Fils d'instituteurs, Max Lejeune passe son enfance aux Moulins-Bleus (commune de L'Étoile), à proximité de l'école où ses parents Paul et Berthe enseignent de 1910 à 1921. Il fait, en qualité de boursier, ses études secondaires au lycée d'État de garçons d'Amiens et des études supérieures à La Sorbonne où il est licencié en lettres et diplômé d'études supérieures de géographie.
Débuts à la SFIO
Il s'engage très jeune, en 1929, dans le militantisme de gauche à la SFIO derrière Marceau Pivert et la Bataille socialiste, il est secrétaire du groupe des étudiants socialistes de Paris. Il se rapproche par la suite du secrétaire général Paul Faure et de sa ligne pacifiste.
Élu en 1936, il est l'un des plus jeunes députés du Front populaire. Au terme d'une campagne intense, il bat au second tour le député sortant, candidat de la droite, Jean Coache, à l'issue d'une triangulaire, avec une courte avance de 29 voix.
Mobilisé en 1939, il sert dans la Ligne Maginot en tant que commandant du Bloc 15 de l'Ouvrage de Métrich[1]. Il est fait prisonnier en . Il ne prend donc pas part au vote du attribuant les pleins pouvoirs au maréchal Pétain, ce qui lui permet de poursuivre sa carrière parlementaire après la guerre.
Lors de la visite dans son stalag de Georges Scapini responsable à Vichy des prisonniers de guerre, Max Lejeune, harangue avec hostilité la délégation pétainiste. Son attitude lui vaut d'être envoyé dans un camp de représailles à Colditz dont il tente de s'évader, sans succès. Il est envoyé, par la suite, à l'Oflag X-C de Lübeck où il parvient à établir un réseau de résistance et une liaison avec la France libre.
Il veille en tant que maire à la reconstruction de la ville d'Abbeville, détruite par les bombardements de la Seconde Guerre mondiale et mène à bien en tant que président du conseil général de la Somme plusieurs projets importants comme le Syndicat mixte d'aménagement de la côte picarde (SMACOPI), le parc de Samara et l'Historial de la Grande Guerre de Péronne.
Au gouvernement
Il fait, sous la IVe République, une carrière politique brillante : il est député pendant toute sa durée, de 1946 à 1958 et de à , il exerce à onze reprises diverses responsabilités ministérielles. Il est tour à tour ministre des Anciens Combattants, Secrétaire d'État aux Forces armées, ministre du Sahara, ministre d'État et ministre sans portefeuille. De 1954 à 1955, il préside la commission de la Défense nationale de l'Assemblée nationale.
En 1950, il accepte et soutient la formation du bataillon français de Corée, participant au sein de l'ONU à la défense de la Corée du Sud.
Pendant la guerre d'Algérie, il est un adversaire de l'indépendance de l'Algérie[2]. Il se définit alors comme partisan de l'Algérie dans la République. Il défend la politique menée et la conduite de l'armée en Algérie. Il est un des responsables de l'arraisonnement de l'avion qui transporte vers Tunis les chefs du FLN, dont Ben Bella le , et est un des principaux protagonistes de l'Expédition de Suez.
En 1989, après 42 ans de mandat, il perd la mairie d'Abbeville au profit du député socialiste Jacques Becq.
Il est mort, en 1995, à Abbeville, après 59 ans de carrière politique. Il est inhumé dans le caveau familial au cimetière de Longpré-les-Corps-Saints, non loin d'Abbeville.
Président du conseil régional de Picardie (1978-1979)
Pour approfondir
Bibliographie
Jean-Marc Binot., Max Lejeune l'irréductible, t. 1 : L'enfant chéri du socialisme picard (1909-1955), Amiens, Martelle, , 285 p. (ISBN978-2-87890-087-3, OCLC54512721).
Jean-Marc Binot, Max Lejeune l'irréductible, t. 2 : Du ministre de la Quatrième au notable de la Cinquième : 1956-1995, Amiens, Martelle, (ISBN978-2-87890-092-7, OCLC470141505)
Julien Cahon, « Max Lejeune. Du socialisme réformiste au centrisme réformateur » in Politique, culture, société, no 14, mai- (revue numérique).
« Max Lejeune », dans le Dictionnaire des parlementaires français (1889-1940), sous la direction de Jean Jolly, PUF, 1960 [détail de l’édition]
Notes et références
↑Michel Truttman, « Metrich La mort d’un Géant », Histoire de Guerre N°19,
↑Alain Herbeth, « La gauche "Algérie française" », La Nouvelle Revue d'histoire, n°85 de juillet-août 2016, p. 27-29
↑Art. 7 du décret n°58-397 du 4 avril 1958 portant création de l'ordre du Mérite saharien, (lire en ligne)