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L’apostasie en islam (arabe : riddah, ردة ou irtidād, ارتداد, « recul, défection, rebond ») est communément définie comme le fait pour un musulman d'abandonner consciemment l'islam, que ce soit au travers de ses paroles ou de ses actes[1],[2],[3]. Cela comprend l’acte de conversion à une autre religion ou le rejet de la foi pour devenir irréligieux[4] par une personne née dans une famille musulmane ou ayant auparavant accepté l’islam[5]. La définition de l’apostasie en islam, et la question de savoir si et comment elle devrait être punie, sont des sujets de controverse et les opinions diffèrent à ce sujet[5],[6],[7].
Selon la doctrine juridique classique, l’apostasie de l’islam comprend non seulement la renonciation explicite à la foi islamique (que ce soit pour une autre religion ou n'importe quelle forme d'irréligiosité : déisme, agnosticisme, athéisme, antithéisme, etc.), mais aussi tout acte ou toute parole qui implique la mécréance (kufr), comme le fait de nier un « principe ou une croyance fondamentale » de l’islam[5]. Les jurisconsultes (fuqahā') musulmans n’ont pas formulé de règles générales pour établir la mécréance, mais ont plutôt dressé des listes, parfois longues, de paroles et d’actes qui relèvent, selon eux, de l’apostasie[5]. Les règles relatives à l'apostasie ne concernent pas les personnes qui ont été contraintes d'embrasser l'islam, ou bien à l'inverse qui ont été contraintes de prononcer des paroles ou d'effectuer des actes de mécréance pour préserver leurs vies dans un contexte de persécution ou de guerre (voir Taqiyyah ou Kitman)[8],[9].
Jusqu'à la fin du XIXe siècle, l'écrasante majorité des jurisconsultes, sunnites et chiites, s'accordaient à dire que l'apostasie était un grand crime, un péché et un acte de trahison passible de la peine de mort[5],[10], généralement après une période d'attente pour permettre à l'apostat de se repentir et ainsi de retourner à l'islam[5],[11],[12],[13]. Le type d’apostasie que les juristes jugeaient généralement punissable était de nature politique, bien qu’il y ait des divergences d’opinion juridiques considérables à ce sujet[14]. Wael B. Hallaq affirme que « [dans] une culture dont la religion, les principes religieux et la moralité religieuse sont la pierre angulaire, l’apostasie est en quelque sorte l'équivalent de la haute trahison dans l’État-nation moderne. »[15]. Les premiers fuqahā' ont développé des institutions juridiques pour contourner cette punition sévère, et la ligne rouge pour condamner quelqu'un à la peine de l'apostat a été placée si haut que pratiquement aucun verdict n'a été rendu dans ce sens avant le XIXe siècle du calendrier grégorien[1]. Cependant, par la suite, les fuqahā' ont abaissé cette ligne rouge pour appliquer la peine de mort, laissant aux Qadah une plus large liberté d’interprétation pour caractériser l'apostasie[1], ce qui s'est traduit parfois par de la clémence et d'autres fois par de la sévérité[16]. À la fin du XIXe siècle, le recours à des sanctions pénales pour l’apostasie est tombé en désuétude, bien que des sanctions civiles soient toujours appliquées[5].
Selon Abdul Rashied Omar, la majorité des fuqahā' contemporains continuent de considérer l’apostasie comme un crime méritant la peine de mort[11]. Certains la considèrent comme une forme de crime religieux, d'autres non[5],[6],[17]. D’autres soutiennent que la peine de mort est une sanction inappropriée[18],[19],[20],[21], incompatible avec les injonctions coraniques comme « Nulle contrainte en religion ! »[22] (2:256) ou les versets 21 et 22 de la sourate 88, Al-Ghashiya (L’Enveloppante)[23], et/ou qu’il s’agissait d’une loi humaine adoptée par la première communauté musulmane pour prévenir et punir l’équivalent de la désertion ou de la trahison[24], et qu'elle ne devrait être appliquée que si l’apostasie devient un mécanisme de désobéissance et de trouble à l'ordre public (fitna)[25]. Selon Khaled Abou El Fadl, les musulmans « modérés »(en) ne croient pas que l’apostasie requiert une peine[23]. Les critiques[26],[27] font valoir que la peine de mort ou tout autre peine pour l'apostasie de l'islam constitue une violation des droits universels de la personne, et que cette question devrait uniquement relever de la liberté de religion ou de pensée[18],[28].
En 2014, les lois de divers pays à majorité musulmane prescrivent pour l’apostat (arabe : مرتد, murtadd) des peines allant de l'emprisonnement à l’exécution[13],[29]. Dans certains pays, les tribunaux de la charia se servent du code civil pour dissoudre le mariage de l’apostat et le priver de ses droits à la garde des enfants ou à l’héritage[30],[31]. Ces 40 dernières années, trois gouvernements internationalement reconnus ont exécuté quatre individus pour apostasie de l'islam : le Soudan en 1985, l'Iran en 1989 et 1998 et l'Arabie saoudite en 1992[22]. En 2013, l'apostasie de l'islam était couvert par les lois pénales de 23 pays à majorité musulmane[29]. L'article 6 de la Constitution tunisienne de 2014 prohibe les accusations d’apostasie (takfīr)[32]. Selon un sondage du Pew Research Center, mené entre 2008 et 2012, la proportion de musulmans soutenant la peine capitale pour l'apostat allait de 0,4 % au Kazakhstan à 78,2% en Afghanistan[33].
Références dans les textes musulmans
Dans le Coran
Plusieurs versets du Coran font référence à l'apostasie, et bien que condamnée moralement, aucune sanction terrestre n'est préconisée[34][citation nécessaire] (sauf CORAN ,IV, 89).
