L'arrivée du chemin de fer à Troyes prend forme le avec la publication de l'ordonnance qui approuve les statuts de la société anonyme dénommée Compagnie du chemin de fer de Montereau à Troyes, repreneuse de la concession adjugée le . Trois projets sont en lice pour l'emplacement de la gare de Troyes : le premier dans le quartier du Ravelin, le deuxième en bordure de la rue Thiers et le troisième de l’autre côté du canal entre les quais Comtes-de-Champagne, la rue Mitantier et la rue Hennequin. Le choix se porte sur le deuxième projet. Les premiers travaux sur la ligne débutent en 1846 ; l'embarcadère de Troyes est terminé en 1847.
Au début du mois de [2], Messieurs Violet et Lemasson, inspecteurs divisionnaires des ponts et chaussées, procèdent à une réception provisoire des travaux du tronçon d'environ 68 km entre Hermé et Troyes. Les inspecteurs, accompagnés des ingénieurs et des directeurs de la compagnie, montent sur une locomotive à la station de Nogent-sur-Seine ; ils effectuent sans encombre le trajet et constatent la qualité de cette section du chemin de fer qui peut être livrée à la circulation, d'autant que le personnel de surveillance et les agents sont prêts à prendre leur poste.
À partir du [3], des trains d'essai vont pouvoir circuler sur ce tronçon avant l'ouverture officielle de l'ensemble de la ligne. À la fin du mois de [4], des essais sont entrepris avec des locomotives seules ou tractant d'importants convois de wagons chargés de matériaux ; ils permettent de conclure à la conformité des installations.
L'inauguration en présence du ministre des Travaux publics a lieu le [5]. Dans son discours, le ministre félicite le conseil d'administration de la compagnie et les entrepreneurs, MM. Seguin, pour la qualité des infrastructures. Le début officiel de l'exploitation de la ligne et de la gare a lieu le lendemain, le [4].
La gare comporte un bâtiment voyageurs en façade, avec une galerie percée au rez-de-chaussée de portes en plein cintre et un corps central avec un étage surmonté d'un fronton avec horloge. Le bâtiment se prolonge par des quais couverts. De chaque côté des voies sont installés les gares marchandises et des ateliers. L'ensemble s'étend jusqu'à la rue Sainte-Jule[6]. En 1853, la compagnie d'origine, en difficulté financière, est reprise par la Compagnie du chemin de fer de Paris à Strasbourg qui devient en 1854 la Compagnie des chemins de fer de l'Est.
Deuxième gare : de passage
La Compagnie de l'Est a pour projet le prolongement de la ligne pour ouvrir une liaison de Paris à Mulhouse, mais la gare terminus de 1847 ne dispose pas de dégagements suffisants pour le passage de cette nouvelle ligne. Le choix se porte sur un site près du réservoir du Ravelin en un point situé en limite des territoires des communes de Troyes et Sainte-Savine. Le nouveau site nécessite d'importants travaux de terrassement qui sont réalisés en 1856 peu après l'incendie qui endommage les combles et la structure de l'ancienne gare en 1855. Toujours en activité, elle est réparée sommairement pour la continuité du service en attendant la construction et l'ouverture de la nouvelle gare (elle deviendra ensuite le collège Pithou[7] de 1861 à 1978, dont les restes sont visibles dans la façade de l'Espace Argence ouvert en 1999[8]).
Les travaux débutent en 1857 ; la section de Troyes à Chaumont est mise en service le [9], comme la gare dont l'achèvement de l'ensemble des infrastructures n'interviendra qu'au printemps de l'année 1858. L'important bâtiment voyageurs, établi parallèlement aux voies et aux deux quais, est d'un style classique pour l'époque, avec un corps central à étage et deux ailes en rez-de-chaussée. La partie centrale abrite la salle des pas perdus et les guichets. La nouvelle gare est un ensemble industriel couvrant une vaste superficie dans laquelle on trouve : un faisceau de voies de service, une gare aux marchandises, des ateliers, des remises pouvant abriter 28 voitures et deux rotondes permettant chacune le garage de 16 locomotives. Pour desservir l'ensemble, deux nouvelles avenues sont réalisées, la première permet d'accéder à la cour des voyageurs et, au sud du réservoir du Ravelin, la seconde à la cour aux marchandises.
De à , la grande halle métallique, couvrant une partie des voies et des quais de la gare, connaît des travaux de restauration ; à cette occasion, son éclairage sera remplacé pour mieux la mettre en valeur. Ce chantier, coûtant 12,5 millions d'euros, est financé et réalisé par SNCF Réseau[10].
Fréquentation
De 2015 à 2022, selon les estimations de la SNCF, la fréquentation annuelle de la gare s'élève aux nombres indiqués dans le tableau ci-dessous[11].
