Au-delà du fort impact de ses brefs travaux menés au sein de l'École française d'Athènes[7], son œuvre de documentation encyclopédique, dont ses Répertoires, dits Clarac de poche, et leurs quelque vingt mille croquis, a été essentielle à la diffusion au sein du monde académique d'une méthode comparative et scientifique. Polygraphe, il a publié plus de sept mille titres[8], dont une centaine de livres[8], parmi lesquels l'étude des civilisations, à travers la représentation figurée et les mythes, a marqué irréversiblement l'histoire des religions en la recentrant sur les questions clef de l'interdit de l'inceste, des règles de la pudeur et du voile de la femme[9],[cf. 2] et en l'orientant vers l'analyse anthropologique.
Cette section est vide, insuffisamment détaillée ou incomplète. Votre aide est la bienvenue ! Comment faire ?
Il est issu d'une famille juive originaire d'Allemagne, enrichie dans l'activité bancaire et dont une branche est devenue française au début du XIXe siècle, comme dans le cas des Rothschild.
Salomon est le fils de Hermann-Joseph Reinach (1814-1899), né à Francfort-sur-le-Main[N 1], frère jumeau Adolf Reinach (1814-1879). Hermann-Joseph s'est établi à Paris en 1845.
Sa mère est Julie Büding (1828-1870), fille d'un banquier de Cassel (Hesse).
Formation
Une fratrie exceptionnelle : les frères « Je sais tout »
Salomon (« S. ») est éduqué avec son frère aîné Joseph (« J. ») et son cadet Théodore (« T. »), à la fois dans le goût éclectique de l'art et le culte progressiste de la science[pas clair].
Les trois frères ont chacun eu une brillante carrière académique et intellectuelle, ce qui leur vaut d'être pris par Émile Zola, dans son roman Paris (1897), comme représentatifs de l'élite savante négligeant le peuple[cf. 3] et d'être caricaturés par les chansonniers de Montmartre comme les frères « J. S. T. » (« Je sais tout »)[11].
Des trois, le plus brillant est cependant Théodore[12].
Formation initiale
Cette section est vide, insuffisamment détaillée ou incomplète. Votre aide est la bienvenue ! Comment faire ?
Salomon est d'abord instruit à domicile par des précepteurs. Il apprend notamment l'anglais, l'allemand, l'italien et un peu d'hébreu. Son père possède une collection de tableaux et de gravures[réf. nécessaire] ; doué pour le dessin, Salomon reçoit aussi des leçons de peinture[réf. nécessaire].
Dans le salon familial, Salomon a l'occasion de côtoyer des savants de l'époque, comme Claude Bernard et Ernest Renan[13].
Durant ses trois années de lycée, il obtient six prix et dix accessits au concours général[13], moins cependant que Théodore, recordman de ce concours[15].
Élève de l'École normale supérieure et traducteur (1876-1880)
Se destinant au départ à l'École polytechnique, il est admis en 1875 en classe de mathématiques supérieures, mais l'expérience qu'il y fait le pousse à s'orienter vers les lettres[13]. Il excelle en effet en grec ancien, servant par exemple de souffleur lors d'une représentation en langue originale du Philoctète de Sophocle organisée par Théodore et jouée dans la maison familiale devant les plus éminents professeurs[15].
À l'École normale, il suit les cours de littérature grecque du philologueHenri Weil (1818-1909), qui vient d'y être nommé après avoir été longtemps professeur à Besançon. Celui-ci et ses autres professeurs de grec lui font découvrir la philologie classique[13], qu'il étudie aussi directement dans les six volumes[cf. 5] de référence que vient de publier Wilhelm Freund (1806-1894).
Physiquement épuisé, il termine cependant son Manuel de philologie classique[cf. 6], qui paraitra au début de l'année suivante[11]. Cet ouvrage est conçu à l'adresse des enseignants des lycées et collèges communaux[17] et largement inspiré du Triennium de Wilhelm Freund.
