Michel est le fils de Robert Serrault, d'abord représentant (en soieries puis en cartes postales) le jour et contrôleur au théâtre de l'Ambigu-Comique la nuit, et d'Adeline Foulon[3],[4].
Au début de la Seconde Guerre mondiale en , sa mère envoie Michel à Argentat en Corrèze, ainsi que ses deux frères Raoul et Guy[5], et sa sœur Denise.
Issu d'une « famille très simple de tradition chrétienne », il devient enfant de chœur dans l'église de ce village où il découvre la théâtralité de la cérémonie religieuse. Il côtoie aussi la mort lors du sacrement de l'extrême onction et des funérailles religieuses[6].
Portant en lui le germe d'une foi naissante, il annonce en à sa mère vouloir devenir prêtre. En , il entre au petit séminaire de Conflans à Charenton-le-Pont. Dès cette époque, il proclame avoir deux passions, « faire rire et [s]'occuper de Dieu[7] ». Il dira cependant plus tard qu'il n'aurait pas aimé le vœu de chasteté[8]. Au bout de deux ans de séminaire marqués par une vie austére, le père Modeste Van Hamme, son directeur spirituel, l'oriente vers le métier de comédien, considérant qu'il servirait mieux le Seigneur dans ce domaine[9].
Malgré cette réorientation, Michel Serrault est par la suite toujours resté un fervent catholique.
Refusé au Conservatoire en 1946, il signe ses premiers contrats de comédien, part en tournée en Allemagne, monte un spectacle de clown avant de faire son service militaire à Dijon en 1948[11].
Dans les années 1950 et 1960, il fait les belles heures des cabaretsparisiens en duo avec Jean Poiret, qu'il rencontre en 1952 à une audition des matinées classiques du Théâtre Sarah-Bernhardt. Ils se font connaître en interprétant ensemble le sketch « Jerry Scott, vedette internationale » dont la première représentation a lieu au cabaret Le Tabou[13] le [14].
Cinéma
Rôles comiques jusqu'en 1972
Âgé de 27 ans, l'acteur débutant interprète en 1954, un surveillant dans l'inquiétante pension du film Les Diaboliques d'Henri-Georges Clouzot ; un rôle sans aucune connotation comique. Mais jusqu'au début des années 1970, il ne tourne que des comédies, le plus souvent dans des seconds rôles. Ainsi, la même année, on le retrouve avec ses comparses de la troupe des Branquignols dans le très populaire Ah ! les belles bacchantes.
Le , sa fille Caroline âgée de dix-neuf ans, meurt brutalement dans un accident automobile[16] ; sa foi religieuse et le fait de continuer à travailler coûte que coûte sauvent le comédien du désespoir[6], comme il le retate dans son autobiographie « Vous avez dit Serrault ? » paru en 2001 aux éditions Florent Massot[17].
L’adaptation de la pièce La Cage aux folles au cinéma représente un succès international[15] ; dès lors, il devient l'un des acteurs français à pouvoir se permettre de tourner à la fois dans des grandes productions et tout autant, des films d’art et essai, souvent plus élitistes.
Claude Miller lui offre le rôle de l'inspecteur, dans Mortelle Randonnée en 1983 où il est confronté à Isabelle Adjani ; il est nommé au César du cinéma, l'année suivante. En 1984 pour Mocky, il incarne un supporter fanatique et effrayant dans À mort l'arbitre.
À partir du milieu des années 1980, Michel Serrault va alterner les rôles légers et dramatiques, jusqu'à la fin de sa carrière en 2007, année où à la télévision, il retrouve le réalisateur Christian de Chalonge pour tourner une adaptation de la pièce classique de Molière, L'Avare (téléfilm, 2007).
Il retrouve le réalisateur Christian de Chalonge pour son film Docteur Petiot (1990), où il incarne le maléfique médecin tueur en série. En 1995, dans Nelly et Monsieur Arnaud, le film testament de Claude Sautet, joue le rôle d'un magistrat retraité, désenchanté, solitaire et mélancolique, qui sollicite les services d'une jeune femme délaissée pour rédiger ses mémoires. Cette prestation, unanimement reconnue comme l'une de ses compositions les plus abouties, lui permet de remporter un ultime César en 1996.
