Résistant durant la Seconde Guerre mondiale, il s'engage en politique dans le mouvement gaulliste et est député de 1958 à 1981. Il est principalement connu pour avoir défendu la loi Neuwirth pour l'autorisation de l'utilisation de la contraception orale en 1967, qui lui a valu d'être surnommé « Lulu la pilule ». Par la suite, il devient sénateur et s'intéresse à la prise en charge de la fin de vie.
Biographie
Famille et études
Lucien Neuwirth est le fils de Natan « Nesamel » Neuwirth (1897-1978), fourreur dans plusieurs capitales européennes puis à Saint-Étienne, naturalisé français en 1923 et de Gabrielle Blachon (1897-1987)[1],[2].
Le 18 juin 1940, âgé de seize ans, il est à Yssingeaux lorsqu'il entend par hasard l'appel du général de Gaulle à la radio. « Ce qu'il disait, c'était ce que je pensais », affirmera plus tard Lucien Neuwirth[4]. Rentré à Saint-Étienne, il organise un groupe de jeunes amis convaincus comme lui qu'il faut résister, rencontre Jean Nocher, alors journaliste au journal La Tribune de Saint-Étienne. C'est autour de Jean Nocher que va se constituer le groupe Espoir et s’organiser la publication du journal clandestin du même nom. En 1942, les arrestations de résistants ayant commencé, il dit à sa mère son intention de partir pour Londres : elle l'approuve. Il s'engage dans les Forces françaises libres, rejoint les parachutistes SAS français, atterrit en planeur en Bretagne début , et part vers la Loire en jeep (opération Spencer). Il combat en Belgique (opération Franklin, hiver 1944) puis est parachuté aux Pays-Bas (opération Amherst, ) où il est fait prisonnier et fusillé. Par chance, il survit miraculeusement au peloton d'exécution, sauvé par son portefeuille laissé dans sa poche gauche, qui arrête la balle qui allait droit à son cœur. Blessé et recouvert par le corps d'un de ses camarades, il survit.
Le , il fonde l'Association des parachutistes de la Loire, actuellement Centre École de parachutisme Saint-Étienne Saint-Galmier, dont il fut le président jusqu'en 1953.
Début de la Ve République et dépénalisation de la contraception en 1967
En , il découvre la contraception à Londres. Alors qu'il va avoir une relation sexuelle dans Hyde Park avec une Irlandaise de la Women's Army Corps, cette dernière lui tend un contraceptif effervescent. C'est à cette occasion qu'il découvre que les préservatifs et les spermicides sont en vente libre en Angleterre[6].
En 1957, il fait la connaissance du mouvement « Maternité heureuse ». Dans le cadre de ses activités de responsable de la commission d’assistance judiciaire que lui avait confiées en 1947 Alexandre de Fraissinette, maire de Saint-Étienne, il avait déjà été sensibilisé à la détresse des femmes subissant des grossesses non désirées[7]. Il se promet, dès cette époque, d'abroger la loi de 1920 criminalisant la propagande anticonceptionnelle, ce qui lui attire les foudres des conservateurs. Le portail de sa maison est graffité d'« assassin d'enfant », sa fille de treize ans est priée de quitter l'établissement privé religieux où elle était scolarisée[8]. Dans un paquet recommandé, il reçoit un fœtus avec ce mot : « Salaud, voilà ce que tu as fait ». Il est traité de « fossoyeur de la France »[9].
En 1966, alors député UDR, il rédige avec l'aide de Pierre Simon une proposition de loi dépénalisant la contraception et la dépose en mai de cette année[7]. Il tente de rassembler autour de lui d'autres députés gaullistes favorables à l'abrogation, mais la majorité y est violemment hostile. C'est Marie-Claude Vaillant-Couturier, camarade de résistance, qui lui gagne le soutien de députés communistes. Le , il est interrogé à la télévision par Pierre Dumayet sur son livre Dossier de la pilule. Cette interview lui permet d'expliquer sa proposition de loi relative à la régulation des naissances, à l'autorisation et à la libéralisation du recours à la contraception.
De 1958 à 1962, il est secrétaire général du groupe UNR puis questeur de l'Assemblée nationale de 1962 à 1975, il devient secrétaire général-adjoint de l'UDR en . Il se présente sans succès aux élections municipales de Saint-Étienne en 1965 et en 1971 face à Michel Durafour.
En 1976, il est président de l’Amicale parlementaire des PME. La même année, il fonde avec Marie-Andrée Lagroua Weill-Hallé le Comité national pour la régulation des naissances[8].
Il fut marié en premières noces à Marinette Didier (décédée le au centre Léon-Bérard à Lyon), avec qui il a eu une fille Gabrielle Neuwirth épouse Dallara (décédée le à l'âge de cinquante-deux ans). Il sera très marqué par la mort de sa fille.