Il a un tel succès tel qu'il sera réédité trois ans plus tard[cf. 7] et primé par l'Association pour l'avancement des études grecques[13].
Le règlement exigeant un passage préalable à la Villa Médicis, Salomon Reinach débarque à Rome. Il profite de ces deux semaines de mars pour ouvrir son premier chantier de fouilles. Les maigres trouvailles ne lui laisseront pas le temps de découvrir ce qui se révèlera être les abords de la Domus aurea[11].
Paul Foucart, le directeur de l'École française d'Athènes, ne voulant pas d'archéologue en chambre[11], Salomon Reinach est envoyé du 10 juillet au 30 août 1880 s'initier au chantier de Myrina puis, emmené par une mission médicale de la marine française, évaluer et faire des croquis des sites des îles Égéennes[19]. Maniaque de l'indexation[20], il va jusqu'à faire une liste annotée des personnels du navire[11]. Disposant d'une fortune personnelle, il dépense en un mois et demi presque entièrement sa pension, qui est de trois mille six francs par an, à l'achat de pièces proposées par les autochtones, de sorte que ses campagnes sont exceptionnellement fructueuses[11].
Après une étude à Olympie[cf. 8], il est affecté aux fouilles sur les sites nouvellement découverts en Asie mineure. Ce sont principalement les campagnes de Myrina[cf. 9], près de Smyrne, où de janvier à juillet 1881 en compagnie du normalien de la promotion 1874Edmond Pottier et parfois seul il explore mais aussi analyse, à partir de mars 1882, cent cinquante tombes[21], de Cymé, ex capitale de l'Éolide près de laquelle il identifie le palais d'Aigéai où Thémistocle vainqueur s'était retiré, dans les îles de Thasos, qu'il est un des premiers à reconnaître comme un site important, Delos, où il dirige quatre chantiers et découvre le comptoir des Poséidoniastes de Bérytos qui confirme la vocation religieuse de l'île, Imbros, où il se fait épigraphiste sur les traces d'Alexander Conze, Lesbos[11]. Entretemps, il aura visité sur le continent Kavala, Salonique, où il rédige une apologie des yechivahs qui souligne leur rôle émancipateur et, en compagnie d'Albert Sorlin-Dorigny, Troie[11].
Nommé depuis le 15 juin 1880 à Constantinople, l'ambassadeur à Athènes et président de l'Association de correspondance helléniqueCharles Tissot, qui nourrit une affection paternelle pour un rare spécialiste « désireux d'apprendre ce qu'il ne sait »[11], le fait venir dans la capitale ottomane[13]. Le jeune homme noue entre janvier et février 1882 une amitié avec le directeur du Musée impérial ottoman, Osman Hamdi Bey, qui le met en mesure d'élaborer des publications qui font connaître à la communauté scientifique[20] les pièces recueillies au palais de Tchinli[13]. Par une analyse systématique, pour la conduite de laquelle il s'est initié à la photographie[27] auprès de Bernard Haussoullier de passage à Paris durant l'hiver 1880[11], il donne les clefs permettant d'identifier les pièces archéologiques selon les caractéristiques de leurs ateliers d'origine, et accessoirement de lutter contre le trafic croissant de contrefaçons[27].
« Salomon l'Africain » (1883-1885)
De retour à Paris à la fin 1882[11], Salomon Reinach y[13] est nommé secrétaire de la Commission archéologique de Tunisie, pays sur lequel la France étend son protectorat depuis moins de deux ans. Il obtient ce poste avec l'appui de Tissot, désormais en poste à Londres[13], mais aussi président de la Commission, qu'il aide à achever le premier volume[cf. 10] d'une somme sur l'Afrique romaine[28].
Sous la direction de Tissot, il participe à l'équipe qui élabore l'Atlas archéologique de la Tunisie[cf. 11] et le pose en spécialiste reconnu[29]. À la mort prématurément de l'ambassadeur helléniste, c'est à lui qu'il revient de rédiger une nécrologie[cf. 12] et qu'est confié l'honneur de parachever l'ouvrage posthume[cf. 13] de celui qui s'était fait sa locomotive.
