Les travaux de la ligne Paris - Strasbourg démarrent en 1846. Le de la même année, la ville de Sarrebourg ouvre une rue de 12 mètres de large (actuelle avenue de France) permettant de relier le centre-ville au site de la future gare. Le 1847, la ville vote un crédit de 60 000 francs sur huit ans pour acquérir prés, maisons et jardins à exproprier en vue de la construction de la gare. Finalement, c'est la commune voisine de Hoff qui obtient l'essentiel des installations. Le pont de chemin de fer sur la Sarre est construit en 1849. La chapelle dite « Ellendekapel », qui se trouvait sur la tracé de la ligne de chemin de fer, fut reconstruite un peu plus loin.
La « station de Sarrebourg » est mise en service le 29 mai 1851 par la Compagnie du chemin de fer de Paris à Strasbourg, lorsqu'elle ouvre à l'exploitation la section de Sarrebourg à Strasbourg. Néanmoins, ce nouveau tronçon, étant isolé et sans relation avec la partie déjà ouverte de la ligne, voit son exploitation cédée, pour un bail de deux ans, à la Compagnie du chemin de fer de Strasbourg à Bâle. Les travaux du dernier tronçon, de Nancy à Sarrebourg, sont menés rapidement permettant une inauguration le 18 juillet 1852 par Louis-Napoléon Bonaparte. Les installations ne sont pas terminées et l'exploitation ne débute officiellement que le [2]. Le premier chef de gare de Sarrebourg est Alexandre Gide.
L'ancienne gare se situait au bout de l'avenue de France ; elle comprenait une grande marquise qui couvrait les quais et les voies. La majeure partie des infrastructures ferroviaires sont situées sur le territoire de la commune de Hoff. En 1854, la ville de Sarrebourg achète à la commune de Hoff les dix hectares sur lesquels s'étendent les installations de la gare.
Entre 1862 et 1863, la gare de Sarrebourg accueille 27 082 voyageurs. Sur la même période, le trafic des marchandises représente 336 119 tonnes pour la grande vitesse et 9 720 510 tonnes pour la petite vitesse.
En 1875, la construction d'une ligne de chemin de fer reliant Sarrebourg à Vallérysthal via Niderviller est envisagée mais le projet est abandonné en 1880.
La gare de Sarrebourg bénéficie de l'éclairage électrique à partir de 1896.
En 1902, un nouveau projet de ligne entre Sarrebourg et Niderviller avec prolongement jusqu'à Walscheid est envisagé sans que cela ne se concrétise.
En 1903, la place de la gare est réaménagée. On parle déjà de la construction d'une nouvelle gare qui devrait être réalisée en même temps que la ligne Sarrebourg (Réding) - Drulingen.
Le bâtiment d'origine a fait l'objet de plusieurs agrandissements. En 1906, on prévoit de construire un local pour les bagages sur la droite du bâtiment voyageurs. Les habitants se demandent quel est l’intérêt de cette extension puisqu'une nouvelle gare est déjà en projet.
Nouvelle gare
De 1910 à 1937
Les travaux de construction de la nouvelle gare débutent en 1911 et nécessitent de dévier le lit de la rivière Sarre. Il est prévu que la nouvelle gare soit achevée en 1915, en même temps que la ligne de Drulingen.
Le pont ferroviaire sur la Sarre, érigé entre 1848 et 1849, est élargi en 1914 passant de deux à douze voies.
Lorsque débute la Première Guerre mondiale, les œuvres brutes de la nouvelle gare sont achevées mais ne peuvent pas encore servir. Les travaux sont arrêtés et ne reprennent qu'en 1916.
Le 17 décembre 1914, le dirigeable « Le Conté » largue 15 obus sur la gare[3].
En 1917, la nouvelle gare, qui n'est pas encore terminée, devient un camp de prisonniers russes et roumains. En février 1918, un train de munitions stationné à Sarrebourg est bombardé par l'aviation française.
La nouvelle gare, avec son bâtiment voyageurs de style néo-classique, est achevée dès la fin de la guerre en 1918. Elle se situe à environ 500 mètres de l'ancienne gare, en direction de Strasbourg. L'ancienne gare se trouvait au PK 431,345 de la ligne de Paris à Strasbourg alors que la nouvelle gare est au PK 431,825.
