Émile Vandervelde est le fils d'Adèle Cardon et de Joseph Émile Vandervelde, un membre progressiste du barreau de Bruxelles. Le 15 février 1901, il épouse à Londres Charlotte Speyer (aussi surnommée Laïla) et, après en avoir divorcé, se remarie en 1927 avec Jeanne Beeckman à Paris. Vandervelde et sa première épouse étaient issus de milieux aisés.
Il fait des études secondaires aux Athénées d'Ixelles et de Bruxelles. En 1881, il s'inscrit en droit à l'Université libre de Bruxelles où il sympathise avec les idées du Parti libéral[4]. En 1885, il obtient son diplôme en droit et, en 1888, celui de docteur en sciences sociales. En 1892, il est docteur en économie politique[5].
Carrière politique
Il adhère au Parti ouvrier belge (POB) dès sa fondation en 1884, alors qu'il est encore étudiant et s'affilie à la Ligue ouvrière d'Ixelles. Dix ans plus tard, alors qu'il vient d'entamer sa carrière parlementaire, c'est lui qui propose le texte idéologique de base du POB, la Charte de Quaregnon.
Il est un fervent opposant à Léopold II et au pouvoir absolu dont il jouissait au Congo durant les années 1890. Le débat s'intensifia en 1906 et amena à l'annexion du Congo par la Belgique le .
Lors de la Première Guerre mondiale, il approuve la décision de résister à l'armée allemande bien qu'étant socialiste. Il entre dans le gouvernement d'Union sacrée en 1916 [6]. Dès 1916, il devient membre du Conseil des ministres du gouvernement belge en exil en France, à Sainte-Adresse, puis ministre de l'Intendance de 1917 à 1918 jusqu'à la reconquête de territoire occupé, par les troupes belges et les alliés.
Il participe en 1923 à la fondation de l'Internationale ouvrière socialiste, dont il est président jusqu'en 1938 et dont Friedrich Adler est le secrétaire. Son siège se trouva successivement à Londres, Zurich puis Bruxelles à partir de 1935. Il est l'instigateur de la politique de participation délibérée des partis socialistes aux gouvernements de coalition.
En 1933, date de la création de la fonction, il assure la présidence du Parti Ouvrier Belge (P.O.B.) et ce durant les cinq dernières années de sa vie. Ses principaux combats concernent l’instauration du suffrage universel et la démocratie sociale. Du point de vue théorique, il discutera beaucoup sur le rôle de l'État dans une société socialiste.
Il est de nouveau membre du Conseil des ministres de 1935 à 1936, ministre de la Santé publique de 1936 à 1937 dans le cabinet de Paul Van Zeeland. Pendant ces vingt années, les socialistes belges voient aboutir plusieurs des réformes politiques qu’ils avaient appelées de leurs vœux :
le suffrage universel d'une voix par électeur remplaçant l'ancienne formule d'un suffrage universel vicié par le suffrage plural;
la liberté syndicale ;
la journée de 8 heures ;
la pension et l’assurance chômage ;
la loi contre l'alcoolisme, dite « loi Vandervelde ».
La guerre civile espagnole de 1936 à 1939 crée une véritable scission entre deux générations socialistes belges. Henri De Man et Paul-Henri Spaak prônent la neutralité dans le conflit tandis que Vandervelde s'y oppose en dénonçant la menace grandissante du fascisme. À la suite de cela, il finit par démissionner du gouvernement.
Carrière académique et varia
Il est professeur à l’Université libre de Bruxelles. Il collabore au Germinal, journal littéraire, artistique et social, au Mouvement social et à la Revue Rouge.
En 1913, il est nommé membre correspondant de la Classe des Lettres et des Sciences morales et politiques de l'Académie royale de Belgique, puis membre titulaire en 1929 et directeur de sa Classe en 1933.
Ses archives personnelles sont consultables à la bibliothèque et au centre d'archives de l'Institut Émile Vandervelde au boulevard de l'Empereur à Bruxelles. Le réalisateur Henri Storck relate dans Le patron est mort, l'un de ses films militants, l'annonce de sa mort, ses obsèques et l'émotion de la classe ouvrière belge[8].
Il est nommé ministre d'État en août 1914 par le roi Albert Ier. Un monument avec un buste à son effigie, œuvre de Dolf Ledel, a été érigé en 1933 à Anderlecht.
La décadence du capitalisme. Conférence donnée au jeune Barreau de Bruxelles le 7 avril 1892 (1892, réédité en 1902) lire en ligne (traductions : édition italienne La decadanza del capitalismo (1894) et édition néerlandaise Het verval van het Kapitalisme : voordracht Gehouden voor de jonge Balie te Brussel, op 7 April 1892 (1902) lire en ligne)
Parasitisme organique et parasitisme social avec Jean Massart (1893, réédité en 1898) lire en ligne (tradution : édition anglaise Parasitism organic and social (1895) lire en ligne et édition italienne Parassitismo organico e parassitismo sociale (1895))
Le socialisme agricole : Discours prononcé à la Chambre (1896) lire en ligne
L'Évolution industrielle et le collectivisme (1896). Réédité en 2008 sous le titre Le Collectivisme et l'évolution industrielle.
Les lois sociales en Belgique : Discours prononcé le 12 mars 1897 (1897) En ligne: lire en ligne
Le Parti Ouvrier et l'alcool (1897) 4ème édition en ligne (1902): lire en ligne
L'Évolution régressive: en biologie et en sociologie (1897) lire en ligne
La Question agraire en Belgique (1897) lire en ligne
Les noces d'or du socialisme international (1898) lire en ligne
L'Enquête agricole (1898)
Vers le collectivisme (1898) lire en ligne (traduction : édition néerlandaise Naar het collectivism of socialism. Wenken voor den propagandist (1898, réédité en 1902 en ligne)
Le Parti Ouvrier et la religion (1898) lire en ligne
L'influence des villes sur les campagnes: monographies locales La Hulpe (1898)
L'Alcoolisme et le conditions du travail en Belgique (1899)
Le socialisme et la transformation capitaliste de l'agriculture (1899)
L'influence des villes sur les campagnes : la propriété foncière dans les provinces du Luxembourg, de Namur, de la Flandre Orientale et de la Flandre Occidentale; [suivi de] La propriété foncière dans les provinces d'Anvers et de Limbourg (1899)
La Propriété foncière en Belgique (1900) lire en ligne
L'alcoolisme et les conditions du travail: conférence (1900)
Le collectivisme et l'Évolution industrielle (1900)
L'Université nouvelle de Bruxelles: Institut des Hautes Études et Faculté des Sciences sociales (1900)
Collectivism: and industrial evolutionbied (1901)
Pour les Boers: les camps de reconcentration: Discours fait à la Chambre des Représentants le 10 décembre 1901 (1901)
Pour le suffrage universel. Consultation populaire. Discours de Emile Vandervelde et de V. Vandewalle ([1901]) lire en ligne
Voor de boers: De folterkampen: Redevoering uitgesproken in Kamerzitting van 10 December 1901 (1902) lire en ligne
CASANO, Nicoletta, Libres et persécutés. Francs-maçons et laïques italiens en exil pendant le fascisme, Paris, Garnier, 2015, p. 141-148 (ISBN978-2-8124-5143-0)
DELWIT, Pascal, LEPAIGE, Hugues (Eds), Les socialistes et le pouvoir. Gouverner pour réformer, Bruxelles, Editions Labor, 1998.
DENOËL Thierry, Le nouveau dictionnaire des Belges, 2e éd. revue et augm., Bruxelles, Le Cri, 1992, p. 722.