Parmi eux :
« Ils t'interrogent sur le fait de faire la guerre pendant les mois sacrés. Dis : « Y combattre est un péché grave, mais plus grave encore auprès de Dieu est de faire obstacle au sentier de Dieu, d'être impie envers Celui-ci et la Mosquée sacrée, et d'expulser de là ses habitants. L'association est plus grave que le meurtre. » Or, ils ne cesseront de vous combattre jusqu'à, s'ils peuvent, vous détourner de votre religion. Et ceux qui parmi vous abjureront leur religion et mourront infidèles, vaines seront pour eux leurs actions dans la vie immédiate et la vie future. Voilà les gens du Feu : ils y demeureront éternellement. »
— Coran, II, 217
« Ainsi dit une partie des gens du Livre: « Au début du jour, croyez à ce qui a été révélé aux Musulmans, mais, à la fin du jour, rejetez-le, afin qu'ils retournent (à leur ancienne religion). »
— Coran, III, 72
« En vérité, ceux qui ne croient plus après avoir eu la foi, et laissent augmenter encore leur mécréance, leur repentir ne sera jamais accepté. Ceux-là sont vraiment les égarés. »
— Coran, III, 90
« Ô les croyants ! Si vous obéissez à ceux qui ne croient pas, ils vous feront retourner en arrière. Et vous reviendrez perdants. »
— Coran, III, 149
« Ils aimeraient vous voir mécréants, comme ils ont mécru : alors vous seriez tous égaux ! Ne prenez donc pas d'alliés parmi eux, jusqu'à ce qu'ils émigrent dans le sentier d'Allah. Mais s'ils tournent le dos, saisissez-les alors, et tuez-les où que vous les trouviez, et ne prenez parmi eux ni allié ni secoureur. »
— Coran, IV, 89
« Ceux qui ont cru, puis sont devenus mécréants, puis ont cru de nouveau, ensuite sont redevenus mécréants, et n'ont fait que croître en mécréance, Dieu ne leur pardonnera pas, ni les guidera vers un chemin (droit). »
— Coran, IV, 137
« Ô les croyants ! Quiconque parmi vous apostasie de sa religion… Dieu va faire venir un peuple qu'Il aime et qui L'aime, modeste envers les croyants et fier et puissant envers les mécréants, qui lutte dans le sentier de Dieu, ne craignant le blâme d'aucun blâmeur. Telle est la grâce de Dieu. Il la donne à qui Il veut. Dieu est Immense et Omniscient. »
— Coran, V, 54
« Ne vous excusez pas: vous avez bel et bien rejeté la foi après avoir cru. Si Nous pardonnons à une partie des vôtres, Nous en châtierons une autre pour avoir été des criminels. »
— Coran, IX, 66
« Ceux qui sont revenus sur leurs pas après que le droit chemin leur a été clairement exposé, le Diable les a séduits et trompés. »
— Coran, XLVII, 25
« Quiconque a renié Dieu après avoir cru… — sauf celui qui y a été contraint alors que son cœur demeure plein de la sérénité de la foi — mais ceux qui ouvrent délibérément leur cœur à la mécréance, ceux-là ont sur eux une colère de Dieu et ils ont un châtiment terrible. »
— Coran, XVI, 106
Un verset du Coran explique :
« Nulle contrainte en religion ! Car le bon chemin s'est distingué de l'égarement. Donc, quiconque mécroit au Rebelle tandis qu'il croit en Allah saisit l'anse la plus solide, qui ne peut se briser. Et Allah est Audient et Omniscient »
— Coran, II, 256
Diverses exégèses (tafâsîr), telle celle attribuée à Abdullah ibn Abbas ou celle d’Ibn Kathir, expliquent que les gens du Livre et les païens ne sont pas obligés de croire à l'unicité de Dieu après avoir embrassé l'islam, qu'il faut rejeter les idoles, et que Dieu connaît la récompense pour ceux qui croient en Lui. Selon les deux Jalal, ce verset aurait été révélé quand les Ansâr de Yathrib ont essayé de contraindre leurs fils à entrer dans l'islam, et Kashani de dire que la conversion doit se faire par le cœur[35]. Lorsqu'un juif ou un chrétien conclut un traité de reddition avec un musulman, il est astreint à payer une taxe vexatoire appelée djizîa et soumis à plusieurs discriminations. Son vainqueur le laisse alors pratiquer sa religion. Ceux qui n'adhèrent pas au judaïsme ou au christianisme ne sont pas concernés par cette dérogation pour l'école chaféite et hanbalite, alors que les hanafites et malikites y incluent les idolâtres[36].
L’idée de l’apostasie s’accompagnait, au temps de Mahomet, d'une hostilité envers l'islam et de la guerre contre ses fidèles, au moins pour s'en défendre. Celui qui croyait s’activait à combattre, ce qui est le principe même du djihad et celui qui apostasiait entendait de ce fait esquiver cette participation au combat (la notion d'objection de conscience n'existe pas en islam). Abd Allâh ibn Saad ibn Sarh, secrétaire de Mahomet, aurait dénaturé plusieurs fois le sens des mots du Coran, et serait retourné à l'idolâtrie après s'être enfui de Médine. En 630, après la prise de La Mecque, il se mit sous la protection d'Othmân ibn Affân, son frère de lait, qui le cacha. Othmân le conduisit devant le prophète des musulmans pour se faire pardonner. Mahomet se montra réticent, mais le futur calife insista, tant et si bien qu'Ibn Saad fut pardonné et renouvela sa profession de foi. Selon la Biographie du Prophète d'Ibn Hichâm, Mahomet dit en privé aux musulmans de son entourage qu'il attendait d'eux qu'ils tuent Ibn Saad, ce à quoi ils répondirent qu'ils attendaient son signal. Mais Mahomet répliqua qu'« un signe a quelque chose de perfide qui ne sied pas à un prophète. »
À propos du verset 89 de la sourate IV
« Ils [les hypocrites] aimeraient vous voir mécréants comme ils ont mécru : alors vous seriez tous égaux ! Ne prenez donc pas d'alliés parmi eux, jusqu'à ce qu'ils émigrent dans le sentier d'Allah. Mais s'ils tournent le dos, saisissez-les alors, et tuez-les où que vous les trouviez ; »
— Coran, IV, 89
L'expression « s'ils tournent le dos » fait l'objet d'autres traductions. Selon le commentaire d'Ibn Kathir, rapportant la tradition d'As-Suddi, ceux qui ont tourné le dos sont ceux qui « ont rendu leur abandon de l’islam public »[37]. On retrouve cette interprétation dans certaines traductions du Coran qui remplacent alors directement « s'ils tournent le dos » par « s'ils optent carrément pour l'apostasie »[38].
Le verset 90 crée une exception pour « ceux qui se joignent à un groupe avec lequel vous avez conclu une alliance, ou ceux qui viennent chez vous. » Dans sa traduction commentée du Coran, Grosjean précise que ce verset fait référence aux combattants musulmans qui auraient quitté Mahomet pendant l’émigration à Médine pour rejoindre les Arabespolythéistes. À noter que, selon Ibn Kathir, qui se réfère cette fois à Ibn Abbas, l'un des maîtres du tafsîr (exégèse coranique), l'exception mentionnée par le verset IV, 90 serait « abrogée » par la sourate IX, 5 : « Après que les mois sacrés expirent, tuez les associateurs où que vous les trouviez. Capturez-les, assiégez-les et guettez-les dans toute embuscade. ».
Les hadiths sont des actes ou des propos attribués à Mahomet et rapportés par divers témoins par l'intermédiaire d'une chaîne de transmission (isnad). Deux de ces citations sont notamment considérées par une grande partie de théologiens islamiques comme allant dans le sens d'une application de la peine de mort en cas d'apostasie :
« Le sang d'un musulman, qui accepte qu'il n'y a d'autre Dieu qu'Allah et que je suis Son prophète, ne peut être versé que dans trois conditions : en cas de meurtre, pour une personne mariée qui s'adonne au sexe de manière illégale, et pour celui qui s'éloigne de l'islam et quitte les musulmans[39] ».