Quatre ans après avoir pris son poste, en 1890, il est chargé par Alexandre Bertrand de le remplacer au cours que celui-ci donne à l'École du Louvre[1]. Il s'y efforce d'intéresser les futurs archéologues à l'art non classique des Celtes et publie des pièces inédites tel le pilier de Mavilly[20]. Le cours est un succès et est renouvelé jusqu'en 1892. Dans cet esprit de sortir des sentiers battus, Salomon Reinach part à Odessa en 1893 mener une campagne de fouilles sur les traces des colonies grécoscythiques du Pont-Euxin. Après quelques semaines, il retrouve le musée de Saint-Germain mais en tant que conservateur adjoint. Installé à Paris même 38 rue de Lisbonne avec son assistante après avoir épousé celle-ci, il en sera directeur du 17 décembre 1902 à sa mort[1].
Il aménagera les salles du musée, multipliera les catalogues et les inventaires, et compilera des répertoires sur les statues grecques et romaines, les peintures du Moyen Âge et de la Renaissance, et les vases grecs et étrusques. Sa principale innovation sera de systématiser le moulage, réalisé en plâtre dans un atelier du musée, des pièces des collections de sculptures et de permettre ainsi, de même que le catalogage, de mettre en série et développer l'analyse comparative[20].
Le 26 mars 1896, Salomon Reinach siège au comité scientifique du Louvre[34] présidé par Albert Kaempfen et vote pour l'acquisition d'un ensemble d'objets en or, dont la tiare de Saïtapharnès. Son frère Théodore avance une partie[34] des 200 000 francs or nécessaires à l'achat. Répondant à une sollicitation des lecteurs du Figaro, Salomon Reinach accepte conter dans ses colonnes la vie du roi scythe Saïtapharnès.
Refusant d'admettre toute responsabilité personnelle dans cette affaire, Salomon Reinach se défendit à la fin de sa vie en expliquant n'avoir jamais vu la tiare au moment où il en vota l'acquisition[36]. Il prétendit également avoir participé le 1er avril 1896 à la séance de présentation de l'objet à l'Académie des inscriptions et belles-lettres et avoir été le premier à exprimer des doutes sur l'authenticité à cette occasion. Sa présence à une croisière en Méditerranée sur Sénégal le 1er avril exclut pourtant catégoriquement ce récit.
Cible de l'antisémitisme (1897-1901)
Le 4 décembre 1896, Salomon Reinach est élu à l'Académie des inscriptions et belles-lettres après avoir échoué de peu l'année précédente[1]. Il n'a que trente neuf ans. Certains confrères, qui ne sont pas de l'Institut, font courir le bruit que lui et son frère, parce qu'ils sont Juifs, ont organisé la duperie de Saïtapharnès[35], tel Judas, pour de l'argent, laissant entendre que comme Dreyfus, ils se seraient faits agents de l'étranger.
Salomon Reinach, au début de l'année 1897, est un des tout premiers, avec son collègue Gabriel Monod et le jeune Lucien Herr, à donner du poids à l'appel à la révision du procès d'Alfred Dreyfus qu'a publié le journaliste Bernard Lazare[cf. 24] et à dénoncer la conspiration contre le condamné pour lequel la loi a été modifiée afin de pouvoir créer des conditions de détention susceptibles de le faire disparaître[37]. En 1900 ou 1901[38], il fait appointer Bernard Lazare par la Jewish Colonization Association grâce à l'intermédiaire d'un des directeurs de celle-ci, son ami Émile Meyerson[39]. La polémique de la tiare sera entretenue pour alimenter l'antisémitisme[36], même après que le rapport commandé à Charle Clermont-Ganneau en 1903 aura établi la vérité sur l'affaire[35].
