La polychondrite atrophiante, aussi désignée polychondrite chronique atrophiante ou polychondrite récidivante, est une connectivite rare, caractérisée par l'inflammation récidivante des cartilages (tels nez, oreilles, larynx, trachée) et évoluant par poussées entrecoupées d'accalmies.
Elle survient habituellement chez l'adulte d'âge moyen, mais peut survenir à tout âge (des formes pédiatriques sont rapportées)[2]. La prédominance féminine est peu marquée.
Signes cliniques
L'acteur Michel Serrault souffrait de cette maladie, son nez présentait une déformation dite « en selle » ou en « pied de marmite ».
Le pavillon de l'oreille est le plus souvent atteint, de manière spécifique. Il existe lors des poussées une tuméfaction violacée, chaude et douloureuse, uni ou bilatérale. Le lobule, non cartilagineux, est indemne. La maladie peut évoluer vers le stade d'atrophie cartilagineuse, donnant un lobe lisse et flasque.
Le nez est aussi souvent enflammé, tuméfié, et au stade d'atrophie déformé « en selle » ou en « pied de marmite »[3], déformation perceptible chez l'acteur Michel Serrault[4].
L'arbre respiratoire est moins souvent atteint, mais la trachéobronchite peut être sévère. L'atteinte du larynx donne une aphonie et une toux caractéristique. Il existe une dyspnée obstructive qui peut déboucher sur une insuffisance respiratoire aiguë sévère.
Les cartilages costaux enflammés donnent des douleurs pariétales responsables d'errances diagnostiques.
Les articulations peuvent être touchées, indépendamment des poussées. Arthrites non destructrices, de topographie et d'évolution inhabituelles.
Le système audiovestibulaire peut être atteint sous forme d'une surdité de perception, uni- ou bilatérale, plus ou moins intense et généralement peu régressive. Les vertiges labyrinthiques sont de meilleur pronostic.
Les yeux sont fréquemment atteints, mais pas toujours de manière sévère, sous forme de sclérite, épisclérite, conjonctivite ou uvéite.
Le système cardiovasculaire est susceptible de souffrir de valvulopathies, de troubles du rythme et de la conduction, d'anévrismes artériels et de sténoses des gros troncs cartilagineux.
Un grand syndrome inflammatoire accompagne habituellement les poussées.
Il n'y a pas en général d'anticorps antinucléaires, mais il peut y avoir un facteur rhumatoïde, qui ne doit pas nous égarer vers une polyarthrite rhumatoïde. Des anticorps anti-collagène de type 2 peuvent être retrouvés[5].
À noter une association possible, non fortuite, à un tableau de dysmyélopoïèse avec anémie.
Difficultés diagnostiques
La méconnaissance de la maladie et de sa symptomatologie est à l'origine de la plupart des retards de diagnostic de cette affection dont l'abord est essentiellement clinique.
Le seul diagnostic différentiel à envisager en théorie est celui de la granulomatose de Wegener, mais il y a alors des ANCA positifs.
↑JC Starr, N Taneja et GW Brasher, « Relapsing polychondritis following alopecia areata. », Case Reports in Medicine, vol. 2010, , p. 623158 (PMID20672055, PMCID2905706, DOI10.1155/2010/623158)