« Celui qui change de religion, tuez-le[40] »
Ce hadith, rapporté par l'imam al-Boukhari (mort en 870 / 256 AH), n'est pas repris par Muslim (mort en 875 / 261 AH) dans son Sahih. Certains savants de l'islam, comme le Tunisien Mohamed Charfi, considèrent ce hadith comme étant ahad, c'est-à-dire rapporté uniquement par une seule personne (en l'occurrence Ibn Abbas, qui n'avait que 13 ans à la mort du Prophète), ce qui en ferait donc un hadith peu fiable, d'autant que la conduite du Prophète infirme cette sanction ; il avait juste blâmé de son vivant des tribus qui avaient abjuré l'islam, comme celle de Kindi[41]. De même, l'Égyptien Sayyed Al-Qimni met en doute l'authenticité de cette tradition[42].
Rien dans la biographie de Mahomet ne contient la moindre information crédible favorisant la mise en exécution d'une telle sentence. Au contraire, deux épisodes le montrent traitant avec des apostats ou des personnes ayant quitté sa communauté. On le voit signer un traité avec Quraych encore païen, dont une clause précise que rien ne doit empêcher ceux qui le souhaitent de retourner dans la tribu adverse et, partant, de retourner à l'idolâtrie ante-musulmane. Cet article du traité d'Houdaybiya n'est pas recensé par Boukhari dans son Sahih.[réf. nécessaire]
Certains oulémas perçoivent dès le IXe siècle la peine de mort pour apostasie comme une règle.
Hadith no 14 d’Ibn Mas`ûd sur "l'inviolabilité du sang du Musulman" :
« Il n'est pas licite de faire couler le sang du musulman, sauf s'il s'agit d'un des trois coupables que voici : le fornicateur dont le mariage a été consommé, le meurtrier qui subira le sort de sa victime, et l'apostat qui se sépare de la communauté musulmane. »
L’érudit Ibn Rajab affirme :
« Tuer dans chacun de ces trois cas est consensuellement admis par les musulmans. »
Le prosélytisme d'une autre religion, y compris une parmi celles « du Livre », et l'apostasie des musulmans au profit de celle-ci sont considérés comme des crimes religieux par de nombreux écrivains[43],[44]. Tout au long de l'histoire de l'islam, le prosélytisme d'une autre religion que l'islam et l'apostasie des musulmans ont été interdits par la loi[45],[2],[46].
Il existe des divergences d'opinions parmi les savants musulmans pour savoir quand et comment l'apostasie dans l'islam devrait être sanctionnée[6],[5],[47].
Fiqh de l'apostasie
Historiquement, dans le droit islamique (charia), la majorité des jurisconsultes (fuqahā') du Moyen Âge estimaient qu'un apostat mâle devait être mis à mort à moins qu'il ne souffre d'un trouble mental ou qu'il n'ait apostasié sous la contrainte, par exemple, en raison du danger imminent d'être tué. Selon les écoles de jurisprudence sunnites (maḏâhib) fondées par Ash-Shâfi'î, Mâlik ibn Anas et Ahmad ibn Hanbal, la femme apostate doit être exécutée ou emprisonnée jusqu'à ce qu'elle revienne à l'islam d'après l'école sunnite hanafite (fondée par Abû Hanîfa) et les érudits chiites[47],[48].
En vertu de la loi islamique traditionnelle, un apostat peut se voir accorder une période d'attente et de réflexion pendant sa détention pour se repentir et accepter à nouveau l'islam. S'il ne le fait pas, l'apostat sera tué sans réserve. Cette conception traditionnelle et des fiqhs islamiques à la fois sunnites et chiites, varie comme suit selon les différents maḏâhib[51],[30],[52] :
Hanafisme : recommande trois jours d'emprisonnement entre le jugement et la mise en application de la peine, bien que ces derniers ne soient pas obligatoires. Le fiqh hanafite préconise l’exécution des apostats de sexe masculin. La peine de l'apostat ne s'applique pas aux femmes (qui doivent être maintenues à l'isolement jusqu'à ce qu'elles se repentent et redeviennent musulmanes)[53],[54].
Malikisme : laisse jusqu'à dix jours pour se rétracter. Les apostats, qu'ils soient hommes ou femmes, méritent la peine de mort selon la vision traditionnelle du fiqh sunnite malikite[52]. Le repentir de l'hérétique (zindiq) est accepté s'il l'annonce avant que son hérésie (zandaqa) ne devienne publique[55]. Dans le cas inverse, son repentir n'est pas accepté et il est exécuté. Le musulman qui utilise un langage grossier à l'égard d'un ange ou d'un prophète est exécuté indépendamment de son repentir[56].
Chaféisme : une période d'attente de trois jours est nécessaire pour permettre à l'apostat musulman de se repentir et de revenir à l'islam. Après ce délai, l'exécution est la sanction traditionnelle recommandée pour les apostats, hommes et femmes[52]. Le repentir de l'hérétique (zindiq) est accepté et il n'est pas exécuté. Le repentir de l'apostat multirécidiviste est accepté et il n'est pas exécuté. Le musulman qui utilise un langage grossier à l'égard d'un ange, d'un prophète ou d'Allah n'est pas exécuté s'il se repent[56].
Hanbalisme : une période d'attente peut-être accordée, mais n'est pas nécessaire. L'exécution est la sanction traditionnelle recommandée pour les apostats des deux sexes[52]. Le repentir de l'hérétique (zindiq) n'est pas accepté et il est exécuté. Le musulman qui apostasie et se repent à plusieurs reprises est exécuté. Le musulman qui utilise un langage grossier à l'égard d'un ange, d'un prophète ou d'Allah est exécuté indépendamment de son repentir[56].
Jafarisme : L'apostat né et élevé dans une famille musulmane en tant que musulman (mortad-e fetri) est exécuté indépendamment de son repentir[57],[58]. L'apostat qui s'est converti à l'islam et s'en est détourné par la suite (mortad-e melli) se voit offrir la possibilité de se repentir avant d'être éventuellement exécuté s'il refuse[59]. Les hommes apostats doivent être exécutés tandis que les femmes doivent être maintenues à l'isolement et battues tous les jours aux heures de prière rituelle jusqu'à ce qu'elles se rétractent et retournent à l'islam[52],[53],[60].
