La princesse Marie d’Orléans naît en exil [1]le à Palerme. Elle est la deuxième fille du duc d'Orléans en exil Louis-Philippe (1773-1850) et de son épouse Marie-Amélie de Bourbon (1782-1866), princesse des Deux-Siciles.
Revenu en France sous la Restauration et ayant reçu le prédicat « Altesse Royale », le duc d'Orléans est proclamé Roi des Français après la Révolution de 1830 et le départ pour l'exil des membres de la branche aînée de la famille royale.
Toutefois, à la suite des troubles insurrectionnels qui touchent la France en , la cour de Naples exige que la princesse reçoive immédiatement la part de la fortune de la maison d'Orléans qui lui est échue en vertu de la donation-partage faite par Louis-Philippe au profit de ses enfants à la veille de son accession au trône, le [2]. Cette prétention, jugée déraisonnable par Louis-Philippe, fait échouer le projet de mariage.
En 1837, la princesse Marie d'Orléans finit donc par épouser le duc Alexandre de Wurtemberg (1804-1881). Le mariage n'est guère prestigieux et il est en grande partie dû à l'intervention du roi des Belges, oncle du jeune marié et beau-frère de la jeune mariée. La cérémonie a lieu le au Grand Trianon de Versailles[3], que Louis-Philippe a fait restaurer pour son usage personnel. Le mariage civil est célébré par le chancelier Pasquier, le mariage catholique par l'évêque de Versailles et le mariage luthérien par le pasteur Cuvier. Des réceptions sont ensuite données pendant plusieurs jours par le roi et la reine.
En janvier 1838, un incendie [4]dévaste leur maison de Gotha, brûlant ses dessins, et l’obligeant à s’enfuir par grand froid ce qui aggrave ses ennuis de santé.
Le , à Neuilly-sur-Seine, la duchesse Marie de Wurtemberg donne la vie à un fils prénommé Philippe en l'honneur de son grand-père mais se remet mal de cette naissance. Déjà rongée par la tuberculose pulmonaire, elle doit partir pour Pise avec l'espoir que le climat favorisera sa guérison. Son frère, le duc de Nemours, est envoyé auprès d'elle par son père et sa mère et arrive juste avant la mort de la princesse, le . Elle est inhumée dans la chapelle royale de Dreux, nécropole des Orléans, le avant ses vingt-six ans.
Le petit prince de Wurtemberg sera élevé en France au sein de sa famille maternelle. Il est l'ancêtre de l'actuel prétendant au trône de Wurtemberg, Wilhelm de Wurtemberg.
Sculpture
La princesse Marie d'Orléans reçoit une bonne éducation[4] dans le domaine artistique et bénéficie des cours de dessin du peintre Ary Scheffer à partir de 1822.
C’est à partir de 1832 qu’elle se consacre à l’art avec passion car elle est séparée de sa sœur dont elle est très proche. On appellerait cela de l'art thérapie au XXIè siècle car elle était mélancolique. D'une grande imagination, elle débute par le modelage puis travaille surtout sur les sujets historiques et littéraires (Goethe, l’Ahasvérus d’Edgar Quinet, Thomas More ou Schiller). En 1834, Scheffer l’engage à s’initier à la sculpture où son talent éclate.
Marie lit en 1834 la Chronique dite de la Pucelle, qui lui inspire Jeanne d’Arc à cheval pleurant à la vue d’un blessé. En 1835, répondant à une commande [4]de son père, elle propose une statue en pied de Jeanne d’Arc pour les Galeries de Versailles. Après s’être soigneusement documentée, Marie conçoit une guerrière en armure dans le recueillement de la prière. Cette interprétation remporte un tel succès qu'elle est largement répliquée [1]et adaptée en petits bronzes d’édition[5].
Elle est douée d'un talent artistique reconnu qui l'impose comme la première sculptrice romantique française. Elle utilise talent et notoriété pour faire du mécénat[1].
Du au , le musée du Louvre à Paris lui a consacré la première exposition majeure de ses œuvres et de ses effets personnels. Elle a été complétée par une autre au musée Condé à Chantilly[7].
Collectif sous la direction d'Anne Dion-Tenenbaum, Marie d'Orléans, 1813-1839, Princesse et artiste romantique, Somogy, Paris, 2008 (ISBN2-7572-0165-4).
Bastien Coulon, « Une visite nocturne dans la galerie de pierre : Auguste Vinchon ou les deux histoires du musée Louis-Philippe », Bulletin du Centre de recherche du château de Versailles, (ISSN1958-9271, DOI10.4000/crcv.21524, lire en ligne).