En 1999, dans Le Monde de Marty de Denis Bardiau, il tient le rôle d'un vieillard atteint de la maladie d'Alzheimer, dont le commentaire en voix off narre le récit de son amitié naissante avec un jeune garçon atteint de leucémie. Il retrouve à nouveau Bertrand Blier pour Les Acteurs en 2000, où comme presque tout le reste de la distribution, il interprète son propre rôle.
Peu de temps avant sa mort, il se rend aux obsèques de Jean-Claude Brialy, à Paris.
À cette époque, il met la dernière main à un ouvrage dans lequel il raconte ses souvenirs, en se retournant sur sa carrière éclectique. Cette autobiographie intitulée À bientôt paraît le chez Oh ! Éditions. Chrétien catholique animé d'une foi profonde, il a envisagé de porter à l'écran la vie de Guillaume Pouget, prêtre lazariste qu'il a toujours admiré[24],[25].
« Homme au physique de monsieur-tout-le-monde et au caractère fougueux, cabotin, provocateur, franc et chaleureux », il a joué dans 135 longs métrages[26].
Mort et funérailles
Il meurt dans sa propriété du Val la Reine[27] à Vasouy le , à l’âge de 79 ans, des suites d’un cancer[28], alors qu'il souffre depuis plusieurs années d'une maladie rare, la polychondrite chronique atrophiante, produisant notamment une déformation visible de son nez[29],[6].
Le , de nombreux amis du monde du cinéma et du théâtre et quelques officiels assistent à ses obsèques dans l'église Sainte-Catherine de Honfleur[30], située à proximité de sa résidence secondaire.
Michel Serrault fait la connaissance de Juanita Saint-Peyron (née le ), dite « Nita », au conservatoire Maubel à Paris, alors qu'il suit des cours de comédie. Il l'épouse le , avec pour témoins Jean Poiret et Françoise Dorin. Ils ont deux filles : Caroline, née le à Neuilly-sur-Seine et morte le dans la même ville dans un accident de voiture à dix-neuf ans, et Nathalie, née en 1962.
Juanita, morte le , aura été jusqu'à la fin, l'amour de sa vie.
Autobiographie
Il publie trois ans avant sa mort le récit autobiographique, Vous avez dit Serrault ? et le journal personnel Les Pieds dans le plat !, dans lequel il fait part des remarques, pensées et critiques qui s'offrent à son regard de comédien et de chrétien.
Dans son autobiographie, il explique combien la foi catholique a marqué son existence et a donné un sens à sa vie.
1955 : Les interviews de Jean Poiret et Michel Serrault no 1 : Jerry Scott, vedette internationale
1955 : Jean Poiret et Michel Serrault dans leurs interviews no 2 : Stéphane Brineville, prix littéraire
1955 : Les interviews de Jean Poiret et Michel Serrault 3 : Le Salon De L'Homme (1re Partie) - Hommes A Vendre "Épiciers, Magistrats Généraux, Intellectuels" / Le Salon De L'Homme (Suite Et Fin) "Fonctionnaires, Spécimens Internationaux Et Français Moyens" / Si Versailles M’était "Critiqué" (Impressions D'un Critique Sur Le Film De M. Sacha Guitry)
1955 : Clément de Laprade, explorateur
1956 : Les embarras de Paris
1956 : Voyage en Corrèze
1957 ; Les 45 tours de Monsieur Petit Lagrelèche
1958 : Monsieur Petit Lagrelèche, parlementaire
1960 : Le Président : Interview du Président Auguste Braquillet
↑Michel Serrault, Les pieds dans le plat : journal 2003-2004, Paris, Oh! Editions, , 144 p. (ISBN978-2-915056-07-5 et 2-915056-07-2), Page 44-46 passage intitulé "30 mai 2003".