L'accès à une notoriété internationale (1902-1904)
Cela n'empêche pas Salomon Reinach d'être nommé en 1902, sous le gouvernementCombes, conservateur des Musées nationaux et d'être promu titulaire de la chaire d'archéologie nationale de l'École du Louvre. Il y créé le cours d'histoire générale de l'art, capable au besoin de le dispenser en anglais[40]. En vingt-cinq leçons, qui seront publiées sous le titre Apollo et traduites dans le monde entier, il présente l'évolution de l'art depuis les origines jusqu'à l'Exposition de 1900. Ces conférences sont un succès mondain de l'ampleur de celles que Bergson donne au Collège de France[20].
Cette même année 1902, il obtient de l'Académie une subvention qui finance une seconde campagne française, conduite par Émile Cartailhac, à Altamira[43]. Grâce à la participation d'un archéologue de vingt-quatre ans, l'Abbé Breuil, qui s'assure là le soutien financier définitif du Prince Albert de Monaco[44], un ami de Salomon Reinach[45], l'authenticité de l'art pariétal est enfin reconnue.
En janvier 1903, Georges Perrot l'appelle à partager avec son fidèle ami Edmond Pottier le poste de directeur de publication de ce qui est aujourd'hui l'un des plus anciens périodiques scientifiques français, la Revue archéologique. Tout en apportant ses propres articles, il prend personnellement en charge le développement les rubriques Nouvelles, Chronique et Comptes Rendus[1]. Diffuser le savoir, le sortir du domaine réservé des spécialistes et le faire entrer dans le champ de la pluridisciplinarité, mais aussi faire œuvre de vulgarisation est et restera un des moteurs de son action[46].
Parallèlement, il entame la publication de son œuvre majeure, Cultes, mythes et religions[cf. 25], une somme destinée aux érudits dans laquelle il expose les preuves matérielles de la force des mythes et des symboles religieux primitifs à persister à travers de nouvelles formes de cultes, que ce soit chez les Celtes, chez les Grecs ou chez les Romains. L'analyse faite à partir des concepts de totem et de tabou empruntés à un savant anglais, James George Frazer, scandalise les habitudes de la Sorbonne et l'orgueil national[13]. Le phénomène religieux, ce qui sous entend aussi le judaïsme et le christianisme, est analysé comme un animisme plus ou moins évolué instaurant le sacré et ses interdits par un discours opératoire, la magie, qui est un état de la « science non encore laïcisée », et par sa mise en œuvre, le rituel, qui est le sacrifice d'une figure, tel Orphée ou Actéon, dont la fonction est fondamentalement totémique.
Enseignant à l'occasion à l'École des hautes études sociales[49], Salomon Reinach complète dès 1909 les trois premiers volumes de Cultes, mythes et religions, l'édition fortement révisée de 1923 en comportant cinq, d'un panorama de toutes les religions intitulé Orpheus. Synthèse de six cents pages, dont la moitié est consacrée aux seuls judaïsme et christianisme, il y dégage les principes de l'histoire des religions. La publication lui vaut de se voir reprocher par son assistant au musée de Saint-Germain, Henri Hubert, un élève de Durkheim et condisciple de Marcel Mauss[10], froideur scientifique et simplifications abusives[50]. Ces deux ouvrages seront cités fréquemment par Freud deux ans plus tard dans Totem et tabou.
C'est dans un opuscule publié en Italie que Salomon Reinach décrit par quelques exemples le système de dérivation de sens par lequel le discours sur les objets, transformés en objets de culte, construit les mythes qui alimentent les religions[cf. 26]. Il y voit le même phénomène anthropologique dans la période contemporaine qu'à l'époque archaïque. La même incompréhension populaire fait naître le mythe des murs cyclopéens, des géants qui les auraient construits, et la dévotion à la fontaine de Lourdes[20]. Le culte voué par Bernadette Soubirou et le peuple illettré n'a pas plus à voir avec la conception qu'ont les théologiens de l'Immaculée conception que les croyances des anciens grecs concernant par exemple les supplices subis aux enfers par Tantale ou Sisyphe n'avaient de rapport avec les premiers récits religieux sur ces personnages, présentés originellement comme des héros civilisateurs.