Cependant, selon l'historien du droit Sadakat Kadri(en), alors que l'apostasie était normalement punie de mort, les exécutions étaient rares, car « il était largement admis » que tout accusé apostat qui « se repentait en prononçant la chahada » (lâ illâha illâ-l-lâh → "Il n'est point de divinité, si ce n'est Allah") « devait être pardonné » dans le monde d'ici-bas (dunyâ) et voir ainsi sa punition différée au Jour du Jugement. Ce principe a été maintenu « même dans des situations extrêmes », comme lorsqu'un délinquant adopta l’islam "uniquement par crainte de la mort", sur la base d'un hadith dans lequel le prophète Mahomet blâma l'un de ses partisans pour avoir tué un pilleur qui avait attesté sa foi[61],[62],[63],[64].
Responsabilités civiles
En islam, l'apostasie a traditionnellement été considérée à la fois comme un crime d'ordre religieux et d'ordre civil ; la peine pour le premier inclut la peine capitale ou la prison, tandis que celle pour le second est passible de sanctions civiles[5],[65]. Par conséquent, dans tous les maḏâhib de l’islam :
les biens de l’apostat sont saisis et distribués à ses parents musulmans ;
son mariage est annulé (faskh) ;
ses enfants sont soustraits à sa garde et considérés comme pupilles de l'État islamique[5].
Dans les cas où toute la famille aurait apostasié ou s'il n'y a pas de parents musulmans survivants reconnus par la charia, les biens de l'apostat seront saisis par l'État islamique (une partie du fay, الفيء). Si l'apostat n'est pas exécuté, comme dans le cas des femmes apostates chez l'école hanafite, la personne perd également tous ses droits en matière de succession[20],[21]. L'école de jurisprudence sunnite hanafite permet d'attendre l'exécution avant que les enfants et les biens ne soient saisis, tandis que les autres madhahib ne considèrent pas cette période d'attente comme obligatoire[5].
Points de vue alternatifs
Plusieurs anciens érudits musulmans n'étaient pas en faveur de la peine de mort ; parmi ces derniers, on peut citer Ibrahim an-Nakha'i (mort en 715 / 96 AH) et Sufyān al-Thawrī ainsi que leurs partisans, qui lui ont préféré un emprisonnement à durée indéterminée jusqu'à la repentance (tawba). Le faqīhhanafiteSarakhsi a également appelé à des peines différentes pour l'apostasie religieuse non séditieuse et celle de nature séditieuse et politique, considérée comme de la haute trahison[66],[67].
Les érudits islamiques médiévaux ont également différé sur la punition de la femme apostate : la mort, l'esclavage ou l'emprisonnement à durée indéterminée jusqu'à la repentance. Abû Hanîfa et ses partisans ont refusé la première option et soutenu la troisième. Les érudits hanafites soutiennent qu'il ne faut pas tuer la femme apostate, car il était interdit de tuer des femmes sous la charia[67]. En revanche, les érudits malikites, chaféites, hanbalites et mêmes jafarites ont interprété d'autres parties de la charia comme autorisant la peine de mort en une punition possible pour les femmes apostates musulmanes, en plus de l'emprisonnement[31].
Des musulmans réformateurs contemporains, tels les coranistes Ahmed Subhy Mansour(en)[68], Edip Yuksel(en) et Muhammad Shahrour, ont souffert d’accusations d’apostasie et de demandes d’exécution, émises par des ecclésiastiques islamiques tels que Mahmoud Ashur, Mustafa Al-Shak’a, Mohammed Ra’fat Othman et Yusif Al-Badri[69]. Bien qu’il ait prétendu avoir reçu des menaces de mort, Edip Yuksel pense également que des apostats très médiatisés, qui sont controversés, devraient être tués. Il a écrit : « L’apostasie n’est pas ce qui tue. C’est une combinaison d’être controversé et d’avoir une grande visibilité. »[70].
Mahmoud Mohamed Taha, exécuté par le gouvernement soudanais, alors que des milliers de manifestants protestaient contre son exécution[71],[72], et Faraj Fouda, victime d'extrémistes islamistes arrêtés et emprisonnés pendant 20 ans[73],[74], sont des exemples récents d'écrivains et d'activistes tués pour apostasie. Le lauréat égyptien du prix Nobel de littérature, Naguib Mahfouz, a été blessé dans une tentative d'assassinat, paralysant son bras droit[75]. Le cas d'Abdul Rahman Jawed, un Afghan qui s'est converti au christianisme, a suscité un débat sur la question. Bien qu'il ait initialement été condamné à mort, il a finalement été libéré, car il était jugé mentalement inapte à subir un procès[76]. De plus, certains États islamiques, qui n'exécutent pas directement les apostats, facilitent et encouragent parfois indirectement les exécutions extrajudiciaires perpétrées par la famille de l'apostat, surtout si l'apostat s'exprime[77].
Sayyed al-Qimni consacre un chapitre de son livre Shukran... Bin Laden ! à la notion d'apostasie. Selon lui, le crime d'apostasie est une invention du premier calife, Abu Bakr (r. 632-634), destinée à se débarrasser de ses rivaux[42].
Opposition à la peine de l'apostat
Au cours des siècles, un certain nombre de grands oulémas, tels le faqīh malikite Abu al-Walid al-Baji(en) (mort en 1081 / 474 AH) et le faqih hanbalite Ibn Taymiyya (mort en 1328 / 728 AH), ont affirmé que l’apostasie n’est pas un ḥadd et qu’elle n’est donc passible que d’une peine laissée à la discrétion du cadi (tazir)[50]. Certaines autorités plus anciennes, comme Ibrahim an-Nakha'i et Sufyān al-Thawrī, ainsi que le faqīhhanafiteSarakhsi (mort en 1096 / 490 AH), croyaient qu’il fallait demander à un apostat de se repentir indéfiniment et ne jamais le condamner à mort[50],[78].
Selon Sarakhsi, l’apostasie de l’islam est un grand crime, mais sa punition est différée au Jour du Jugement[78]. Le point de vue selon lequel le Coran ne parle que d'une punition dans l'Au-delà (al-ʾākhira) pour l’apostasie a également été retenu par le Grand Imam d’Al-Azhar (1958-1963) Mahmoud Shaltout(en), qui a soutenu que la prescription de la peine de mort pour apostasie trouvée dans le hadith visait seulement à prévenir l’agression contre les musulmans et la sédition contre l’État islamique naissant[78]. L'érudit ahmadiste contemporain Mirza Tahir Ahmad cite un certain nombre de compagnons de Mahomet ou des premiers érudits musulmans (Ibn al-Humam, al-Marghinani(en), Ibn Abbas, Sarakhsi, Ibrahim al-Naka’i) pour montrer qu’il n’y avait pas d'ijma (consensus des oulémas ou de la communauté) sur la mise à mort du murtadd au début de l’islam[79].
