Diplômée en français de l’université du Kentucky, Ashley Judd étudie pendant de nombreuses années l'art dramatique. Elle débute sur les planches dans une version de Busted, montée par et mise en scène par Timothy Hutton, et après quelques apparitions dans des séries télévisées, elle décroche un rôle récurrent dans la série dramatique Les Sœurs Reed en 1991, alors que le programme entre dans sa seconde saison. Parallèlement, elle décroche des rôles pour des longs-métrages.
En 1992, elle fait sa première apparition au cinéma aux côtés de Christian Slater dans Kuffs, de Bruce A. Evans. Mais elle est surtout révélée au grand public en 1993 dans le rôle-titre de Ruby in Paradise de Victor Nuñez, qui obtient le grand prix du jury du festival de Sundance 1993. Elle ne reviendra donc que pour 4 épisodes de la quatrième saison des Sœurs Reed, pour se concentrer sur le cinéma. Elle sera remplacée par une autre actrice, Noelle Parker pour la sixième et dernière saison.
En 1995, si ses scènes du thriller culte Tueurs nés, d'Oliver Stone, ne finissent pas dans le montage final, elle s'impose dans le rôle de Felicity, la fille du personnage incarné par Harvey Keitel dans la comédie dramatique Smoke, de Wayne Wang. Et la même année, elle incarne l'un des quelques personnages féminins de l'acclamé polar Heat, de Michael Mann, qui confronte les deux géants italo-américains du cinéma hollywoodien, Al Pacino et Robert De Niro. Judd y incarne l'épouse du personnage joué par Val Kilmer, une autre valeur montante de sa génération. En coulisses, l'actrice fréquente la star De Niro[1]. L'échec du petit thriller Darkly Noon, le jour du châtiment, écrit et réalisé par Philip Ridley, avec Brendan Fraser et Viggo Mortensen, passe inaperçu.
Essor professionnel (années 1990)
L'année 1996 lui permet de confirmer son ascension : elle évolue aux côtés du quatuor de stars réuni par Joel Schumacher pour le polar Le Droit de tuer ? : Sandra Bullock, Matthew McConaughey, Kevin Spacey et Samuel L. Jackson. Cette fois, c'est avec McConaughey qu'elle entretient une relation sentimentale[2]. Elle prête également ses traits à Norma Jean pour les besoins du téléfilm Norma Jean & Marilyn et enfin crève l'écran dans le film noir,souvent sous-estimé, Normal Life de John McNaughton.Elle y joue une resplendissante et amoureuse névrosée,profondement insatisfaite,entraînant son couple vers le tragique. Sans doute son meilleur rôle.
Elle perdra néanmoins le soutien de la critique pour ses rôles suivants, alors qu'elle s'installe dans le registre du polar : en effet, en 1997, si le drame Kansas Blues, de John Patrick Kelley, passe inaperçu, elle connait un large succès commercial avec le thriller Le Collectionneur, de Gary Fleder, face à Morgan Freeman, dans le rôle de l'inspecteur Alex Cross. Le film connaîtra une suite en 2001, toujours avec Freeman, Le Masque de l'araignée (Along came a spider).
Elle revient en 2001 au thriller avec Crimes et Pouvoir, qui lui permet aussi de retrouver Morgan Freeman, sous la direction cette fois de Carl Franklin, un film à suspense dans lequel elle incarne une avocate ayant de sérieux doutes sur le passé de son mari. Parallèlement, elle accepte d'intégrer la distribution du biopic porté par Salma Hayek, Frida. Ce long-métrage réalisé par Julie Taymor lui permet de prêter ses traits à Tina Modotti. Elle accepte aussi un autre rôle de film choral, Les Divins Secrets, écrit et réalisé par Callie Khouri. L'actrice y incarne la version jeune du personnage joué par Ellen Burstyn.
L'année 2006 lui permet de regagner les faveurs de la critique. Elle impressionne d'abord en tête d'affiche du thriller psychologique Bug, réalisé par le maitre William Friedkin, qui est remarqué au Festival de Cannes 2006. Puis elle surprend dans le premier rôle du drame indépendant Come Early Morning, première réalisation acclamée de l'actrice Joey Lauren Adams.
Elle poursuit dans ce registre émotionnel en 2009, en jouant le rôle-titre du mélodrame Helen, écrit et réalisé par Sandra Nettelbeck, puis en rejoignant la distribution de stars déchues du drame indépendant Droit de passage, de Wayne Kramer. L'actrice y évolue aux côtés de Harrison Ford et Ray Liotta. Les critiques sont de nouveau désastreuses. L'actrice va donc clairement changer de registre pour la suite.
En mars 2012, elle tient le premier rôle d'une série télévisée, Missing. Ce projet, qu'elle produit également, lui permet de revenir à son genre de prédilection, le thriller psychologique. Mais la chaîne ABC décide de s'arrêter aux dix épisodes de la première saison.
Parallèlement, elle tente de revenir vers des rôles plus consistants, mais dans des projets qui passent inaperçus : la comédie musicale The Identical, de Dustin Marcellino (2014), ou encore la comédie romantique Big Stone Gap, d'Adriana Trigiani (2015), pour laquelle elle est entourée de Patrick Wilson, Whoopi Goldberg et d'acteurs de séries télévisées. En 2016, elle accepte un second rôle de mère de famille pour le drame indépendant Good Kids, écrit et réalisé par Chris McCoy. La même année, elle renoue enfin avec un projet acclamé par la critique avec Barry, biopic de Vikram Gandhi consacré au passage du président Barack Obama à l'université de Columbia en 1981.