Fort des progrès accomplis en ethnologie par son ami Arnold van Gennep et en sociologie par Émile Durkheim, contemporain dont il admire la profondeur non sans lui reprocher toutefois des préjugés moraux quand, par exemple, celui-ci distingue fonctions conjugales et fonctions parentales, il s'agit pour Salomon Reinach, dans le prolongement de l'Écoles des hautes études, de prendre le relai d'une Société d'anthropologie de Paris sclérosée par des études réduisant l'homme à son anatomie et sa physiologie, ignorante du fait culturel[10]. Il assume le premier mandat de président de l'IFA, statutairement limité à trois années.
Féminisme et pacifisme (1911-1918)
Parallèlement, Salomon Reinach rédige une série de manuels à destination des jeunes filles qui souhaitent entreprendre des études de lettres classiques supérieures mais en sont de fait exclues. C'est sa façon de s'engager dans la féminisation de l'intelligentsia française[13] et ce qu'il appelle la « parthénogogie »[20], littéralement l' « éducation des jeunes filles ».
À partir de juin 1914, il rassemble tout ce qu'il peut trouver sur feue Renée Vivien, « une fille de génie et le plus
grand poète français du XXe siècle »[57], documentation[cf. 27] qu'il déposera, en même temps que ses propres manuscrits, à la Bibliothèque nationale avec instruction de la conserver sub rosa jusqu'au 2 janvier 2000[58].
En 1926, il publie un article sur Jésus dans un ouvrage collectif présentant des points de vue opposés[cf. 30]. La publication intervient au moment où Mussolini, à la suite des Accords de Locarno, entame avec le Vatican la négociation des Accords du Latran et réconcilie ainsi le fascisme, dont l'essence demeure encore largement incomprise, avec l'opinion publique catholique française. Salomon Reinach se prononce en faveur de la thèse, dénigrée par ses détracteurs catholiques sous l'adjectif de « mythiste », qui, avec Paul-Louis Couchoud, sans explicitement nier l'existence historique de Jésus, affirme que l'historien ne peut en pratique rien déterminer de ce que fut ce personnage et que, quel qu'il fût, il a peu à voir avec la personne du Fils de Dieu telle qu'elle est présentée dans le discours religieux des Apôtres.
Sa passion pour l'archéologie non classique l'amène à s'impliquer dans la controverse de Glozel. Il se rend sur place en 1926 et, en 1927, conduit des fouilles. L'examen des strates superficielles, intactes, le convainquent de l'authenticité du site. Il s'oppose ainsi à René Dussaud[61]. Plus qu'une querelle d'experts et de réputations, l'affaire, en connaissant dès 1928 une dérive judiciaire, est une remise en cause de la scientificité des méthodes de datation de l'époque, dont il s'était fait le chantre[cf. 23]. Ses vieux jours s'assombrissent encore plus quand, le 28 octobre 1928, il perd son plus jeune frère, brusquement emporté par une embolie[12] six ans et demi après son frère aîné. Il assume dès lors à sa place une participation au conseil de direction de la Gazette des Beaux-Arts[1].
Diabétique depuis l'âge de cinquante ans et insomniaque ruinant sa santé par ses travaux sédentaires depuis l'adolescence[13], souffrant d'artérite au point de ne plus se déplacer depuis avril 1932 qu'en fauteuil roulant, refusant les thérapeutiques innovantes proposées, Salomon Reinach demande à regret sa mise à la retraite pour le 1er janvier 1933[1]. Deux mois avant cette date, il meurt des suites d'une pneumonie[1] 16, avenue Victor-Hugo[62], actuelle avenue Robert-Schuman à Boulogne, près de Paris, dans une vaste villa du parc des Princes appelée l'Étrier et située à l'angle de la rue du Châlet[63], voie qui porte aujourd'hui son nom, où, voisin du peintre Jules de Gaultier et du sculpteur Joseph Bernard puis du pastorienRené Dujarric, il habitait non loin de son jeune ami Paul Landowski[20].
