis le Portugal, afin de rejoindre les États-Unis. Souhaitant également la rejoindre, il va à Vichy pour obtenir une autorisation.
Durant cette période, il fréquente brièvement Ginger Rogers et Patricia Morison[16]. Ayant refait le trajet depuis Los Angeles après une période d'ennui[16], pendant l'été 1941, il rencontre Marlene Dietrich à New York. Il emménage avec elle en Californie dans une villa que Greta Garbo leur loue, puis[b] au 1006 Cove Way, dans une villa de Beverly Hills. Gabin ayant le mal du pays, Marlène Dietrich tente de le soulager par sa cuisine ou des distractions lui rappelant la France[16].
Déjà très célèbre, il pourrait tenter une carrière d'acteur aux États-Unis, mais tourne peu malgré son contrat avec la Fox (il avait signé un premier contrat en 1937, mais ne l'avait pas honoré). Par ailleurs, l'acteur intéresse moins les studios hollywoodiens pendant cette période de guerre : ils n'ont plus accès aux salles européennes et donc au public habituel de Jean Gabin. La presse l'accueille néanmoins avec enthousiasme, le magazine Photoplay publiant un reportage de quatre pages avec comme titre : « Escaped from the Nazis »[16].
Jean Gabin devait également tourner dans un film catastrophe, The Day that Shook the World, un tremblement de terre vu depuis une colonie pénitentiaire, mais la Fox annule le projet. On lui propose alors Tampico, un film d'aventure avec Gene Tierney, mais Jean Gabin refuse et la société de production se lasse. Un projet avec Jean Renoir (en contrat chez RKO) est envisagé, où Jean Gabin interpréterait un garçon de café dans un pays tropical, avec notamment Michèle Morgan comme partenaire (A Thief in the Night), mais l'acteur se détourne du cinéma et pense à la France, voyant plusieurs acteurs américains participer à l'effort de guerre (Carole Lombard vend des bons de guerre, Charles Laughton déclame du Shakespeare dans une tournée et reverse les bénéfices à ce profit, Bette Davis et John Garfield tiennent la cantine de Hollywood, un club où les soldats sont servis par des stars). Il confie plus tard : « J'étais malade à l’idée d'être obligé de finir ma vie aux États-Unis. Je ne pouvais pas rester les mains dans les poches, continuer à faire des grimaces devant une caméra — en étant bien payé en plus — et attendre tranquillement que les autres se fassent descendre pour que je retrouve mon patelin »[16].
Après qu'il a pris contact avec la France combattante, fin 1942, il lui est demandé de jouer dans le film L'Imposteur, dont le succès critique et public est mitigé[16]. Long-métrage de propagandegaulliste saluant aussi la bénéfique entrée en guerre américaine, ce film tourné en anglais est produit par le service américain de propagande avec, au générique, seulement deux Français : Julien Duvivier et Jean Gabin. De plus, Gabin déclarera dans un entretien à Cinévie : « Ce que valent les films tournés à Hollywood, je n'en sais rien. Et ça n'a pas d'importance. On donne, en ce moment à Paris, The Impostor. Je n'irai pas le voir. Quand je l'ai fait, il était utile de le faire. J'ai tourné des films dans le goût américain, pour des Américains. C'était eux qu'il fallait toucher alors et je suis content si j'ai réussi. Si maintenant les Français n'aiment pas ça, ils auront peut-être raison parce que les circonstances ne sont pas les mêmes »[16].
Engagé dans les Forces françaises combattantes (1943-1945)
Casquette de second maître à coiffe bleue (hiver), 1944-1945.
Casquette de second maître à coiffe blanche (été), 1944-1945.
Ceinturon et son étui, avec des décorations nazies récupérées pendant la guerre.
Sac civil américain, avec l'inscription « Jean Gabin Moncorgé 22550, F.N.F.L., 43 ».