L'historien iranien Hashem Aghajari, lui-même condamné à la peine de mort pour apostasie en 2002, affirme que le Coran ne prévoit aucune sanction en cas d'apostasie. Il rappelle le verset L, 45 : « Nous connaissons les discours des infidèles, et toi tu n'es pas chargé de les contraindre. ». Si le Prophète lui-même se voit interdire de prononcer un jugement sur ce que les cœurs recèlent, qui pourrait donc prétendre le faire [80]?
Ridda et Irtidâd
Il existe dans l'islam deux types d'apostasie : la ridda[81] et l'irtidâd[82]. Les deux mots ont une racine commune (RDD)[83] avec le sens de rejeter.
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Ridda signifie le rejet mais aussi la sécession. Reste à savoir ce que rejetaient ceux qui firent l'objet des guerres de ridda racontées dans la littérature des expéditions.
De nombreuses contrées arabes apostasièrent à la mort du Prophète des musulmans. Seuls étaient restés musulmans les villes de Médine, La Mecque, Taëf et le village de Djuwâthâ à Bahreïn.
Cette apostasie s'est manifestée de diverses manières. C’est ainsi qu’on trouva des bédouins qui commencèrent à refuser de payer la zakât (aumône), d’autres abandonnèrent complètement l’islam et retournèrent au christianisme, au judaïsme ou à l’adoration des statues, d’autres encore allèrent jusqu'à prétendre qu’ils étaient eux-mêmes des prophètes à l'instar de Musaylima al-kadhdhâb (le Menteur), al-Aswâd al-‘Unsî, Talîha ibn Khuwaylid ou encore Sajah.
Cette situation serait due au fait que la plupart des bédouins n'avaient qu'une connaissance superficielle de l'enseignement islamique et bon nombre d'entre eux s'étaient convertis pour de faibles raisons. Contrôlant alors une bonne partie de la péninsule arabique, les musulmans avaient une force qui imposait le respect. Cela particulièrement durant les deux dernières années de la vie du Prophète. En effet, un nombre considérable de bédouins se convertirent à l’islam contraints par un rapport de force largement favorable aux musulmans. D’autres embrassèrent l’Islam pour des raisons économiques, d’autres encore furent fascinés et attirés par la puissance des musulmans et d’autres par imitation de leur chef tribal. Ainsi, ces nouveaux adhérents ne semblaient guère être véritablement convaincus et parmi eux, semblerait-il, se cachaient des ennemis de cette jeune religion qui a anéanti celle de leurs ancêtres. De plus, la plupart des tribus pensaient que l’État islamique disparaîtrait avec la mort de celui qui l’avait fondé[84].
Irtidâd
Étymologiquement, l'irtidâd correspond au « retour en arrière ». Elle signifie le détournement délibéré, sans contrainte aucune, du musulman, mature et conscient, de l'islam vers la dénégation. Cette définition est aussi bien valable pour l'homme que pour la femme. Chez les hanbalites les plus rigoristes, la sentence de mort est admise pour les hommes et récusée pour les femmes. L'argument de la récusation tient aux circonstances du hadith, liées aux conquêtes et sécessions.
La peine de mort est par ailleurs appliquée dans les pays arabo-musulmans à la suite de nombreux délits qui n'ont rien de religieux. Comme le note Tareq Oubrou[85]« Ce qui se passe dans le monde musulman sur cette question relève d’intérêts politiques et économiques sans aucune logique ni éthique. »
Apostasie contrainte
Le point de vue traditionnel estime qu'un musulman qui renie sa religion sous la contrainte (comme ce fut le cas par exemple après la Reconquista) n'est pas un apostat. Ainsi, `Ammâr Ibn Yâsir, un des premiers compagnons du Prophète, y fut contraint. Selon la tradition, Allah révéla alors à son sujet :
« Quiconque a renié Dieu après avoir cru… - sauf celui qui y a été contraint alors que son cœur demeure plein de la sérénité de la foi - mais ceux qui ouvrent délibérément leur cœur à la mécréance, ceux-là ont sur eux une colère de Dieu et ils ont un châtiment terrible[86] »
Au début du règne du calife Al-Mahdî (775-785) apparut le premier muhtasib[87] dont la mission consistait à traquer les apostats et autres hérétiques. Curieusement, étaient déclarés comme tels les opposants du calife comme le prouve l'impunité accordée par le calife Hâroun ar-Rachîd (786-809) à un hérétique comme Abū al-ʿAtāhiyya tandis qu'il évinçait la puissante famille des Barmécides à l'aide de cette accusation. Autrement dit, il aurait utilisé ce prétexte à des fins politiques…
Afghanistan
La constitution afghane appelle au respect des conventions internationales que le pays a signées comme la Déclaration universelle des droits de l'homme dont un article prévoit la liberté de religion. Mais, elle oblige toute loi à être conforme à l'islam dont l'interprétation traditionnelle réserve la peine de mort aux musulmans ayant renoncé à leur religion, comme en témoigne l’affaire Abdul Rahman[88].
L'islam est religion d'État, et une loi prévoit jusqu'à 1 million de dinars (8 000 €) d'amende en cas de prosélytisme, cette notion ayant une acceptation variable[89].
En 2012, un jeune chrétien, Mohamed Ibouène, a été condamné par le tribunal de Béchar (sud de l’Algérie) à un an de prison ferme et une amende de 50 000 DA pour le chef d’inculpation « d’incitation d’un musulman, avec pression, à changer de religion », autrement dit pour prosélytisme. Il a fait appel de ce jugement et le verdict final a été prononcé 2013. Il échappe à la prison, mais son amende a été doublée.
En 2015, un prédicateur salafiste avait lancé une fatwa contre l’écrivain Kamel Daoud pour avoir « mené une guerre contre Allah, son prophète, le Coran et les valeurs sacrées de l’islam », réclamant sa mort. La justice algérienne a condamné, en première instance, le prédicateur à trois mois de prison ferme et une forte amende[91]. Cependant, la Cour d’appel d’Oran a prononcé par la suite son incompétence territoriale concernant cette affaire rendant ainsi caduc le premier jugement prononcé.
Arabie saoudite
L’Arabie saoudite n’a pas de code pénal et base entièrement sa législation sur son interprétation de la charia, dont l'application est confié à des tribunaux religieux. La jurisprudence en Arabie saoudite, et le consensus de ses juristes est que la loi islamique impose la peine de mort aux apostats[92].
Dans deux articles publiés en 1966, ibn Baz, le vice-président de l'université islamique de Médine, déclara que ceux qui prétendent que le soleil est statique et ne bouge pas (thābita la jāriya) sont des apostats et que par conséquent, il devient licite de les tuer et qu'il incombe à l'autorité responsable de le faire[93],[94],[95],[96]. Il réaffirma ses propos en 1982 arguant que de telles assertions vont à l'encontre de la Révélation[97] (« et le soleil court vers un gîte qui lui est assigné ; telle est la détermination du Tout Puissant, de l’Omniscient. » – al-Qorʾān, Sourate 36, Ya Sin, verset 38).
