Après la Libération, il séjourne chez Jean Lurçat à Lanzac et travaille avec lui sur quelques-uns de ses cartons. En 1945 également, Robert Wogensky rencontre Denise Majorel, éditrice de son premier carton de tapisserie (Les oiseaux, 1945)[5] et future directrice de la galerie La Demeure où il exposera par la suite. D'octobre 1950 à 1956, il exerce comme professeur à l'École des beaux-arts de Nancy, tout en continuant d'habiter Paris (il vient de s'installer au 45, rue Boissonade[6] où son voisin, qui devient son ami, est Antoni Clavé)[4]. Il conçoit les décors et les costumes pour le Centre dramatique de l'Est, et exécute plusieurs peintures murales (paquebot La Bourdonnais, hôpital Saint-Antoine de Paris), cartons et mosaïques.
En 1962, il rencontre Pierre et Jacqueline Domec, directeurs de la galerie Pierre Domec à Paris, qui exposeront ses toiles au cours des années suivantes, sur les thèmes de L'Eau, du Feu et des Natures vives. Jean Paulhan écrira la préface d'un catalogue et lui demandera, l'année suivante, de dessiner son épée d'Académicien.
Au cours de ces mêmes années, exécute plusieurs cartons pour le Mobilier national (Chant des Étoiles), pour le Centre touristique français de New York (Les Quatre Éléments), pour le ministère de l'Agriculture (Univers végétal), pour l'université de Strasbourg (Cosmos).
En 1990, la ville d'Angers lui commande deux tapisseries destinées à l'hôtel de Ville.
Parallèlement aux réalisations murales, Robert Wogensky n'a cessé de pratiquer la peinture sous toutes ses formes et techniques, aquarelle, encre, acrylique, peinture à l'huile. Se sont succédé les séries des Jardins, des Ombres et silhouettes, des Contemplateurs (exposés à Paris puis à New York), des Paysages imaginaires, des Montagnes et des Murs. Plus récemment ses recherches se sont orientées vers un imaginaire plus abstrait. Pour Lydia Harambourg, « Robert Wogensky suit une trajectoire dont les phases successives ont construit une œuvre qui n'a d'égale que son éloquence picturale. Le champ de la toile est l'enjeu d'une introspection ouverte sur l'infini, comme un miroir ou une fenêtre »[7].
Georges Coanet, Forêt d'hommes - Poèmes 1958-1960, eaux-fortes originales de Robert Wogensky, Imprimerie de l'Édition artistique, 1962.
Dominique Daguet, D'un autre temps, texte enrichi d'une gravure originale de Robert Wogensky, in Paroles peintes II, Éditions Lazar-Vernet, Paris, 1965.
Robert Wogensky, Dessins pour une épée, 140 exemplaires numérotés dont 20 enrichis d'une gravure originale, dessins préparatoires pour l'épée d'académicien de Jean Paulhan reproduits en sérigraphies, Cahiers bleus, Troyes, 1988.
Jean Paulhan, Les Reboussiers ou le parti du contraire, illustrations de Robert Wogensky, collection « Métempsycoses LIX », Babel Éditions, 1996.
Décors de théâtre
La Mouette d'Anton Tchekov, décors et costumes de Robert Wogensky, Centre dramatique de l'Est, 1954.
« Wogensky a brillamment réussi cette acclimatation de la peinture à la tapisserie. C'est grâce à des panneaux éclairés plus ou moins brutalement, à des graduations subtiles dans les morceaux tissés qu'il creuse le fond du panneau et nous donne l'illusion de s'enfoncer dans un élément fluide. » - Pierre Mazars[19]
« Que ce soient les harmonies en rouge et bleu, ou beige et brun, Wogensky traite toujours cette surface de laine comme un moelleux poème ou même comme une sonate bien fermée. » - Frédéric Mégret[9]
« Robert Wogensky fait ses tapisseries à coups de sabre, ou avec des virgules monumentales, de grandes accolades comme des ailes d'oiseaux géants... Les rythmes se déploient, s'affrontent, s'épousent ou se cassent dans l'espace en d'amples mouvements dynamiques... L'eau, le ciel, le feu, l'oiseau, la terre, l'espace sont les composantes de sa thématique. » - Pierre Cabanne[20]
« Ses compositions en tapisserie chantent la nature dans ses différents éléments : le ciel, les constellations, l'eau et en particulier les oiseaux. Ces derniers sont d'abord traités dans une manière figurative, puis traduits uniquement par le mouvement, en signes graphiques très synthétiques, à la limite du symbole abstrait, en fusion avec les forces de l'air et du ciel. » - Jacques Busse[5]
« Depuis les précédentes peintures de Robert Wogensky, le champ pictural s'est libéré des lignes de force qui le structuraient pour laisser monter une effusion qui sourd en vibrations lumineuses. Une surface qui s'ouvre et repousse toujours plus loin la ligne d'horizon abaissée. Elle ne peut qu'être l'espace chromatique sur lequel les bleus, les verts, les terres, ocres brunes et claires, célèbrent les épousailles de la terre et du ciel, de l'eau glauque et du rivage, du crépuscule et de la clarté du sable roux, de la lagune et de son rivage indéfiniment repris. La présence impalpable, mais dense, de la réalité prise dans les rets de la matière suggère une tactilité charnelle. La surface est une peau vibrante, un réceptacle aux éblouissements colorés de la matière. » - Lydia Harambourg[11]
↑Le nom de famille des deux frères est orthographié différemment. Voir les catalogues de bibliothèques (ABES, British Library…).
↑ ab et cLes Muses, encyclopédie des arts, Grange Batelière, 1974, tome 15, pages 5044-5048.
↑ a et bJacques Busse, Dictionnaire Bénézit, Gründ, 1999, tome 14, pages 682-683.
↑ a et b Pierre Descargues (préface), Premier Salon des Jeunes Peintres - Catalogue, éditions de la Galerie Beaux-Arts, 140, Faubourg Saint-Honoré, Paris, janvier 1950.
↑Lydia Harambourg, « Robert Wogensky », citée par La Cadière d'Azur - bulletin municipal d'information, janvier 2016.
Guy Weelen, Oiseaux solaires, oiseaux marins - Tapisseries de Robert Wogensky, Éditions de la galerie La Demeure, 1970.
Grande encyclopédie Larousse, voir le mot « Tapisserie » en page 13.307, Larousse, 1971.
Les muses, encyclopédie des arts, tome 15, Grange Batelière, Paris, 1974.
Collectif, Marta Pan : sculpture ; André Wogenscky : architecture ; Robert Wogensky : tapisseries : Musée des beaux-arts, Lyon, 1974 (exposition), musée des beaux-arts, Lyon, 1974.
Dictionnaire universel de la peinture, Le Robert, 1975.
Robert Wogensky, l'œuvre tissé, Éditions du Musée départemental de la tapisserie/ACL Crocus, 1989.
ouvrage collectif, Wogensky, Éditions du musée Jean-Lurçat et de la tapisserie contemporaine, 1989.
Patrick-F. Barrer, L'histoire du Salon d'automne de 1903 à nos jours, Éditions Arts et Images du Monde, 1992.
Pierre Cabanne, Robert Wogensjy, Éditions de la galerie Arlette Gimaray, Paris, 1995.
Emmanuel Bénézit, Dictionnaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs, Gründ, 1999.