Pour les autres membres de la famille, voir Dejean.
Jean François Aimé, comte Dejean (6 octobre 1749 à Castelnaudary - 12 mai 1824 à Paris), est un militaire français, général de la Révolution française, puis ministre de Napoléon Ier et sénateur du Premier Empire, qui finit sa carrière militaire et parlementaire (membre de la Chambre des pairs) sous la Restauration française.
Jean-François-Aimé Dejean naquit à Castelnaudary, le 6 octobre 1749. Fils d'un subdélégué de l'intendance de Languedoc, il fut destiné par son père à l'état militaire. Ses premières études faites à l'École de Sorèze, il en sortit en 1766, pour entrer à l'École royale du génie de Mézières (promotion 1769), d'où il sortit avec le grade de lieutenant en second.
Employé dans plusieurs places fortes, le zèle et les connaissances étendues du jeune Dejean le firent bientôt employer comme ingénieur ordinaire, et ensuite comme ingénieur en chef, depuis 1781 jusqu'en 1791. Il était en Picardie au moment de la Révolution. Les guerres de la Révolution française allaient ouvrir à ses talents une carrière qu'il devait parcourir avec distinction. Chevalier de Saint-Louis[1], il fut nommé en 1791 commandant en second des gardes nationales de la Somme, puis membre de l'administration de ce département.
Il servit sous Dumouriez (1792-1793), et donna sa démission de capitaine du génie à la nouvelle de la mort de Louis XVI ; mais la lettre de démission fut retirée par lui, en raison des revers éprouvés par l'armée au même moment. Il servait déjà en qualité de chef de bataillon à l'armée du Nord, lorsque sa brillante conduite, à la prise de la citadelle d'Anvers, le fit nommer en 1793 commandant du génie sous Pichegru et directeur des fortifications. En juin 1795[1], il obtint le grade de général de brigade pour récompense des services qu'il avait rendus aux attaques de Courtrai et de Ménin, ainsi qu'aux sièges de Nimègue (en) (18 brumaire an III) et d'Ypres (1794). Ce fut Dejean qui réunit secrètement en Hollande les bateaux et les agrès nécessaires pour tenter le passage du Rhin que Kléber effectua avec un succès complet dans la nuit du 5 au 6 septembre 1795, au-dessus de Düsseldorf. L'habileté et les talents qu'il déploya dans cette circonstance lui valurent le grade de général de division (10 octobre 1795[1]).
De retour quelque temps après au quartier-général de l'armée du Nord, il en obtint (lorsque le général Beurnonville fut appelé à l'armée de Sambre-et-Meuse) le commandement en chef par intérim (avec celui des troupes franco-bataves), de septembre 1796 à septembre 1797. Il fut destitué, le 23 septembre 1797, pour avoir refusé d'associer son armée aux plaintes de l'armée d'Italie contre les Conseils. Le général Dejean fut mis immédiatement à la réforme. Il fut réintégré l'année suivante, sur la demande du comité des fortifications, dans ses fonctions d'inspecteur-général des fortifications.
Nommé conseiller d'État après la journée du 18 brumaire, le premier Consul lui confia plusieurs missions importantes qui le firent remarquer et comme administrateur et comme homme d'État. C'est ainsi qu'il fut successivement chargé de l'exécution de convention d'Alexandrie et de l'organisation du gouvernement de la République ligurienne. On lui confia, le 21 ventôse an X (12 mars 1802), la direction (ministère) de l'administration de la guerre, et le 21 août de l'année suivante, il fut élevé à la dignité de grand-trésorier de la Légion d'honneur. Choisi par Napoléon Ier en avril 1805 pour présider le collège électoral de la Somme, le même collège le porta comme candidat au Sénat conservateur.
Dejean fut créé comte de l'Empire le 1er juin 1808. En 1809, lors du débarquement des Anglais dans l'île de Walcheren, il se rendit à Anvers pour y organiser des moyens de résistance. Peu de temps après, Napoléon retira au comte Dejean le portefeuille de l'administration de la guerre, pour avoir demandé un budget plus élevé que celui qui lui était alloué. Cette disgrâce ne fut pourtant que momentanée, et Napoléon le nomma bientôt premier inspecteur du génie (25 octobre 1808, chargé de l'inspection générale en Hollande le 21 avril 1810) et membre du Sénat conservateur (5 février 1810). En 1812, il fut élu président à vie du collège électoral d'Indre-et-Loire. La même année le vit présider la commission militaire qui condamna à mort les généraux Malet, Lahorie et Guidal.
En avril 1814, il ne vote pas la déchéance de l'Empereur.