La nouvelle gare, plus proche du centre-ville, constitue le centre d'un nouveau quartier dont l’aménagement démarre au début des années 1920. La place de la Gare a la forme d'un demi-cercle ; elle est desservie par cinq rues selon un plan symétrique. Une nouvelle poste est construite en face de la gare.
En 1922, un pont métallique de conception Eiffel est érigé au-dessus des voies ferrées afin de supprimer un passage à niveau à proximité de l'ancienne gare. Un nouveau quai de chargement et un quai militaire sont aménagés tandis que le nombre de voies passe de 6 à 24. Le 3 juillet de la même année à 23 h, le train de nuit reliant Strasbourg à Paris déraille en face de la halle à marchandises. L'accident, causé par une vitesse excessive au passage d'un aiguillage, fait quatre morts et trente-sept blessés.
Les fondations de la gare se trouvant sur l'ancien lit de la Sarre, deux pompes à eau (fonctionnant grâce à la vapeur) aspirent l'eau qui ruisselle continuellement au sous-sol. Le système perdure encore au XXIe siècle avec des pompes électriques.
Le 1932, un déraillement entre le quai no 3 et le quai no 4 provoque la mort d'un mécanicien. Comme en 1922, l'accident résulte d'une vitesse excessive (70 km/h au lieu de 40) lors du franchissement d'un aiguillage.
La section de Blainville - Damelevières à Sarrebourg de la ligne Paris - Strasbourg est mise à 4 voies le 1933. Cette section sera remise à double voie entre 1942 et 1943[4].
Le , la SNCF devient concessionnaire des installations ferroviaires sarrebourgeoises. La même année, le bâtiment voyageurs de l'ancienne gare, qui servait encore de gare aux marchandises, est démoli et la SNCF rachète l'ancienne poste impériale pour en faire des logements de fonction.
Le , la gare est témoin du passage d'Adolf Hitler rendant visite au 125e régiment d'infanterie. Au cours de l'hiver 1940, une collision entre un train arrêté à quai et un train démuni de freins cause la mort de plusieurs voyageurs.
Le , le train de déportés no 7909 reliant Compiègne à Dachau (« train de la mort ») marque un arrêt à Sarrebourg[5].
Pour célébrer le centenaire de la ligne Paris - Strasbourg, une exposition de matériel ferroviaire est organisée dans la cour marchandises en 1952.
Dans les années 1960, deux grandes enseignes Bière de Sarrebourg étaient disposées sur le toit du bâtiment voyageurs, côté place de la gare. Elles sont remplacées par des enseignes Ancre dans les années 1970. À cette époque, le bâtiment voyageurs était de couleur blanche. C'est également durant cette période qu'un embranchement est construit pour desservir la nouvelle zone industrielle de Sarrebourg.
En mai 1970, le service voyageurs est fermé sur les lignes Sarrebourg – Abreschviller et La Forge – Vallérysthal-Troisfontaines.
Le 1973, deux trains de marchandises entrent en collision en gare de Sarrebourg à la suite d'une erreur d'aiguillage. L'accident fait deux blessés légers.
En 1974, alors que la signalisation lumineuse est mise en place sur la ligne Paris - Strasbourg, la façade du bâtiment voyageurs est rénovée.
En 1976, le trafic quotidien des gares de Sarrebourg et de Réding est de 43 trains de voyageurs et 110 trains de marchandises. Les deux gares délivrent plus de 600 billets tous les jours et emploient 120 agents.
Pour célébrer les 150 ans du chemin de fer français, Sarrebourg accueille, en 1982, le train du souvenir tracté par la locomotive 150 P 13.
Le 1985, à l'occasion du centenaire du chemin de fer d'Abreschviller, le trafic voyageurs entre Sarrebourg et Abreschviller est exceptionnellement rouvert le temps d'une journée.
En 1986, la quai no 1 est concédé à la ville de Sarrebourg qui entreprend sa transformation en gare routière après la dépose des voies 5 et 7. Auparavant, la gare routière se trouvait à droite du bâtiment voyageurs, au début de la rue Albert-Schweitzer. La nouvelle gare routière est inaugurée le par le député-maire Pierre Messmer et le ministre des Transports Jacques Douffiagues.