David Lynch la choisit pour intégrer la distribution de la nouvelle saison de sa série culte Twin Peaks, attendue pour début 2017 sur la chaîne Showtime. Elle accepte ensuite de rejoindre la saison 2 d'une autre série, plus confidentielle, Berlin Station[3].
Engagements politiques
Depuis 2003, Ashley Judd parcourt le monde pour venir à la rencontre des populations les plus pauvres et vulnérables de la planète, particulièrement les femmes et les filles les plus démunies, dans le cadre de plus d'une dizaine de missions humanitaires organisées par des associations telles que Population Services International[5]. Comme ambassadrice de YouthAids, elle fonde en janvier 2005 un centre de dépistage du VIH au Cap, en Afrique du Sud[6]. Interrogée en 2010 par CNN sur ses activités bénévoles et militantes, elle témoigne publiquement des conflits en République démocratique du Congo et de la connexion entre les intérêts financiers issus de l'exploitation de minerais qui servent à la fabrication d'appareils électroniques et l'usage du viol comme arme de guerre contre les filles et les femmes congolaises[7].
Elle n'a que 41 ans lorsqu'elle publie avec Maryanne Vollers ses mémoires sous le titre All That Is Bitter and Sweet[8]. En plus de 400 pages, elle y révèle que la raison de ses engagements socio-politiques envers les personnes les plus marginalisées plonge ses racines dans sa propre enfance marquée par la violence, l'abandon et les addictions l'ayant profondément traumatisée, et finalement portée à secourir les autres après être parvenue à la guérison à la suite d'années de thérapie[9]. Cet ouvrage de résilience est alors salué par des personnalités majeures, telles que Gloria Steinem, Madeleine Albright et Desmond Tutu.
L'actrice devient ensuite une figure de la Marche des femmes sur Washington en galvanisant la foule américaine en colère avec son interprétation de Nasty Woman de la jeune poétesse Nina Donovan, en 2017[10].
Dans une plainte déposée en avril 2018, Ashley Judd affirme alors qu'Harvey Weinstein a anéanti ses chances d'apparaître dans la trilogie de films Le Seigneur des anneaux, en disant au réalisateur et à son équipe que travailler avec la comédienne était "un cauchemar". Des affirmations que le réalisateur Peter Jackson a publiquement confirmées dans des interviews. Selon elle, Harvey Weinstein aurait fait cela pour la punir d'avoir rejeté ses avances sexuelles en 1997[11].
Ainsi impliquée dans les mouvements #MeToo et Time's Up[12], elle devient à Paris, en novembre 2018, la marraine et modératrice de l'événement international #MeToo & prostitution : Les survivantes brisent le silence !, organisé par Osez le féminisme !, CAP International et le Mouvement du Nid, ayant pour objectif de donner la parole à des militantes abolitionnistes rescapées de différentes formes de prostitution, telles que l'Irlandaise Rachel Moran, fondatrice de SPACE International, la Sud-Africaine Mickey Meji, fondatrice de Kwanele, la Française Rosen Hicher, ou encore la Belge Pascale Rouges[13],[14].
Vie privée
Par sa grand-mère paternelle, elle descend de William Brewster, l’un des plus célèbres passagers du Mayflower, le navire qui amena en Amérique, en 1620, les tout premiers colons de Nouvelle Angleterre, connus sous le nom de Pères Pelerins. Ceci fut révélé en 2011, lors de la participation d’Ashley à l’épisode 2 de la saison 8 de l’émission généalogique Who Do You Think You Are?, diffusée par NBC. D’après FamilySearch, Ashley Judd aurait écrit que ce fut l’une des plus merveilleuses expériences de sa vie. Sa mère et sa sœur sont de célèbres chanteuses de country, Naomi Judd et Wynonna Judd[15].
Elle a été mariée au coureur automobile Dario Franchitti, de 2001 à 2013.
Ashley Judd est l'ambassadrice officielle de l'association Youth Aids qui lutte pour l'information sur le virus du sida.
All that is Bitter is Sweet, en collaboration avec Maryanne Vollers, préfacé par Nicholas D. Kristof, 2010, Ballantine Books, 432 p. (ISBN0345523628 et 978-0345523624)
↑Lucie Dancoing, « La terrible enfance d’Ashley Judd », Paris Match, (lire en ligne, consulté le ).
↑RelaxNews, « Ashley Judd rejoint le casting de la série "Berlin Station" », La Dépêche, (lire en ligne, consulté le ).
↑« Violences faites aux femmes : les « survivantes » de la prostitution donnent de la voix », leparisien.fr, 2018-11-24cet10:19:40+01:00 (lire en ligne, consulté le )
↑(en) « Ashley Judd confronts Africa's deadly mineral issue - CNN.com », CNN, (lire en ligne, consulté le )
↑« [PARIS] #Metoo & prostitution : les survivantes brisent le silence ! Evenement le 23 novembre 2018 - Anti-K », Anti-K, (lire en ligne, consulté le )