Le , Sadiq Malallah a été décapité publiquement à Al-Qatif dans la province orientale d’Arabie saoudite après avoir été reconnu coupable d’apostasie et de blasphème. Sadiq Malallah, musulman appartenant à la minorité chiite d’Arabie saoudite, a été arrêté en avril1988 et accusé d’avoir lancé des pierres à une patrouille policière. Il aurait été maintenu à l’isolement pendant de longues périodes au cours de ses premiers mois de détention et torturé avant sa première comparution devant un juge en juillet1988. Le juge lui aurait demandé explicitement de se convertir du chiisme au wahhabisme (mouvement réformiste apparu dans le Nejd au XVIIIe siècle et à l'origine des différents États saoudiens, il tient les chiites duodécimains dans leur globalité pour des mécréants), et lui aurait promis une peine plus légère s’il se pliait à sa requête. Après avoir refusé de le faire, il fut conduit à la prison al-mabahith al-'Amma (appartenant au renseignements généraux) à Dammam, où il a été détenu jusqu’en avril1990. Il fut ensuite transféré à la prison al-mabahith al-'Amma de Riyad, la capitale nationale, où il demeura jusqu’à la date de son exécution. Sadiq Malallah aurait participé aux efforts visant à améliorer les droits de la minorité chiite d’Arabie saoudite[98].
La loi sur l'apostasie est activement utilisée en Arabie saoudite. Par exemple, en 2012, les autorités saoudiennes ont accusé Hamza Kashgari, un écrivain saoudien, d'avoir apostasié à la suite de commentaires qu'il avait formulés sur Twitter. Il s'est enfui en Malaisie, où il a été arrêté puis extradé à la demande de l'Arabie saoudite pour faire face à ces accusations[27]. Kashgari s'est repenti, à la suite de quoi les tribunaux ont ordonné qu'il soit placé en détention préventive. De même, deux citoyens saoudiens musulmans sunnites ont été arrêtés et accusés d'apostasie pour avoir adopté l'ahmadisme[99]. En , les deux accusés d'apostasie avaient purgé une peine de deux ans d'emprisonnement dans l'attente de leur procès[100].
Le poète palestinien Ashraf Fayad y a été condamné à mort pour apostasie le [101]. Début 2016, cependant, sa condamnation à mort fut commuée en 8 ans de prison et 800 coups de fouet[102]. De même, le blogueur Raif Badawi risque la mort[103].
En 2015, Ahmad Al Shamri(en) est condamné à mort pour apostasie après s'être filmé en train de déchirer un muṣḥaf(en) (exemplaire du Coran)[104].
En janvier2019, Rahaf Mohammed, âgée de 18 ans, a fui l'Arabie saoudite après avoir apostasié et subit de mauvais traitement de la part de sa famille. En route pour l'Australie, elle a été arrêtée par les autorités thaïlandaises à Bangkok alors que son père tentait de la ramener de force, mais Rahaf a réussi à utiliser les médias sociaux pour attirer l'attention sur son cas[105]. Après une intervention diplomatique, elle obtint finalement l’asile au Canada, où elle arriva et s’installa peu de temps après[106].
Bangladesh
Au Bangladesh, des blogueurs ont été tués parce que se revendiquant athées[107]. Il n'y a pas de loi condamnant strictement l'apostasie, mais les islamistes sont puissants.
Brunei
Le sultanat de Brunei applique la charia. L'apostasie est donc passible de la peine de mort[108].
L'article 98f du code pénal réprime « tout acte de dégradation ou de mépris à l'égard d'un lieu ou d'une secte religieuse dans l'intention de porter préjudice à l'unité nationale ou à la paix sociale ». Il a été occasionnellement utilisé pour condamner la conversion de musulmans à une autre religion ou pour avoir tenu des propos relevant de l'athéisme.
À la suite de l'affaire Nawal El Saadawi, la loi no 3 du réserve au Procureur de la République le droit d'engager la procédure de poursuites pour crime contre Dieu ou pour crime contre le peuple, à l'inverse de la hisba qui traditionnellement laissait ce droit à tout un chacun.
En 2005, un musulman récemment converti au christianisme, Gasir Mohammed Mahmoud, fut interné dans un asile psychiatrique et ne dut sa liberté qu'aux pressions de la communauté internationale[111].
Depuis 2013, le blogueur égyptien devenu activiste Sherif Gaber a fait face à de nombreuses intimidations et arrestations pour avoir tenu des propos perçus comme blasphématoires et évoqué sa position d'athée. En 2018, son passeport lui a été confisqué, ce qui l'oblige depuis à rester en Égypte. Par le biais de vidéos diffusées sur les médias sociaux, il essaye de trouver le moyen de fuir son pays.
L'islam est religion d'État et la charî'a islamique première source de législation. Les minorités chrétiennes ou hindoues ont l'interdiction d'afficher leur foi ou d'en faire part aux musulmans[112],[113].
L’apostasie est un crime capital aux Émirats arabes unis[114],[115]. En 1978, les Émirats arabes unis ont entamé un processus d’islamisation de la loi, après que leur conseil des ministres a voté pour la nomination d’un haut comité chargé d’identifier toutes les lois qui entraient en contradiction avec la charî'a. Parmi les nombreux changements qui ont suivi, les Émirats arabes unis ont incorporé les hudud de la Charî'a dans leur Code Pénal - considérant que l’apostasie est l’un d’entre eux[116]. L’article 1er et l’article 66 du Code pénal des Émirats arabes unis exigent que les crimes relevants des hudud soient punis par la peine de mort[116],[117],[118], par conséquent l’apostasie est passible de la peine de mort aux Émirats arabes unis.
La loi des Émirats arabes unis considère qu’il s’agit d’un crime et sanctionne l'usage d'Internet pour prêcher contre l’islam ou pour faire du prosélytisme envers les musulmans à l’intérieur des frontières internationales de la Fédération. Ses lois et ses fonctionnaires ne reconnaissent pas la conversion à une autre religion que l'islam. En revanche, la conversion à l’islam est reconnue, et le gouvernement publie par les médias une liste annuelle des résidents étrangers qui sont devenus musulmans[119].
Il est interdit de choisir une religion autre que l'islam, l'orthodoxie, le catholicisme ou le luthéranisme[120]. Ceux qui choisissent le protestantisme évangélique sont persécutés[121].
En Indonésie, plus de 80 % des habitants sont musulmans, mais les minorités religieuses sont considérées à égalité. Du fait de l'histoire de l'Indonésie, l'athéisme, associé au communisme, est condamnable[122],[123]. Des milices s'organisent pour lutter contre l'apostasie et fermer les lieux de culte qui ne sont pas autorisés[124]. On cite le cas d'Alexander Aan, élevé musulman mais qui a déclaré être athée sur le réseau social Facebook. Il a été condamné pour athéisme et blasphème en 2012 à deux ans et demi de prison et 100 000 roupies d'amende[125].