La place de la Gare est réaménagée en 1989. Au centre de celle-ci, est installée une fontaine, « La Main », œuvre de Jean Cardot.
Le hall de la gare, le souterrain et les quais sont rénovés en 1990 pour un montant de 10 millions de francs. Quatre fresques réalisées par des artistes de la région — Pierre Lauer, Yves Blin, Clément Stricher et Claude Morin — sont installées dans le hall. L'inauguration se déroule le .
Des travaux de modernisation (nouvel espace de vente, salle d'attente, écrans, mobilier, accès handicapés...) sont réalisés au début des années 2000.
Le , les premiers TGV desservent la gare (circulations alors réalisées uniquement sur la ligne classique Paris – Strasbourg), puis définitivement dès la mise en service de la première phase de la LGV Est le , entrainant la suppression des trains Corail circulant sur la ligne classique. Le temps de parcours vers Paris est réduit à 2 h 15 min. La desserte en TGV est alors assurée par un seul aller-retour quotidien ; en dehors de cette liaison, il est nécessaire d'emprunter un train express régional du réseau TER Lorraine (TER Grand Est depuis 2016) jusqu'à Metz ou Nancy, afin de pouvoir y prendre un TGV.
Les 9 et , les deux postes d'aiguillage mécaniques de Sarrebourg, datant des années 1930, sont remplacés par le poste d'aiguillage informatisé de Réding. L'opération a nécessité la suspension de toutes les circulations du secteur de Sarrebourg - Réding durant 24 heures[7]. À cette occasion, le plan de voies de la gare est modifié ; la voie 3 ainsi que des voies de service sont déposées.
En mai 2014, le poste 2, alors désaffecté, est victime d'un incendie. Il est ensuite détruit. La hall de gare est rénové fin 2014 (peintures, luminaires, mobilier, signalétique).
Les TER 200 reliant Nancy à Bâle sont supprimés au nouveau service horaire du .
À partir du , l'Intercités 100 % Éco reliant Paris-Est à Strasbourg via la ligne classique dessert également Sarrebourg. Ce train est néanmoins supprimé en mai 2019 (dernier jour de circulation le 19)[8].
En 2016, 46 TER et 2 TGV s'arrêtent chaque jour de semaine en gare. Le bâtiment voyageurs comporte une bibliothèque du comité d'établissement de la SNCF et un appartement loué à un ancien cheminot[9].
Depuis le , deux allers-retours TER quotidiens vers Paris sont créés en semaine. Ces trains express régionaux sont assurés par du matériel Corail et empruntent la ligne classique.
Un nouveau pôle multimodal, comportant un arrêt du réseau iSibus, 52 emplacements sécurisés pour les vélos (dont 10 équipés de prises électriques) et un ascenseur permettant l'accès à la gare routière, est inauguré le [10].
La gare aux marchandises — désaffectée dans les années 2000 — se trouvait avenue de France, à l'emplacement de l'ancienne gare. D'une superficie de 16 000 m2, elle comportait notamment une halle à marchandises, une cour de débord avec plusieurs quais de chargement et une grue de transbordement. Une agence du Sernam était présente sur le site. Les bâtiments ainsi que l'ancien poste d'aiguillage no 1 sont démolis au printemps 2019, pour permettre la réalisation d'un parking en surface de 345 places. Le nouveau parking est inauguré le ; l'ancienne grue de transbordement est conservée afin de rappeler le passé du site[11].
Des travaux de mise en accessibilité des quais sont réalisés début 2021. D'un coût de 3,2 millions d'euros, ils comprennent notamment l'installation de trois ascenseurs ainsi que la réfection du quai desservant les voies 6 et 8[12]. La gare routière sera également réaménagée courant 2023. Une voie de bus ainsi qu’un cheminement piétons et vélos, empruntant le pont ferroviaire sur la Sarre, seront réalisés entre la gare routière et le parking faubourg de France (ancienne gare aux marchandises)[13].
Les nouveaux aménagements du parvis de la gare et le parking silo de 204 places sont inaugurés le 7 octobre 2022[14].
Le pont métallique au-dessus des voies, datant de 1922, sera démoli et remplacé par un nouveau pont en 2023 en raison de son état de délabrement avancé[15].