L'Empereur ayant abdiqué, le comte Dejean adhéra au gouvernement provisoire de 1814. Louis XVIII le nomma son commissaire extraordinaire dans la 11e division militaire (Bordeaux : il n'y fit qu'un court séjour), chevalier de Saint-Louis[2], « pair de France » (membre de la Chambre des pairs), gouverneur de l'École Polytechnique et président du comité de liquidation de l'arriéré. Au retour de Napoléon en 1815, le comte Dejean devint membre de la nouvelle Chambre des pairs ; il fut réintégré dans ses fonctions de premier inspecteur du génie, et remplit, en l'absence du comte Lacépède, celles de grand chancelier de la Légion d'honneur. Après la bataille de Waterloo, il se prononça énergiquement contre l'opinion de la plupart des généraux qui s'opposèrent à la défense de Paris. « Il est bien étonnant ! s'écria-t-il, que des hommes qui ont été si braves toute leur vie montrent autant de faiblesse. »
À la seconde Restauration, l'ordonnance royale du 24 juillet 1815 le dépouilla de toutes ses fonctions, « mais il trouva dans l'estime et la reconnaissance de ses concitoyens la récompense des services qu'il avait rendus a l'État, et comme guerrier et comme administrateur » (Fastes de la Légion d'honneur). Cependant, il fut mis à la tête d'une subdivision militaire (10 décembre 1817), et rétabli, sous le ministère de Gouvion-Saint-Cyr (gouvernement Dessolles), dans l'emploi de directeur-général des subsistances, qu'il conserva jusqu'à la fin de 1820, époque où l'affaiblissement de sa santé le força de donner sa démission (il fut alors remplacé par le comte Andréossy). Le 19 mars 1819, il fut compris dans la fournée de pairs créée par le ministère Decazes. Il siégea la Chambre haute, « où il ne cessa de donner de nouvelles preuves de ses talents, de son austère probité, et de l'activité de son zèle pour les intérêts de la France » (Fastes de la Légion d'honneur), parmi les défenseurs des libertés octroyées par la Charte de 1814.
Le comte Dejean fut admis à la retraite comme inspecteur général du génie, le 19 septembre 1821. Victime, en 1823, d'une attaque d'apoplexie (congestion cérébrale), il fut frappé d'hémiplégie (il eut le côté droit de son corps paralysé). Le comte Dejean mourut dans sa soixante-quinzième année, le 12 mai 1824, à Paris, en l'Hôtel Bochart de Saron[3] (17, de la rue de l'Université). Il fut inhumé au cimetière du Père-Lachaise (40e division), Paris XXe.
Jean François Aimé était le fils cadet de Jean-Pierre « de Déjean » (1699-1754), maire perpétuel de Castelnaudary, premier président au siège royal de Lauragais, subdélégué de l'intendance de Languedoc et de Marie de Fabry. Sa sœur aînée, Antoinette (1746-1776), avait épousé Louis de Cazals (1731-1782), directeur du « Canal de communications des mers », dont elle eut le général-baron Louis-Joseph Elisabeth Cazals (1774-1813) ; tandis que son frère François-André Dejean (it) (né en 1748), fut évêque d'Asti (1809-1814).
Dejean épousa, en 1779, Alexandrine Marie Élisabeth Le Boucher d'Ailly ( ✝ 1782), fille de Jacques Nicolas Le Boucher d'Ailly (1698-1776), seigneur de Richemont, conseiller du Roi, maire et commandant d'Abbeville.
Veuf il convola en secondes noces, le 19 octobre 1801 (il a 52 ans), avec Aurore Barthélémy (1777-1858), de 28 ans sa cadette. Le 17 juillet suivant, Auguste unique fils du premier mariage de Jean François Aimé, épouse Adèle Barthélémy (1786-1872), sœur de sa belle-mère ! Un jour[4] Napoléon interpella son ministre de l'Administration de la guerre et, lui parlant de son second mariage et de celui de son fils lui dit :
« Est-ce bien catholique ce que vous avez fait là ? »
Et Dejean de lui rétorquer :
« Oui, sire ! Car nous n'avons fait que suivre l'exemple de Votre Majesté. L'impératrice Joséphine et sa fille Hortense n'ont-elles pas épousé deux frères Bonaparte : Napoléon et Louis ? »
D'argent au griffon essorant de sable, au comble d'azur, chargé à senestre de deux étoiles et d'un croissant d'or, et à dextre du quartier des comtes ministres.[5],[6],[8]
D'argent, au griffon de sable; au chef d'azur, chargé d'un croissant d'or, accosté de 2 étoiles du même.[11],[12]
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