La loi iranienne sur la presse de 1986(fa) dispose, à son article 26, que « quiconque insulte la religion révélée de l'islam et ses choses sacrées par le biais de la presse, si son acte équivaut à l'apostasie, la peine pour apostasie sera prononcée et exécutée à son endroit, sinon, il sera traité selon l'opinion du juge de la charia conformément à la loi sur les taʾzîrâte »[126],[127]. Mais malgré cette disposition, le code pénal iranien ne prévoit, à cette époque, aucune sanction en ce qui concerne le blasphème ou l'apostasie. Si la sanction pour blasphème est finalement définie par l'article 513 du code pénal, adopté en 1996, celle pour apostasie reste à l'appréciation du juge, conformément aux dispositions de l'article 214 du code de procédure pénale, reprenant celles de l'article 167 de la constitution[128],[129]. Ainsi, les juges iraniens s'appuient sur ledit article 214 pour prononcer la peine de mort dans de nombreux cas d’apostasie sur la base des vues de la majorité des fuqaha chiites, dont celles de l'imam Khomeini, le fondateur de la république islamique d'Iran[57],[129].
Un Jordanien[qui?] a quitté son pays pour échapper aux poursuites concernant son apostasie de l'islam. Un poète[qui?] a été accusé d'apostasie, et condamné à une lourde peine de prison[133],[134],[135].
Le rejet de l'islam peut être sanctionné par la perte de la citoyenneté.
Après la chute de Mouammar Kadhafi, certains groupes islamistes menacent ceux qu'ils appellent les « apostats »[137].
Malaisie
L’article 11 de la Constitution fédérale de Malaisie garantit à chacun le droit de choisir sa religion, mais l’article 3 dispose que l’islam est religion officielle et qu’on ne doit pas en prêcher d’autre aux musulmans. La majeure partie des États ont adopté la Loi de contrôle et de restriction qui prévoit une amende de 10 000 ringits ou une peine d’un an de prison pour ceux qui induisent un musulman à changer de religion. La critique de l’islam est considérée par la loi comme un acte de sédition (Sedition Act hérité de la période coloniale). Il est donc très difficile aux musulmans (essentiellement les Malais, considérés comme musulmans de naissance) d’abandonner leur religion car ils doivent pour cela faire entériner leur choix par un tribunal religieux musulman, seule juridiction compétente en la matière depuis 1988. La demande est presque toujours refusée, et une peine peut être imposée pouvant aller jusqu’à la prison ou l'enfermement dans un camp de « réhabilitation » jusqu'au renoncement de leur projet d'officialisation de leur apostasie. Deux cas particulièrement connus sont ceux de Lina Joy et Kamariah Ali qui bataillent depuis plusieurs années pour faire reconnaître leurs conversions respectives au catholicisme et à la « Religion du Ciel », un mouvement syncrétiste d’apparition récente. La première a vu sa demande de faire reconnaitre son changement de religion par un tribunal civil rejetée définitivement en cassation le [139].
La question de l’apostasie fait l’objet de débats animés entre les musulmans libéraux qui estiment qu’il n’y a aucun avantage à maintenir de force un non-croyant dans l’islam et une forte et active minorité de fondamentalistes désireux d’imposer encore plus de restrictions, comme des peines de prison obligatoires, voire la peine de mort. Selon Zainah Anwar, directrice de Sisters in Islam[140], la concurrence pour les voix des Malais musulmans entre le parti malais UMNO et le PAS islamiste se traduit par une surenchère identitaire, dont l’islamisation progressive du système judiciaire entamée dans les années 1980 est un des résultats. Le développement simultané de deux tendances contradictoires (renforcement du pouvoir des tribunaux islamiques et soutien de la société pour la liberté de religion) est source de conflits[141].
Par ailleurs, si l’apostasie était facilitée, l’apostat devrait en contrepartie perdre sa qualité de Malais, et donc le bénéfice des quotas que l’article 153 de la constitution fédérale leur réserve dans l’administration, le commerce et l’éducation. Mais il est vrai que ces dispositions avantageuses sont déjà menacées par le désir d’élever la compétitivité économique nationale[142].
Au niveau fédéral, les lois traitant sur le sujet de l'apostasie varient de l'application de la peine de mort dans les États du Kelantan et du Terengganu à des risques de peine de prison particulièrement sévère dans les États de Malacca, Sabah, Pahang et de Perak dans le cas ou la conversion de l'islam est refusée par les tribunaux de la charia. Les condamnés peuvent également être soumis à des détentions forcées dans des camps de « réhabilitation à la religion musulmane » pour les dissuader de quitter leurs religions natales, de nombreux témoignages affirment que les personnes emprisonnées y subiraient régulièrement des humiliations collectives tels que l'isolation ou la bastonnade de la part de leurs geôliers[143]. Néanmoins l'apostasie semble toutefois légale uniquement dans l'État du Negeri Sembilan[144] mais au prix d'une procédure extrêmement difficile qui implique entre autres de suivre des cours d'études coraniques en présence d'un imam étalés sur de nombreux mois dans l'espoir d'en dissuader la conversion[145]. Le gouvernement malaisien n'aurait officiellement autorisé entre 2000 et 2010 que 135 demandes d'apostasies sur 863.
Renoncer à l'islam revient à renoncer à sa citoyenneté. Il est interdit de quitter l'islam ou d'émettre de l'incrédulité[146]. À partir de l'âge de 7 ans, la peine encourue pour apostasie est la mort[147].
Jamaâ Aït Bakrim (musulman devenu chrétien) a été condamné fin 2003 à quinze ans de prison pour prosélytisme (article 220 du Code pénal marocain, entre six mois et trois ans) et pour destruction des biens d'autrui (article 581 du Code pénal marocain, entre dix et vingt ans). Dans l'acte de jugement, il est écrit que « le fait que Jamaâ nie les accusations de prosélytisme est en contradiction avec les aveux tenus auparavant lors des P.V. préliminaires où il proclamait qu'il était le fils du Christ et qu'il souhaitait que les Marocains deviennent chrétiens. L'accusé est un apostat qui mérite, selon les préceptes de la charia, de mettre fin à sa vie »[148].
Certaines sources avancent le nombre de 150 000 apostats pour ces dix dernières années, au profit du christianisme[148]. En 2007, 3 500 marocains seraient devenus chrétiens[149].
Toutefois, en 2013, le quotidien Akhbar Al Youm annonce que le Conseil supérieur des oulémas a émis une fatwa affirmant que le musulman qui apostasie mérite la peine de mort[151]. Rédigée en en réponse à une demande du ministère des Habous, la fatwa est reprise dans un recueil publié en 2013[152].