Fréquentation
De 2015 à 2022, selon les estimations de la SNCF, la fréquentation annuelle de la gare s'élève aux nombres indiqués dans le tableau ci-dessous.
Année
2015
2016
2017
2018
2019
2020
2021
2022
2023
Voyageurs
721 389
716 037
728 487
687 339
715 228
495 281
620 016
744 777
850 055
Voyageurs et non voyageurs
901 736
895 047
910 609
859 174
894 035
619 102
775 020
930 972
1 062 569
Dépôt de Sarrebourg
Le premier dépôt est construit entre 1851 et 1852 à côté de l'ancienne gare. Il s'agissait d'une simple remise pour locomotives.
Un nouveau dépôt est érigé vers 1871. Composé d'une rotonde et d'une plaque tournante, il comportait dix voies dont six étaient couvertes. Deux châteaux d'eau en grès des Vosges étaient directement alimentés par la Sarre.
La construction d'un troisième dépôt démarre en 1914, parallèlement au chantier de la nouvelle gare. Les travaux sont rapidement arrêtés par la Première Guerre mondiale et reprennent en 1916 pour s'achever en 1923. L'ancien dépôt est détruit dès 1920. Le nouveau dépôt se trouve route de Sarreguemines, à la bifurcation des lignes vers Strasbourg et Metz. Il comporte une plaque tournante desservant 21 voies dont neuf couvertes.
La cheminée de la rotonde, haute de 40 mètres, est démolie en 1970. Les réservoirs sont démontés en 1975 et le dépôt est définitivement fermé le [17]. La plaque tournante est démontée en 1978. En ruines, la rotonde est finalement démolie en .
Le dernier vestige du dépôt est l'ancien foyer des agents de conduite, désormais désaffecté.
Gare SNCF, elle dispose d'un bâtiment voyageurs, avec guichets, ouvert tous les jours. Elle est équipée d'automates pour l'achat de titres de transport. Des aménagements, équipements et services sont à la disposition des personnes à la mobilité réduite. Un magasin Relay est présent en gare. La gare comprend également des salles d'attente sur les quais. Un passage souterrain permet la traversée des voies et l'accès au hall ainsi qu'à la gare routière.
L'ancien quai no 1 a été transformé en gare routière. L'actuel quai no 1, long de 462 mètres, dessert la voie 1 et anciennement la voie 3, le quai no 2 dessert la voie 2 sur 465 mètres et la voie 4 sur 255 mètres (le bureau du chef de service se trouve sur ce quai) et le quai no 3, long de 263 mètres, les voies 6 et 8.
La gare routière, à l'emplacement de l'ancien quai no 1, est desservie par des autocars TER, des autocars du réseau Fluo Grand Est et des lignes scolaires.
L'arrêt Sarrebourg Gare, situé rue de l'Europe, est desservi par les lignes 1 (Terrasses de la Sarre - Réding) et 2 (ligne circulaire) du service iSibus (réseau de transports en commun de l'agglomération sarrebourgeoise)[18].
Des navettes à destination du Center Parc domaine des Trois Forêts sont proposées au départ de la gare les lundis et vendredis[19].
Des parkings et une station de taxis sont aménagés aux abords de la gare.
Service du fret
La gare de Sarrebourg est ouverte au service du fret pour les trains entiers.
↑François et Maguy Palau, « 1.4 Nancy-Sarrebourg : 12 août 1852 », dans Le rail en France : le second empire (1852 - 1857), tome 1, F. et M. Palau, 1998 (ISBN2-950-94211-3), pp. 23-25.
↑La date du 31 mai 1976 est citée dans le livre Sarrebourg parle de sa gare. Une autre source indique comme date de fermeture le 6 novembre 1976, voir Alsace Lorraine Les dépôts de l'ex AL, page 12, sur le forum LR Presse.
André Linard, Sarrebourg parle de sa gare : Sarrebourg, Moselle, Sarrebourg : Société d'histoire et d'archéologie de Lorraine, impr. 2008, coll. « Documents / Société d'histoire et d'archéologie de Lorraine », 1998 [mis à jour en 2007], 191 p. (ISBN9782909433424).