En juillet 1945, à 41 ans, le « plus vieux chef de char de la France Libre » est démobilisé et revient au monde du spectacle avec des cheveux blancs[18]. Toute sa vie, il reste très attaché à la marine nationale et proche de celui qui fut son chef, le vice-amiral Gélinet et sa famille.
Après avoir retrouvé Marlène Dietrich en Allemagne, il revient en France. Il refuse de défiler sur les Champs-Élysées et observe son ancien char passer, depuis un balcon de l'hôtel Claridge[16].
Retour en France (1946-1950)
De retour en France, il veut reprendre sa carrière d'acteur mais il a changé physiquement et moralement et de nouveaux acteurs romantiques sont apparus, tels que Jean Marais, Gérard Philipe ou Daniel Gélin. Il renonce à jouer Les Portes de la nuit, de Marcel Carné, avec sa compagne Marlene Dietrich car cette dernière refuse d'interpréter la fille d'un collaborateur. En 1946, après avoir acheté les droits du roman, il incarne le rôle-titre de Martin Roumagnac, aux côtés de Marlene Dietrich. Le film, éreinté par la critique, obtient pourtant à l'époque un succès commercial avec 2,4 millions d'entrées[19]. Toutefois, le film est victime d'une légende qu'il est d'usage de lire[20] et entendre, prétendant que ce film a été un cuisant échec commercial[c].
Cependant, ce succès n'est pas réitéré l'année suivante avec le film policierMiroir[21], dans lequel il est un financier et gangster à ses heures. De plus, il a du mal à trouver un rôle à sa mesure.
En 1951, il est le narrateur de De sacs et de cordes, une pièce musicale de Léo Ferré écrite pour la radio, qu'il interprète tandis que Léo Ferré dirige l'orchestre et les chœurs de la radio nationale. Au cinéma, on le retrouve dans une adaptation d'une pièce d'Henri Bernstein (Victor), mais sa prestation d'un mécanicien de locomotive aveugle à la suite d'un accident dans le drame La nuit est mon royaume lui permet de rencontrer l'éloge de la critique et de remporter la Coupe Volpi de la meilleure interprétation masculine à la Mostra de Venise. Le succès critique se confirme dans les salles avec un bon accueil du public (2,5 millions d'entrées)[28].
Son film suivant, La Vérité sur Bébé Donge, adapté d'un roman de Georges Simenon, dans lequel il est un industriel coureur de jupons empoisonné par son épouse (Danielle Darrieux), n'est pas un grand succès populaire (1,2 million d'entrées), mais il est considéré au fil des ans comme une œuvre marquante[29].
Il réalise en un de ses rêves d'enfant en entreprenant d'investir une bonne partie de ses revenus dans le domaine de La Pichonnière, situé sur la commune de Bonnefoi, dans le canton de Moulins-la-Marche, dans l'Orne[30], en Normandie.
Il agrandit progressivement le domaine environnant par plusieurs acquisitions successives. À proximité, il fait construire en 1956 et 1957 une demeure baptisée La Moncorgerie, qui devient sa résidence familiale[31]. Avec l'idée d'assurer la subsistance de sa famille, il se lance dans l'élevage des bovins[32].
Passionné par les chevaux, il monte aussi à La Pichonnière, à la fin des années 1950, une écurie d'une quinzaine de chevaux de course, qui, sous les couleurs Bouton d'or, toque lilas, ainsi décrites par l'acteur lui-même, acquiert une certaine renommée dans le milieu hippique.
Il renoue véritablement avec le succès public en tant que tête d'affiche grâce à Touchez pas au grisbi de Jacques Becker, en 1954, qui enregistre 4,7 millions d'entrées en France[35]. Avec ce film, il retrouve un rôle à sa mesure en changeant son image : celle d'un homme d’expérience, autoritaire et qui impose le respect. C'est durant ce tournage qu'il rencontre celui qui devient un de ses amis, Lino Ventura, dont c'est le premier film.
Le retour du succès lui vaut de recevoir à trois reprises, une Victoire du Cinéma français, en 1952, 1955 et 1956.
