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José Benazeraf est un réalisateur, scénariste et producteur de cinéma français né le 8 janvier 1922 à Casablanca, au Maroc, mort le 1er décembre 2012[1],[2] à Chiclana de la Frontera, près de Cadix, dans le Sud de l'Espagne[3],[4]
Cinéaste indépendant, aventurier du cinéma, José Benazeraf produit presque tous ses films. Il lui arrive même, dans le pire des cas, faute de distributeur, de les distribuer lui-même, soit directement avec l'exploitant, Henri Boublil, propriétaire de nombreux cinémas dont le Midi-Minuit[5], et Le Méry, à Paris, soit, plus insolite encore, en louant des théâtres de prestige[6].
Il voit le jour en 1922 à Casablanca dans une famille bourgeoise. Son père est espagnol et sa mère portugaise ; tous deux sont juifs. Adolescent, il lit jusqu'à trois livres par jour. Il participe ponctuellement à la guerre d'Espagne avant de se rendre en Angleterre et en Amérique[7].
Au début des années 40, il étudie au Centre d’études politiques et administratives de l'université d’Alger. En 1945, il échoue au concours de l'Institut d'études politiques de Paris. Il s'est enrichi grâce au négoce de matières premières.
De passage à Paris en 1957 pour acheter du coton pour les filets qu'il vend en Afrique, il achète les droits d’utilisation cinématographique des Lavandières du Portugal, une chanson populaire sortie en 1955. Il trouve alors les coordonnées du PDG de Pathé dans l'annuaire et lui propose d'en produire l'adaptation cinématographique[7]. Il se lance dans le cinéma, sans rien y connaître. Les Lavandières du Portugal sort la même année, film de Pierre Gaspard-Huit, que devait réaliser Dimitri Kirsanoff, grand cinéaste du cinéma muet, qui meurt dans le bureau de Benazeraf[8]. Le film est un succès.
Partageant, quelques années plus tard, un bureau avec le producteur Georges de Beauregard[9], Benazeraf voit défiler dans leur bureau commun toute la Nouvelle vague à venir, Claude Chabrol dont il essaie de sortir les deux premiers films ne trouvant pas de distributeur, Paul Gégauff, Jacques Demy, Jean-Luc Godard, Philippe de Broca, etc. Il fait une apparition dans À bout de souffle de Jean-Luc Godard dans une scène avec Belmondo, et prête pour le film sa Thunderbird[10],[11] blanche à deux places, que Poiccard (Belmondo) vole dans le film.
José Benazeraf passe à la réalisation en 1962, après avoir produit Yves Allégret et le dernier film d'Edmond T. Greville. Au fil du temps, les films deviendront de plus en plus explicites, jusqu'au moment où le cinéaste signera des films délibérément pornographiques (à partir du milieu des années 1970). Il a également exploité des scénarios appartenant à la nazisploitation pour y apporter un « plus » pornographique comme Bordel SS (1978).
Quelques grands films à son actif, dont Les Premières Lueurs de l'aube, tourné à Hambourg, en 1967, polar urbain d'une beauté glacée[12], retitré Plaisirs pervers pour sa sortie au cinéma Midi-Minuit, boulevard Poissonnière.
Metteur en scène iconoclaste, qui réalisait ses films à la vitesse de la lumière, personnage dérangeant, qui osa souvent mêler politique et érotisme[13], il a encouru les foudres de la censure. De Henri Langlois à Dominique Païni, il fera plus tard le bonheur des directeurs de la Cinémathèque française qui n'ont cessé de lui rendre hommage. Henri Langlois a dit, présentant Le Désirable et le Sublime en avant-première, au Palais de Chaillot : « Les films de José Benazeraf sont comme des rivières qui charrient des pierres et des diamants. »
En 2022, ses filles Josée-Anne et Béatrice ont fait don de toutes les archives de leur père au CNC et ont cédé le catalogue des films à la société LCJ qui ont engagé un programme de restauration-numérisation des films[14].
Un premier ouvrage lui est consacré en 1973, José Benazeraf (collection « Anthologie permanente de l'érotisme au cinéma »), édité par Éric Losfeld, signé Paul-Hervé Mathis et Anna Angel[15],[16],[17].
En 2007, un ouvrage érudit paraît chez Clairac éditeurs, José Benazeraf, la caméra irréductible par Herbert P. Mathese[18]. On y apprend que l'orthographe correcte de son nom est José Benazeraf, sans accent.
S'il faisait lui-même le cadre de ses films, José Benazeraf avait la particularité de s'entourer de grands chefs-opérateurs.
De nombreux films de José Benazeraf sont chroniqués dans le Dictionnaire des films français pornographiques & érotiques 16 et 35 mm publié par Christophe Bier (Serious Publishing, 2011). Seuls les films de cinéma figurent dans cet ouvrage.
C'est après Brantôme 81, son film le plus ambitieux, depuis longtemps, et son film le plus cher, film pour ainsi dire dépourvu de scènes de sexe, qui aurait dû trouver sa place dans les meilleures salles Gaumont ou UGC, et qui ne trouvera de sortie qu'au Japon, que J. Benazeraf enchaînera porno sur porno en vidéo. Brantôme 81 est paradoxalement sorti au Japon avec des inserts érotiques[25].
La plupart ont été tournées en 24 h ; un certain nombre sont sorties en salles, notamment à l'Amsterdam-Saint-Lazare, le cinéma de Georges Combret[26], d'autres ne sont sorties qu'en vhs. Liste non exhaustive.
Fin 2008, huit de ses films sont édités pour la première fois en DVD par K Films[27],[28],[29] : Le Désirable et le Sublime, Joë Caligula - Du suif chez les dabes, Le Concerto de la peur, L'Éternité pour nous, L'Enfer dans la peau (La Nuit la plus longue), L'Enfer sur la plage, Séquences interdites, Brantôme 81 : Vie de dames galantes.
Éditions en DVD de Frustration avec Michel Lemoine, Janine Reynaud, Elisabeth Teissier, en mars 2012, et de Brantôme 81 : Vie de dames galantes en novembre 2012 (LCJ éditions).