Tous les étages de ces lanceurs utilisent une propulsion à propergol solide. Une première famille, les Minotaur I et II, basée sur le missile balistique Minuteman, effectue son premier vol en 2000. Ce lanceur, tiré à 10 reprises (vols orbitaux) sans aucun échec, peut placer une charge utile de 550 kg en orbite basse. À la fin des années 1990, l'Armée de l'Air demande à la société Orbital d'effectuer la même opération de conversion sur le missile balistique Peacekeeper, donnant naissance aux Minotaur III et IV, dont le premier vol a eu lieu en 2010. Ce lanceur beaucoup plus puissant permet de placer 1 735 kg en orbite basse. Des versions encore plus puissantes sont en cours de développement : le Minotaur V, développé pour répondre aux besoins de la NASA et qui a effectué son premier vol en septembre 2013, est utilisé pour placer des charges utiles sur des orbites nécessitant une grande vitesse orbitale ; la version Minotaur 6 à l'étude permettra de lancer des satellites beaucoup plus lourds (2,5 tonnes en orbite héliosynchrone).
Les lanceurs réalisés à partir du missile Minuteman
La configuration retenue par Orbital, baptisée Minotaur (rebaptisée Minautor I à l'apparition de nouvelles versions), utilise les deux premiers étages du missile Minuteman, surmontés de deux petits étages à propergol solide, Orion 50XL et Orion 38, issus des deuxième et troisième étages de sa fusée Pegasus. La coiffe est également celle du Pegasus. La fusée Minotaur permet des lancements multiples et dispose en option d'un mini étage solidaire de la charge utile, baptisé HAPS, utilisant de l'hydrazine et permettant d'améliorer la précision de l'orbite finale. Le lanceur résultant est haut de 19 mètres pour un diamètre maximal de 1,68 mètre et a une masse totale de 36,15 tonnes. Le lanceur Minotaur I est capable de placer un satellite de 580 kg en orbite basse (185 km, avec 28,5 degrés d'inclinaison) et 336 kg sur une orbite héliosynchrone.
Le premier vol a eu lieu le avec succès. Depuis cette date, 10 tirs orbitaux de cette version ont eu lieu (actualisé en aout 2013) et ont placé avec succès des petits satellites militaires. Un tir civil a eu lieu pour placer les petits satellites de recherche FORMOSAT-3 développés dans le cadre du programme spatial de Taïwan. Compte tenu de son origine militaire et du type d'ergol utilisé, le lanceur n'a besoin que d'une installation de lancement simple et peut être tiré depuis la plupart des bases civiles ou militaires. Par défaut, le lanceur est tiré depuis la base de lancement de Vandenberg en Californie, consacrée à la mise en orbite polaire de satellites militaires. Les bases de lancement Mid-Atlantic Regional Spaceport (MARS) dans les Wallops Island et du Kodiak en Alaska ont également été utilisées.
Principales caractéristiques des étages du lanceur Minotaur I[1]
Le Minotaur II est une version à trois étages ne permettant que des vols suborbitaux qui a été développée pour servir de cible dans le cadre de tests du système de défense anti-missile américain. Elle permet d'emporter une charge utile de 441 kg. Cette version a été tirée à 9 reprises (aout 2022) avec un seul échec[2].
Les lanceurs réalisés à partir du missile Peacekeeper
En 2003, l’Armée de l'Air américaine décide de réitérer l'opération de conversion en l'appliquant au missile intercontinental Peacekeeper. Le Peacekeeper est un missile intercontinental lourd (97 tonnes soit trois fois le Minuteman) déployé à 50 exemplaires à partir de 1986. Il est comme le Minuteman retiré du service à la suite de la signature des accords START II : le dernier missile quitte le service opérationnel en 2005. L'Armée de l'Air met en place le programme OSP-2 et choisit à nouveau la société Orbital pour le convertir en lanceur.