Année
2015
2016
2017
2018
2019
2020
2021
2022
2023
Voyageurs
1 001 917
969 326
1 023 685
967 315
1 008 126
674 479
853 731
1 123 886
1 335 303
Voyageurs et non voyageurs
1 411 151
1 365 247
1 441 810
1 362 416
1 419 897
949 971
1 202 438
1 582 939
1 880 709
Service des voyageurs
Accueil
Gare SNCF, elle dispose d'un bâtiment voyageurs, avec guichet, ouvert tous les jours. Elle est notamment équipée d'une salle d'attente et d'un quai couvert. Une boutique de presse est installée dans le hall[12].
Depuis , les liaisons ex-Intercités (trains en provenance ou à destination de Paris) sont gérées par la région Grand Est, dans le cadre d'un plan de mutation conclu entre l'État et les régions[13]. Elles sont intégrées au réseau TER Grand Est (et sa tarification) en [14]. Ces trains permettent également de relier la ville avec Longueville et Chaumont, ainsi que l'ensemble des gares ferroviaires auboises destinées au trafic voyageurs.
Depuis le , une liaison spéciale entre Paris-Est et les stations thermales des Vosges (Contrexéville et Vittel) est créée par la région Grand Est[15] ; les trains concernés circulent les vendredis, dimanches et jours fériés[12].
Les quais
Vue nocturne.
Le quai no 2.
Partie des quais non protégée par la halle.
Intermodalité
Motrice du tramway de Troyes, qui fonctionna de 1899 à 1950, derrière le monument des Enfants de l'Aube, et, à l'arrière-plan, la gare actuelle.
Gare routière rénovée.
Des parkings sont aménagés à proximité. Une gare routière permet des correspondances avec les cars TER Grand Est, les bus du réseau de l'agglomération troyenne (lignes 1, 4, 5, 6, la Navette étudiante 10, la Navette Cœur de Troyes et le service dominical Train Bus), les autobus des Courriers de l'Aube et les bus régionaux du groupe TranschampagneArdenne. Une station des taxis troyens se trouve également à proximité.
Service des marchandises
Cette gare est ouverte au service du fret[16], y compris pour le service des wagons isolés.
Culture populaire
La Gare de Troyes est le lieu de tournage de plusieurs scènes du film franco-italien réalisé par Georges Lautner, Le Pacha, sorti en 1968.
↑ a et bLivre : Reinhard Douté, Les 400 profils de lignes voyageurs du réseau ferré français, édité par La Vie du Rail en (ISBN978-2-918758-34-1), vol. 1, p. 30.
↑Journal des chemins de fer et des mines, du samedi 5 février 1848, dans Journal des chemins de fer, des mines et des travaux publics, 1848 p. 95 intégral (consulté le 10 juin 2011).
↑Jacques Payen, Bernard Escudié, Jean-Marc Combe, La machine locomotive en France: des origines au milieu du XIXe siècle, CNRS, Centre régional de publication de Lyon, 1988 (ISBN9782222041900) p. 28
↑ a et bJournal des chemins de fer du samedi 1er avril 1848, année 1848, p. 180 intégral
↑Journal des chemins de fer du samedi 15 avril 1848, année 1848, p. 212 intégral
↑Amédée Aufauvre, « Lycée - Chemin de fer de Montereau à Troyes - Chemin de fer de Paris à Mulhouse », dans Troyes et ses environs : guide historique et topographique, Bouquot, 1860, p. 221 intégral (consulté le 10 juin 2011)
↑Site xxi.ac-reims.fr, Un peu d'histoire : Le collège Pierre et François Pithou lire (consulté le 11 juin 2011).
↑Site evene.fr, Espace Argence, « dans la mémoire collective troyenne, ce bâtiment évoque plus volontiers les odeurs de la craie et les plumiers d'encre puisqu'il devint le lycée Pithou en 1858 après avoir été la première gare de Troyes. »lire (consulté le 10 juin 2011).
↑Adolphe Laurent Joanne, Atlas historique et statistique des chemins de fer français, L. Hachette, 1859 p. 31 intégral (consulté le 11 juin 2011).
↑Rail Passion no 260 (), brèves : Bernard Collardey, « Restauration de la halle de la gare de Troyes », p. 8.
Guy Capet, Les 100 gares de l'Aube - Éditions Dominique Guéniot, Langres, .
Guy Capet, L'histoire du chemin de fer dans l'Aube et ses environs, Éditions de La Maison du Boulanger, Troyes, .
Amédée Aufauvre, « Lycée - Chemin de fer de Montereau à Troyes - Chemin de fer de Paris à Mulhouse », dans Troyes et ses environs: guide historique et topographique, Bouquot, 1860, pp. 221-224 (intégral).
Lucien Morel-Payen, La première gare de Troyes. Son inauguration - son incendie 1848-1855, J.L. Paton, Troyes, 1937, 12 pages.
La France des gares, collection Guides Gallimard, Gallimard, 2000 (ISBN978-2742406562).
J.-L. Humbert, « Le temps retrouvé : la Gare », Press'Troyes, no 112, , pp. 18-19.
Maurice Mertens et de Jean-Pierre Malaspina, La légende des Trans Europ Express, éditions LR-Presse, 2007 (ISBN978-2903651459).