En , le ministre de la Justice Mustapha Ramid demande la libération d'un détenu pour apostasie, et déclare « Il n’y a aucune loi qui punit les apostats »[153].
Mauritanie
La Mauritanie a condamné à mort Mohamed Ould Cheikh M'Kheitir pour apostasie fin 2014, alors que les écrits qui l'incriminent n'attaquent en rien l'intégrité du prophète ou sa foi en la religion[154],[155]. Il est actuellement en prison en attente d'un appel[156]. Son avocat ayant reçu des menaces de mort, il a refusé de le défendre. Il semble que la condamnation soit poussée par des motifs politiques liés aux partis salafistes[157].
Certains états du nord appliquent la charia, mais la plupart des décisions en ce sens ont été cassées par les tribunaux fédéraux[158]. Cependant, en raison des pressions communautaires et familiales, un apostat risque la mort et doit quitter la région[159].
Oman
Un apostat voit son mariage annulé, encourt une peine comprise entre dix jours et trois ans de prison, et entre 5 et 500 Riyals Omanis d'amende[160].
L'article 126 alinéa 2 du Code pénal du Soudan (1991) prévoit :
« Quiconque est reconnu coupable d'apostasie est invité à se repentir sur une période à déterminer par le tribunal. S'il persiste dans son apostasie et s'il n'a pas été converti récemment à l'islam, il sera mis à mort[164]. »
Le , Mekki Kuku (Al Faki Kuku, dit), un nuba, est emprisonné à Khartoum et attend son jugement pour l'acte d'apostasie de l'islam vers le christianisme.
Nahla Mahmoud(en), ancienne militante musulmane soudanaise et défenseuse des droits de l'homme, a estimé qu'entre 120 et 170 citoyens soudanais ont été condamnés pour apostasie au cours des années 2010, 2011 et 2012, et que la plupart se sont repentis pour éviter la peine de mort[167].
Le , Meriam Ibrahim, une femme chrétienne dont le géniteur était musulman, a été condamné à mort pour apostasie, ainsi qu'à être fouetté à cent reprises pour « adultère » car elle avait contracté un mariage d'associateurs, non reconnu par la loi soudanaise. À la suite d'importantes pressions internationales, elle fut finalement autorisée à quitter le pays le [168].
En 2015, 27 coranistes sont jugés pour apostasie et risquent la mort[169].
Le , le ministre de la Justice du Soudan, Nasredeen Abdulbari, annonce que le gouvernement met fin à la peine de mort pour apostasie, dans l'objectif de se détacher de la charia[170].
Somalie
L'apostasie est punie de mort. Le , Farhan Haji Mose, a été décapité publiquement par des shebabs pour s'être converti au christianisme après un voyage d'affaires au Kenya en 2010[171].
Tadjikistan
Les attaques islamistes visent en particulier les nouveaux convertis[172].
Tchétchénie
La république de Tchétchénie applique la charia, et condamne donc l'apostasie[173].
Yémen
L'apostasie est passible de mort[174]. Il y a environ un millier d'apostats, qui sont persécutés.
Dans d'autres pays
France
En 1999, Jean-Pierre Chevènement a soumis un engagement qu'il qualifiait de « non négociable » aux autorités musulmanes, mais sur demande de l'UOIF, un article garantissant le droit de changer de religion a été retiré[175],[176],[177].
Dans les années 2010, un certain nombre de Français, à l'origine de religion musulmane, font état de leur conversion au christianisme[178],[179],[180],[181],[182].
Inde
Selon le recensement de 2011, environ 172 millions de musulmans vivaient en Inde, représentant environ 14,2 % de la population totale du pays[183].
Au début du XXIe siècle, un mouvement apostat non organisé a commencé à émerger en Inde, généralement parmi les jeunes femmes et hommes musulmans (dans la vingtaine ou la trentaine) issus des zones urbaines[184]. Ils sont souvent troublés par les enseignements et les pratiques religieuses (tels que l’abandon, l’intolérance et la violence à l’égard des non-musulmans), doutant de leur véracité et de leur moralité, et ont commencé à les interroger[184]. Sentant que leurs proches et les autorités islamiques ne leur fournissaient pas de réponses satisfaisantes, et ne disposant pas d'interprétations et d'informations alternatives sur l’islam sur Internet, ni de la capacité à communiquer entre eux sur les médias sociaux, ces personnes ont décidé d'apostasier[184].
Le Conseil central des ex-musulmans de Grande-Bretagne « aide » environ 350 apostats par an, dont la majorité ont été menacés de mort par des islamistes ou des membres de leur famille[188]. Le nombre d'apostats est inconnu en raison d'un manque d'études sociologiques sur les problèmes et de la réticence des apostats à discuter ouvertement de leur statut[188]. Dans son article pour The Observer, Andrew Anthony a fait valoir que les apostats n'avaient pas réussi à obtenir le soutien d'autres groupes progressistes, en raison de la prudence avec laquelle ils étaient catalogués comme islamophobes ou racistes par d'autres mouvements progressistes[188].
En , le Conseil central des ex-musulmans de Grande-Bretagne a lancé la campagne sur les médias sociaux #ExMuslimBecause, encourageant les apostats à publiciser leur apostasie et à expliquer pourquoi ils ont quitté l’islam. En deux semaines, le mot-clic avait été utilisé plus de 100 000 fois. Les partisans ont soutenu qu’il devrait être possible de questionner et de critiquer librement l’islam, les opposants ont affirmé que la campagne était, entre autres choses, haineuse et ont déclaré que les excroissances extrémistes de l’islam étaient injustement assimilées à la religion dans son ensemble[189].
Outre le Conseil central des ex-musulmans de Grande-Bretagne, une nouvelle initiative pour les apostats britanniques, Faith to Faithless(en), a été lancée par Imtiaz Shams et Aliyah Saleem(en) au début de l'année 2015[188],[190].
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« arabe : ولم أكفّر من قال بدوران الأرض، ولا من قال إن الشمس تجري حول نفسها، وإنما صرحت بتكفير من قال إن الشمس ثابتة لا جارية هذا هو في المقال السابق ، وكفر من قال هذا القول ظاهر من كتاب الله ، ومن سنة رسوله صلى الله عليه وسلم لأن الله سبحانه يقول:(والشمس تجري...)... أما القول بأن الشمس تجري حول نفسها وهي ثابتة في محل واحد... ، فلم أتعرضه في المقال بالكلية لا بنفي ولا إثبات ، ولم أتعرض لكفر قائلة ، p.36arabe : أما المسألة الثانية وهي القول بثبوت الشمس، وجريها حول نفسها ، فلم أتعرض لها في المقال السابق بنفي أو إثبات، ولم أكفّر من قال ذلك ، p.45 »
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