La version Minotaur IV
Le nouveau lanceur, baptisé Minotaur IV, a, du fait de la taille du missile dont il dérive, une capacité plus importante que le Minotaur I : il peut placer 1 735 kg en orbite basse (200 km). Minotaur IV est composé des trois premiers étages du missile Peacekeeper surmonté d'un étage à propergol solide Orion 38 utilisé sur d'autres lanceurs. La coiffe est également celle du lanceur Taurus. Le lanceur haut de 24,9 mètres pour un diamètre maximum de 2,34 mètres a une masse totale de 88,7 tonnes. Le lanceur Minotaur IV est capable de placer un satellite de 1 735 kg en orbite basse (185 km, avec 28,5 degrés d'inclinaison). Le premier lancement d'un satellite a lieu le et deux autres tirs réussis ont eu lieu depuis (situation à août 2013). Une version Minotaur IV+ utilisant un quatrième étage de type Star 48BV permettant de placer 1 950 kg en orbite basse a été tirée pour la première fois le . La version IV Lite est utilisée pour les vols suborbitaux et ne comporte pas de quatrième étage. Elle a été tirée à deux reprises (aout 2013).
Principales caractéristiques des étages du lanceur Minotaur IV[3].
Une version dépourvue de quatrième étage, baptisé Minotaur III, est commercialisée pour les vols suborbitaux. Aucun tir de cette version n'a eu lieu en date de 2022.
La version Minotaur V
La version Minotaur V a été développée par la société Orbital à la demande de la NASA pour lancer sa petite sonde spatiale lunaire LADEE car il n'existait pas à l'époque de lanceur adapté au besoin de l'agence spatiale. Cette version a été obtenue par ajout d'un cinquième étage au lanceur Minotaur IV. Il s'agit d'un étage à propergol solide de type Star 37FM(en) ayant déjà volé sur des satellites commerciaux comme moteur d'apogée. L'étage est stabilisé par rotation mais Orbital propose également le Star 37FMV disposant d'un contrôle d'attitude permettant une stabilisation 3 axes. La Minotaur V peut placer 678 kg sur une orbite de transfert géostationnaire (GTO) ou 465 kg sur une orbite interplanétaire. Cette version a été mise au point et lancée pour un cout de 55 M US$. Le premier vol de la Minotaur V a eu lieu le avec la mise en orbite de la sonde spatiale lunaire LADEE[4].
La version Minotaur 6
Orbital propose une version nettement plus puissante de la Minotaur III qui comporte deux premiers étages Peacekeeper SR118 superposés au lieu d'un seul SR118. Dans cette configuration le lanceur a la capacité de placer 2 600 kg en orbite héliosynchrone. Cette version n'a encore pas volé en 2022.
Historique des lancements
Préparatifs de lancement d'un Minotaur I
Minotaur I sur sa rampe de lancement
Lancement Minotaur I
Lancement Minotaur II
Décollage d'une Minotaur IV
Assemblage du lanceur Minotaur V
Minotaur V en cours de préparation pour le lancement de la sonde lunaire LADEE
Liste mise à jour le (en grisé les vols suborbitaux)[5],[6],[7]
↑ a et b(en-US) Joseph Navin, « Northrop Grumman discusses Antares NG-16's eventful countdown, talks future missions », sur NASASpaceFlight.com, (consulté le ) : « We're basically on contract for three Minotaur launches. One is a Minotaur IV, which looks like it's going to be launched from Vandenberg Space Force Base in 2023, and that's for the Space Force," said Eberly. In total, there will be one Minotaur launch in 2022 and two launches in 2023. All three of these missions will launch from Vandenberg Space Force Base in California and will be flown for the U.S. Space Force »
↑(en-US) Stephen Clark, « NRO satellites launched by Minotaur rocket with surplus missile parts – Spaceflight Now » (consulté le ) : « T]he Space Force and the NRO have purchased at least one more Minotaur flight to deliver another classified payload to orbit. That mission, known as NROL-174, will use a Minotaur 4 rocket, the larger Minotaur variant. It is scheduled for launch in 2023, Eberly said »
Voir aussi
Articles connexes
LGM-30 Minuteman Missile balistique adapté pour réaliser le lanceur Minotaur I
Peacekeeper Missile balistique adapté pour réaliser le lanceur Minotaur IV
La première date est celle du lancement du lancement (du premier lancement s'il y a plusieurs exemplaires). Lorsqu'elle existe la deuxième date indique la date de lancement du dernier exemplaire. Si d'autres exemplaires doivent lancés la deuxième date est remplacée par un -. Pour les engins spatiaux autres que les lanceurs les dates de fin de mission ne sont jamais fournies.