Le , André-Georges Brunelin, un de ses proches, organise à la Salle Pleyel, à Paris, une manifestation à l'occasion de ses 50 ans et de ses 25 ans de carrière. L'événement réunit quelque deux mille personnes, dont les principaux amis de l'acteur[36].
En 1956, il achète une première maison à Deauville et s'établit dans cette station balnéaire avec femme et enfants[37]. Deux autres maisons suivent, qui l'accueillent à demeure ou le temps des vacances[37]. Le mois d'août le voit très assidu pour suivre les courses, à l'hippodrome de la Touques[37]. « Pour nous, Deauville a toujours été associé aux vacances, raconte sa femme[37]. Jean venait là pour se reposer. Il trouvait à Deauville une douceur de vivre à laquelle il était tout particulièrement attaché[37]. ».
Dans la nuit du 27 au , sept cents agriculteurs encerclent son domaine familial normand de La Pichonnière pour protester contre la centralisation des terres, en exigeant la location de deux fermes à de jeunes éleveurs en difficulté. Gabin ayant acquis plus de 150 ha [38], les cultivateurs ouvrent un conflit avec le célèbre acteur néorural pour médiatiser les problèmes du monde agricole. Cette situation bouleverse profondément et blesse à vie l'intéressé, qui se sent rejeté par la communauté paysanne normande dont il a tant souhaité faire partie[39]. La presse mobilisée pour couvrir l'évènement, prend majoritairement la défense de l'acteur, mettant en avant les grands travaux d'aménagement et de modernisation effectués par ce dernier sur ses terres, et dénonçant les manifestants comme tenants d’un « corporatisme arriéré »[40].
Annonçant qu'il va vendre ses terres, Gabin accepte finalement de louer deux fermes à des jeunes. Il porte plainte contre X pour « violation de domicile et tentative d'extorsion de signature ». Défendu par Me René Floriot, il retire finalement sa plainte, dans un souci d'apaisement, en pleine audience du procès au palais de justice d'Alençon le [41],[42].
Son contrat avec Jacques Bar n'étant pas renouvelé, il crée en 1963 avec Fernandel, la société de production Gafer. La Gafer produit L'Âge ingrat, interprété par Jean Gabin avec Fernandel, puis d'autres films, interprétés par l'un ou par l'autre des deux acteurs.
Au début des années 1970, le nom de Jean Gabin est évoqué, parmi d'autres, pour interpréter Don Corleone dans Le Parrain[46]. En 1976, Sergio Leone lui propose de jouer dans son nouveau projet Il était une fois en Amérique, que Gabin décline[16].
Les dernières années (1974-1976)
En 1974, près de quarante ans après Quand on s'promène au bord de l'eau, Gabin enregistre la chanson Maintenant je sais, écrite par Jean-Loup Dabadie. Cette chanson rencontre un succès en 45 tours (plus de 300 000 exemplaires vendus[47]) et sort également en version anglaise.
En , il apprend lors d'une interview télévisée du président de la FNSEA, Michel Debatisse, qu'il ne touchera pas l'indemnisation de l'« impôt sécheresse ». Comprenant qu'il ne sera jamais accepté par le monde paysan, il décide de vendre son domaine agricole normand de La Pichonnière. Cet événement le touche profondément.
Quelques semaines plus tard, le , il meurt à l'âge de 72 ans des suites d'une leucémie à l'Hôpital américain de Neuilly-sur-Seine[51]. Il avait connu quelques problèmes de santé sur le tournage de Deux hommes dans la ville[52].