Il est inhumé dans le carré juif du cimetière de Montmartre. Conformément à sa volonté expresse et contrairment à l'usage, cette inhumation a lieu sans discours[1].
Elle aussi malade, son épouse et collaboratrice, le rejoint deux mois plus tard[13].
Par son testament, il lègue sa bibliothèque personnelle à l'université de Lyon, ville qui donne en 1934 son nom à une des rues du quartier de la Guillotière, à proximité de l'actuel campus des quais de l'université Jean-Moulin-Lyon-III (palais de l'Université).
Titres de Salomon Reinach à sa mort
Titres de Salomon Reinach à sa mort
Membre avant 1897 de sociétés savantes étrangères[1]
L'anthropologie des religions selon Salomon Reinach
La religion comme jeu de symboles
Philologue qui a choisi de se confronter aux tanagras et autres terres cuites grecques pour ainsi dire les faire parler, Salomon Reinach défend que mythes et religions, « maladie du langage », ne relèvent pas de la Tradition dont ils se soutiennent mais d'un contresens culturel. Ils sont en effet plus que les traces d'un passé rémanent ou le souvenir dégénéré d'une histoire, mais des fables du présent construites, par métonymie et métaphore[65], dans le but de réaménager la notion de péché[66] et de redonner, dans ce nouveau contexte moral, un sens magique aux objets d'art et aux discours reçus en héritage dont la significationrituelle, a été perdue ou est incomprise[20]. L'histoire d'une religion ne se fait donc pas tant par la confrontation du récit d'un passé qu'elle revendique aux preuves archéologiques que par le déchiffrage des symboles qu'elle utilise pour structurer la société qui la pratique.
Mythe d'un classicisme
En insistant sur la rémanence des symboles du sacré et partant sur les causes intrinsèques aux sociétés de l'évolution des religions, Salomon Reinach renvoie au rang de mythe les fondements historiques que celles-ci se donnent et bouscule la vision de l'origine orientale de la civilisation occidentale, en particulier du christianisme, ce qu'il appelle « le mirage oriental »[cf. 22].
Bibliothèque des monuments figurés grecs et romains, vol. III "Antiquités du Bosphore cimmérien rééditées avec un commentaire nouveau et un index général des Comptes Rendus", 1892.
Bibliothèque des monuments figurés grecs et romains, vol. IV "Pierres gravées des collections Malhorough et d'Orléans", 1895.
Bibliothèque archéologique.
La Sculpture en Europe avant les influences gréco-romaines, 1896.
Chroniques d'Orient, fouilles et découvertes de 1883 à 1890., Didot, Paris, 1891.
Chroniques d'Orient - Documents sur les fouilles et découvertes dans l'Orient hellénique de 1891 à 1895, 2e série., Didot, Paris, 1896.
Répertoire de la statuaire grecque et romaine, Leroux, Paris, 6 vol., 1897, 1898... 1930.
Répertoire des vases peints grecs et étrusques, Leroux, Paris, Vol. I, 1899, Vol. II, 1900.
Hervé Duchêne, « Salomon Reinach devant les hommes et les religions », in S. Reinach, Cultes, mythes et religions. Extraits., Robert Laffont, Paris, 1996.
dont 1000 tirés-à-part numérisés, plus de 6000 tirés-à-part et autres documents, consultables en ligne et téléchargeables, adressés à Salomon Reinach par des savants du monde entier.
↑ abcdefghijkl et mH. Duchêne, « REINACH, Salomon », in Ph. Sénéchal & C. Barbillon, Dictionnaire critique des historiens de l’art actifs en France de la Révolution à la Première Guerre mondiale, INHA, Paris, 4 mars 2009.