Ses obsèques, le , au crématorium du cimetière du Père-Lachaise, attirent une foule considérable et sont retransmises à la télévision. Selon ses dernières volontés[e], son corps est incinéré. Ses cendres sont ensuite transférées à Brest pour être dispersées en mer. Le se déroule, en présence de son épouse, de ses enfants, de personnalités amies comme Gilles Grangier, Alain Delon et Odette Ventura, une cérémonie simple et solennelle à bord de l'avisoDétroyat[53],[54]. Ces honneurs militaires de la Marine nationale ne sont permis que sur autorisation exceptionnelle du président de la République Valéry Giscard d'Estaing. L'urne funéraire est ouverte depuis la plage arrière de l'aviso[f], en mer d'Iroise, à 20 milles nautiques de Brest, au sud de la chaussée des Pierres-Noires[55].
Vie privée
La vie sentimentale de Jean Gabin est en partie liée à son métier. Le , pendant une de ses premières permissions, il épouse à la mairie du 18e une jeune admiratrice, la future actrice Gaby Basset (de son vrai nom Marie Louise Camille Basset)[1],[56],[57]. Le couple divorce le 15 juin 1931[56], Jean Gabin ayant entamé une liaison avec sa partenaire de scène Jacqueline Francell[58]. Le 20 novembre 1933, trois jours après le décès de son père, il se remarie à la mairie du 16e avec Jeanne Mauchain dite Doriane Mauchain, meneuse de revue au Casino de Paris. Le divorce est prononcé le [1],[59], « à ses torts entiers et reconnus » alors qu'il se trouve à Hollywood[60].
Il se remarie le à la mairie du 16e arrondissement avec un ancien mannequin de la maison de couture Lanvin, Marcelle Christiane Marie dite Dominique Fournier[1],[63] (1918-2002)[64], déjà mère d'un garçon, Jacki, et avec qui il aura trois enfants : Florence (née le ), Valérie (née le ) et Mathias (né le )[65],[66]. Durant cette période, on lui prête une liaison avec l'actrice Dora Doll[réf. nécessaire].
Ses petits-fils, les acteurs Jean-Paul Moncorgé (né en 1981, fils de Florence) et Alexis Moncorgé (né en 1986, fils de Mathias), n'ont pas connu leur grand-père.
L'image de l’acteur s'est parfois confondue avec celle, mythique, de ses personnages qui se sont imposés dans l’imaginaire collectif du public français au cours du XXe siècle. Les différents personnages joués par Jean Gabin, archétypes professionnels ou sociaux, sont inscrits dans l’histoire du cinéma (l’ouvrier gouailleur avant-guerre, le patriarche bourru à partir des années 1950)[68].
Dans les années 1960, les films qui mettent en scène Jean Gabin témoignent aussi d'un rejet, au cinéma, de la transformation de la France. Il apparaît dans un certain nombre de films dans lesquels la construction des grands ensembles vient détruire peu à peu le monde dans lequel il vivait[69]. Dans Rue des prairies de Denys de La Patellière, le personnage de Gabin, qui habite une rue de Paris faubourienne et populaire, est contremaître sur le chantier des Sablons, à Sarcelles. Il est ainsi amené à construire les structures de ce qui va détruire le monde ancien dans lequel il vit, dans le XXe arrondissement de Paris. C'est aussi le cas de Mélodie en sous-sol en 1963, où il ne retrouve pas son pavillon au milieu des barres d'immeubles de Sarcelles nouvellement construites, ou du film Le Chat en 1970, où il vit dans un pavillon qui a vocation à être détruit pour faire place au quartier de La Défense[69].
En 1981, à l'initiative de Louis de Funès[75], le « monde du cinéma » lui rend hommage en créant le prix Jean-Gabin, récompense décernée tous les ans aux meilleurs espoirs masculins du cinéma français. À la suite d'un désaccord entre l'organisation et la fille de Jean Gabin, le prix est remplacé depuis 2008 par le prix Patrick-Dewaere.
En 1992, Mériel (Val-d'Oise), la commune de son enfance, ouvre un musée Jean-Gabin qui lui est consacré, 1 place Jean Gabin, voisin de sa maison d'enfance. Jean Marais a sculpté le buste de l'acteur qui se trouve devant le musée.
À Jette, commune en région de Bruxelles, une place porte son nom.