↑ a et bHenri Duchêne, « Histoire vraie de fausses terres cuites. À propos des groupes dits d'Asie Mineure », in dir. Henri Duchêne, Vrais ou faux de l'Antiquité classique ?, Dossiers archéologie et science des origines, no 312, p. 24-29, avril 2006.
↑Henri Duchêne, « De Délos à Carthage, ou comment Salomon Reinach devint africain », in Journal des savants, p. 307-345, Paris, décembre 2006 (ISSN0021-8103).
↑A. Rodrigue, « Les totems, les tabous et les Juifs : Salomon Reinach et la politique universitaire dans la France fin-de-siècle. », in Les Cahiers du judaïsme, no 16, p. 105–118, L'Éclat, Paris, 2004 (ISSN1029-8878).
↑ a et bH. Bellet, « Un travail d'orfèvre », in suppl. Idées, p. 1, Le Monde, Paris, 16 juillet 2016.
↑ ab et cH. Bellet, « Un travail d'orfèvre », in suppl. Idées, p. 4, Le Monde, Paris, 16 juillet 2016.
↑ a et bH. Duchêne, « Nous n'étions pourtant pas si bêtes de croire à la tiare ! Edmond Pottier, Salomon Reinach : deux amis dans la tourmente », in Journal des savants, no 1, Paris, juin 2005 (ISSN0021-8103).
↑H. Aron, L. Dreyfus Brisac, N. Leven & S. Reinach, Circulaire, Alliance Israélite Universelle, Paris, 14 novembre 1902, cité in J. Bidegain, Le Grand-Orient de France, ses doctrines et ses actes., p. 261-276, Libraire antisémite, Paris, 1905.
↑ a et bH. Delassus, La conjuration antichrétienne. Le Temple Maçonnique voulant s'élever sur les ruines de l'Église Catholique., p. 309, Desclée, De Brouwer & cie., Lille, novembre 1910.
↑« Rue Salomon Reinach », in E. Couratier, Les rues de Boulogne-Billancourt, Société historique de Boulogne-Billancourt, Boulogne-Billancourt, 1962 (dépôt Archives municipales).
↑Wilhelm Freund, Triennium philologicum oder Grundzüge der philologischen Wissenschaften, Leipzig, 1874–1876.
↑S. Reinach, Manuel de philologie classique, Hachette, Paris, 1880.
↑S. Reinach, Manuel de philologie classique, vol. I, Hachette, Paris, 1883. S. Reinach, Manuel de philologie classique, vol. II, Hachette, Paris, 1884.
↑Ch. Tissot, Géographie comparée de la province romaine d'Afrique, "Exploration scientifique de la Tunisie" vol.I, partie I, Imprimerie nationale, Paris, 1884.
↑S. Reinach, « Nécrologie de Charles Tissot », in Biographisches Jahrbuch für Alterthumskunde, 1884.
↑S. Reinach, « Instructions pour la recherche des antiquités en Tunisie », in Ch. Tissot, Fastes de la province romaine d'Afrique, 1885, S. Reinach, « Notice biographique de Tissot », in Ch. Tissot, Fastes de la province romaine d'Afrique, 1885.
↑A. Bertrand, Études de mythologie et d'archéologie grecques d'Athènes à Argos, Ch. Calet & cie., Rennes, 1858. A. Bertrand, De fabulis Arcadiae antiquissimis, Pillet, Paris, 1859.
↑H. Ch. Lea, trad. S. Reinach, Histoire de l'Inquisition au Moyen Âge, Société nouvelle de librairie, Paris, 1900-1901, rééd. Robert Laffont, Paris, 2005.
↑A. H. Ginsberg, « Servitude dans la liberté », A. H. Ginsberg, « Degrés de la conscience nationale », cité in D. Charbit, Sionismes: Textes fondamentaux, p. 61–72 & p. 118–126, Albin Michel, Paris, 1998.
↑S. Reinach, « La science caporalisée », in Le Figaro, cité in G. Petit & M. Leudet, préf. P. Deschanel, Les Allemands et la science, p. 325, F. Alcan, Paris, 1916.