En 2023, plus de 110 rues, places (etc.) portent le nom de l’acteur[76].
Dans la série Dix pour cent, le chien de l’agent de star Arlette Azemar, interprété par Liliane Rovère, s’appelle Jean-Gabin.
Le rappeur français MC Jean Gab'1 a choisi son nom de scène en hommage à l'acteur.
Notes et références
Notes
↑« Après avoir vu Drôle de drame, [Gabin] a envie de travailler avec Prévert et Carné. Il le fait savoir. » En 1938, il est dans Le Quai des brumes. Les deux amis se souviennent avoir attendu ensemble les réactions du public dans un café de la rue des Saints-Pères, Jacques précisant en rigolant : « On avait glissé sur un bouchon de limonade ! ». L’accueil est plutôt bon. Gabin ajoute avec humour : « Dans le fond, on était la Nouvelle Vague de l’époque ».
Jacques écrit de lui qu’il a « le regard toujours bleu et encore enfantin », qu’il est l’« acteur tragique de Paris / gentleman du cinéma élisabéthain / dans la périphérie du film quotidien » et que « Jean Gabin / c’est l’évidence même / l’évidence même d’un être humain / qui joue son rôle publiquement / devant tant d’autres qui jouent le leur secrètement / et si mal la plupart du temps ». « Jean Gabin / Toujours le même jamais pareil / Toujours Jean Gabin / Toujours quelqu’un. »Carole Aurouet, Prévert, portrait d'une vie, Ramsay, 2007, p. 216.
↑Après qu'il s'est affiché de nouveau avec Ginger Rogers, donnant lieu à l'attention de la presse sur sa vie sentimentale.
↑C'est par exemple le cas du documentaire de Serge KorberGabin intime, aristocrate et paysan, produit en 2006 dans lequel est dit, à propos de Martin Roumagnac : « film médiocre et qui sera un échec dans les salles. ».
↑Pour ce film, il est crédité sous le nom de Jean Moncorgé, qui est son vrai nom de famille.
↑« Pas de mise en terre car je ne veux pas qu'on vienne m'emmerder sur ma tombe comme on fait sur celles de Gérard Philipe et d'Édith Piaf » disait-il[réf. nécessaire].
↑84 millions selon l'article « Les Rois du box office » de Studio Magazine en novembre 1992, mais 161 millions si on fait le total des entrées cumulées dans les années 2010 dans le tableau récapitulatif du box-office 1945-1976.
↑« Un trait de malice de mon père que de m'avoir donné, en troisième prénom, son nom de théâtre » (citation d'André-Georges Brunelin in Gabin, Robert Lafont, 1987, p. 46)
↑ abcd et eRoland Godefroy, « Jean Gabin : Deauville fut son havre de paix », Ouest-France, 14 janvier 1988.
↑Bonnefoi : 115 ha ; Moulin de la Marche : 45 ha ; Digny 65 ha et Merlerault : 40 ha. Cf. Michel Debatisse, « L'affaire Gabin », La Révolution silencieuse : le combat des paysans, Calmann-Lévy, 1963, page 211 et suivantes.
↑ a et bActe no 561 (vue 15/31), registre des mariages de l'année 1925 pour le 18e arrondissement, Archives en ligne de la Ville de Paris / Paris-Archives (avec mention marginale du divorce).
↑Christian Dureau, Jean Gabin, éd. Didier Carpentier, 2009, p. 6-7.
↑Acte no 1793 (vue 16/31), registre des mariages de l'année 1933 pour le 16e arrondissement, Archives en ligne de la Ville de Paris / Paris-Archives (avec mention marginale du divorce)].
2016 : Jean Gabin, une âme française de Patrick Glâtre, Sylvain Palfroy et René-Jean Bouyer, Histoire
2016 : Un Français nommé Gabin, documentaire de Yves Jeuland - Prix du meilleur documentaire français 2017 du Syndicat français de la critique de cinéma et des films de télévision